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Music

Le patron du hardcore de Boston a un nom : Brendan Radigan

On a discuté quelques minutes avec le leader de Rival Mob de son amour pour le heavy metal et la négativité.

Photo - Tod Seelie

Brendan Radigan est loin d'être un manchot au micro, ni à tous les autres postes d'un groupe de rock traditionnel d'ailleurs. Le natif de Boston n'est pas seulement responsable des disques hardcore les plus vicieux sortis ces dernières années, il fait aussi partie d'une tonne de groupes allant du heavy metal (Stone Dagger) au doom (Magic Circle) jusqu'à la oi! (Battle Ruins) et au powerviolence (Mind Eraser), et bien au-delà encore. Toujours aux côtés de son complice Justin DeTore, le projet le plus établi de Radigan est peut-être The Rival Mob, un quintet enragé et darwiniste qui rappelle le hardcore le plu vil des années 80. Leur dernier LP, Mob Justice, ainsi qu'avant ça les EP's Hardcore for Hardcore et Raw Life, leur ont octroyé le statut de valeur sûre de la scène.

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On a profité de la venue de Rival Mob au festival Black N Blue Bowl de New York, le 16 mai dernier, pour apostropher Brendan Radigan et lui demander où il en était avec tous ses groupes, et dans la vie en général.

Noisey : Alors, quoi de neuf avec Rival Mob depuis la sortie de Mob Justice, c'était il y a deux ans je crois ?
Brendan Radigan : Ouais, 2013. On a eu un paquet de groupes ces 6/7 dernières années, à tel point que c'est devenu un exercice d'équilibriste. On fait en sorte de dresser une cartographie de tous les concerts qu'on a dans l'année histoire de ne pas empiéter sur tous nos autres groupes et projets. Ca peut carrément devenir casse-couilles, mais la plupart du temps, ça marche plutôt bien. Et Rival Mob se porte à merveille, on a fait un concert en Suède il y a 3 semaines et c'était incroyable. Je trouve ça toujours surréaliste de savoir que des gens ont mis nos putains de culs dans un avion pour nous faire venir jouer un concert en Suède, mais bon, je ne pourrais pas y aller autrement de toute façon.

C'est mortel que des gens y croient encore. Je sais bien que Rival Mob n'est plus le mignon petit chiot qu'il était. Je sais aussi que dans la scène hardcore, c'est surtout le nouveau chanteur en vogue qui compte et les trucs qui viennent de sortir, et Rival Mob est là depuis un moment maintenant, donc on est reconnaissants envers tous ceux qui croient encore en nous. Quand on joue quelque part, chaque concert est comme notre premier, et on ne sait jamait comment ça va se finir. [rires] Le fait qu'on continue est déjà super pour moi, et on a prévu un nouveau disque. Aucune idée de qui le sortira mais ça sera un seveninch et on bosse tranquillement dessus. Après le Black N Blue Bowl, merde, on jouera encore au This Is Hardcore et on a un concert confirmé en Californie, mais c'est tout. À côté de ça, on aimerait aussi jouer en Australie, on économise pour bouger là-bas, et on va également aller en Floride, parce que je ne crois pas que Rival Mob soit allé une seule fois dans le Deep South. Avant de se séparer, on a envie d'y aller au moins une fois. Si ma mémoire est bonne, c'est tout ce qu'on a sur le feu.

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Vous pensez vraiment à vous séparer ?
Oh non non, c'est une figure de style. Un autre truc à propos de tous nos groupes, c'est qu'on ne splittera jamais [rires] Ou alors on restera ultra-inactifs, mais je sais pas, notre attitude a toujours été de suivre le flow, sans être fataliste vis à vis du fait de splitter. Regarde Mind Eraser par exemple, le groupe existe toujours, mais on joue une fois tous les 5 ans. Donc, qui sait..

Un truc intéressant avec toi c'est que tu joues dans Mind Eraser et Rival Mob, qui sont deux groupes totalement différents, mais qui peuvent coller sur une même affiche. Tu as également Battle Ruins, Stone Dagger et Magic Circle, soit littéralement un pied dans chaque sous-genre du punk et du metal. Ce virage heavy d'ailleurs, il vient des trucs que tu écoutes dernièrement ?
Oh, bonne question. C'est triste mais dernièrement je n'ai quasiment rien écouté à cause de mon taf de merde. Le seul truc cool de mon précédent job, avant que je me fasse virer, c'est que je pouvais écouter de la musique toute la journée, et checker tous les nouveaux trucs, ça m'inspirait et ça me gardait le cerveau au frais. Aujourd'hui, j'ai les poings liés financièrement et le temps me manque donc je n'ai ni le temps de me détendre ni d'écouter de nouvelles choses.

J'imagine que tout ça a beaucoup à voir avec le hardcore et le punk traditionnel… Tu sais, quand les groupes hardcore débutent et qu'ils sont tout nazes, il y a un côté charmant là-dedans, comme les premiers disques de Crass par exemple. Personne ne savait vraiment jouer de son instrument et c'est ce qui faisait le charme de leur musique. Je trouve ça cool de dire qu'aucun d'entre nous n'a eu de formation en la matière ou quoique ce soit, toujours mauvais dans tout ce qu'on essayait, on était juste des bons à rien comme n'importe quel véritable groupe de hardcore. On ne savait pas jouer, et c'est toujours le cas. [rires] Mais je pense qu'avec la maturité et la pratique, on a voulu satisfaire d'autres envies. Je ne veux tacler ni blesser personne, mais je pense à ces mecs qui disent « hardcore for hardcore », et je me dis que si à 30 ou 40 ans tu n'as toujours pas commencé à apprécier d'autres genres de musique, eh ben je suis vraiment désolé pour toi.

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Ces temps-ci, bordel, mec, j'aime tout. C'est très bizarre, je crois que je n'écoute plus rien à répétition, et ça tue. J'aime écouter dix genres différents d'un coup. C'est cool de se déconnecter d'un genre, d'un style, ou d'une image précise, parce que je crois que tout ce qui compte c'est l'individu et ce que cette musique t'apporte. Tout est une question d'expérience personnelle. Si des types ont de la volonté pour faire quelque chose, qu'ils aiment vraiment ça et le veulent, je veux l'entendre ! Que ce soit du hardcore fait par des gens du metal, du metal fait par des gens du hardcore, de la putain de polka faite par des types du hardcore… Je suis ok pour tout écouter. Ca fait partie des choses du monde moderne qui ne me dépriment pas totalement, cette frénésie autour de tous les styles musicaux. Je trouve ça génial, et être capable de jouer plusieurs styles après toutes ces années est, je crois, ce truc qui nous rend intéressant. On ne fait pas de la musique qui nous lasse.

Certains de tes groupes ne se sont pas encore aventurés sur scène, comme Battle Ruins ou Stone Dagger. Ils sont cantonnés au studio ou vous avez prévu de tourner avec ?
Rien de décidé. Mais je serai super emballé de jouer avec eux sur scène avant de crever. Pour Battle Ruins, il s'en foutra de ce que je dirais sur lui parce qu'il tue, mais Pearse [McGrath] ne veut pas vraiment faire de live avec le groupe. Ce qui est drôle parce que c'est un des seuls trucs que je l'ai vraiment vu prendre au sérieux [rires]. Donc on respecte ça, et pour des raisons qui lui sont personnelles, il veut que Battle Ruins reste un projet studio. Moi ça me va, je n'ai pas le coeur brisé ni rien. Comme je l'ai dit, les deux me vont, et peut-être qu'il changera d'opinion un peu plus tard.

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Pour Stone Dagger, on adorerait jouer live, mais on en revient au timing. C'est un groupe de heavy metal et on veut vraiment sonner tight, et on a aussi besoin d'un line-up solide parce que pour notre disque, c'était surtout moi qui jouait de tout, accompagné de Justin [DeTore] à la batterie et de CC [Chris Corry] à la guitare solo. On a besoin de répéter, et là on bosse sur le LP de Magic Circle.

Vous avez trouvé un label pour ce deuxième LP de Magic Circle ?
On aimerait l'avoir fini d'ici juillet. On a déjà l'artwork, et tous les morceaux sont faits. Il nous reste encore la basse à enregistrer et la moitié des lignes de chant. C'est un 7 titres, et on n'a pas encore trouvé de label pour le sortir non, mais on a reçu quelques offres et on est en train de voir celle qui convviendra le mieux. Je ne m'occupe pas de la partie business, donc je ne suis probablement pas la bonne personne à interroger. Mais on bosse sans relâche dessus, et c'est presque prêt.

D'autres disques en prévision ?
En ce moment, on se concentre sur le truc de Magic Circle. On a fait une répète pour écrire de nouveaux morceaux de Battle Ruins en vue d'un prochain EP, mais vu que notre album est sorti 5 ans après notre premier EP, qui sait quand ce truc sortira. Je crois que tout ce que j'entreprends en ce moment me frustre, mais c'est toujours à l'ordre du jour. On a aussi écrit tous les morceaux du prochain disque de Rival Mob, il faut qu'on trouve du temps pour ce putain d'enregistrement. J'ai aussi trois nouvelles chansons pour Stone Dagger, et il faut du temps pour les peaufiner. Tout roule pour Magic Circle en tous cas, c'est notre priorité donc ça devrait arriver sous peu. Même si la vie nous barre tout le temps les pattes, putain.

Qu'est ce qui vous fait tourner, toi, Chris Corry et Justin DeTore en orbite autour de tous ces groupes ? J'imagine que l'amitié et une certaine alchimie y sont pour quelque chose.
Je vais peut-être te sembler bizarre, mais je m'en tape. Je crois qu'on bosse bien ensemble parce qu'on est tous weird, négatifs et pas super marrants en studio, ce qui peut sembler drôle mais honnêtement, c'est une raison pour laquelle on fait de la musique ensemble depuis si longtemps. Je crois qu'à un certain moment, il y a eu un déclic. Lorsque tu vois Rival Mob en live, c'est un spectacle de clown avec les blagues et tout, mais Justin est vraiment, vraiment sérieux, surtout à la batterie. Pareil pour CC à la guitare, il est très concentré. Crois-le ou non mais quand on bosse avec Battle Ruins ou Magic Circle, on est tous méga concentrés aussi. On fait ça depuis si longtemps qu'on a de bonnes vibrations et une même sensibilité artistique en studio. C'est comme un mariage qui, évidemment, a ses hauts et ses bas, mais on est arrivés à un point où on ne pense à personne d'autre avec qui monter des projets comme Magic Circle. Le processus a été long pour comprendre la vibe artistique de chacun mais on a réussi.

Une dernière question, c'est quoi ton instrument préféré, et tu préfères voir Justin à quel poste ?
Peu importe de quoi joue Justin j'aime ça. Pour être honnête, et je suis sûr qu'il va me détester pour ça, mais c'est probablement la personne la plus accomplie que je connaisse. Il est vraiment bon à la guitare, à la basse, à la batterie et c'est un putain de chanteur hardcore et death metal. Il est béton dans tout. Me concernant, je suis plus à l'aise à la place du frontman. J'adore écrire des trucs à la guitare, mais je suis d'aucune utilité quand il s'agit de jouer live ou autre. Je suis plus dans un délire solo, je vais à mon propre rythme, à la guitare et à la basse. Et pour ce qui est de la batterie, je suis bien content de ne rien avoir avec ça parce que je suis trop vieux pour cette merde ! [rires] Et je préfère encore me prendre une balle que de jouer de la batterie grindcore. Même si j'adore Mind Eraser hein, mais je suis bien trop vieux et incompétent pour ça. Fred Pessaro est au premier rang à chaque Boot Party. Il est sur Twitter.