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Cannes peut sucer ça !

On a demandé aux auteurs de Destroy All Movies!, la bible du cinéma punk, de remettre des prix à leurs films préférés de tous les temps.

Il y a un moment où le stade de tolérance est franchi, lorsqu'on lit par exemple ces sempiternels topitos sur les « meilleurs films punks » qui mentionnent Sid & Nancy, SLC Punk, ou encore Jubilee voire… Trainspotting. S'il vous faut vraiment une liste, alors ce sera celle-ci. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle a été réalisée par Brian Connolly et Zack Carlson, les auteurs de Destroy All Movies !!!, une anthologie de plus de 1000 titres répertoriant TOUS les films dans lesquels on voit des punks, sortie en 2010 et aujourd'hui archi-épuisée. Voilà donc dix films qui n'ont jamais été sélectionnés à Cannes et qui pour certains, ne sont même pas sortis en DVD, mais qui ont malgré tout fait le boulot, en détruisant tout sur leur passage.

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LA SÉLECTION DE ZACK CARLSON

Prix Un Certain Regard : INTREPIDOS PUNKS

(1980, Francisco Guerrero)

Le déclin du tourisme au Mexique a été mis sur le dos des cartels de la drogue injustement calomniés dans la presse. Mais comme tout le monde le sait, le

réel

problème vient de ces hordes de quadragénaires arborant crêtes bleues et barbes roses fluo qui maraudent à travers tout le pays. Ces sauvages, ces bâtards inhumains, ne loupent jamais une opportunité de violer, de massacrer et de boire des bières en plein milieu d'un champ.

Intrepidos Punks

est le couronnement de la riche et étonnante tradition cinématographique mexicaine de la punksploitation. Le film est sorti en Afrique du Sud sous le titre

Fearless Bitches

et a été suivi en 1987 par l'encore plus viscéral

Vengeance of the Punks,

dans lequel un homme se retrouve avec un crotale coincé dans l'anus (!).

Palme d'or : SUBURBIA (1983, Penelope Spheeris) Je considère ce film comme le meilleur film jamais réalisé sur les punks. Vraiment. C'est d'ailleurs le meilleur film réalisé sur n'importe quel putain de sujet. Peu de temps après avoir terminé son chef d'œuvre, le documentaire The Decline of Western Civilization, Spheeris s'est mise à faire des castings en pleine rue. Son but était de réunir un groupe de punks sans abris suffisamment conséquent afin de les filmer en train de faire ce qu'ils savaient le mieux faire : jeter des bouteilles sur les bus, insulter les flics, dormir à 15 dans la même pièce, etc. Le résultat est d'un niveau stupéfiant, un drame monumental et touchant sur des kids sans avenir en guerre contre la race humaine. À ne surtout pas confondre avec le film de 1996 du même nom, de Richard Linklater, où Giovanni Ribisi batifole dans une œuvre aussi punk qu'un séminaire sur la chirurgie dentaire. Bordel.

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Prix d'interprétation masculine : JOYSTICKS

(1983, Greydon Clark)

Les cinéphiles avertis vous diront que la meilleure performance jamais livrée à l'écran est signée John Gielgud ou Erich von Stroheim. Eh bien, c'est parce qu'ils n'ont sûrement jamais vu King Vidiot dans

Joysticks

. Jon Gries avait déjà signé un contrat de street-cred à vie pour son rôle de loup-garou dans

The Monster Squad,

mais ici, on atteint des niveaux de destruction punk rarement atteints. King Vidiot mange des plantes en pots, balance des vélos, écrase des travestis et crame de la gomme sur une moto miniature, tout ça en étant vénéré par des disciples new wave. N'importe quel punk dans la vie réelle mène sa pénible existence dans l'ombre de cette icône de la démence anti-parentale. NOTE : Greydon Clark se rendra coupable de

Skinheads

6 ans plus tard, sans aucun doute le pire film jamais réalisé sur le sujet.

Grand prix du jury : CLASS OF 1984

(1982, Mark Lester)

Il existe une constance dans le cinéma-vérité : la présence de punks, qui indique clairement une société sur le déclin. Ce fait n'a jamais été aussi bien illustré que dans cette féroce et impeccable analyse du crime et de la haine pure. Un gang de punks dicte sa loi dans les couloirs du lycée Lincoln, en dealant drogue, sexe et mort à tous ceux qui se présentent. Le nouveau prof qui leur est jeté en pâture fait ce qu'il peut pour les remettre dans le droit chemin… et finit inévitablement par livrer une guerre sans pitié à 5 adolescents.

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Class of 1984

représente le sommet du film d'action et d'exploitation anti-Hollywood, et laisse les punks infester le monde à toute allure, tels des monstres affamés. C'est un des rares exemples de film sur des jeunes à la dérive où la violence se substitue à l'idée de rédemption ou de conscience. En plus, vous pourrez y voir un Michael J. Fox jeune et grassouillet se faire planter.

Prix du scénario : RETURN OF THE LIVING DEAD

(1985, Dan O'Brannon)

Le punk rock et les zombies ont passé des décennies à se livrer une course au coude à coude pour remporter la palme de l'absurdité, et tous deux ont eu leur six quarts d'heure de gloire en 1985. Ce classique de la comédie d'horreur en furie est une collision parfaite entre les deux genres, où la sous-culture primale est transformée en cannibalisme souterrain. Ce film de Dan O'Brannon, le scénariste de génie d'

Alien

, est incontestablement l'oeuvre qui a lancé la mouvance du « zombie hyperactif » mais il doit être aussi retenu pour son choix réfléchi d'avoir mis des punks dans les rôles principaux, même si ceux-ci sont, fatalement, condamnés à périr. « Tu crois que c'est un putain de déguisement ? C'est un mode de VIE.

Hors-compétition : Times Square, Get Crazy, Tchao Pantin (haha), Desperate Teenage Lovedolls, Never Too Young To Die.

LA SÉLECTION DE BRIAN CONNOLLY

Prix du jury : ROCK 'N' ROLL HIGH SCHOOL (1979, Allan Akrush)

Les Ramones en héros d'une comédie lycéenne bien wack de Roger Corman ? Bizarre. Ce qui est encore plus bizarre, c'est que le filme s'avère plutôt brillant et les Ramones ont vraiment l'air de se marrer. Ce film fait l'unanimité. Dee Dee Ramone qui joue de la guitare sous sa douche et la surexcitation du groupe dès qu'ils sont en présence d'une pizza sont des moments de choix parmi d'autres. Arkush a réalisé ici le meilleur film sur la puissance des fans de rock. Joey Ramone et son gang ne sont pas aussi bons acteurs que les Beatles, mais sérieux, on s'en tape non ? Ce sont les Ramones putain et ils sont tellement cool dans ce film que si tu ne tombes pas instantanément amoureux d'eux ça signifie que quelque chose est mort à l'intérieur de toi, et ce depuis très, très longtemps.

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Prix d'interprétation féminine : LADIES AND GENTLEMAN THE FABULOUS STAINS

(1981, Lou Adler)

Corinne (Diane Lane), la chanteuse des Stains, réussit à dégoter un premier concert avec son groupe et elle déclare sur scène d'entrée : « Je ne me débine pas ! ». Quelques temps plus tard, les Stains se retrouvent en tournée avec un groupe anglais agressif, The Looters (une version alternative des Clash avec Ray Winstone à la place de Joe Strummer), et leur volent la vedette. Des hordes d'adolescentes répondent au look peinturluré de leurs idoles et à leur message à travers tout le pays. Un film en avance, naïf mais inspirant, qui a été notamment adopté par le mouvement Riot Grrrl des années 90.

Mention spéciale : MADAME WANG'S

(1981, Paul Morrissey)

Paul Morrissey s'éloigne ici de la Factory de Warhol pour rejoindre la scène punk de Los Angeles. Un espion allemand essaie de comprendre comment tout ce phénomène punk fonctionne. Parmi ses indics, une espèce de faux Iggy Pop nommé Leroy. Il y a une super scène où l'on voit les fesses d'un homme bien mûr dans une couche pour bébé et ce passage où Leroy essaie d'apprendre à chanter à un molosse qui visiblement n'a aucune technique. Et puis il y a les Mentors qui jouent.

Caméra d'or : SURF II

(1984, Randall Badat)

Définitivement le film le plus taré des 80's ! Le savant fou Menlo Schwartzer (joué par l'über-nerd Eddie Deezen) transforme tous les surfeurs et surfeuses du coin en punks zombies bouffeurs de déchets. Évidemment, ça inquiète les parents. Mais Eric Stoltz est trop occupé à chasser les meufs et les vagues pour en avoir quelque chose à foutre. Une vraie comédie au top avec des dégustations agressives de sandwich et des fêtes à poil.

Prix Vulcain : BACK TO THE BEACH (1987, Lyndall Hobbs) Qui a cru que combiner la télé des 60's et les icônes du cinéma avec la folie punk des 80's était une bonne idée ? En tous cas j'aimerais bien lui payer un Coca pour ça, parce que ce rejeton totalement gratuit d'Hollywood est vraiemnt trop sauvage. Annette Funicello qui chante un morceau de ska avec Fishbone (?!), un passage ahurissant où Pee-Wee Herman débarque de l'outre-espace sur une planche de surf en chantant « Surfin' Bird » devant des fêtards cinglés. Il y a même un bébé punk dans ce film ! AAAhhh !!! Hors-compétition : Urgh ! A Music War, Valley Girl, Repo-Man, Grotesque, Sir Drone.