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La MDMA est la nouvelle psychose américaine

La question est : pourquoi se mettent-ils à flipper seulement maintenant ?

De la MDMA (photo via)

La MDMA a pas mal fait parler d'elle aux États-Unis récemment. Depuis que Miley a déclaré « danser avec Molly » [comprendre « danser sous MD »], comme un de ces nerds insupportables qui se vantent de fumer des bangs au petit déjeuner, les chroniqueurs s'en donnent à cœur joie et analysent les raisons de l’amour inconsidéré pour la MD. Et les décideurs politiques, inquiets depuis qu'une série d'accidents mortels liés à la MDMA a défrayé la chronique, ont également commencé à tirer la sonnette d’alarme.

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Vous vous en doutez peut-être, mais tout le monde n'a pas inspiré un bon coup, mis les choses en perspective et réagi avec calme et rationalité. L'Université du Massachusetts, où j’étudie, a annulé tous les événements electro du campus. Ils ne veulent pas faire les gros titres et encore moins se faire attaquer en justice en cas d'overdose de MD.

Le fait que des vieux doyens crouteux et des politiciens décrépits se tracassent à propos des drogues que la jeunesse prend n'est pas surprenant à mes yeux, mais je suis plus concerné par l’attitude d'un dealer que nous appellerons « Tommy », que j'ai rencontré à Boston et qui m'a fait part de ses pensées sur ce qu'il vend. Malgré le fait qu'il trafique des quantités importantes de narcotiques, se fait offrir des pipes en échange de cocaïne et dit « non » aux gens qui veulent lui filer des Playstation volées en échange de ses produits, Tommy m’a paru aussi conservateur que les politiciens vis-à-vis de la MD :

« Je n'en prendrais pas parce que je n'ai pas la moindre idée de ce qu'il y a à l'intérieur. Il faut être fou pour toucher à ça, à mon avis », m’a-t-il dit entre deux gorgées de limonade.

Un concert de Pretty Lights, un des concerts que mon université a annulé, par Alex Hertel (photo via)

Les experts en politique de la drogue affirment que les overdoses sont dues aux drogues synthétiques avec lesquelles la MD est coupée et ensuite vendue. Le fait que les drogues soient coupées avec des trucs qu'aucune personne saine d’esprit n'ingèrerait si elle savait ce que c'était n'est pas nouveau, mais certains spéculent que la demande surpasse la production et que des petits malins diluent le produit avec des cathinones de synthèse – le stimulant le plus souvent associé à la méphédrone – pour répondre à la demande. La DEA, dans le même temps temps, déclare avoir saisi moins d'ecstasy et de MDMA ces dernières années.

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Pourquoi cette hausse de la demande ? Tommy souligne le fait que des rappeurs comme French Montana et Lil Wayne glorifient cette drogue dans leurs chansons, ce qui est tellement simpliste que ç'en serait drôle, si ce n'était pas la meilleure explication trouvée à ce jour. Certains pensent que cette hausse est due à la hausse de l’intérêt national pour l'electro. Pour l'anecdote, Tommy dit avoir vu une hausse significative de la demande au cours des deux dernières années ; certains de ses clients, qui préféraient la cocaïne, ne lui achètent plus que de la MD. Parce qu'elle est illégale, il est pratiquement impossible d’avancer des chiffres précis etd es explications concrètes concernant la MDMA, mais beaucoup d'experts en politique de la drogue sont de l'avis de Tommy : la demande est en hausse et personne ne sait ce que contient le produit vendu sous le nom de MDMA.

Stefanie Jones, event manager à la Drug Policy Alliance aux États-Unis, m'a dit : « Je pense que c'est pour ça que nous voyons plus de bad trips et d’overdoses, parce que si la MDMA est coupée avec ces additifs, cela va exacerber certains effets, moins courants avec un produit pur. »

« Est-ce que je pense que les nouveaux produits de synthèse jouent un rôle [dans les overdoses récentes] ? Probablement, oui. Ils ont tendance à être plus dangereux », m’a confié Missi Wooldridge, directeur exécutif chez Dance Safe, une organisation à but non lucratif qui agit dans la communauté electro en offrant des kits de test de drogues lors des concerts, entre autres.

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Donc, qu’est-ce que ça veut dire ? Certains experts progressistes affirment que le gouvernement américain devrait prendre exemple sur la Nouvelle-Zélande, où le Parlement vient juste de voter une loi afin de tester chaque drogue synthétique et d’approuver celles qui présentent le moins de risques. Ross Bell, le directeur exécutif de la New Zealand Drug Foundation, m'a dit que les entreprises et individus synthétisant des drogues dans son pays pouvaient les soumettre à une batterie de tests comparables à des essais pharmaceutiques. (La vente aux mineurs est illégale d'après cette nouvelle loi.)

Mais en Amérique, on ne fait pas vraiment dans le sang-froid quand il s'agit de réagir aux drogues. Le gouvernement fédéral est tout sauf prêt à légaliser la MDMA, sans parler d'un tas de drogues synthétiques dernier cri dont les sénateurs archaïques comme Orrin Hatch n'ont tout bonnement jamais entendu parler. Il est difficile de savoir concrètement comment le modèle nouveau-zélandais fonctionnerait ou serait applicable au problème actuel que rencontrent les États-Unis quant à la MDMA coupée avec des adultérants particulièrement dangereux.

Un peu plus de MDMA, cette fois-ci à côté d'une clé, servant sans doute à la prendre (photo via)

Le Congrès a déjà tenté d'interdire certaines drogues synthétiques l’année dernière. Mais les synthétiseurs et les trafiquants ont légèrement changé la formule chimique de la drogue nouvellement illégale pour contourner la loi, créant des fac-similés de l'ecstasy, de la cocaïne et de l'acide, entre autres.

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Néanmoins, nous allons sans doute assister à un renforcement de la guerre contre la drogue, au grand dam des experts en politique de la drogue. Les autorités pourraient aller plus loin et criminaliser cette culture au sens large. Regardez ce qui est arrivé à la scène rave dans la première moitié de la dernière décennie, quand la police a sévi contre la vente ou la possession d'ecstasy. Les arrestations se sont multipliées, les peines pour les crimes liés à l'ecstasy ont été rallongées et des lois sur les soi-disant fumeries de crack ont été amendées afin que les promoteurs et organisateurs de raves et de soirées dans des entrepôts puissent être traités comme s'ils dirigeaient des fumeries de crack, ce qui veut dire qu'on s’est mis à les considérer comme légalement responsables des éventuelles overdoses dans leurs soirées. Ça a considérablement modifié la scène de la musique électronique aux États-Unis, a décrété Jones : les raves légales se sont transformées en soirées non autorisées dans des maisons, et les festivals ont gagné en importance. « Quand on veut, on peut », a-t-elle conclu.

Jones pense que des tactiques d'interdiction seront mises en œuvre, mais le gouvernement risque d'avoir encore plus de mal à rompre le lien entre la drogue et la culture electro qu'il y a dix ans. Du fait des promoteurs de plus en plus avertis et de leurs business models qui gagnent en complexité, il devient de plus en plus difficile pour les forces de l'ordre d’établir légalement leur culpabilité pour les crimes liés à la drogue qui se produisent lors de leurs événements.

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Aujourd’hui, la sénatrice Dianne Feinstein, une démocrate de Californie, souhaite mettre en place un comité de scientifiques interinstitutionnel qui se tiendrait averti des nouvelles drogues de synthèse et mettrait à jour régulièrement une liste de drogues considérées comme illégales. La loi se chargerait ensuite de rendre ensuite impossible l’importation des substances ainsi listées.

D'après Wooldridge, allonger sans cesse la liste des drogues illégales n’est pas la solution : « La raison pour laquelle les gens trouvent de nouvelles molécules est que celles que nous connaissons sont illégales, m’a-t-elle certifié. Nous devrions réguler pour des raisons de santé et de sécurité. Tout le monde devrait connaître les dosages, les risques. Décriminaliser ce que nous avons – les drogues que nous connaissons. Et tout l’argent que nous consacrons à la guerre contre la drogue doit aller dans la recherche en matière de santé, de prévention, de traitement et de réhabilitation. »

Suivez Danny sur Twitter : @DMacCash

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