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Music

Killer Mike est le barbier le plus célèbre d'Atlanta

Du shampooing pour cheveux secs, de la sauce barbecue et des flingues !

Je suis un grand fan de

Killer Mike

, mais quand tu interviewes des rappeurs, il arrive que tu te retrouves devant des gamins qui sont célèbres depuis 2 heures, avec toute l'hystérie et la testostérone que ça implique. Honnêtement, c’est vraiment con, parce que ce sont les musiciens les moins chiants du monde. La prochaine fois qu’un abruti te parlera de l’influence négative que le hip-hop a sur son enfant, conseille-lui de s'entretenir quelques instants avec Killer Mike. Malgré une décennie de succès et de fanfaronnades derrière lui, Michael préfère nous parler de shampooing, de la sauce barbecue de DJ Paul et de ses sorties en couple où il enchaîne strip club et église, toujours avec son arme. Avec Killer Mike, c’est tout ou rien.

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Noisey : Hey, comment ça va Killer Mike?

Killer Mike :

Bien, et toi ?

Très bien. L’année dernière tu as sorti Run The Jewels avec El-P, un album qui a plutôt bien marché. Tu dois être content du résultat.

Merci gros, oui je le suis. Je suis content, satisfait, très content même.

Comment vous êtes-vous débrouillés pour le sortir gratuitement ?

C’est pas compliqué, El-P et moi avions sorti

R.A.P. Music

et

Cancer 4 Cure

l’année d’avant. On avait fait une tournée qui s’était incroyablement bien passée, beaucoup de gens venaient aux concerts, achetaient du merch. Grâce à eux, 2012 a été une super année pour nous. Et le meilleur moyen de remercier quelqu’un est de lui faire un cadeau. Donc on s’est tout simplement dit : « on va se servir de ce projet pour dire merci à nos fans ». On a laissé le label Fool’s Gold s’en occuper et ils ont fait du bon taf, je les apprécie beaucoup. Ils ont matérialisé ce disque et l'ont mis dans les mains des fans – et on dirait que ça a bien marché.

Et ça t’amène jusqu’en Australie. T’y es déjà allé ?

Non. Ma femme et moi on est des camés de voyages, c’est une des destinations où l’on voulait aller ensemble. Malheureusement, j’y vais seul cette fois-ci, elle m’a demandé de prendre un paquet de photos pour qu’elle les montre à ses copines et qu’elles enragent. Le spectacle qu’offre ce pays est l’un des plus beaux que tu peux voir, tout le monde le dit ; les villes, l’arrière pays, tout est merveilleux. J’ai vraiment hâte d’y être.

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Comment vont les affaires à ton barbershop d’Atlanta ?

Elles vont bien. Au début, c'était une boutique minuscule, avec juste deux fauteuils, et maintenant on a six fauteuils et notre shop est un des hot spots de la ville. Les gens sortent de l’avion et viennent directement ici. On reçoit des coups de téléphone de partout, on nous demande de nous déplacer, d’organiser des évènements. Je crois qu’on va faire quelques festivals en tant que barbershop, pas seulement en tant que Killer Mike. Je suis excité par tout ce potentiel, on est aussi en train de développer d’autres produits. Si tout va bien, d’ici l’année prochaine, je pourrais t’envoyer un colis avec toutes sortes de trucs cools.

J’adore quand les rappeurs se mettent à lancer des produits. Je suis un grand fan des sauces barbecue de DJ Paul, de Three 6 Mafia.

Ouais, c’est une bonne sauce. Et c’est exactement ce que je veux faire, les produits dérivés, c’est mon truc. Pour les gens qui sont sur Instagram vous pouvez venir faire un tour sur

@graffitisswag

, ou sur mon Instagram,

@killermikegto

pour checker les photos. Je vais dans le même sens que Paul, j’aime bien son modèle économique : ils étaient indépendants, ils utilisaient leurs propres fonds, ils ont investi, ils se sont développé et j’aime ça. Vu que je suis propriétaire du barbershop, je me suis dit, ok, je me verse mon salaire chaque semaine, au moment de payer le loyer. Mais j’aimerais être payé les six autres jours de la semaine aussi. Alors j’ai réfléchi. Comment je pourrais faire ça ? En développant un produit. Mes cheveux sont secs, j’ai essayé plein de shampoings, je les ai graissé, mais rien à faire. Alors je me suis mis à traîner avec un chimiste, pour concevoir un produit qui marcherait pour moi. Et je me suis aperçu que plein d’autres gens en avaient besoin aussi ! Alors, allons-y, fabriquons des shampoings cool, des crèmes, des brosses, et tout un tas de trucs qui porteront la marque de notre enseigne.

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Rester indépendant est hyper important pour toi ? Ne devoir se reposer sur personne d’autre, simplement faire les trucs par soi-même…

Ouais, c’est un risque pour ton argent, mais crois moi, l’investissement en vaut la peine.

Une des choses dont tu parles souvent, c'est cette séparation entre le rap et tes autres projets. Beaucoup d’artistes comme NAS et Tupac jouaient avec ces deux facettes, en alternant, mais toi tu vis tout en même temps. C’est naturel chez toi ?

Ouais, ça m’est venu plutôt naturellement. Je me suis souvent demandé pourquoi les gens pensaient que c’était contradictoire, ou allaient jusqu’à dire que c’était hypocrite, parce que je ne cache rien, au contraire. Je sors d’un club de strip-tease à 7h du mat avec ma femme, qu’est ce que je fais ? Je traîne mes fesses directement à l’église. Ce n’est pas parce que je suis légèrement pété au champagne que je vais oublier de nourrir mon esprit. Donc quand on quitte le club, ma femme aime bien aller à l’église, c’est bon pour l’image, et ça nous procure de bonnes sensations.

J’ai grandi dans un environnement où, quand ma mère me chopait en train de mater un Playboy, plutôt que de me frapper parce qu’il y avait des photos de femmes à poil – elle me demandait ce que disaient les articles. Une fois qu’elle s’est rendu compte que j’avais réellement lu les articles, le fait que je lise Playboy ne l’a plus dérangé. J’ai grandi dans une maison où ma mère fumait de la weed, mais c’était une super maman. Sa mère était super aussi, et elle m’autorisait à fumer souvent pour me montrer que la marijuana était simplement une plante, et non une drogue. Je la remercie pour ça, parce que ça m’a permis de réaliser qu’il y a plein de facettes en nous, tout n’est pas noir ni blanc. Je suis Michael tous les jours, tu saisis ? Je suis le même Michael qui aime fumer de l’herbe et qui aime le porno, je suis le même Michael qui croit aux droits individuels, et aux droits élémentaire de chaque être humain. J’ai le droit d’être heureux. Tu peux trouver ça malin ou intelligent, d'autres penseront que c'est égoïste ou inconscient. J’aimerais que plus de gens se montrent comme ils sont vraiment, et pas comme la putain d'image qu’ils veulent donner.

La vie est remplie de zones d’ombre, et je pense que tu illustres parfaitement ça. En parlant de droits, tu es un farouche défenseur du port d'armes. Pourquoi penses-tu que les armes sont une nécessité pour toi et les USA ?

Pourquoi j’ai l’impression que c'est une nécessité pour moi et les Etats-Unis ? D'habitude, je réponds à cette question à l’envers. Je suis un citoyen américain et notre constitution nous garantit le droit de posséder des armes parce que la dernière lutte victorieuse contre la tyrannie dans ce pays a été menée par un groupe de citoyens armés. On nous enseigne à l’école que nous nous sommes émancipés du joug britannique grâce à nos fusils. Notre nation tient tête, et je crois ce que j’ai appris en classe, à cavoir que le seul moyen pour qu’un gouvernement soit bénéfique au peuple, c'est justement quand ce gouvernement craint le peuple, et non l’inverse.

Personnellement, je ne veux pas renoncer à mon flingue parce que je suis noir. Mes ancêtres, c'est un groupe de gens qui ont été amenés ici et qui servaient de domestiques, qui ont été exploités. Certains me disent « oui mais ça ne t’est pas arrivé à toi », c’est arrivé à mon arrière-arrière-grand-père. Mais je sais qui il était, j’ai des photos de lui chez moi. Je ne renoncerai donc jamais au droit élémentaire qui consiste à protéger ma vie, et mon assurance-vie, c'est mon flingue.

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