Ça y est, la crise d'ado de Miley Cyrus est terminée

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Ça y est, la crise d'ado de Miley Cyrus est terminée

Fini le twerk, fini la drogue, fini le rap, la chanteuse de 24 ans est désormais aussi pure et innocente qu'une pub pour une crème de jour.

Il y a quelques semaines, la marque allemande de produits pour la peau Nivea a subi un revers considérable et prévisible à la suite d'une étrange campagne publicitaire qui déclarait, mot pour mot : « white is purity ». La pub, qui représentait une femme portant une sorte de kimono blanc assise en face d'une fenêtre, sur un lit baignée d'une lumière blanche, était, en plus de ce slogan « problématique » pour les internautes, de facture incroyablement cheap. Le blanc, traditionnellement associé à l'innocence et à la pureté est lui aussi l'élément central du dernier clip de Miley Cyrus, « Malibu », qui est peut-être en train de lancer un nouveau courant : la Nivea-wave.

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Avec ce nouveau single sorti le week-end dernier, Cyrus s'affranchit complètement de son récent et controversé passé hip-hop de la manière la plus évidente et, en même temps, de la plus machiavélique qui soit. Entièrement vêtue de blanc, dansant sur une plage et devant une chute d'eau ou allongée dans l'herbe, elle ne chante plus l'excès mais la stabilité dans un décor digne d'un spot pour un gel douche. Ce tableau nous replonge dix ans en arrière, du temps de la Miley country, avec ses couettes, aussi innocente et heureuse que dans un remake des Femmes de Stepford.

Soyons clairs, « Malibu » est un morceau pop plus que respectable, il noie tranquillement les derniers singles de ses rivales Lorde et Katy Perry dans l'eau cristalline de l'océan Pacifique. Simple et catchy, c'est un concurrent solide pour le tube de l'été, qui tend déjà son derrière pour son remix club. Pourtant, rien de tout ça n'efface le fait que ses paroles et sa vidéo ultra-calculées atteignent le stade dit Taylor Swift du contrôle de son image. C'est une marche arrière fascinante et le rejet total d'un genre qu'elle s'était appropriée avec dérision et succès lors de la sortie de Bangerz en 2013.

Lorsqu'on retrace la trajectoire fulgurante de la carrière de Miley Cyrus, on est forcés de s'arrêter sur la sortie de ce quatrième album. À ce stade de son ascension vers les étoiles, du statut de starlette de la télé à celui d'actrice de cinéma, de chanteuse country à pop star, sa transition devait forcément passer par des rapprochements avec le hip-hop. Tout d'un coup, la fille de Billy Ray Cyrus se retrouvait à collaborer avec Future, et même si la pilule fut un peu dur à avaler, il faut bien reconnaître que « Wrecking Ball » et « We Can't Stop » correspondaient parfaitement au titre de son album : de vrais bangers. Cette métamorphose a culminé lors de sa fameuse performance aux MTV Video Music Awards de 2013 où Miley a rendu obsolète le fameux « Gimme More » de Britney Spears, joué sur la même scène six ans auparavant. Cyrus, en sous-vêtements peau, promouvait son nouvel album en twerkant sur scène et effleurait ni plus ni moins le pelvis de ce brave Robin Thicke à l'aide d'un doigt géant en mousse. Inutile de préciser qu'Internet prit feu cette nuit-là.

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Cette même année, la chanteuse rendait publique sa liaison avec l'acteur australien Liam Hemsworth, comme pour contrer l'image « urbaine et déglingo » que le public se faisait d'elle, tout en entrant dans une phase musicale expérimentale inspirée par la weed et la MDMA. On n'est pas à une contradiction près. En 2015, elle devenait bisexuelle et faisait des misères à son label en diffusant un album gratuit sur Soundcloud intitulé Miley Cyrus & Her Dead Petz. Elle fondait ensuite Happy Hippie, une fondation sans but lucratif revendiquant les droits des queers, et abordant de front la sexualité et l'autonomie féminines. En 2016, après un break, elle remettait le couvert avec Hemsworth et mettait un point final à sa période rebelle grâce à une relation stable et monogame avec la personnification du gendre idéal. Aujourd'hui, Cyrus annonce à la presse qu'elle ne fume plus de weed. Et qu'elle n'écoute plus de rap.

C'est en effet ce que la chanteuse a déclaré dans une récente interview pour le magazine Billboard. La promo de « Malibu » et de son album à venir est carrément accompagnée de photos d'elle affublée de bottes de cowboy et d'un bandana rouge. On apprend dans cet entretien que le hip-hop est trop misogyne pour la nouvelle image de Miley, qui ressemble trait pour trait à son ancienne image, du temps où on l'appelait encore Hannah Montana. Trahissant l'attrait qu'elle vouait au style et le réduisant à son plus simple appareil, elle confirme à Billboard que le rap contient trop de « 'Lamborghini, j'ai ma Rolex, j'ai une meuf sur ma bite' » pour elle. « Je ne suis tellement pas comme ça » ajoute t-elle. Ce qui, dans un certain sens, est vrai.

Evidemment, cet article de Billboard implique que Cyrus avait le choix—qu'elle a finalement laissé tomber le hip-hop parce que ça ne lui convenait pas, qu'il ne s'alignait pas sur ses valeurs. La réalité est un peu différente, mais l'histoire de la pop est facile à réécrire quand vous êtes une personne qui joue à ce jeu depuis aussi longtemps que Miley Cyrus. Donc prenons un peu de recul et rappelons la vérité. Miley n'était pas seulement naïve au point de croire que le hip-hop s'offrait à elle, elle a aussi eu le culot de rejeter catégoriquement le genre quand elle s'est aperçu que, fatalement, ça n'a pas marché comme prévu.

On peut éprouver de la sympathie pour une jeune fille talentueuse qui a grandi dans une famille de stars de la country, qui a découvre hip-hop à la fin de son adolescence et qui en tombe amoureuse. On peut éprouver encore plus de sympathie pour une Nicki Minaj qui lui demande ce qu'elle compte en faire. Quoiqu'il en soit, on sait maintenant que tout ira bien pour Miley Cyrus. « Malibu » a déjà été vu une dizaine de millions de fois, sa crise d'ado tardive semble terminée, et nous revenons où nous en étions au commencement. Nombreux, mais pas tous, sont les artistes qui « renaissent » après un faux pas dans leur carrière—même lorsqu'ils ont à peine 25 ans. Car sous le ciel bleu de Malibu, ce refuge pour célébrités tellement riches et connues qu'elles n'ont même plus besoin de vivre à Los Angeles, rien n'est impossible.