Personne ne peut échapper à la slasherwave de GosT

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Personne ne peut échapper à la slasherwave de GosT

Le musicien texan nous parle de son nouvel album inspiré par le « Le Paradis perdu » de John Milton et de l'attrait grandissant des fans de metal pour la synthwave.

Venu tout droit de l'Enfer (ou du Texas, c'est kif-kif), l'ange du mal connu sous le nom de Ba'alber-ith est aussi celui qui produit des morceaux de synthwave turbo-nucléaires sous le pseudonyme de GosT. Après une série d'EP's frappés du sceau de l'horreur qui l'ont fait sortir des méandres de Bandcamp, son premier LP sorti l'année dernière, Behemoth, a prouvé que cet engouement était légitime. Aujourd'hui, à peine un an plus tard (et avec un troisième LP déjà en route), le musicien est de retour avec Non Paradisi, qui sort chez Blood Music (et que vous pouvez commandez ici).

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Basé sur le poème épique de Milton, Paradise Lost [Le Paradis Perdu], Non Paradisi emporte l'auditeur aux confins des Enfers digitaux, en livrant le récit de l'ascension et de la chute de Lucifer Morningstar. Bien qu'on puisse perdre en subtilité émotionnelle lorsque des instruments artificiels entrent en jeu, la pulsation des synthétiseurs et le martèlement du beat mettent parfaitement en valeur la nature surnaturelle de ce long voyage maléfique le plus célèbre de la littérature. L'artwork, qu'on doit à Førtifem​ (cocorico), place même Ba'alber-ith en personne au centre d'une célèbre gravure de Gustave Doré, pour parfaire l'authenticité de l'œuvre.

Vous pouvez vous noyer dans ce périple en écoutant l'album en exclusivité juste en dessous. Et si vous voulez en savoir plus, nous avons discuté avec l'homme qui se cache derrière le démon.

Noisey : Pourquoi tu t'es mis à faire ce genre de musique ?
Ba'alber-ith : En fait, j'ai toujours écouté de la new wave, et de la musique à synthés, comme Depeche Mode, The Cure, les trucs comme ça. J'ai joué dans des groupes de metal dès que j'ai commencé à faire de la guitare, vers l'âge de 13 ans, et je suis arrivé au stade où je ne voulais plus devoir dépendre de qui que ce soit d'autre. Je ne voulais faire ça avec personne d'autre, je voulais faire quelque chose qui m'appartienne à moi seul. Hors de question qu'il y ait la moindre prise de tête, ou que quelqu'un dise qu'il n'aime pas telle ou telle chose. C'était un truc que je pouvais faire tout seul et sur lequel je pouvais avoir le contrôle créatif total.

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Beaucoup de types qui font ce genre de musique étaient guitaristes dans des groupes de metal avant.
J'adore toujours la guitare. À vrai dire, la guitare me manque, mais par contre, jouer dans un groupe de metal, pas vraiment. Tu vois ce que je veux dire ? Et l'élitisme dans la communauté metal devient fatiguant à la longue.

C'est marrant, parce que beaucoup de ces gens-là ont vraiment accepté le genre de musique que tu joues maintenant.
Je sais, je pensais que j'allais jouer dans des raves, des trucs comme ça, et puis surprise – le public de mes concerts, c'est toujours des fans de metal barbus. Tout va bien.

Pourquoi cette synth-wave agressive attire autant les metalheads, à ton avis ?
Je pense que tous les gens qui kiffent le metal, d'une manière ou d'une autre, aiment tous l'imagerie dark, les films d'horreur, les trucs comme ça. GosT est issu de cette influence de toute façon. La plupart des gens qui kiffent John Carpenter et les trucs du genre kiffent aussi Cannibal Corpse. C'est une manière simple, pour les fans de metal, de s'en échapper un peu sans avoir l'impression de se trahir non plus.

Qu'est-ce qui fait que le son des synthés se prête si bien à ce truc dark, démoniaque ? Tu penses que c'est lié au fait qu'on a grandi avec ces B.O. de films d'horreur, ou ça a quelque chose à voir avec l'instrument en lui-même ?
Un peu des deux, je pense. Pour moi, c'est principalement parce que j'ai grandi avec ce cinéma. C'était l'âge d'or des films d'horreur, vraiment. Jamais on ne retrouvera un truc comme le premier Griffes de la Nuit, ou des trucs comme The GateHalloween. Il y a un truc particulier dans ces films, qui les rend uniques, et ça a vraiment préparé le terrain pour des gens comme moi.

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Et tu as créé ton propre personnage, Ba'alber-ith, qui apporte aussi cette touche un peu fun.
J'étais un énorme fan de Kiss quand j'étais gosse, et j'ai toujours aimé les premiers trucs de Daft Punk, et du musicien electro français Danger. Tous portent des masques. Pendant un certain temps, tu peux t'amuser avec ça. Pas besoin d'être sérieux. Pour moi, quand tu vas voir Daft Punk en live, c'est comme aller voir un film. Tu peux croire sans souci que tu mates deux robots en train de faire de la musique. Beaucoup de musiciens electro font ça, ça ajoute un petit quelque chose au concert. Quand tu joues dans un groupe, pas besoin d'avoir un show trop élaboré, il te faut juste des instruments, quelques lights sur scène, et personne ne dira « ce groupe aurait été super s"il y avait eu des visuels en plus. » Mais dans ce qu'on fait, ça prend une place énorme, et le personnage, le masque et tout ça, ça ajoute au reste, et ça fait kiffer les gens encore un peu plus.

Pourquoi as-tu choisi de t'inspirer de Paradise Lost pour l'album ?
C'était une coïncidence totale. Quand j'ai commencé à bosser sur mes nouveaux trucs, je me disais que je voulais un son plus gros – plus orchestral, et une palette plus large, aussi loin que le son puisse aller. Au moment où je commençais à bosser sur les deux premiers morceaux, un pote, qui lit beaucoup plus que moi, m'a dit de lire ce poème, parce qu'il correspondait parfaitement avec la musique que j'étais entrain de faire. Je l'ai lu, et je me suis aperçu que c'était vrai. Ça a été tellement simple d'intégrer GosT à cet univers, et puis écrire un album concept sur Lucifer et sa chute des Cieux va tellement bien avec ce que je fais.

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T'avais des idées de chansons avant de lire le poème, ou est-ce qu'elles te sont venues après l'avoir lu ?
Les deux premières étaient plus ou moins déjà écrites quand j'ai commencé ma lecture, et elles s'inséraient parfaitement. À partir de la troisième ou quatrième, elles se basaient sur le poème, et de la vibe que j'en tirais. J'ai le sentiment que quand tu écoutes l'album, si tu connais un peu le poème, tu peux sentir cette vibe. Ça colle vraiment au texte, en tout cas au sentiment d'essayer de s'en sortir et de t'échapper du lac de feu et de t'élever au-dessus de toutes les épreuves que Dieu a fait traverser à Lucifer.

Comment fais-tu pour faire sonner GosT de manière aussi heavy ?
Ce qui rend GosT aussi heavy, c'est surtout les lignes de basse pleines de disto et les batteries hyper compressées, ce qui ne diffère pas beaucoup d'une production de death metal moderne. On compresse la musique à mort aujourd'hui, et notre façon d'entendre les choses est tellement différente de notre manière d'enregistrer. Quand tu vas voir un groupe en live, ça sonne tellement plus lourd que quand tu enregistres un morceau. Les micros sont loin de marcher aussi bien que l'oreille humaine. Je trouve que compresser la musique, et mettre des EQ sur les crêtes, ça rapproche vraiment du son réel. Pour les morceaux de GosT, et pour les faire sonner aussi heavy que du metal, c'est la même idée. Il y a de la distorsion, des grosses batteries, une base solide, comme pour n'importe quel groupe de metal.

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Tu peux nous parler de ton prochain album ?
Il sera plus proche d'un disque de black metal. Un visuel vraiment, vraiment simple, et un son extrêmement heavy. Les sons sont similaires – j'utilise des samples de batteries acoustiques sur celui-ci, ça sonne donc plus comme des vraies batteries, et il y a plus de distorsion, du blast et tout le bordel. C'est complètement différent. Avec ce disque [Non Paradisi], j'avais l'objectif qu'il soit plus gros que tout ce que j'avais fait auparavant. Maintenant, j'ai envie de rétrograder sur le prochain, en terme de concept, et sur tout le reste. Peut-être laisser un peu plus la musique parler d'elle-même. Ça a été une expérience vraiment cool, mais ça a été un processus bien plus prenant que je ce que j'imaginais au début. Pas forcément difficile, mais je ne sais pas si j'ai envie de le refaire ou d'essayer de faire mieux.

(Photos - Jason Woodward)

​GosT jouera à La Flèche d'Or​ à Paris le 12 octobre.

Jeff Treppel essaie d'échapper aux lacs de feu de Twitter.