FYI.

This story is over 5 years old.

Culture

Des bas-fonds d’Atlanta aux collines d’Hollywood

Curtis Snow est originaire du ghetto de Bluff, à l’ouest d’Atlanta. Cet ancien stick-up kid et D-boy a récemment sorti une autobiographie, après son documentaire culte, Snow on tha Bluff.

Curtis Snow.

Curtis Snow est devenu célèbre dans un quartier connu depuis toujours sous le nom de Bluff, à l’ouest d’Atlanta. C’est un ancien stick-up kid (un jeune braqueur) et D-boy (dealer) qui a passé une dizaine d’années derrière les barreaux pour des crimes que vous pouvez facilement deviner avant d’être libéré, il y a un an et demi. En 2012, à l’âge de 30 ans, il a réussi à sortir son mystérieux pseudo-docudrama intitulé Snow on tha Bluff après avoir filmé pendant des années. C’est grâce à Michael K. Williams – qui joue Omar dans The Wire –, qui en est devenu le producteur délégué et lui a permis d’être distribué correctement. Vous pouvez regarder ce film sur Netfix avant de rejoindre le débat visant à déterminer à quel point les faits narrés sont réels.

Publicité

Même si Curtis est devenu célèbre de façon réglo (il va même collaborer avec la marque de skate DGK), il est encore dans un bourbier de vieilles histoires et de liberté surveillée – il a récemment fait du placard pour des trucs présents dans le film. Il est devenu une sorte de porte-parole d’un des ghettos les plus durs des États-Unis. Un peu comme ce que font les rappeurs depuis l’invention du hip-hop, sauf qu’aujourd’hui, on sait tous que leur réputation est largement usurpée. Ce qui fait vraiment sortir Snow on tha Bluff du lot, c’est ce mélange de fiction et de non-fiction qui renseigne sur ce qui se passe dans les endroits où la pauvreté et le crime sont endémiques. Curtis appelle ça « la télé-réalité en vrai ».

Curtis vient de sortir une nouvelle autobiographie, My Name Is Curtis Snow and I’m a G. Le « G », c’est pour « génie », et c’est dur pour moi de dire le contraire parce que compte tenu de là où il vient et de la vie qu’il a eue, il doit être incroyablement talentueux ou être né sous une bonne étoile. Des millions d’Américains rêveraient d’être la star de leur propre film, et des milliers ont essayé : en ce sens, lire la bio de Curtis peut s’avérer instructif pour savoir comment ce kid de la rue avait réussi à se sortir les doigts du cul pour faire quelque chose de constructif.

Sa bio se divise en une centaine de chapitres assez courts et est plutôt rapide à lire. Pour être honnête, si le bouquin a eu tendance à me tomber des mains au début, arrivé au milieu, je ne pouvais plus le lâcher. Je l’ai terminé en moins de six heures. C’est incroyablement triste, en fait. Curtis a survécu à tout un tas de trucs qui vous auraient tué à coup sûr, comme lorsqu’il s’est fait taillader la gorge au cutter. Grandir et vivre dans le Bluff c’est devoir faire face à des putains de problèmes.

Publicité

Lorsque que je lui en ai parlé, Curtis m’a expliqué qu’il s’est senti obligé d’écrire un livre : « Écrire peut avertir les gens, leur dire ce qui arrive quand on s’approche de certaines choses. Tout ce que je raconte – le chaos, la pauvreté, toute cette merde –, je l’ai traversé pour de vrai. »

Il a ajouté : « J’ai toujours écrit. J’étais rappeur avant de devenir acteur, donc j’étais écrivain avant tout. Le livre a commencé dix ans avant le film. J’ai toujours rappé et parlé de ma vie, de toute cette violence. J’avais juste besoin d’aide pour m’en sortir. »

Même s’il a vécu dans un environnement pourri, sa famille l’a toujours soutenu, ce qui est une exception à la règle. Son foyer était pourtant loin d’être idyllique : son père vendait de la drogue, sa mère était accro, Curtis était dealer – il en vendait même à sa mère – et lui aussi se camait. Son père battait sa mère qui, il l’avoue, n’était « pas une sainte », mais pour lui ça paraissait sensé, et il a toujours aimé et respecté ses parents.

Il dit avoir fait beaucoup d’argent en dealant et en braquant. Un temps, il a pu flamber, conduire des belles caisses et arroser ses potes. Chaque fois qu’il se faisait serrer, tout son fric partait dans la caution et l’avocat, et tout était à recommencer. Ces hauts et ces bas constants ont fini par le lasser, et il a cherché une nouvelle activité.

Il s’est décidé à prendre ce tournant lorsque, en l’espace d’une semaine : son frère s’est fait assassiner, sa même est morte d’une rupture d’anévrisme le jour de ses funérailles, et son cousin a failli crever après une fusillade.

Publicité

Plus loin dans le livre, Curtis parle des enseignements qu’il a tirés et de son basculement vers la légalité : « Je ne suis plus dans le game, m’a-t-il dit. Je suis déterminé à rentrer dans la légalité. J’ai encore plus à perdre maintenant qu’il y a quelques années. »

C’est un artiste, il s’est libéré de son passé et je suppose qu’il est capable de réussir tout ce qu’il entreprend. Même si les choses ne sont jamais si simples. Il se débat encore avec la justice (c’est tout ce que j’ai le droit de dire), et je ne peux que lui souhaiter de s’en sortir. La mise à l’épreuve, c’est une pute de Babylone – au moment où Curtis devrait se démener pour sa carrière, il a un agent au cul qui décortique les moindres de ses faits et gestes. Le temps nous dira s’il peut sortir de la cage dans laquelle il est enfermé.

Curtis a pas mal d’options, mais il est à un croisement. Il lui faudrait arrêter de faire de la merde et suivre les lois (aussi stupides soient-elles) pour réussir dans la vie et nourrir sa famille – il a au moins un enfant, Curtis Junior. Son histoire jette la lumière sur une population souvent ignorée, et j’espère que ses prochains projets vont lui offrir un succès planétaire, peu importe la forme.

« Au fond, je suis ouvert à toutes les opportunités qui surviennent, que ça soit rapper, jouer, écrire, danser… Je suis sur le marché. J’ai un livre pour enfants qui va sortir. Comme si mon fils racontait une histoire. »

Publicité

Curtis sait bien qu’il a fait beaucoup de mal, dans sa vie, mais il est prêt à faire amende honorable. Il a toujours clamé vouloir représenter son ghetto, reste à voir comment il utilisera sa nouvelle influence.

Vous pouvez suivre Curtis Snow sur Twitter @realCurtisSnow

Plus d’Atlanta :

MICHAEL SCHMELLING A SORTI UN LIVRE DE PHOTO SUR LE RAP D’ATLANTA – Voitures lentes et mecs tatoués dans le sud des États-Unis

ATLANTA EST UN PETIT BOUT DE PARADIS – Marcus Tanner photographie les ATLiens qui glandent dans leur ville

LES DRAG-QUEENS D’ATLANTA N’ONT PAS LE TEMPS POUR VOS CONNERIES – En revanche, elles ont le temps pour s’épiler, acheter des perruques et se maquiller à outrance