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Culture

« Us » de Jordan Peel est un film d’horreur pas très drôle

Lis cet article si tu penses que le deuxième long métrage de Jordan Peele mérite ton argent durement gagné.
« Us » de Jordan Peel est un film d’horreur pas très drôle

Chaque semaine, je vais voir des films en salle religieusement. Mes films préférés sont Hérédité et Le Film Lego. Comme au casino, je mise parfois mon argent sur des films douteux, mais j’essaie quand même de faire des choix renseignés, comme un statisticien. Je juge les films strictement sur la valeur du divertissement en essayant d’en révéler le moins possible sur l’intrigue.

Quand je suis tombé, il y a trois mois, sur le message sur Reddit annonçant la nouvelle affiche Us de Jordan Peele, j’ai frénétiquement screenshoté, partagé et contacté tout le monde qu'elle pouvait intéresser. Son apôtre, c’était moi, et je devais annoncer la bonne nouvelle. Jusque-là, M. Peele détenait une fiche parfaite. Depuis son joyau Get Out, il a coproduit le décoré BlacKkKlansman, a prêté sa voix à l’acclamée Big Mouth et a même entre-temps annoncé qu’il allait prendre les rênes du remake de La Quatrième Dimension, qui est attendu pour le début d’avril.

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Impossible de vous parler de Us sans revenir à Get Out, un de mes films préférés qui raconte l’histoire d’un type trop cool qui réussit à contrecarrer les plans diaboliques d’une famille raciste débile. Je me souviendrai toujours de cette salle remplie qui criait au héros de déguerpir et qui applaudissait lorsqu’il triomphait de ses agresseurs. Get Out, c’est un des meilleurs films des dernières années. D’ailleurs, je n’ai jamais entendu personne dire qu’il ne l’avait pas aimé.

C’est pourquoi j’avais tellement hâte de voir le nouveau long métrage de Jordan Peele.

Quand la bande-annonce de Us a joué pendant le Super Bowl, en février dernier, je fermais mes yeux, bouchais mes oreilles et criais « LALALA », tellement je voulais me préserver la surprise. Jordan Peele qui écrit, réalise et produit un nouveau film d’horreur avec un budget quadruplé : je n’avais pas besoin d’en savoir plus.

Avec Lupita Nyong’o, Duke Wilson, Tim Heidecker et Elizabeth Moss, Us met en scène deux familles de la classe moyenne supérieure passant leurs vacances d’été en Californie. Une série de coïncidences étranges poussent la matriarche de la famille Wilson à craindre une catastrophe qui pourrait mettre sa famille en péril. Ses peurs se matérialisent lorsqu’une famille identique à la sienne, vêtue de combinaisons rouges, apparaît sur leur terrain et se met à les pourchasser.

J’ai le malheur de vous annoncer qu'aujourd'hui, je ne vais pas vous recommander Us. Je me suis plutôt ennuyé, à vrai dire, un sentiment de déception partagé dans mon groupe d’amis, lorsque les lumières de la salle se sont rallumées, qui s’étaient attendus à quelque chose d’un peu plus grand.

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Il y a eu à peine quelques blagues de papa au début, comme un dab à contretemps. Sans compter le fait que je n’ai certainement pas eu peur, même si je suis un gars facile à effrayer. Us est bel et bien un film d’horreur et non une comédie avec un second degré comme ce à quoi je m'attendais. Si Get Out se sert ingénieusement de la peur au profit de la comédie, les moments comiques dans Us tombent à plat.

Bien entendu, Us n’est pas pourri. Ça reste un film de qualité signé Jordan Peele.

Les jeux de lumière ainsi que la coloration sont assez incroyables : ce n’est certainement pas tâche facile d’éclairer un chalet en panne d'électricité au milieu d’une forêt californienne tout en excitant l’œil.

L’acteur Winston Duke reflète parfaitement le ton de son réalisateur. Lupita Nyong’o arrive à transmettre par ses regards l'effroi et la folie de ses deux personnages, un jeu d'une telle qualité que je ne serais pas étonné qu'elle soit en nomination aux Oscars, et qu'elle puisse ainsi venger Toni Collette, qui n'avait reçu aucune nomination pour son travail légendaire dans le chef-d’œuvre d’horreur Hérédité. L’intensité du regard de Lupita surpasse celle du film, qui se rapproche plutôt du degré de stress d’un épisode de Scooby-Doo.

Je dois lever mon chapeau au cinéaste pour l’attention portée aux détails, la façon dont les symboles sont dissimulés sous nos yeux et ramenés avec inventivité dans des scènes ultérieures. Us mérite un second visionnement pour cette seule raison. J’ai été épaté par tout ce que les cinéphiles sur YouTube ont trouvé, comme l’heure miroir 11:11, un des gros symboles qui se dissimulent dans la moitié des arrière-plans du film, illustré par les deux tours rouges iconiques du Golden Gate Bridge et les tours jumelles du World Trade Center, noté par Mike Stoklasa de Red Letter Media.

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Us perd rapidement l’équilibre avec ses longueurs, notamment au chalet de la famille Wilson, ainsi que vers le dénouement, le jeu du chat qui chasse la sourie s’éternisant et devenant redondant. De plus, il est très vite établi que les sosies sont relativement plus sots que leur double – rien de mieux pour alléger le stress. À aucun moment je n’ai senti qu’un membre de la famille allait périr aux mains de son sosie, un autre obstacle qui empêche la tension d’atteindre son apogée. Les sauts, le gore et la violence étaient insuffisants pour que je profite du degré d’horreur.

Je ne veux pas être celui qui énumère toutes les incohérences du film, mais on dirait qu’il y en a autant que de symboles cachés. Finalement, la cerise sur le sundae, c'est la scène où le personnage joué par Lupita Nyong’o explique à son double toute l’intrigue du film (dans une salle de classe!) et qu’en même temps, on nous balance sans cesse des flashbacks de scènes qu'on a déjà vues, parce que, t’sais, on est des abrutis.

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Je suis sûrement encore victime de mon propre engouement. Mes attentes pour le film étaient tellement élevées que je ne pouvais qu’être déçu. Us est un film que je vais essayer d’oublier pour l’instant et qui, dans ma tête, a été réalisé par le sosie de Jordan Peele. Pourtant, Us a reçu de bonnes critiques, et beaucoup le préfèrent à Get Out, entre autres à cause de ses allusions au conflit entre les classes sociales et à la dualité de soi. Jordan Peele reste pour moi un des grands comédiens de cette génération, mais je ne suis pas encore prêt à le considérer comme un grand réalisateur d’horreur. Cependant, ce ne sont pas les idées et le talent qui lui manquent, et il est donc presque certain que j’irai voir son prochain film, avec des attentes un peu moins élevées que cette fois-ci.

Avoir su, j’aurais attendu la sortie de Us sur Netflix.