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Music

Adamn Killa détient le secret de la post-trap

Ecoutez le premier album du rappeur de Chicago, « I Am Adamn », avec ses productions futuristes signées Brodinski, Sam Tiba, 8tm et Ikaz Boi.

En seulement deux minutes de son ton monotone et de sa complainte Ja Rulienne, Adamn Killa m'avait convaincu qu'il avait une oreille dans le futur. Sur sa chanson, justement intitulée « I Feel Like I'm Ja Rule », le rappeur répétait inlassablement son propre nom sur un beat fascinant. C'était en 2015, quand le rappeur n'était qu'un gamin de Chicago avec les cheveux roses et aucun plan concret pour percer.

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Deux ans plus tard, Adamn Killa a atteint le statut international. Il a tourné en Europe, et il s'apprête à embarquer pour l'Asie. Il a même déménagé à L.A. l'été dernier et est devenu le collaborateur privilégié des meilleurs producteurs électroniques actuels, que ce soit avec l'Australien UV Boi فوق بنفسجي ou d'autres visionnaires comme Shlohmo et Ryan Hemsworth. Plus encore, Adamn est carrément passé à la moulinette Bromance/Club Cheval puisqu'on retrouve sur son premier album 4 prods signés Sam Tiba, Myd et Brodinski, aux côtés de celles de 8tm et Ikaz Boi.

« Ils ont un son différent » nous confirme Adamn Killa, lorsqu'on lui demande pourquoi il a choisi autant de producteurs français. « Ca ressemble à du design. Pas comme ces beats au rabais sur lesquels tout le monde rappe. » Adamn a bossé à Paris avec Brodinski & co pour préparer I Am Adamn, un premier album qui sort officiellement aujourd'hui et que vous pouvez streamer intégralement un peu plus bas.

Au cours de ces 16 pistes où Adman chante, rappe ou gargouille, des tas d'idées et de détails foisonnent pour accoucher d'une mixture sonore unique. Sa voix est profonde et rocailleuse, ce qui donne du poids à sa comparaison avec Ja Rule, et il possède la même cadence directe et abrupte que son compatriote chicagoan Chief Keef. Mais contrairement à lui, il s'oriente plus vers la lumière, avec des tracks aériens et des vocaux retouchés qui le rapprochent plutôt de ses contemporains comme Lil Yachty et SahBabii.

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Photo - Camille Gorin

Quand il monte en falsetto sur des titres comme « Piss in the Sheets » ou « 650 On My Toes », on atteint clairement le sublime, surtout quand il ajoute en plus ces intonations sauvageonnes en piqué pour se foutre de la gueule des poseurs et de leur sens aigu de la confiance en soi. Le premier titre démontre le sens de l'humour d'Adamn quand il taille non seulement les gens qui « piss in the sheets » mais aussi qui « shit in their teeth ». Plus tard, il ajoute : « J'essaie juste d'être moi-même, et c'est aussi le cas de tout le monde, apparemment » renforçant une rime banale avec son utilisation du « apparemment ». C'est ça qui fait qu'Adamn Killa tue : il n'est pas différent de tous vos rappeurs préférés de 2017 mais il est juste un peu plus malin.

« J'ai toujours essayé d'élever tout ce que j'ai fait parce que je ne veux pas être au même niveau que tout le monde » explique t-il. Sur cet autre titre évocateur, « Roseland Baby », Adamn s'arrange pour tourner de simples lignes comme « all these bitches keep on stalking me » en une ballade grandiose qui se balance de couplet en couplet, avec un enthousiasme digne d'un tube de club. Ce sont des morceaux taillés à la fois pour la radio et pour le mix ambient de ton pote sur Soundcloud. Il n'y a peut-être pas de meilleur exemple que « Turtle Feet », produite par Ikaz Boi, sur cette tendance d'Adamn à mêler pop et expérimentation, punchlines et tours de chant. Pourquoi ce titre ? Parce que « ces négros sont lents comme des pas de tortues. Ils ralentissent tout ». Adamn a le secret de la post-trap et il vous le révèle juste là :

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