Voilà, on est le 12 juillet, et le 10 ne s'est pas vraiment passé comme on l'espérait. Bilan tiède, deux jours après, parce qu'on a vite envie de passer à la suite.Voilà l'homme de l'Euro. On a déjà dit tout le bien qu'on pensait d'Eder, "le Jar Jar Binks du football mondial", en février dernier, quelques jours après son arrivée à Lille. On est donc très heureux que l'échalas portugais vienne nous pourrir en finale, d'une frappe pas dégueue en plus. Belle ironie du sort, puisque s'il l'avait aligné plus souvent, plus tôt dans cet Euro, Fernando Santos se serait peut-être rendu compte que tout ce dont son équipe avait besoin pour fonctionner correctement, c'était simplement d'un vrai avant-centre, un mec qui se positionne devant, au centre, comme point de fixation.A ce niveau-là, même un poteau avec le maillot du Portugal planté au niveau du point de penalty aurait suffi pour peser sur la défense et faire des déviations pour tous ces ailiers reconvertis attaquants malgré eux. Eder sait très bien faire le poteau - et un peu plus, on va continuer plus longtemps dans le Eder-bashing - et restera donc comme l'unique buteur de cette finale de l'Euro 2016. Je sais pas si vous vous rendez compte, mais ça veut dire qu'on se souviendra de lui pour l'éternité. C'est vraiment ça qui fout les boules.Bizarrement, gagner cet Euro aurait peut-être été trop simple, trop écrit : organisé chez nous, avec un parcours relativement ouvert jusqu'en demi-finales. Jusqu'à dimanche, le plan s'était déroulé sans accroc, et la victoire, si on ne l'aurait évidemment pas reniée, n'aurait été qu'une sorte de mission accomplie, de rendez-vous auquel on aurait répondu présent.Là, cela donne à cette génération un esprit de revanche. Antoine Griezmann, avec ses deux finales perdues en un mois et demi, peut construire une carrière monstrueuse là-dessus (ou devenir un éternel loser, faut voir). Cette équipe de France, avec ses deux stars en tête, paraissait tout de même incroyablement jeune : facilement mise sous pression, elle manquait un peu de vice, alors que le Portugal des Pepe, Ronaldo, Moutinho en avait à revendre. Rendez-vous est pris donc : avec deux ans d'expérience en plus, les Griezmann, Pogba, Coman, Martial, Kanté, Umtiti, voire Varane, pourraient bien être injouables. Parce que déjà, on sait que l'Allemagne, on les boit quand on veut.Peu de surprises de ce côté-là finalement : les passions pour le ballon rond s'expriment toujours de la même manière depuis 30 ans, dans la violence ou dans le plus pur esprit de camaraderie. On a vécu « Les Anglais à Marseille 2 : Russian Connection », une suite que tout le monde avait vu venir, sauf les forces de police apparemment. On a découvert et apprécié les Islandais, même s'ils sont encore un peu Footix de penser qu'ils ont inventé le clapping. On a eu droit à un tube officieux par les Nord-Irlandais. Il y a eu les Irlandais trop sympas qu'ils en deviennent énervants. Et puis les supporters français, plein de bonne volonté, mais qui n'ont pas vraiment réussi à transcender une "culture supportériste" assez pauvre. Ça prendra du temps, mais ça va finir par chanter.Il y a toujours une équipe surprise. Et s'il n'y en n'a pas, on en créera une, on trouvera, vous inquiétez pas. Cette fois-ci, c'est l'Islande, ses 330 000 habitants, son équipe-de-guerriers-Vikings, son quart de finale, qui ont tenu le rôle. C'est tant mieux, le football n'a pas vocation à être élitiste et le fait que des joueurs individuellement moyens arrivent à s'en sortir en équipe, même dans les compétitions les plus relevées, ça veut dire que le football est toujours vivant. L'Islande avait en plus un exotisme rare, avec les volcans, les Vikings, les icebergs et les engelures, propices à la métaphore filée : les parfaits Petit Poucets. On dira juste qu'il en faut aussi un peu plus pour ne pas se prendre 5-2 en quarts de finale.C'est franchement abusé. Tout le monde s'est plaint de la piètre qualité des pelouses durant cet Euro, élément indissociable d'un bon match de football. Elles étaient notamment vraiment mauvaises à Marseille, Lille ou Saint-Denis. Après France-Albanie au Vélodrome, Didier Deschamps affirmé que c'était « un désastre » et après Suisse-France au stade Pierre-Mauroy que c'était « désolant ».En cause l'UEFA, qui pensait que c'était une bonne idée d'acheminer du gazon depuis la Slovaquie et de l'installer dans les stades français. A l'arrivée : choc thermique, gazon dégueulasse et des pelouses remplacées fissa. Il faut toujours écouter la Société des gazons.Du bon boulot, tout comme Rudi Garcia, qui parle tellement qu'on n'entend plus Christian Jeanpierre. On retiendra aussi les effets Star Wars de M6, pas toujours très esthétiques mais assez ludiques.Le premier remplaçant superstar.En 2018, la Russie organisera la Coupe du monde et, de fait, son équipe nationale est d'ores et déjà qualifiée. Mais on espère que les Russes feront meilleure figure que lors de cet Euro 2016. En France ils ont été franchement mauvais, terminant derniers de leurs groupe avec un match nul et deux défaites. Pis encore, ils n'ont pas donné l'impression de se dépouiller. Du coup, les fans russes ne sont pas dupes et ont la rage. Certains d'entre eux ont lancé une pétition pour réclamer la dissolution de la sélection.« Nous demandons l'exclusion de tous les membres de la sélection 2016, qui ne justifient pas nos espoirs et se sont discrédités aux yeux de la Russie, est-il écrit sur le site change.org. Tous les Russes attendent un miracle. Mais il n'y a plus de miracle depuis 10 ans ». A ce jour plus de 885 000 personnes ont signé la pétition. Au rayon médiocrité, on pourrait aussi mettre certains supporters russes.Le joueur le plus frais de cet Euro avait 40 ans. Jogging, vieilles feintes et calvitie : le parfait cocktail du tonton blagueur.On pensait que l'Italie allait être triste à voir, mais c'était sans compter sur Antonio Conte et la défense la plus classe de l'Histoire. On regrettera seulement que, tout ce dont on se souviendra de cette Italie 2016, ce sera cette course d'élan de Simone Zaza.Vous vous souvenez qu'on a passé deux jours à savoir si Pogba avait oui ou non fait un bras d'honneur aux journalistes ? Tout ça parce que L'Equipe pensait avoir une quelconque influence sur l'équipe de France. Aujourd'hui, ces Unes sur Griezmann et Pogba nous paraissent bien absurdes. Tout ce dont on peut se féliciter, c'est de ne pas avoir eu à nouveau de polémique à la con sur la vidéo, l'arbitrage ayant été pas loin d'être irréprochable tout au long de la compétition.Avant l'Euro, on le définissait comme la classe à l'allemande, mèche toujours parfaite et pull en cachemire. Il aura fallu d'une main dans le calbute et deux doigts dans les narines pour casser le mythe.D'un côté, on peu comprendre les gens qui veulent profiter de l'Euro pour faire du business. Mais de l'autre on trouve que c'est tout de même un abus au regard des prix pratiqués. On ne demande pas que les denrées soient bradées, mais au moins de qualité. Les sandwiches sont tout petits, et les bières, bien que sans alcool, dégueulasses. Lors du match d'ouverture France-Roumanie, on a d'ailleurs été surpris de voir que bon nombre de spectateurs laissaient à l'abandon leurs verres plein. On a testé et on a fait pareil. C'est juste dommage, la qualité n'était pas au rendez-vous.Xherdan a fait un Euro bien pérave mais a marqué le but de cet Euro. Il ne respira pas l'intelligence, mais au moins toutes ces heures de gainage ont payé.On était à France Roumanie et franchement on n'a pas compris pourquoi l'UEFA avait choisi le DJ français. Ok il est apprécié par beaucoup, ok ses titres sont des tubes, mais son hymne "This One's For You" est un peu pourri quand même. Sans parler de sa cérémonie d'ouverture….Du coup on préfère largement la parodie de l'humoriste Aldrig Kede Sig : « Salut ! je m'appelle David Guetta ! J'ai ramené mon ordinateur ! J'ai aussi un casque. Est-ce que vous voulez me voir appuyer sur des boutons ? (…) Je suis tellement riche ! ».Tout le monde l'a relevé : le Portugal a fini troisième de son groupe, et termine vainqueur. On ne sait toujours pas ce qu'on en pense. Il est clair qu'une partie de tableau était plus déséquilibrée qu'une autre, que la phase de groupe n'a pas donné lieu à des matches très passionnants, et qu'on aurait pu se passer de certaines nations, genre la Russie par exemple. Mais en même temps, on n'a pas boudé notre plaisir à découvrir toutes ces petites nations, et à se gaver de matches pendant un mois. On reprendrait bien la même formule.
Eder
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— Wayne Girard (@WayneinRome) 25 juin 2016
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