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Culture

Jacques Stival est notre producteur français préféré

J'ai rencontré Jacques Stival, producteur breton, scénariste breton, acteur principal breton, cascadeur breton et dialoguiste breton de L'Échange, premier film d'action breton de tous les temps.

Le cinéma d'action français est édifiant. Vous avez vu Le Guetteur ? Tous les personnages ressemblent à Olivier Marchal qui voudrait ressembler à Tchéky Karyo. Et c'est pareil pour tous les films français avec des flingues sur les affiches – ils sont horribles. Je comprends même pas quelles peuvent être les ambitions des producteurs de ces longs-métrages à courtes bites. Être fier de mettre en scène tous les scénarios que Michael Mann a refusés ? Filer des ronds à Jan Kounen ? Faire croire que Vincent Cassel a des couilles ?

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J'ai donc été ravi d'apprendre que Jacques Stival, un Breton originaire d'un village à quelques kilomètres de chez moi, avait enfin eu la décence de produire ce que j'aurais aimé voir en France depuis que j'ai disons, 9 ans. Ça s'appelle L'Échange et c'est l'histoire du kidnapping du fils de la ministre de la défense (une meuf qui s'y connaît aussi en self-defense) et de son sauvetage par Jack, un ancien agent du gouvernement très peu porté sur la littérature. Détail important : Jack est joué par Stival. L'intrigue se déploie dans une commune des Côtes d'Armor, donc attendez-vous à voir aussi des vieilles pierres, des bars-tabacs et des gens au chômage.

Comme Stival organisait l'avant-première du film au Gaumont des Capucines de Paris à la mi-février, j'ai décidé de m'y pointer pour me faire une heure et demie de mecs qui se poursuivent en gueulant. Manque de bol, il n'y avait plus assez de places, toutes squattées par des célébrités bretonnes telles que Miss France 2011 et Bernard Ménez. J'ai quand même pu me pointer à la teuf post-visionnage avec l'équipe du film et rencontrer Jacques Stival, producteur breton, scénariste breton, acteur principal breton, cascadeur breton et dialoguiste breton de L'Échange, premier film d'action breton de tous les temps.

Stival, dans une situation typiquement Stival

VICE : Salut Jacques, on est un peu dégoûtés d'avoir raté le film. Comment s'est passée la projection ?
Jacques Stival : Très bien. On a eu d'excellents retours, au-delà ce qu'on attendait. Je vous présente Rose, qui sera la réalisatrice de mon prochain film. Il se passera en Afrique, au Sénégal, où j'ai rencontré Youssou N'Dour, avec qui j'entretiens aujourd'hui des relations amicales.

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OK. De quoi ça parlera ?
Je ne peux pas t'en dire plus. Le scénario est déjà écrit, Rose s'apprête à faire le découpage. J'ai aussi écrit Le Mercenaire, que Rose va réaliser. Puis, j'ai écrit un drame qu'on va sortir en 2014 et qui s'appelle Le Combat dans l'âme : une amitié entre un boxeur et un enfant handicapé. Je jouerai le boxeur. Cette histoire, c'est 90 % de mon parcours avant d'arriver au cinéma.

Qui vous a donné envie de faire des films ?
Je dirais Sylvester Stallone. Pour moi, Stallone est une référence parce que c'est quelqu'un qui n'est parti de rien. C'est sa femme qui l'a poussé à monter une maison de production au début de sa carrière, quand personne ne voulait de Rocky ! Au-delà de ça, c'est quelqu'un qui reste simple dans la vie de tous les jours. Quand on parle de films d'action, on pense tout de suite à Stallone. Je suis très fan.

Vous regardez beaucoup de films d'action ?
Oh oui, que ça. Je continue d'en regarder. Le dernier c'était The Expendables 2. J'avais bien aimé le 1, j'ai bien aimé le 2. J'ai trouvé ça assez marrant aussi. Puis le fait de voir tous ces gros bras, ça m'a fait plaisir.

Stival, avec sa collaboratrice Rose

Ouais, le film défonce. Vous êtes plutôt Seagal ou Van Damme ?
Je dirais ni trop l'un, ni trop l'autre. Un petit peu de Van Damme, mais plutôt avec un côté Stallone. Parce que Stallone, au moins, il a des armes.

Ça se tient. Il y a combien d'armes différentes dans L'Échange ?
Je dirais qu'on tourne autour d'une cinquantaine d'armes. Après, je peux pas trop vous dire de quelles armes il s'agit. Je sais que mon personnage a une arme personnelle : le Beretta. J'ai un Uzi aussi, à un moment.

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C'est difficile d'être scénariste pour des films d'action ? La plupart des mecs se foutent de l'histoire dans les actionners.
Pour être honnête, à l'école j'ai jamais été une grande star en français – je me suis épaté moi-même pour le film. En général, quand je commence à écrire un scénario, en trois semaines il est bouclé. Je sais pas pourquoi, les scènes me viennent toutes seules.

Dans L'Échange, vous êtes également le personnage principal. Ça ne vous plairait pas d'écrire un rôle pour quelqu'un d'autre que vous ?
Eh bien, ça dépend de quel style de film. Ça peut être un style où le personnage ne me convient pas mais sur lequel je pourrais quand même écrire. Après bon, si c'est pour Stallone, faut voir.

On a un peu étudié votre parcours : vous avez subi une opération à cœur ouvert. Ensuite, vous avez fait votre petit chemin dans l'agriculture, puis vos avez « battu plusieurs records du monde ». À un moment, votre biographie indique que vous avez passé « trois mois seul en forêt ».
Je ne m'entendais pas trop avec mon père quand j'avais 18 ans, donc j'ai pris la décision de partir, du jour au lendemain. Je venais juste de finir mes études, je n'avais pas de travail, et je me suis retrouvé à dormir dehors en pleine forêt. Au bout de trois ou quatre jours dehors, j'ai trouvé du boulot dans le bâtiment – les premiers chantiers se trouvaient à côté de la forêt où je dormais. Quand j'ai eu mes premiers salaires, je me suis offert un appartement, puis des meubles, j'ai commencé à construire, etc. Mais j'ai galéré, je peux vous dire, trois mois en forêt par - 6°/-7°…

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En effet. C'est balèze d'avoir tourné votre film pour 450 000 euros. Dedans on retrouve un hélicoptère, des Hummer, des courses-poursuites, beaucoup d'explosions, des armes à feu. Comment vous avez fait ?
Maintenant que le tournage est terminé, en comptant la post-production et la musique – c'est aussi un gros budget – on arrive à 1 950 000 euros. Et encore, sans compter les coûts de distribution qui ne sont pas encore arrivés. J'ai six distributeurs intéressés pour une sortie en salles. On verra bien.

OK. Mais, où avez-vous trouvé l'argent ?
Eh bien, en me servant de mon affaire montée en Afrique. Je sortais des minerais, là-bas. Maintenant, je suis producteur de cinéma. Où est la différence ? Avant j'avais 35 salariés, j'étais donc déjà habitué à gérer les employés. J'étais déjà businessman. La production, c'est un vrai truc d'homme d'affaires.

C'est pour ça que vous vivez à Paris, aujourd'hui ?
Je viens de Lanrivain, dans les Côtes d'Armor. Il y a quinze ans, je ne me voyais pas du tout vivre à Paris. Dans la vie, il ne faut jamais dire « fontaine je ne boirai pas de ton eau ». Pour L'Échange, on a tout fait en Bretagne, parce qu'on a quand même de beaux décors. Après il y a autre chose : moi, j'ai un très bon relationnel vis-à-vis des élus en Bretagne, des gros élus bretons. Pour avoir le droit de bloquer une quatre-voies pour un tournage, j'ai besoin de deux heures au téléphone avec une maison départementale. Maximum.

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Comme dans tout film d'action, il y a beaucoup de scènes d'action dans L'Échange. Vous êtes chorégraphe de ces scènes d'action ou quelqu'un d'autre s'en occupe ?
En général, ouais : je suis chorégraphe. Et cascadeur. Mais je pense qu'à l'avenir, il y aura de la doublure. Non pas que je tienne à être doublé, mais ce sont des risques en plus, autant pour moi que pour l'équipe, vu que je suis aussi le réalisateur. Pour L'Échange, j'ai sauté d'un hélicoptère dans une benne, sur un camion qui roulait à 70 km/h. Et après, j'ai traversé le bourg de Lanrivain pendu à un hélicoptère. Puis bon, j'ai fait quelques autres cascades, sauter sur des rochers, etc. J'ai fait deux jours à l'hôpital. Dans une bagarre, je me suis relevé brutalement, les caméras étaient sur moi ; je me suis ouvert toute la tête. J'ai été amené aux urgences, on m'a mis sept points de suture. Et, le lendemain, il fallait que je plonge entre deux rochers et je me suis claqué l'épaule.

Moi, Rose, Jacques Stival et François, qui n'a donc pas pris la photo

Si vous pouviez rencontrer Sly, vous auriez une question à lui poser ?
Si j'avais qu'une question à lui poser, eh bien je lui demanderais : c'est quand qu'on enfile les gants ensemble ?

Sans déconner ? Vous faites de la boxe ?
Je pratique des sports de combat, ouais. J'ai ma ceinture noire de kick-boxing, ma ceinture noire de full-contact. Deuxième dan pour la première et troisième dan pour l'autre.

Oh, trop mignon. On doit y aller là, kenavo ar wéchall, Jacques.
Héhé, ouais. Kenavo.

Pour plus de cinéma, allez voir le contenu de notre numéro Film et aussi celui du numéro Hollywood