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« Reign in Blood » a 30 ans et dérouille toujours autant

9 raisons qui font de cet album de Slayer sorti en 1986 l'un des plus grands classiques du heavy metal.

Les choses sont très simples. Slayer est le meilleur groupe metal de tous les temps. Reign in Blood est leur meilleur album. Et il vient de fêter ses 30 ans, le 7 octobre dernier. Agenouillez-vous. Reconnaissez la puissance. Et vénérez-le. Forcez votre famille à le faire, vos amis. Car Reign In Blood tue tout. Pour toujours. Les metalheads en parlent comme leur aïeux parlaient de Freebird : « FUCKIN' SLAYER ». Soit le meilleur groupe de thrash metal de l'univers. Metallica a pendant longtemps été LE groupe. Ils traînaient avec Slayer, dans le Los Angeles du début des années 80. Tous deux ont été cul et chemise pendant un moment, et formaient, avec Megadeth et Anthrax, ce qu'on a appelé le Big Four. Mais Metallica s'est calmé et a choisi de devenir le plus gros groupe de l'histoire du rock. Slayer, eux ? Ils sont restés aussi brutaux et malsains qu'auparavant.

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Et Reign In Blood est leur meilleur disque. Pourquoi ? Vous plaisantez ?

Cet album a été produit par Rick Rubin, à l'époque où ce type était simplement considéré comme une valeur montante chez les producteurs de rap. Ce fut son premier disque de rock - Rubin allait travailler par la suite avec les Red Hot Chili Peppers, Johnny Cash, Metallica, et à peu près 10 % de tous les membres du Rock and Roll Hall of Fame. Reign In Blood a été enregistré par Andy Wallace, le type qui avait mixé Nevermind de Nirvana et produit Grace de Jeff Buckley. Reign In Blood est également sorti sur le meilleur label de l'histoire du rap, Def Jam (maison-mère de Rubin), au pic de son premier âge d'or.

C'est cette convergence typique du génie américain qui a permis de livrer le meilleur album de thrash metal jamais produit. Un disque qui ne connaît qu'une seule description valable : all killer, no filler.

Voilà en 9 points ce qui fait que Reign In Blood est toujours, 30 ans plus tard, le meilleur album de Slayer et un classique incontournable du thrash metal, du heavy metal et de la musique en règle générale.

L'artwork

La pochette de Reign in Blood​ est un mélange entre peinture et illustration qu'on doit à Larry Carroll, un artiste qui travaillait préalablement dans la politique. En superposant les genres, il a réussi à créer une fresque monstrueuse, à 1000 lieues d'une quelconque ironie. Elle fait partie des rares pochettes d'albums metal qui n'auraient pas l'air ridicules dans un musée aux cotés d'une aquarelle de Blake, d'un polyptyque habité de Stefan Lochner, des Saint Jean-Baptiste de Giovanni Di Paolo, ou d'une gravure de Dürer.

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La durée

Les groupes du Big Four ont tous sortis leur meilleurs albums en 1986 et 87, et Reign In Blood est le plus court du lot. Avec 10 morceaux, il atteint à peine 29 minutes — ce qui lui a d'ailleurs permis de figurer dans notre bien nommé Guide Noisey des albums de moins de 30 minutes​, et de sévèrement contraster avec le nettement plus épique Master of Puppets, qui plafonnait à 54 minutes (pour 8 titres). Slayer sont toujours meilleurs quand ils vont vite, et leur dernière décennie — qu'ils ont passé en mid-tempo façon Judas Priest — même si elle reste respectable, n'a été ni influente ni applaudie, malgré leur présence au top des charts.

Le vocabulaire

Les meilleures titres de l'album ont été écrits par Jeff Hanneman, le deuxième guitariste, qui se retrouve dans la majorité des crédits de Slayer. Hanneman détestait les lyrics metal clichés, et il n'hésitait pas à saisir le dico des synonymes, qu'il utilisait souvent à bon escient, d'autres fois de manière embarrassante. Ça a toutefois aidé le groupe à pimenter les livrets de paroles  avec des mots comme désapprobation, modulistique, ou encore amnistie.

Le jeu de batterie

Le batteur de la formation classique de Slayer est Dave Lombardo, le meilleur percussionniste de l'histoire du metal. Souvent direct, parfois complexe, et toujours rapide, Lombardo pile, écrase et détruit tout sur son passage, ne laissant que peu de moments de répit à l'auditeur. Son break le plus fameux n'est même pas un break. Au climax de « Angel of Death » , Lombardo a changé la batterie metal avec un solo de double-pédale. La déflagration dure deux secondes à peine, mais durant ces deux secondes, Lombardo kicke 28 fois, ce qui est littéralement plus rapide qu'un Uzi (pour vous donner une estimation​, ça équivaudrait à peu près à 840 bpm). Lombardo a été plus tard reconnu comme le meilleur musicien du groupe, ce qui a commencé à instaurer une sale ambiance pendant les tournées et qui a fini par faire éclater le line-up originel.

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La qualité documentaire

Hanneman était un passionné d'histoire et un gros lecteur. Quand les autres albums majeurs du Big Four proposaient un vague discours sociologique, mystique ou militaire, « Angel of Death », l'un des deux titres phares de l'album, relatait de manière frontale les horreurs du chirurgien nazi Josef Mengele et ses atrocités perpétrées à Auschwitz durant la Seconde guerre mondiale. ​

Les textes écrits par des guitaristes

Deux décennies plus tard, c'est le chanteur, Tom Araya, qui allait écrire les textes de deux de leurs morceaux primés aux Grammys. Mais la sève de Reign In Blood elle, paroles et musique, sortait intégralement des cerveaux de Jeff Hanneman et Kerry King, co-lead guitariste, inspecteur des travaux finis et également capitaine d'équipe. L'alliance formée par les deux hommes  a accouché de visions surpuissantes, sur des thèmes aussi divers que la guerre, la sorcellerie, la vivisection, la violence, les serial killers et le supernaturel.

Le chant

Joey Belladonna d'Anthrax est l'exemple classique du frontman. James Hetfield (Metallica) et Dave Mustaine (Megadeth) sont des vocalistes accomplis. Mais Araya, plus que ses rivaux du Big Four, a lutté corps et âme contre les restrictions et les limites du chant traditionnel. SurReign In Blood, il chante plus vite et plus haut que quiconque, entre les salves de râles, d'aboiements et autres grognements. L'album débute d'ailleurs sur le cri le plus terrifiant de l'histoire des ouvertures d'albums, l'introduction de « Angel of Death ».

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Le rappel

En 2003 et 2004, avant que jouer un album entier et dans l'ordre ne devienne un argument pour vendre des tickets de concert, Slayer a rejoué cet album en live. Le groupe a réussi à garder le secret jusqu'au bout avec une admirable retenue. Leurs concerts finissaient, comme à leur habitude, avec « Angel of Death », premier titre dudit disque. Sauf qu'ensuite, le groupe enchainait avec l'album entier, morceau par morceau, riff par riff, en guise de rappel. Ceux qui y étaient s'en souviennent encore…

Les riffs

Ils sont arrivées à la première place du classement des Meilleurs Riffs de Metal Extreme de Tous les Temps de Decibel Magazine et selon les propres mots de Kory Grow de Rolling Stone : «​ Ce riff d'entrée… est indéniablement le moment le plus magistral de l'Histoire des musiques extrêmes. »​​​ Joué sur un piano ou un clavecin, la progression élémentaire et la charge de ces trois notes auraient tout à fait leur place dans une composition classique. Hanneman a créé, découvert, et donné vie à une tonalité qui a englobé plus qu'un genre, l'apocalypse toute entière. 30 ans plus tard, ces titres restent toujours le point d'orgue de leurs concerts.

«​​ Quand 'Raining Blood' arrive dans le set, le public devient fou », ​m'a un jour confié Kerry King. «​​ Les gens se chient dessus dès qu'ils entendent les premières notes. »​​​​

Et comment.
Et comment.

D.X. Ferris est un journaliste primé qui a déjà écrit deux livres sur Slayer​. Il déverse son fiel sur d'autres sujets via Twitter.