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Music

Dansez avec les loups de WLVNNST

L'alliance la plus improbable du monde entre des membres de Dog Eat Dog, Arkangel et Der Blutharsch, pour un disque de drone qui sort sur WéMè Records. Parfaitement.

Michel Kirby est au centre.

Casting de rêve pour un album de cauchemar : sorte de super-groupe formé par certains des piliers les plus solides de la scène metal et hardcore de Belgique et d'ailleurs, WLVNNST (pour Wolvennest, « nid de loups ») réunit pour votre plus grand déplaisir Michel Kirby (Length Of Time, Arkangel, Deviate, et les déjà légendaires La Muerte), Von Burtle Corvus (Cult Of Erinyes) et Marc deBacker (Dog Eat Dog, oui, puis 10000 Women Men et maintenant Mongolito) aux commandes d'un bulldozer invincible qui roule peinard sur les gravats du black metal, du kraut-rock, de l'ambient et du psychédélisme tribal. Pour leur premier album composé de cinq longues plages glaçantes à souhait, et comme si ce casting hollywoodien ne regroupait pas assez de potentiel de violence, le trio a débusqué Albin Julius et son acolyte Marthynna de Der Blutharsch and The Inifinite Church Of The Leading Hand, qu'on avait classé 10/13 sur l'échelle de l'irrespectabilité dans notre guide de la musique industrielle en uniforme. On a contacté Michel Kirby pour en savoir un peu plus avant la sortie du disque, le 22 février sur le label expérimental belge WeMe.

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Noisey : Comment vous-êtes vous retrouvés, avec vos impressionnants CV respectifs, à tomber dans ce genre de black/ambient, assez éloigné de vos précédents groupes ?
Michel Kirby : Parallèlement à tous mes projets, Arkangel, Length Of Time, Goatcloaks, et actuellement La Muerte, j'ai toujours eu cette envie et ce besoin de me plonger dans une nouvelle expérience qui naît d'abord dans ma tête et qui ensuite prend forme physiquement, soit au travers de la musique soit au travers d'un développement graphique tel un artwork pour un vinyle, un T-shirt ou un flyer. C'est mon côté école d'art qui ressort alors, car à l'époque de mes études, chaque étudiant possédait un atelier et on était, on devait être, perpétuellement dans un état créatif, autant au travers de la peinture que de la photographie. Donc un soir, j'ai pris ma gratte, mon pédalier d'effets, mon multi-pistes et j'ai enregistré une première démo de quelques morceaux qui sonnait tèrs black metal du début des 90's. À côté de ça, il y a mon pote depuis des années, Marc deBacker, qui après ses passages dans Dog Eat Dog et Mucky Pup, avait déjà fait un pas vers ce côté hypnotique dark ambiant avec son projet solo Mongolito. Quant à Von Burtle Corvus, avec Cult Of Erinyes il est ancré depuis un moment dans la scène black metal. Avec la démo comme point de départ et nos expériences musicales respectives on a commencé a bosser dans un home studio.

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Comment avez-vous connu Albin Julius ? Je me rappelle que ton asso d'organisation de concerts A Thousand Lost Civilizations a déjà programmé Der Blutharsch il y a quelques années.
C'est mon pote Leslie qui gère cette asso, il est très actif dans la scène black metal, et j'ai organisé quelques shows avec lui, le plus marquant restant celui où The Devil's Blood, Urfaust, Mare, One Tail One Head et Ascension avaient joué à Bruxelles. Ce festival a permis d'en booker une série d'autres dont, entre autres, celui avec Der Blutharsch, Aluk Todolo mais aussi Dernière Volonté et bien d'autres. Albin, lui, je le connais depuis pas mal d'années maintenant et je me suis occupé d'un show pour lui en 2000 avec L.J.D.L.P. et Death In June et depuis ce concert, on est toujours restés en contact. On a toujours évoqué l'idée d'une collaboration et le jour où j'ai eu les premiers morceaux de Wolvennest en main, j'ai directement pensé a lui et à Marthynna. Ils ont aussitôt été intéressés par le projet et voilà comment ce premier album de Wolvennest a pu naître. J'ai l'impression que Wolvennest est un point de croisement entre vous, qui vous éloignez de plus en plus des musiques à grosses guitares plus classiques, et Der Blutharsch qui, eux justement, depuis quelques temps déjà se rapprochent du rock. C'est la raison de votre collaboration ?
Avec ces derniers albums qui ont une sonorité psychédélique très trippante et qui ont amené une formule plus "rock band" chez Der Blutharsch, Albin a montré un désir de s'éloigner de plus en plus du cote pur néofolk et martial et cela au risque de perdre des fans de la première heure ; mais pour moi il était le guest idéal pour le premier album de Wolvennest car il possédait une expérience des sons synthétiques et électroniques que je ne maitrise pas. Je pense pas qu'on s'est vraiment éloigné des grosses guitares mais qu'elles sont juste un peu plus en arrière dans le mix et dans le résultat final; et disons aussi qu'on a un peu plus ralenti leur tempo.

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Doit-on s'attendre à du live un jour ? Et sous quelle forme ?
Bien sûr c'est notre désir premier d'amener la version studio de Wolvennest sur scène, et comme il n'y a jamais eu de répétitions mais uniquement un travail studio, toutes les possiblités s'offrent à nous… Il faut juste les mettre en application. Depuis peu, on a commencé à travailler sur le live en vue de notre premier show qui aura lieu fin avril avec le trio de base qui a composé l'album et on a complété ce line-up avec John Marx qui était bassiste du groupe doom metal Temple Of Nothing. On a également contacté Shazzula Sharon, connue pour avoir participé à Aqua Nebula Oscillator, White Hills et pour son film expérimental Black Mass Rising.

Avec qui aimerais-tu collaborer pour une prochaine sortie de Wolvennest ?
Il y a déjà des compos de prêtes pour un prochain album et j'ai dejà quelques noms pour une éventuelle collab, c'est l'idée de base pour moi avec Wolvennest : amener des artistes et amis dont j'apprécie le travail à collaborer avec moi.

Comment as-tu sauté le pas qui sépare le hardcore/metal de la branche indus/martial/neofolk ? Est-ce une scène que tu trouves toujours aussi foisonnante qu'au temps des beaux jours de World Serpent Distribution, et y vois-tu des similitudes ?
Depuis le début des années nonantes, je suis fasciné par la scène néofolk/martial et indus et c'est sûr que le label World Serpent mais aussi Cold Meat Industry étaient les moteurs de toute cette scène. Rose Clouds Of Holocaust de Death In June restera pour moi l'album référence pour sa force musicale en termes de compos, de mélodies et de rage. Pour moi, ça égalait la sensation ressentie le jour où j'ai entendu pour la première fois The Age Of Quarrel de Cro-Mags en 1986. Je retrouvais cemême berceau d'émotions même si les deux styles musicaux sont totalement différents, et c'est au travers de Length Of Time que j'ai commencé à amener publiquement mon intérêt pour la scène néofolk en incorporant discrètement dans chaque album soit une compo néofolk soit, une compo plus ambient ou martial, ce qui éveillait toujours pas mal d'intérêt de fans qui me demandaient d'ou venait tel ou tel passage. Du coup, ces mêmes fans se retrouvaient à s'intéresser de plus en plus à la scène neofolk, ça les ouvrait à d'autres styles musicaux. Si tu veux, c'est un peu la même situation qu'Anthrax qui ont amené leurs fans au hip-hop de Public Enemy ou plus tard Helmet avec House Of Pain sur la B.O. de Judgement Night. Pour moi, le discours général du hardcore devenait un peu trop rêveur et je voulais proposer une vision plus réaliste dans la musique que je composais. Aujourd'hui, je suis toujours de près le neofolk et je pense que Wolvennest en est la preuve, j'essaie en plus d'y incorporer des ingrédients supplémentaires.

Le premier live de WLVNNST se passera ici.

Iris de Saint-Aubin d'Aubigny bulldoze avec les loups loin de Twitter.