Je croyais que Nickelback était le pire groupe du monde mais non, en fait c'est Gaslight Anthem

Je suis l'un de ces mecs qui laissent la télé allumée à la maison, et pour cause : j'aime bien avoir un bruit de fond. C'est pour cette raison qu'il y a quinze jours, alors que je faisais le ménage, j'ai été distrait par le clip d'un nouveau morceau de Nickelback.
Ce groupe est fascinant parce qu'ils ont mélangé les trucs qui puent le plus au monde – les boucs, les piercings à l'arcade, les coupes au carré, les guitares Paul Reed Smith, les barbes taillées et le power grunge – et ont gagné une quantité abjecte de thunes en récompense. Leur album All The Right Reasons s'est vendu à huit millions d'exemplaires, rien qu'aux États-Unis.
Réfléchissez à un truc. Vous n'avez jamais rencontré jamais un type qui les aime. Je connais un gars qui se revendique fan du groupe, mais il est aussi Canadien, donc peut-être qu'il est juste loyal ou poli (vous connaissez la politesse légendaire des Canadiens).
Bref, après seulement quelques notes de ce titre, Nickelback me cassait déjà les couilles – comme ils le font systématiquement. Je jette un coup d'œil à l'écran et patatra : ce n'était même pas Nickelback. Putain, qui essaie encore de sonner comme ça en 2012 ? Ça ne pouvait qu'être qu'un de ces groupes de rock alternatif des années 1990 dont je n'avais jamais entendu parlé ? Ou alors un cover band de Nickelback que je ne connaissais pas parce que je n'habite pas à la campagne ? C'est alors que la mention « Gaslight Anthem / '45 » défile au bas de l'écran. J'ai dévissé. Je connais Gaslight Anthem. C'est l'un de ces groupes dont l'un de tes potes qui était « à donf dans la musique » en 1996 te parle aujourd'hui en te disant que tu vas « kiffer ». Il en avait lui-même entendu parler à la radio ou dans Rock One et avait pensé à toi. Chanmé ! Quiconque qui se dit « mon ami » est complètement taré s'il pense que je vais cliquer sur un lien html pour écouter des mecs.
En fait, je n'ai même pas eu besoin d'écouter Gaslight Anthem pour savoir que c'était de la merde. J'ai juste maté leurs influences : ce sont des mecs de banlieues pavillonnaires qui aimaient les groupes de Fueled By Ramen en '98, peut-être Jawbreaker, avant de se mettre au «  vrai rock 'n' roll ». Des groupes comme ça n'arrêtent pas de dire combien Nebraska ou Blonde on Blonde ont changé leurs vies, mais quand t'écoutes leur musique ça sonne juste comme un mec qui lâche une caisse sur un beat de Blink 182.

Attention, ça empire : apparemment, leur style « anthem punk » (d'après l'article Wikipedia) fait partie de la « grande tradition du punk du New Jersey, allant des Misfits aux Bouncing Souls. La musique de Gaslight Anthem reprend de nombreux éléments du Son de la côte du New Jersey ». Bordel c'est quoi le Son de la côte du New Jersey, à part des gros beats techno et des types oranges qui crient par dessus avec des accents italiens ? En plus non, ces enfoirés n'ont rien en commun avec les Misfits, à part le fait d'être aussi un groupe.
Dans ce genre de moments, je remercie le seigneur de venir du Massachusetts. Grâce à ça, j'ai évité ce que j'appelle le « Steen Gene ». En général, cette maladie arrive à tous les gars du New Jersey, plus certains types de l'état de New York et de Pennsylvanie. Plus tard dans leur vie, cette mutation se déclare parfois en symptômes pouvant inclure l'achat d'un enregistreur 4-pistes et la poursuite d'une carrière musicale en solo. Même en abandonnant la posture « singer-songwriter », les Steen Geneurs obligent souvent leurs amis à les écouter raconter combien Bruce Springsteen est génial tout le long d'un trajet à la plage en voiture. J'emmerde tout ça, et j'emmerde aussi la posture prolo-émo à deux francs de Gaslight Anthem.
Cette version live de « '45 » au Jimmy Fallon Show cristallise ma haine pour ce groupe. Que quelqu'un se dévoue pour retirer sa pédale d'effets au guitariste et lui coupe la capuche de son sweatshirt pour qu'il ne puisse plus la porter en intérieur – c'est un adulte, putain. De plus, si vous niez toujours que ce groupe de merde sonne comme Nickelback, regardez cette vidéo et dites-moi que le chanteur n'est pas en train de faire cet effet boulette-de-viande-coincée-dans-la-gorge que font tous les mecs du grunge.  
En évitant la posture de menton de Eddie Vedder et en portant des vêtements « OK », le frontman a peut-être réussi à arnaquer quelques fans de Crimpshrine, mais vraiment ce groupe n'est rien d'autre qu'un croisement des pires trucs de Fat Wreck et des pires trucs de pop-grunge pour ados en DC Shoes.
Ah ouais et il ne s'agit certainement pas d'un groupe qui « renoue avec la sincérité des Replacements, la virilité des Clash et l'infatigable charisme de leur héros local Bruce Springsteen », comme l'indique les truffes de Rolling Stone. Si ce truc est un « mélange unique de punk et de folk arrosé d'une double-dose de sincérité », alors la sincérité doit être un mélange unique du bouc de Chad Kroeger, de la diarrhée de Fat Mike et d'une double-dose de super idée toute pourrie.