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Music

Les disques les plus bizarres de tous les temps

Chants d'éleveurs de rennes norvégiens, tutoriels de suçage de têtons, vinyles colorés à la diarrhée.

Ce ne sont pas les albums pseudo-conceptuels et authentiquement débiles qui manquent aujourd'hui – et si vous en doutiez, les nü-metalleuses de Babymetal devraient vous faire revenir sur terre recta – mais on s'est dit qu'il serait peut être intéressant de jeter un œil à une poignée de disques authentiquement tapés, excentriques, et grotesques. Et encore, on a mis de côté le pressage 1 tour/minute du Good Vibrations des Beach Boys, ce morceau synth-jazz enregistré par l'inventeur de la Scientologie, ou cet enregistrement de baleines à bosse que le National Geographic a vendu à plus de 10 millions d'exemplaires.

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Ann Chase - A Chant For Your Plants (1976)

OK, ce disque n'a pas l'air particulièrement dangereux, même s'il semble clair qu'il y a un peu d'acide là-dessous. N'empêche, je ne peux pas m'arrêter de penser qu'il a quelque chose de franchement sinistre. Il s'agit d'une interprétation à la guitare acoustique et à la flûte du « Gymnopédie No. 1 » d'Erik Satie, sur fond de déclaration d'amour cosmique d'Ann Chase à ses plantes. Petit aperçu : « Je veux être une cellule frémissante du bout de tes racines sensibles afin de pouvoir sonder ta vérité. A cet instant, je me sens entourée par des millions de tes alvéoles, moite et humide de ta sève, vibrant à ton rythme ». Le texte sur la pochette décrit Chase comme une artiste, auteur, conférencière, chercheuse en Science Noétique et diplômée de la Cosmic University. Vous captez le délire.

RA-X - The Opium Den (Parts I-IV) (2004)

Vous avez probablement entendu parler de l'idée de Wayne Coyne de faire infuser l'album The Flaming Lips and Heady Fwends dans le sang des collaborateurs du disque, tels que Ke$ha et Neon Indian ? Un niveau au-dessus (ou un bon paquet en-dessous, selon votre santé mentale), on retrouve l'Allemand Vincent Koreman (aka RA-X), qui a décidé d'ajouter de la diarrhée infestée d'hémorroïdes au vinyle du mix The Opium Den (Parts I-IV) avant de le presser. Ça donne au disque – sorti sur Mighty Robot Recordings – une délicate teinte pourpre et brunâtre, qui, paraît-il, dégage une subtile et délectable odeur de merde lorsqu'il est joué.

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Christian Marclay - Record Without A Cover (1985)

Deux ans avant le tout aussi étrange Record Without Grooves, le DJ Christian Marclay créait un album – en utilisant un magnéto 4 pistes à New-York, en mars 1985 – composé d'autres disques. Tout cela a l'air plutôt banal jusqu'ici, sauf que Record Without a Cover a été vendu sans pochette et avec pour instruction de ne surtout pas le ranger dans un emballage protecteur. Le concept de Marclays était de permettre au processus de vieillissement naturel de rendre chaque disque unique. Grâce aux griffures et à la poussière, la détérioration de l'album lui permet d'évoluer constamment.

Divers artistes - RRR 500 (1998)

On trouve des sillons fermés sur beaucoup de disques. Ils permettent à certains albums de se jouer à l'infini, comme le #F #A Infinity de Godspeed You ! Black Emperor, Super Trouper d'Abba ou encore le fameux Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band des Beatles. RRRecords a repris le concept et l'a poussé encore plus loin : RRR 500 contient 500 groupes, et – comme vous l'avez sûrement deviné – 500 sillons fermés. Du coup, l'aiguille doit être manuellement placée sur chaque sillon, ce qui rend pratiquement impossible le choix d'un morceau en particulier. Le disque inclut des artistes très différents, de Miles Davis à Sonic Youth, en passant pas les Teletubbies.

Laurence Lane – Bip /w Bip Bip (1999)

À moins que vous n'ayez à portée de main une platine munie d'un lecteur de code-barres, ce disque ne vous sera d'aucune utilité, pour la simple et bonne raison que ce 45 tours sorti sur Pop Records, n'a pas de sillon – ses faces sont parfaitement lisses, glissant ainsi parfaitement dans sa pochette transparente en PVC. Et pour ne rien arranger, l'une des faces indique qu'il doit être joué à 45 bpm, tandis que l'autre côté suggère 90 bpm. L'artiste Laurence Lane ne s'est pas arrêtée à ce projet absurde, puisqu'il a également enregistré, par la suite, les sons provenant des haut-parleurs des boutiques de Manchester.

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M.G. Morgan and Hugo Benioff - Out Of This World (1953)

« Ceci est l'enregistrement d'un vrai tremblement de terre… », dit une voix au début de Out Of This World. Dans les années 50, le Docteur Hugo Benioff de la CalTech University a mis au point un sismographe capable d'enregistrer sur bande analogique des données à une vitesse de 0,5 millimètres par seconde. Mais « Earthquakes » ne se contente pas de reproduire le son d'un tremblement de terre – c'est bien plus cérébral que ça. Le LP original contient en effet une piste très étrange sur laquelle l'enregistrement de tremblement de terre est reproduit « entre deux et trois fois plus vite que la vitesse originelle », et à très haut volume. Le résultat est effectivement terrassant.

Jonty Semper – The One Minute Silence From The Funeral Of Diana, Princess Of Wales (2001)

Il y a le silence, et puis il y a l'art. L'idée de Jonty Semper de réaliser un disque à partir de la minute de silence du 6 septembre 1997, pour les funérailles de la princesse Diana, peut pourtant sembler un rien douteuse. Oui, c'est assez écœurant, mais ça vend. L'artiste ne s'est pas arrêté là, puisqu'il a retenté le coup avec le silence du jour de l'Armistice. Et bizarrement, des tas de gens ont à nouveau acheté ses disques plein d'air.

Divers artistes - Lappish Joik Songs From Northern Norway (1956)

Peu d'albums ont le pouvoir de vous faire douter de votre propre existence. Il ne faut pourtant qu'une dizaine de secondes à ces chants d'éleveurs de rennes norvégiens pour y parvenir. Croyez-le ou non, mais une seule de ces voix -accompagnée ou non d'un peu de percussions- est capable de vous retourner la tête. Quand ces lapons venus des toundras du nord de la Scandinavie fredonnent des mots incompréhensibles pour le commun des mortels (enregistrés par Dieter Christensen pour Folkways Records), l'univers perd tout son sens. Manipulez ce LP de 58 pistes avec précaution.

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Janek Schaefer - Recorded Delivery (1995)

Si ce projet a reçu le nom d'un service postal, c'est tout simplement parce que Janek Schaefer a tout simplement enregistré la vie d'un paquet voyageant par le système postal britannique. En utilisant un dictaphone qui se déclenche au son de la voix placé dans un colis, il a pu retracer son parcours à travers les sifflements des facteurs, les portes coulissantes qui claquent, les secousses et les discussions hyper crues des employés du matin (on entend clairement l'un d'entre eux crier le mot « anus »). Brian Eno a déclaré qu'il aurait « aimé y penser avant ». Hot Air Records a pressé 500 copies de ce disque aux couleurs de la Royal Mail.

Mind Music & Milk – A Mother's Companion for Workplace Pumping (2008)

Vous êtes stressée et vous avez besoin de nourrir votre nouveau-né ? Vous ne voulez pas d'un rustre qui vous ronge les têtons, mais vous trouvez la pompe manuelle un brin barbare ? Réjouissez-vous, ce disque a été conçu pour aider les mamans à se délester rapidement et efficacement de leur jus maternel. Vous avez le choix entre plusieurs versions, dont « mangeur capricieux » et « mangeur serein », histoire de pouvoir vous adapter à l'humeur de votre bambin. Le fait que ce disque ressemble à la B.O. d'un porno hollywoodien des années 80 ajoute une petite touche malsaine à l'ensemble, mais vous saurez vous en accomoder. Du petit lait pour vos oreilles, littéralement.

Peter Yeung est sur Twitter - @pierrotlejeune