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Music

Ce qu'on a retenu du premier trimestre 2017

De Cannibale à Communions, de Future à F.U.T.U.R.OS.C.O.P.E., du prog à la go-go, du thrash à la zumba : tout ce qui nous a donné envie de péter des chaises entre janvier et mars 2017.

Personne n'a envie de lire des chroniques de disques en 2017, et c'est bien normal. Mais personne n'a envie non plus de rater le disque qui va faire de son année un truc plus beau et plus fou que le feu d'artifice du Katakai-Masuri, et c'est bien normal aussi. Voici donc, condensé en un seul article rapide, brutal et efficace, tout ce qu'on a retenu du premier trimestre 2017 rangé par ordre alphabétique, de Cannibale à Communions, de de Future à F.U.T.U.R.OS.C.O.P.E., du prog à la go-go, du thrash à la zumba.

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CANNIBALE - No Mercy For Love
C'est un fait : les gens voient mieux qu'ils n'écoutent. Alors pensez jungles moites, cambrousses sauvages, gares routières désertes écrasées par le cagnard et bastons dans des discothèques napolitaines circa 1967. Tout le reste est superflu. À noter tout de même qu'on trouve sur cette impeccable tuerie deux des tubes les plus infectieux de ce début d'année (« Mama » et « Choppy Night »). (Lelo Jimmy Batista)

CANTENAC DAGAR - Stilletonne
Maximum de bruit, minimum de matos : human beat box, banjo, lecteur cassette et l'affaire est pliée pour le duo Cantenac Dagar. Le résultat, Stilletonne, sorti chez SK Records est raccord avec la méthode utilisée : un uppercut fulgurant. (Jérôme Provençal)

CHAVEZ - Cockfighters
Ils jurent que ce n'est pas une reformation vu que le groupe ne s'est jamais officiellement séparé, mais ça n'en reste pas moins une affaire de vieux crabes : trois nouveaux titres d'un des meilleurs et des plus scandaleusement ignorés groupes d'indie rock US des années 90. Bon, on est évidemment loin des fulgurances de Gone Glimmering et Ride The Fader, mais ça fait le job de manière plus qu'honorable et Matt Sweeney est visiblement encore capable de nous sortir du chapeau une de ces intros d'outre-espace dont il a le secret (« Blank In The Blaze »). (Lelo Jimmy Batista)

COMMUNIONS - Blue
Je n'arrive toujours pas à détester ces Danois, et pourtant ils font tout pour, comme par exemple avoir illustré le meilleur titre de leur nouvel album, « It's Like Air », avec une vidéo qui bouffe à tous râteliers, laissant un souvenir aussi embarrassant que le dernier film de Thomas Vinterberg. Malgré ça, chez Communions, la communauté perdure, la blondeur candide aussi, et même s'ils n'ont toujours pas choisi s'ils voulaient devenir les prochains Stone Roses, les futurs Happy Mondays, voire même les nouveaux James, ils auront toujours une petite place parmi mes 50 onglets ouverts. (Rod Glacial)

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DJ BONEYARD - House Crime Vol.3
À côté de DJ Boneyard (aka Aries), un mec australien, ou peut-être hollandais - qui s'en soucie ? - la ghettotech de DJ Assault ressemble à du Rimbaud. Après Gutter Trax en 2015, qui comme son nom l'indique sonnait hyper caveau, Boneyard revient bourriner à la porte du club à bord de sa voiture-bélier durant 4 titres house de rue, et assène un nouvel hymne à la gloire du dieu scooter, clippé juste au-dessus, dont le titre brille tout seul : « That's Right (Motherfuckers) ». (Rod Glacial)

EXIT ORDER - Seed Of Hysteria
Pourquoi ce disque en particulier et pas un autre obscur album parmi les décombres post-punk/goth-core du catalogue Deranged Records et affiliés (mention spéciale à Nerve Quakes, Slimy Member et UV-TV) ? 1. Parce qu'esthétiquement et musicalement, c'est le truc le plus éloigné du Future Politics de Austra 2. Parce que le son de gratte « alerte nucléaire » ne sonne jamais aussi bien que lorsqu'il est surplombé d'une voix de meuf hyper pressée de retourner en cours à la fac de Boston. 3. Parce que le discours est précurseur : que les pirouettos le veuillent ou non, nous allons bientôt tous finir par sombrer dans l'hystérie. (Rod Glacial)

EYE – Vision And Ageless Light
Marre de ces apprentis coiffeurs à t-shirt moulant qui m'ont piqué mon prog. Oui, le rock progressif, ce style musical qui avait la qualité quasi-magique de faire fuir à trois cent kilomètres toute représentante du sexe opposée et dont les légions de fans étaient généralement des étudiants en informatique à lunette ET appareil dentaires jouant secrètement à Donjons & Dragons dans leurs chambres. Ce machin plein de titres interminables parlant de dragons, de l'apocalypse racontée en 24 minutes (« Supper's Ready » de Genesis, meilleur titre prog de tous les temps, point) ou de théières volantes (si) avec des mecs jouant des solos de claviers interminables et que l'on admire béatement comme des super-héros dotés de performances surhumaines. Adulé puis ringardisé par les punks, voilà qu'aujourd'hui, plus de quarante ans après la sortie de Close To The Edge, tout le monde se dit « prog ». Morceaux de plus de 6 minutes ? C'est prog ! Doom contemplatif avec riff de flûte ? C'est prog ! Pour situer le désastre, la référence en terme de prog pour les néophytes, c'est… Radiohead. Oui, ça craint. Heureusement, on a encore des gens comme Eye pour remettre les pendules à l'heure avec une batterie de claviers vintage qui rapporterait sûrement une fortune sur leboncoin, des paroles foncièrement cosmiques (ie : imbitables) et le pavé épique de rigueur (27 minutes, on salue la performance). Le tout bien sûr 100 % analogigue et sentant la barbe, la bedaine de fan de Star Trek et les 70's. Bref, tout ce qu'il faut pour anéantir 2017. (Olivier « Zoltar » Badin)

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FABRIZIO RAT - Technopiano
Membre du Cabaret Contemporain, Fabrizio Rat s'échappe en solitaire pour faire de la techno avec piano et boîtes à rythmes. Son premier EP s'intitule Technopiano (si, si) – et il tape juste et fort, entre martèlements obsédants et lignes acides bien vrillées. (Jérôme Provençal)

F.U.T.U.R.OS.C.O.P.E - Utilisation non autorisée
Même si les noms de groupes à la con commencent à devenir sérieusement fatiguants (le pompon ayant été atteint par Équipe de Foot, poulain du podium Ricard qu'il faudra me payer cher pour écouter), il faut bien avouer que F.U.T.U.R.OS.C.O.P.E pose avec ce nouvel album deux plages aussi intenses que parfaites. Le trio y renoue avec l'esprit radical des musiques minimalistes et répétitives et poussent dans la tombe le pseudo revival kraut patchouli. Merci. (Adrien Durand)

FUTURE - « Hallucinating »
Le premier trimestre de 2017 a été celui de Future. Influençant (selon la légende) en janvier le résultat d'un match décisif des Falcons d'Atlanta par sa seule présence dans les gradins. Établissant en Février un nouveau record avec deux albums au top des charts. Et depuis mars, envoûtant tout le monde à coup de flute enchantée sur « Mask Off ». Perso, je n'ai pas pris la peine d'écouter un disque de Future depuis sa collaboration avec Drake, probablement victime de l'overdose des mixtapes précipitées qui se succèdent inlassablement. C'est donc d'un air un peu blasé que j'ai écouté HNDRX, loin de me douter qu'il s'y cachait l'arme redoutable « Hallucinating ». Une balade trap mélancolique, déstructurée à la « Love Song » ou « Rich Sex » portée par un Future crooner, celui des liaisons mirages, corrosives, nourries de drogues et de sirop violet : le Future que j'aime. Bref, ne vous fatiguez pas à écouter HNDRX en entier, passez directement à la 11. (Rhoda Tchokokam)

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GABRIEL GARZON-MONTANO – Jardin
De la chanson US sensible dans ses rimes, ambiance romantique en diablotin, une voix r'n'b même pas autotunée à vous faire fondre un entrepôt Picard, une soul comme submergée par une vague pop californienne, entre un Pharrell en tongs et un D'Angelo backupé sur Windows 98. Tout ça sans repomper ni France Gall, ni Véronique Sanson, ni Desireless. Dans mes bras, mon ami. (Pascal Bertin)

GOLDLINK - At What Cost
La vie d'un adolescent noir de Washington DC à l'aube de l'an 2000 pourrait se résumer en deux syllabes : Go-go. Désignant à la fois un type de boîte de nuit, une danse et un sous-genre musical, la Go-go est le secret le mieux gardé du District de Columbia, née de la fusion de la Funk, du R&B et du hip-hop old school avec une importance particulière accordée aux rythmes des congas et des timbales. Une culture underground en voie d'extinction que seule la jeunesse qui l'a connue et vécue, sait raconter - comme le rappeur Goldlink. Son premier disque At What Cost se présente comme un témoignage de cette énergie qui continue de fait vibrer les murs de sa ville.

Avec sa mixtape précédente After We Left, We Didn't Talk… , chronique d'une histoire d'amour ratée, Goldlink a opéré avec At What Cost un retour aux sources indispensable pour resituer ses influences dans la scène DMV, qui n'a pas toujours été un berceau de rappeurs. Ainsi, les femmes des différents quartiers se succèdent sur « Have You Seen That Girl » sous fond de bleeps de jeux vidéos et « Hands On Your Knees » nous propulse dans la vie nocturne de la ville dans ce qui se rapproche le plus d'une version moderne du Go-go. Tout s'enchaîne assez naturellement (la célébration, l'amour, l'été) jusqu'à l'arrivée de la mort avec les coups de feu à la fin de « Meditation » et la métaphore sur Lucifer dans « The Parable Of The Rich Man ». Comme il le dit lui-même à un moment : « J'ai eu tellement peur de la mort que je n'en ai plus peur ».

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Goldlink n'est pas un lyriciste et il n'a jamais prétendu l'être. Son talent, c'est sa voix, ce flow mélodieux qu'il manie merveilleusement bien, injectant un peu de couleur même dans les productions les plus ternes. At What Cost est un hommage à la Chocolate City pré-gentrification, mais surtout un rappel que le hip-hop c'est aussi de la dance music. (Rhoda Tchokokam)

H3RY LUCK - FORCE2
Autant être clair tout de suite : ce début d'année 2017 est particulièrement famélique pour les fanatiques de rap français. Hormis une ou deux valeurs sûres en haut de l'affiche, rien ne bouge entre les lignes, et comme d'habitude, il faut se tourner vers les bas-fonds pour tomber sur un projet intéressant. Seule sortie indispensable du mois de février, FORCE2 de H3RY LÜCK est un EP 4 titres assez fou, qui évoque l'amour et le renoncement entre deux égotrips torturés, avec de grosses vagues oniriques et de belles teintes psychédéliques. (Genono)

HOMESHAKE - Fresh Air
Je ne saurais pas trop dire si c'est simplement l'hiver ou la dépression que je couve, mais j'ai passé les trois derniers mois prostré dans l'obscurité de ma chambre n'attendant absolument rien d'autre que le jour suivant. Alors non, je n'ai pas du tout écouté Homeshake, tout d'abord parce qu'il faudrait voir à pas déconner et puis surtout parce que j'aurais eu l'air d'un acteur qui en fait trop dans un film d'une génération, mais maintenant qu'on peut l'écouter prostré au soleil avec un verre de blanc et des gens autour, je vais faire un effort. (Pierre Berthelot Kleck)

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KELLY LEE OWENS – Kelly Lee Owens
Un album techno, c'est tellement casse-gueule que personne n'en a pondu depuis Raw Power. Et Paradise d'Inner City, ok. A moitié née à l'époque, l'Anglaise Kelly Lee Owens réussit ce qu'on n'attendait plus. Pas l'alignement de clics'n'boom pour la foire du Trône ou pour grésiller pendant une lecture de poésie dans une galerie de Milan. Juste 46 minutes cohérentes, variées, différentes et pourtant si familières, comme la folle somme de variations réussies sur chacun de nos maîtres, de James Holden à Cocteau Twins, en passant par Kate Bush et Arthur Russell. Chapeau patronne. (Pascal Bertin)

KENDRICK LAMAR - « The Heart Part. 4 »
Parce que le titre est une énorme claque et qu'il s'impose d'ores et déjà comme l'un des singles de l'année. Parce que Kendrick Lamar en profite pour lancer des fions à Drake, le plus célèbre « playlisteur » du monde moderne. Et parce qu'à chaque fois que le rappeur de L.A. a balancé une partie de « The Heart », un gros projet a suivi dans la foulée. De quoi espérer un nouvel album en 2017 ? On l'espère, putain. (Maxime Delcourt)

LEISURE WORLD - Paper-Thin Community
Le même titre joué quatre fois, une fois hyper bien, une fois très bien, une fois pas trop mal et une fois un peu plus lentement, mais en sonnant à chaque fois exactement de la même manière : comme les Jesus Lizard en train de se vider de leur sang. C'est jeune, c'est californien, le tour de main est franchement pas cochon et c'est leur premier maxi après une démo parue en fin d'année dernière et déjà très remarquée. Ah, et la pochette est réussie, ce qui ne gâche rien. (Lelo Jimmy Batista)

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MANCEAU – I Wanna
Certainement pas le meilleur album de ce premier trimestre. Encore moins un machin qui marquera les esprits et qui finira dans les tops de fin d'année des collègues d'openspace. Mais voilà, contre toute attente, c'est un de ceux que j'ai le plus écoutés au cours de ces trois premiers mois de l'année. Agréable, confortable, mélodique, ce disque de pop ultra classique aurait pu être conçu pour les clients du Pop In circa 2004. Mais non, les coupables sont Rennais et on est déjà en 2017. Aucune révolution là-dedans. C'est mixé par l'omniprésent Alf, c'est produit par un mec de Tahiti 80 et ça s'entend un peu trop méchamment par moments. Visuellement, c'est pas non plus la panacée, la pochette est presque aussi moche que mes ex. Ce disque est mon syndrome de Stockholm. Ne l'écoutez pas, vous risquez de ne jamais en sortir. (Albert Potiron)

MIGOS - Culture
Je sais pas si mille singes qui taperaient sur mille machines à écrire pendant mille ans finiraient inévitablement par écrire la Bible, mais je suis presque sûr que trois hyènes hyperactives gavées de codéine et de ritaline enfermées dans un studio finiraient par sortir cet album - et devenir les hyènes les plus legit du monde. Et alors ? Vous préfèreriez qu'un dauphin humaniste sorte un nouveau Kendrick Lamar ? Perso, Migos ont réussi à me faire faire des signes de gangs dignes du Téléthon avec les doigts quand je conduis, et à regarder avec bienveillance des vidéos dans lesquelles des mecs portent des chapeaux. Autant dire qu'ils ont (un peu) changé ma vie, et sans doute celle de tous les mecs qui répètent inlassablement les 3 mêmes mots dès qu'ils sont défoncés, et qui sont désormais accueillis à bras ouverts au Silencio. (Sébastien Chavigner)

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MONDKOPF - They Fall But You Don't
Samedi 1er avril 2017 :
« Les Arméniens,
Les Comoriens,
Les Italiens,
Les Algériens,
Les Marocains,
Les Tunisiens,
Je vois les Maliens,
Les Sénégalais,
Les Ivoiriens,
J'en vois des tas d'autres que je n'ai pas cités,
Mais je vois quoi ?
Des Marseillais !
Je vois quoi ?
Je vois des Français ! »
Emmanuel Macron

Dimanche 2 avril 2017 :
« L'appel du monde de la culture contre le FN »

[…]

Dimanche 23 avril 2017 :
Votez Mondkopf, pour une France sans fioritures. (Romain Gonzalez)

POWER TRIP - Nightmare Logic
Je ne sais même pas pourquoi ils s'emmerdent encore avec un chanteur, ce disque c'est juste une des plus excessives riffolades jamais enregistrées, une empilade de blocs, la mise en place d'un édifice, d'une structure. À ce niveau, ce n'est plus du thrash, ni même de la musique, c'est de l'architecture. (Lelo Jimmy Batista)

PROSTITUTES - Dance Tracksz
Dans le port de Cleveland, y'a des marins qui se baignent dans l'huile des cargos. Pour eux, James Donadio construit la dance de la marée noire, sur les bases de l'électro-indus qu'il soudait dans les chantiers navals. Son dernier album a séduit le label de Powell, producteur techno londonien qui ne se marre que quand il se brûle. Un disque tout juste plus rythmé que ses précédents, toujours en attente du dancefloor en béton armé actuellement en construction au sous-sol de Flamanville. (Pascal Bertin)

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ROLLING BLACKOUTS COASTAL FEVER - The French Press
Je ne sais pas trop comment ça se passe en football ces jours, mais en musique, rien ne change : c'est toujours l'Australie qui gagne à la fin. (Lelo Jimmy Batista)

SAMEER AHMAD - Un Amour suprême
Ceux qui pensent que les rappeurs confinés à l'ombre sont forcément moins talentueux que ceux en haut de l'affiche peuvent aller masturber Booba en écoutant « E.L.E.P.H.A.N.T. » : l'un des projets de rap français les plus intéressants de ces derniers mois est sorti en février, il s'appelle Un Amour suprême (+1 pour la référence, déjà) et est l'oeuvre de Sameer Ahmad. Ou plutôt de Jovontae et Ezekiel, les deux personnages incarnés ici par le rappeur montpelliérain, qui en profite pour placer ses rimes sur des mélodies subtilement orchestrées et parfaitement jazzy. Le mec tient son classique ! (Maxime Delcourt)

SORORITY NOISE - « No Halo »
50 % Interpol + 50 % Taking Back Sunday ? Merci Internet. (Adrien Durand)

THUNDERCAT - Drunk
Thundercat, c'est une certitude, est le mec par qui les plus folles productions peuvent arriver aujourd'hui, mais aussi à l'avenir, au sein de Brainfeeder. Alors, forcément, quand le comparse de Flying Lotus se lance dans la composition de 23 morceaux assez courts, relativement hybrides, aptes à crédibiliser et rendre séduisant l'un des pires sous-genres du jazz (le jazz-rock), ça donne un disque aussi dingue que foncièrement moderne. En plus, Thundercat sait s'entourer : Kendrick Lamar, Wiz Khalifa, Pharrell, tous se mettent au service de ce génie, prêt à réinventer le jazz, mais aussi le funk et le hip-hop, de ces prochaines années. (Maxime Delcourt)

TRIPLEGO - 2020
Je m'en veux beaucoup de ne pas avoir eu la présence d'esprit d'aller interviewer Triplego pour la sortie de ce qui est, jusqu'ici, de très loin le meilleur projet rap français de 2017, mais je suis content que ce soit Christelle qui s'y soit collée, car elle est encore plus douée que moi pour parler de rappeurs chelous. (Genono)

UNGFELL - Tôtbringære
Au risque de passer pour un connard élitiste (ce que vous devriez être), je trouve que cet album est un peu la BO parfaite de L'Histoire de la folie à l'âge classique de Foucault, ne serait-ce que parce que je ne peux pas imaginer Ungfell et sa troupe d'hommes-corbeaux hurleurs faire un concert ailleurs que sur une effroyable nef des fous dont les passagers riraient fort en pointant du doigt tous ceux qui ont prétendu un jour faire du « black metal médiéval » et ont fini par faire du mongo-SethGuecore encore plus lourd qu'antisémite. C'est monstrueux. C'est 45 minutes de mongolerie pure. C'est les Gremlins avec des guitares. C'est sublime. C'est suisse. Il vous faut quoi de plus ? (Sébastien Chavigner)

VALD – Agartha 
En multipliant les flows, en s'appuyant sur les productions originales et ultra efficaces (on n'a pas osé écrire monumentales) de DJ Weedim, le gamin d'Aulnay-sous-Bois sort le rap de sa fatigante trinité bitch-money-car. Intelligent, mordant, aussi drôle qu'Edouard Baer au petit matin frileux, Vald a tout pour cartonner et son succès n'est que justice. Ceux à qui ça pose problème peuvent aller se faire une mégadose en enfer. (Albert Potiron)

ZEDEL CLAN - Zedaloca
La zumba est un sous-genre particulièrement en vogue dans le rap français depuis deux ans. En gros, il se caractérise par des beats à 130bpm, des textes particulièrement sucrés, et des refrains dansants qui pourraient être ghostwrittés par Dany Brillant. Ce qui est drôle, c'est que cette tendance assez honteuse était jusqu'ici réservée aux pontes de l'industrie qui n'ont plus d'âme depuis leur premier disque d'or, mais qu'elle débarque désormais même aux plus bas niveaux de l'échelle sociale du rap français. On a donc droit aujourd'hui à de la zumba underground, un bel oxymore parfaitement symbolisé par le Zedel Clan, un groupe de mecs chelous qui a livré la mixtape Zedeloca le 13 janvier dernier. Et attention : si le terme zumba peut sembler péjoratif, on est ici face à une vraie bonne zumba de grande qualité artisanale. Profitez-en tout de suite avant qu'ils vendent leur âme à l'industrie et se lancent dans la production à grande échelle pour amasser les disques d'or. (Genono) Voilà, c'est tout. À dans trois mois.