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Culture

Pourquoi les artistes collectionnent d'autres artistes

Par amitié, soutien, obsession et, le plus souvent, pour trouver l’inspiration, tous les grands artistes ont collectionné des œuvres de leurs pairs.
Three Bathers, 1879–1882, Paul Cezanne, oil on canvas, 55 x 52cm. Petit Palais Musee des Beaux-Arts de la Ville de Paris, © Petit Palais / Roger-Viollet. All images courtesy of © The National Gallery, London

Saviez-vous qu’Henri Matisse était un grand fan d’arts d’Asie et qu’il écumait les expositions du genre ? Ouais. OK. Et aviez-vous entendu parler des nombreux voyages du célèbre peintre fauviste en Afrique du sud pour s’imprégner des influences islamiques et de la sculpture unique de ce pays ? Cette passion de Matisse est bien moins connue. Et c’est ce qu’essaie de mettre en lumière l’exposition « Painters’ Paintings : From Freud to Van Dyck », à la National Gallery de Londres, qui s’intéresse aux œuvres que les grands artistes possédaient et sur l’influence qu’impliquent ces collections personnelles.

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En ouverture de l’exposition, trône L’Italienne ou La Femme à la Manche Jaune de Jean-Baptiste-Camille Corot, peinte vers 1870. Ce portrait d’une noble de la Renaissance était l’une des œuvres favorites du peintre de paysage mais son acquisition par Lucian Freud est encore plus parlante. La toile, qui fait aujourd’hui partie des collections de la National Gallery, a été léguée au Royaume-Uni à la mort de l’artiste. Le peintre l’avait achetée lors d’une vente aux enchères en 2011 et accrochée au-dessus de la cheminée de sa maison de Kensington. Selon les dires de la National Gallery, Freud « choisissait des œuvres qui avaient une grande importance personnelle ou émotionnelle, ou qui résonnaient avec son propre travail ».

Paul Cézanne, Trois Baigneuses, 1879-1882. Huile sur toile, 55 x 52 cm. © Petit Palais, Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris / Roger-Viollet.

« Painters’ Paintings » pose donc la question : au fond, qu’est-ce qui poussaient un artiste à acquérir telle ou telle œuvre ? Dans certains cas, c’était pour soutenir un pair, un gage d’amitié, dans d’autres, un investissement financier ou l’obsession d’amasser un nombre toujours croissant de créations, comme le faisait Degas, qui échangeaient ses toiles toiles contre des Manet, Ingres ou Delacroix. Pour stimuler sa créativité, souvent. « Les collections d’artistes évoluaient au fur et à mesure de leur carrière et de leurs revenus. Elles étaient également déterminées par la disponibilité des œuvres. »

Le directeur de la National Gallery, Dr. Gabriele Rinaldi, situe l’exposition à cheval entre l’héritage et l’inspiration. « Les artistes, par définition, vivent avec leurs propres images, mais qu’est-ce qui les motivent à posséder les œuvres d’autres peintres, qu’ils soient leurs contemporains — amis ou rivaux — ou de vieux maîtres ? » On sait ainsi que Van Dyck s’était entouré de maîtres italiens et affectionnait particulièrement Titien, à qui il doit ses ingénieuses compositions et dont la filiation est révélée dans la confrontation de leurs œuvres respectives en dernière partie.

Titien, La Famille Vendramin, vers 1540-45. Huile sur toile, 206,1 x 288,5 cm. © The National Gallery, Londres.

L’exposition de la National Gallery réunit plus de 80 œuvres issues des collections personnelles d’Henri Matisse, Edgar Degas, Edmund Blair Leighton, George Frederic Watts, Thomas Lawrence, Sir Joshua Reynolds, Antoine van Dyck et Lucian Freud. Leur accrochage aux côtés de la production des artistes collectionneurs sus-cités offre ainsi un nouvel éclairage sur plus de 550 ans d’histoire de l’art.

Antoine Van Dyck, Thomas Killigrew et William, Lord Crofts (?), 1638. Huile sur toile, 132,9 x 144,1 cm. © Royal Collection Trust / Her Majesty Queen Elizabeth II 2016.

L’exposition « Painters’ Paintings : From Freud to Van Dyck » est à voir à la National Gallery, à Londres, jusqu’au 4 septembre 2016. Plus d’infos par ici.