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L’analyse statistique pourrait être la solution aux disputes de droits d’auteur

Des chercheurs ont peaufiné une technique qui permettrait de déterminer l’auteur original de n’importe quelle œuvre musicale.
Photo via Roger sur Flickr.

L’industrie musicale, et le hip-hop en particulier, souffre présentement d’un grand problème : les droits d’auteur. Entre les rumeurs de rappeurs ayant recours à des ghostwriters et d’autres qui seraient carrément coupables de plagiat, le monde de la musique contemporaine est devenu si homogène qu’il devient difficile de déterminer qui, précisément, a écrit une chanson.

Au cours d’une conversation sur leur amour commun pour les Beatles, les chercheurs-analystes Mark Glickman et Jason Brown se sont rendu compte que plusieurs des chansons du groupe avaient une « signature », qui permettait de déterminer qui de John Lennon ou Paul McCartney l’avait écrite. Pourtant, il y a aussi dans le répertoire des Beatles une quantité importante de chansons dont l’auteur est inconnu. Glickman et Brown ont donc décidé de mettre à profit leur expertise afin de développer une batterie de tests qui leur permettrait de déterminer statistiquement qui de McCartney ou Lennon a écrit telle ou telle chanson. Les chercheurs ont publiés leurs résultats dans le journal du American Statistical Association.

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Pour ce faire, Glickman, Brown et leur équipe ont analysé toutes les chansons écrites par les Beatles au cours d’une période de quatre ans. En premier lieu, ils ont calculé la fréquence de certains aspects des chansons : des progressions d’accords, les notes utilisées dans les mélodies, les transitions d’accords, les fréquences de paires de notes consécutives et, finalement, ce qu’ils appellent les « contours ». Essentiellement, les contours sont des séquences mélodiques de quatre notes qui soit montent, soit descendent, soit restent pareilles. Ces séquences seraient, d’après les chercheurs, importantes dans la distinction des styles de composition d’un artiste. Alors que McCartney a des contours qui ont tendance à se déplacer, Lennon est surtout connu pour des séquences mélodiques qui tendent à ne pas trop varier.

« Prenez par exemple la chanson de Lennon, Help, dit Mark Glickman. Le ton ne change pas beaucoup. La même note se répète et ne change qu’en petits incréments. Alors qu’avec Paul McCartney, si vous prenez une chanson comme Michelle, pour ce qui est du ton, ça se déplace beaucoup. »

En associant près de 149 aspects d’une chanson à chaque auteur, les chercheurs ont utilisé la « règle de Bayes », fréquemment employée dans les calculs de probabilités, afin de déterminer un modèle de probabilité Lennon-McCartney. Ils ont ensuite appliqué cette équation à des chansons dont l’auteur est disputé et calculé les probabilités que l’un ou l’autre les ait écrites.

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Et leurs calculs sont étonnamment précis. On sait donc maintenant que « les probabilités que McCartney ait écrit In My Life sont de 0,018 %, ce qui signifie que c’est fort probablement une chanson de Lennon », d’après Glickman.

Ce qui est certain, c’est qu’il y aura une demande pour ce genre d’analyse dans les années à venir, afin de pouvoir retrouver les véritables auteurs de chansons rendues célèbres dont la paternité est disputée. Aussi, alors que plusieurs rappeurs, notamment Drake, sont pointés du doigt et accusés de ne pas écrire leurs propres chansons, le modèle utilisé par Glickman et son équipe pourrait devenir un outil important pour contrer le plagiat musical.

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