Hollywood n'a jamais fait dans la dentelle, et ce n'est certainement pas avec la très attendue adaptation en prises de vue réelles (c'est à dire quand un animé est adapté en film non animé) d' Akira que l'on changera la donne. Cette facette de l'industrie du film – plus vénale et mainstream tu meurs – se tape depuis des lustres la sale réputation de n'avoir aucun scrupule quand il s'agit de respecter la pérennité originale d'une œuvre. Les exemples en sont nombreux, les contre-exemples le sont moins. Akira, l'une des pépites de la culture manga contemporaine, se retrouve actuellement le cul entre deux chaises, à savoir : préserver son statut intouchable de monument culte de l'animation japonaise ou se faire grignoter par un Hollywood plus boulimique que jamais, avant de se ramasser des statistiques dégueulasses sur Rotten Tomatoes. Un gros fail qui s'apparenterait à une sorte de prostitution et trahison pour de nombreux aficionados, moi y compris, et ça, c'est un gros non.
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Une adaptation qui sent un peu le roussi
semble de plus en plus ouvert à l'idée, mais à la seule condition de ne pas nuire aux éléments fondamentaux de l'oeuvre.« En ce qui me concerne, j'ai terminé de créer le manga original et ma propre version animée également », a récemment confié Ōtomo à Forbes dans l'une de ses très rares entrevues. « On peut dire que j'en ai fini avec ça et, si quelqu'un veut faire quelque chose de nouveau avec Akira, je suis d'accord. Comme j'ai accepté l'offre pour une adaptation en prises de vue réelles, je suis assez ouvert avec ce que l'on veut en faire. Cependant, je pose une condition majeure à cette future probable version : c'est que je dois voir le scénario et pouvoir l'approuver. » Autant se le dire, le couillu réalisateur occidental qui devra respecter l'authenticité d'une œuvre aussi lourde de sens qu' Akira risque de saigner – et il n'est peut-être pas encore né.
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Malheureusement, tout comme la récente petite déception que l'on s'est tapée avec la discutable adaptation du Ghost in the Shell de Masamune Shirow, il est peu probable que quelqu'un ait aujourd'hui suffisamment de skills et de couilles pour nous assurer une adaptation potable d' Akira. En effet, il sera difficile de retranscrire les qualités techniques et narratives (encore inégalées aujourd'hui) qui ont jadis suinté des planches à dessin d'Ōtomo.
Le succès d'Akira et la démocratisation du manga en occident
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D'abord en anglais en 1988, puis en français en 1990 (chez Glénat), les volumes d' Akira sont traduits et, en tant que premier manga en français, ils sont le préambule de quelque chose de nouveau pour les jeunes (et moins jeunes) occidentaux. Finie l'époque où le manga était encore inconnu du grand public : c'est l'explosion de la BD japonaise dans la sphère occidentale. De Londres à Montréal en passant par Paris et New York, ce style graphique très particulier, mettant de l'avant des protagonistes aux pupilles anormalement dilatées, rentre dans les mœurs, faisant vaciller la BD occidentale et européenne. Quant à l'animé d' Akira, il sort en 88 dans les salles québécoises et en 91 dans les salles françaises.
Un univers post-apocalyptique qui en dit long sur le Japon du 20e siècle
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Cet univers violent et post-apocalyptique est récurrent dans les productions d'Ōtomo, également connu pour les non moins mythiques Dōmu, Memories ou Steamboy. Cette œuvre révolutionnaire et réactionnaire explore brillamment des thèmes classiques de la science-fiction, comme la manipulation psychique et la contre-utopie. Il aborde également des facettes plus historiques qui sont toujours d'actualités aujourd'hui sur l'archipel nippon, comme la présence militaire, la bombe nucléaire et même le très sombre volet de l'Unité 731. Probablement des aspects à prendre avec des pincettes et très compliqués à poser sur la table pour quiconque n'est pas japonais.
Dans tous les cas, on se demande comment le courageux réalisateur va réussir à se démerder pour gérer la complexité du scénario, des thèmes qui y sont abordés, des personnages et tout simplement de la spécificité des codes très japonais, qui, finalement, font tout l'intérêt de l'œuvre originale. Enfin, comment remplacer la majestueuse BO de l'époque produite par le collectif Geinoh Yamashirogumi (surtout le thème Kaneda <3).Pas très rassurant quand on voit ce qui est arrivé à notre pauvre Ghost in the Shell, qui, au contact de l'industrie hollywoodienne, a perdu un peu de saveur et parfois même un peu de sens. Cela étant dit, il est clair que le jour où cette adaptation sortira à l'écran, la plupart des fans, puristes réticents ou curieux et bons joueurs, se déplaceront pour voir le résultat. Pour ma part, qu'il soit juste correct ou à chier, j'en serai.Mots-clés : Akira, Tokyo, Kaneda, Tetsuo, Katsuhiro Otomo, Animé, Neo-Tokyo, Manga, Ghost in the Shell, Japon