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Le jour où Lemmy Kilmister s'est évanoui après s'être fait sucer trois fois d'affilée

Après des années de lutte acharnée, l'autobiographie du leader de Motörhead est enfin traduite en espagnol. L'occasion de revenir avec l'éditeur Es Pop sur l'indestructible Lemmy.

Ce sexagénaire moustachu qui tape la pose sur un tank allemand clope en main, vous l'aurez reconnu, c'est bien évidemment Lemmy Kilmister, indestructible leader de Motörhead et seule personne au monde à pouvoir faire passer Keith Richards pour un athlète olympique. A ce stade du championnat, vous avez sans doute déjà lu au moins trois fois son autobiographie, White Line Fever, publiée en 2002 en Angleterre et traduite en France en 2004, aux éditions du Camion Blanc. Celui qui fut l'un des piliers des légendaires Hawkwind y revient, en vrac, sur sa collection de tenues militaires nazis, sur ses années de roadie pour Jimi Hendrix ou sur le sac d’amphétamines et de tranquillisants qu’il a avalé pour ne pas qu’on le lui confisque. Après des années d'attente, White Line Fever sera prochainement traduit en espagnol sous le titre Lemmy - La Autobiografia. On en a profité pour poser quelques questions à Oscar Palmer de Es Pop, qui s'est battu pendant de nombreuses années pour publier le livre dans sa langue.

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Noisey : Quand as-tu lu l’autobiographie pour la première fois?
Oscar Palmer : L’édition originale a été publiée en 2002, mais je ne l'ai lue que quelques années plus tard, quand elle est sortie en édition de poche. C’est l’un des premiers livres qu’on a voulu traduire en espagnol, mais il s’est avéré que c'était plus difficile que prévu. On a essayé d’avoir les droits à plusieurs reprises mais on a jamais trouvé d’arrangements concluant jusqu’à l’an dernier, où on a essayé à nouveau et, cette fois-ci, c’est passé.

Pourquoi ça ne passait pas au début ?
La première fois Lemmy n’était tout simplement pas intéressée par notre proposition. Je ne sais plus si ça venait du fait qu’à l’époque, on n’avait pas sorti beaucoup de livres, ou d'autre chose. La deuxième fois, son agent nous a dit que l’offre lui convenait, mais qu'aux yeux de Lemmy, elle n’était pas assez conséquente. Ca coïncidait avec la date de sortie d’un documentaire qui lui était consacré, du coup il a surement pensé que cette double actualité méritait un meilleur cachet, ou peut-être qu’il nous percevait comme des simples opportunistes qui voulaient profiter de son livre pour faire de l’argent, qui sait ?

Vous avez bien fait de ne pas lâcher le morceau.
Oui. Au début, il nous demandait trop d’argent, mais trois ans plus tard on a réessayé et ils étaient OK. Notre catalogue avait pas mal grossi depuis le temps et plus personne ne s’intéressait à son bouquin je pense, donc ça a joué en notre faveur. Les éditeurs espagnols accordent peu de crédit aux livres qui parle de hard rock ou de metal. Je trouve ça dingue que des livres comme The Dirt ou Lords of Chaos soient sortis en espagnol dix ans après leure première publication.

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L’illustration de Ian Jepson pour votre édition est vraiment géniale.
J’en avais marre de ces autobiographies toutes calquées sur le même modèle, avec la sempiternelle photo de couverture sur laquelle l’auteur regarde l’objectif. Ian est un grand illustrateur sud-africain spécialisé dans les afiches de concert. C’est un mec génial et ultra-doué, qui est capable de condenser la personnalité d’un artiste en une seule image. En plus, il est fan de Motörhead, donc il a accepté sans hésiter. Vous aussi vous êtes un fan de Motörhead ?
J’ai découvert le groupe sur une cassette qu'un ami m'a prêtée. Sur la face A, il y avait Ace Of Spades et sur l’autre Ride The Lightning de Metallica. Et je n'ai jamais cessé de les suivre depuis. Je ne suis pas un fan absolu mais j’ai la plupart de leurs albums. Quand The World Is Yours est sorti il y a quelques années, ça faisait un bail que je ne les avais pas écoutés et je suis retombé dedans. D’ailleurs c’est ce disque qui m’a poussé à retenter le coup pour le livre.

Ce livre est plein d’histoires plus dingues les unes que les autres comme cette fois où Lemmy est tombé dans les pommes après s’être fait sucer trois fois de suite.
C’est arrivé le jour où Bomber a été certifié disque d’argent. En concert, après avoir joué quelques titres, Lemmy s’est évanoui, les autres l’ont réveillé pour qu’il retourne jouer. Il ne savait pas pourquoi il était tombé dans les pommes et après le concert, il a dit au docteur que c’était les trois pipes qu’on lui avait taillées dans l’après-midi qui l’avaient vidé.

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Il y a aussi une légende qui raconte qu’il ne peut pas donner son sang car il est trop contaminé.
Je pense qu’aucune anecdote n’a été oubliée : de la période où il a tournée avec Hendrix, à celle où il s’est fait virer de Hawkwind à grands coups de pied au cul, ou encore la fois où il a avalé un sac bourré de tranquillisants et d’amphétamines pour que les flics ne lui confisquent pas et que tout le monde le pensait mort… Et puis c'est un livre plein d’humour et de distance. Lemmy est conscient que si les gens aiment autant Motörhead c’est en grande partie grâce à lui et à sa personnalité hors du commun. Il reconnait que l’attitude est très importante dans le rock. Pour reprendre ses propres termes : « Qu’est-ce que tu branles dans ce business si tu ne flambes pas ? »

Il a réussi à incarner le cliché du rocker sans tomber dans la parodie.
Exact. Et s’il a réussi à faire ça, c’est parce qu’il a toujours été conscient de ce qu’il incarnait et qu'il ne s’est jamais pris au sérieux. Lemmy pense que l’échec de Iron Fist et Another Perfect Day a eu un effet positif sur le long terme. S’ils avaient continué sur la lancée de Ace Of Spades et No Sleep Til Hammersmith, le groupe aurait implosé.

Ils seraient devenus moches et stupides, comme les autres rock stars.
Oui le groupe aurait perdu de sa superbe. Ils n’ont pas enregistré des ventes incroyables, et ça les a poussés à toujours faire des tournées. Dans le livre, Lemmy révèle qu’il a touché plus de royalties pour les quatre morceaux qu’il a écrits pour Ozzy que pour tout le catalogue de Motörhead. Il ne mène pas une vie de millionnaire. Il habite dans une petite ville et son passe-temps favoris, c’est jouer aux machines à sous. Ce n’est pas un mec bling-bling, il n’a pas de villa et ne collectionne pas les objets d’art hors de prix comme bon nombre de rock stars.

Cela dit, il a tout de même un penchant pour les objets militaires nazis.
Oui, collectionner des objets militaires c’est quelque chose de son âge. Il est né en 1945 et considère qu’à l’époque c’était quelque chose de normal d’avoir des trophées nazis à la maison.

Question santé par contre, ce n'est plus vraiment la forme ces jours.
On a tendance à oublier qu’il a 69 ans et que, comme tout le monde, il a eu des mauvaises passes. Quand il a commencé avec Motörhead, il avait déjà un sacré CV. J’ai des amis qui l’ont croisé récemment et qui m'ont dit qu'il avait l'air très fragile, ce qui est tout à fait normal à l’âge qu’il a, après la vie de débauche qu’il a mené. Ça doit être terrible de le voir si fragile aujourd’hui après l’avoir considéré pendant tant d'années comme une véritable force de la nature.