Le Guide Creators des Élections Présidentielles

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Elections

Le Guide Creators des Élections Présidentielles

Prix des musées, écoles, marché de l'art et statut des artistes : on a décrypté pour vous les programmes des candidats.

Qu'ils y consacrent quelques paragraphes comme Marine Le Pen ou vingt-huit pages comme l'a fait Jean-Luc Mélenchon, les candidats à l'élection présidentielle n'ont pas oublié la culture dans leur programme officiel. Loin de là. Une question de « fierté nationale » pour la candidate du FN. Un moyen de « lutter contre la barbarie » pour François Fillon. Plus à gauche, on parle surtout de « bien public » qu'il faut protéger et encourager. Sans surprise, les programmes des candidats dans ce domaine n'ont presque rien à voir entre eux.

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Secteur par secteur, Creators a passé en revue les propositions « Culture » des onze candidats à l'élection présidentielle.

MUSÉES

Nathalie Arthaud et Philippe Poutou : baisser les tarifs.

Jacques Cheminade : ouvrir des « Musées de l'Imaginaire » dans toute la France, où l'on pourrait admirer des reproductions de grandes œuvres du monde entier. « C'est beaucoup mieux qu'une photo de tableau trouvée sur Internet », argumente le candidat.

Nicolas Dupont-Aignan : instaurer la gratuité des musées le dimanche, mais seulement pour les citoyens français et les étrangers ayant une carte de résidence.

François Fillon : lancer un « Plan Musées » qui aiderait en priorité les lieux d'exposition et les 22 Fonds d'art contemporain en région (FRAC). Ouvrir les musées plus longtemps en faisant appel à des bénévoles et à des jeunes en service civique. Créer un musée des œuvres européennes à Strasbourg.

Jean Lassalle : créer un « circuit de salles régionales » qui permettrait de faire circuler les œuvres conservées à Paris.

Jean-Luc Mélenchon : étendre la gratuité aux musées qui reçoivent des subventions publiques, et la généraliser à tous les musées le dimanche. Interdire les expositions sponsorisées par des entreprises. Obliger les musées à employer des guides diplômés et certifiés.


FORMATION ARTISTIQUE

Nathalie Arthaud : multiplier les espaces de rencontres entre les artistes et le public, sur le modèle des différentes « Cités » mises en place lors de la fête annuelle de son parti. Garantir l'accès pour tous, sans condition de revenu, à la formation et aux pratiques artistiques.

Jacques Cheminade : promouvoir le « b.a-ba de la composition académique » en école d'art, université et aux beaux-arts, afin « d'aider les artistes à se ressaisir […] et juger de ce qu'ils savent et aiment réellement faire ».

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Nicolas Dupont-Aignan : créer un CAPES « Histoire de l'art » destiné à former des professeurs d'art dans les collèges et lycées. Multiplier les interventions d'artistes dans les établissements. Faire en sorte que chaque élève du primaire prépare « tous les ans » au choix une pièce, un concert, un court/long-métrage ou encore une exposition photo.

François Fillon : intégrer l'histoire de l'art au cours d'histoire générale dans le secondaire. Encourager la création de pépinières d'artistes et de start-ups culturelles.

Benoît Hamon : instaurer des cours « d'éducation à l'image » de la primaire au lycée. Multiplier les interventions d'artistes dans les établissements scolaires.

Marine Le Pen : créer de nouvelles « filières des métiers d'art » au sein des lycées et des universités, afin d'attirer les jeunes et alimenter un « réseau de pépinières d'artistes » à travers toute la France.

Jean Lassalle : renforcer les classes à options artistiques.

Emmanuel Macron : favoriser les enseignements interdisciplinaires et un « tronc commun » entre les écoles d'art. Lancer un « Erasmus des professionnels de la culture pour favoriser la circulation des artistes, des commissaires d'exposition et des conservateurs ».

Jean-Luc Mélenchon : jumeler chaque école, collège et lycée avec au moins un établissement culturel pour favoriser les projets communs. Mettre en place un Bac pro « Création numérique ». Changer le statut des écoles d'art et des conservatoires, actuellement menacés par la baisse des dotations accordées par les villes.

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Philippe Poutou : garantir l'accès pour tous, sans condition de revenu, à la formation et aux pratiques artistiques.

STATUT DE L'ARTISTE

Jacques Cheminade : conserver le régime actuel des intermittents du spectacle et titulariser tous les précaires et intermittents de la culture intervenant régulièrement auprès du service public.

François Fillon : pérenniser le régime des intermittents du spectacle tout en promettant un encadrement plus strict de ce statut afin d'éviter les abus.

Benoît Hamon : conserver le régime actuel des intermittents du spectacle tout en créant un « statut de l'artiste » pour ceux qui n'y sont pas éligibles, sans donner plus de précision à ce sujet. Il promet également la délivrance d'un « visa artiste », censé faciliter les déplacements des professionnels de la culture à travers le monde.

Marine Le Pen : pérenniser le régime des intermittents du spectacle. Créer une « carte professionnelle » afin d'éviter les abus.

Emmanuel Macron : conserver le régime actuel des intermittents du spectacle.

Jean-Luc Mélenchon : conserver le régime actuel des intermittents du spectacle et l'élargir aux professions artistiques précaires. Titulariser les précaires et les « permittents » (intermittents réguliers) qui travaillent dans l'audiovisuel public et la culture. Soutenir les Maisons des Artistes, qui gèrent notamment la sécurité sociale des artistes visuels et plastiques.

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Philippe Poutou : créer un nouveau « statut public » qui concernerait tous les professionnels de la culture, « hors des logiques de privatisation ».


DROITS D'AUTEUR

Nicolas Dupont-Aignan : supprimer l'Hadopi et mettre en place la « licence globale », une côtisation prélevée chaque mois sur les abonnements Internet des utilisateurs et redistribuée aux artistes.

François Fillon : soutenir l'Hadopi dans sa forme actuelle.

Benoît Hamon : « défendre » les droits d'auteur (sans se prononcer sur le sort de l'Hadopi) et développer « tous les moyens techniques et juridiques adéquats pour une juste rémunération des artistes ».

Marine Le Pen : supprimer la Haute autorité chargée de la diffusion des œuvres et de la protection des droits sur Internet (Hadopi) et mettre en place la « licence globale », une côtisation prélevée chaque mois sur les abonnements Internet des utilisateurs et redistribuée aux artistes.

Emmanuel Macron : signer des accords au cas par cas avec les grands éditeurs européens. Intensifier les actions contre les sites pirates.

Jean-Luc Mélenchon : supprimer l'Hadopi et créer « une médiathèque publique en ligne » où l'on trouvera facilement les œuvres libres de droits.

Philippe Poutou : abroger « immédiatement » la loi Hadopi avant de lancer une « refonte » des droits d'auteurs sur le principe de la redistribution, « afin d'offrir des conditions de vie décentes à tous les artistes ». Faire en sorte que les œuvres tombent dans le domaine public au décès de l'auteur, et non 70 ans après sa mort comme c'est le cas actuellement.

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MARCHÉ DE L'ART

Nathalie Arthaud : lutter contre la marchandisation de l'art et la « spéculation », qui selon elle « confisquent au grand public nombre de trésors de l'humanité ».

Jean Lassalle : poursuivre l'exonération des œuvres d'art, ne pas les compter dans le calcul de l'Impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Demander à leurs propriétaires de les exposer au grand public, « quelques jours par an ».

Emmanuel Macron : poursuivre l'exonération des œuvres d'art, ne pas les prendre en compte dans le calcul de l'ISF.

Jean-Luc Mélenchon : prendre en compte les œuvres d'art dans le calcul de l'ISF. Taxer les ventes d'œuvres d'art.


MÉCÉNAT

Jean-Luc Mélenchon : supprimer les avantages fiscaux « et les autres règles sur mesure » accordés aux grandes entreprises qui investissent bénévolement dans la culture.

Jacques Cheminade : supprimer les avantages fiscaux accordés aux grandes entreprises qui investissent bénévolement dans la culture. Avec l'argent récolté, financer des activités culturelles publiques.

Emmanuel Macron : continuer à soutenir le mécénat privé.

Nicolas Dupont-Aignan : continuer à soutenir le mécénat privé. Inciter les petites entreprises à s'investir dans ce domaine, via des réductions fiscales plus importantes.

François Fillon : continuer à soutenir le mécénat privé. Promouvoir de nouveaux partenariats public-privé et le financement participatif d'actions culturelles.

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Marine Le Pen : promouvoir le « mécénat populaire » grâce à une plateforme de crowdfunding.


CINÉMA

Tous les candidats : conserver l'exception culturelle française, qui impose des taxes sur les places de cinéma et sur les revenus des chaînes de télévision, pour financer la production d'œuvres audiovisuelles en français.

François Asselineau, Jacques Cheminade et Marine Le Pen : aller plus loin dans la logique d'exception culturelle.

François Fillon : développer des crédits d'impôt afin d'attirer les tournages de films étrangers sur le sol français.


MUSIQUE

Jacques Cheminade : instaurer des «mecredi musicaux » dans les écoles, et confier à chaque élève un instrument, « dont il sera responsable ». Créer des « brigades d'intervention artistique » qui viendraient apporter la culture « savante » (comprendre ici musique classique et ballet) là où elle est peu présente : dans les écoles, les quartiers défavorisés et dans les lieux publics.

François Fillon, Benoît Hamon et Marine Le Pen : promouvoir les « pratiques musicales collectives » durant la scolarité.

QUI POUR GÉRER TOUT CELA ? AVEC QUELS MOYENS ?

Nathalie Arthaud : conserver le ministère de la Culture sous sa forme actuelle. Augmenter le budget de la Culture.

Benoît Hamon : créer un « ministère de la Culture, des Médias et du Temps Libre » dôté d'un budget ambitieux : 1% du PIB français, soit environ 20 milliards d'euros. Réclamer une participation financière des « acteurs mondiaux du numérique », en d'autres termes les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon).

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Jean-Luc Mélenchon : élever le budget culture à 1% du PIB français, soit environ 20 milliards d'euros. Associer des représentants du public à l'élaboration des grands programmes d'orientation. Instaurer la parité homme/femme dans les conseils d'administration. Soumettre les directeurs de lieux de culture au principe de non-cumul des mandats.

Emmanuel Macron : conserver le ministère de la Culture sous sa forme actuelle. Instaurer la parité homme/femmes à la tête des établissements culturels. Conserver les moyens actuels, soit 1% du budget total de l'Etat. Taxer les GAFA afin de financer le fameux « Pass Culture » à 500 euros que le candidat d'En Marche souhaite offrir à tous les jeunes de 18 ans. Créer un fonds d'investissement de 200 millions d'euros pour soutenir la création en France.

Nicolas Dupont-Aignan : créer un « Grand Ministère de la Culture » qui regrouperait le patrimoine, le tourisme, les arts, les lettres, le cinéma… Allouer 1% du budget national à la culture, et dédier automatiquement 0,5% du coût de chaque projet d'équipement public à la création artistique.

François Asselineau : augmenter le budget culture. Précision : il s'agirait surtout de financer la sauvegarde des œuvres et du patrimoine français.

Jacques Cheminade : faire passer le budget culture à 2% du PIB français (soit près de 40 milliards d'euros, l'équivalent du budget de la Défense). Associer des représentants du public à l'élaboration des grands programmes d'orientation.

Quand il ne compare pas les programmes, Pierre-Louis Caron est sur Twitter Toutes les illustrations sont de François Dettwiller.