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Music

Kaaris a mis le Bataclan à feu et à sang

Punchlines, violence et gros derrières.

Après un show collectif et un premier coup d'éclat à la Boule Noire, Kaaris était ce vendredi de retour au Bataclan, avec pour mission claire et précise de transformer l'essai. Après s'être frayé un chemin à travers la horde de revendeurs proposant des billets de la sortie du métro à l'entrée de la salle, je pénètre dans le Bataclan, et constate rapidement que le public de Kaaris se compose avant tout de pirates mâles -mais les femelles ne sont pas en reste, qu'on se le dise. Le public est assez éclectique : du hipster, du bobo, du minot, et un noyau dur de lascars qui squattent déjà la fosse. On croise Dosseh, qui se fond parfaitement dans le décor sans chercher à se cacher au milieu du public. Est-il là en tant que spectateur ou va-t-il monter sur scène ? Ce serait un peu con de donner la réponse maintenant, ce n'est que le premier paragraphe. On a droit à un warm-up assuré par un DJ équilibriste, qui passe surtout des hits US histoire de se mettre dans l'ambiance. Catégorie WTF, j'ai noté un son de Lacrim (ne me demandez pas lequel non plus), seul morceau de rap français de la sélection, surprenant. Enfin si ça se trouve, ce n'était pas le seul mais je ne suis arrivé qu'à 21h donc pour moi c'était le seul et puis voilà. Heureusement l'enchaînement avec « Ain't Worried About Nothin' » de French Montana met le feu et sauve l'honneur. Une fois le DJ set achevé, le rideau se ferme, et le public piétine pendant que s'installe l'équipe de Kaaris -à savoir, son DJ, mais surtout ses potes (le producteur Therapy compris) qui resteront dans le fond de la scène durant l'intégralité du concert ou presque. L'entrée de la bête se fait sur Bizon devant un public survolté qui scande les paroles en même temps que l'artiste. Dans son dos, un écran diffuse un montage qui met dans l'ambiance et illustre symboliquement le morceau : explosions, KO sur un ring, dictateurs, violence, DSK, etc. Kaaris est content d'être là et ne le cache pas : « Enfin on se rencontre… alors c'est vous qui me suivez ? » , « Merci pour le disque d'or, on les a baisés ! », et autant de marques d'affection dont il a le secret. Les hits du Sevrannais s'enchaînent avec des moments un peu laborieux entre certains morceaux, sans parler des bruits de coup de feu pour meubler à peu près tous les moments de flottement. Chose étonnante, ça ne fait absolument pas retomber l'ambiance : le public attend poliment et redonne de la voix dès qu'on lui demande. Et même quand on ne lui demande rien, en fait. Kaaris n'a pas de backeur et même si certains refrains ou passages sont assurés directement par la piste CD, il pourrait s'en passer : c'est clairement sur le public qu'il s'appuie, se contentant parfois d'illustrer certaines phrases (mention spéciale à ses gesticulations pour « danser comme un indien » sur 63) ou de faire des gestes de chef d'orchestre pendant qu'il s'écoute ou qu'il laisse l'instru couler. Globalement, le type a une gestuelle de possédé et pourrait aisément se reconvertir en mime après sa carrière dans la musique. La mise en scène se limite à quelques accessoires qui font leur effet : une bouteille de Ciroc pour le titre éponyme, des paillettes pour « Bouchon De Liège », les potes qui ramènent du champagne, etc.

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Pas de fioriture au niveau des introductions de morceaux (« Vous avez déjà vu un singe dans une AMG ? Allez c'est parti »). Exception faite de « Paradis Ou Enfer », où il fait une mise au point : « Je vous souhaite tous le paradis. Même les enculés qui parlent mal sur moi », avant de poursuivre avec un « fuck les illuminatis, fuck les satanistes », histoire d'enfoncer le clou (certains détracteurs/youtubeurs/champions avaient cru discerner des symboles satanistes dans ses textes et ses clips, chacun son hobby. Kaaris est très joueur. Quand il demande d'allumer la salle pour voir le public c'est surtout pour scruter les têtes et charrier gentiment quelques heureux élus : « Toi t'es bon, mais ta casquette… » ; « Oh le rasta ! Non mais pourquoi tu te retournes, c'est de toi que je parle Tahiti Bob » etc. D'ailleurs il s'inclut dans le lot « J'ai une paillette qui brille sur mon crâne et vous me dites rien ?! Moi je me barre si c'est ça hein » Bonne ambiance.

Sans prévenir, Dosseh déboule avec son bonnet et son flow énergique pour un « Pirates » bienvenu. Bon, les mecs qui ne l'avaient pas reconnu dans la salle ne le reconnaissent pas plus sur scène mais l'accueil est quand même à la hauteur. Plus tard, c'est Despo qui enthousiasme la foule sur « Vendeur De Nah Nah ». Apparemment très content d'être là, celui qui a esquivé son concert avec Guizmo et Mokless « pour raisons personnelles » le même soir à Nantes (désolé les mecs mais vous auriez fait pareil à sa place), déclenche l'hystérie sans forcer.

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Malgré leurs performances, les deux invités n'arrivent toutefois pas à la cheville de l'intrépide danseuse stringuée qui a enchanté la partie masculine du public sur « Binks » avec des booty shake de bonne facture. Posé sur un fauteuil, Kaaris débite ses couplets et illustre certaines phrases grâce à la belle (« le canon et le trou de tes fesses ont la même circonférence », mais aussi « ça me donne des gaz », tout en montrant son postérieur -un peu d'humour ne fait pas de mal). Est-ce la twerkeuse du clip ? Dur à dire, personne n'a suffisamment regardé sa tête pour le savoir. En tout cas, avec sa décalcomanie du logo BTTF sur la fesse gauche, et vu le nombre de portables dégainés pour l'occasion, elle devrait tranquillement alimenter Vine et Instagram jusqu'à la fin du mois. La grande classe, tout simplement. Sans surprise, pas de Booba pour « Kalash », mais K2A reprend le premier couplet du Duc. Soyons honnêtes, s'il y avait embrouille, il n'aurait eu qu'à passer le refrain de ce dernier sur « L.E.F . » pour se foutre de sa gueule, or il ne l'a pas fait -donc tout va bien. Seconde mise au point à cette occasion : « Y'en a même qui pensent que je suis arrivé avec ça… Y'a eu 15 ans de galère, je viens de loin ». Petit coup d'oeil sur le public : on voit pêle-mêle des scènes incongrues où des filles hurlent les paroles les plus hard sans aucun complexe, tandis que les bourrins de la fosse hurlent le nom de Caligula sur « Sombre » : pas de doute, Kaaris triomphe là où l'Education Nationale échoue. Si le déroulement reste assez bordélique (deux pauses assez bizarres où la salle reste dans le noir, un mec qui galère à installer la machine à paillettes -folklo), le rappeur donne de sa personne dès que le son est lancé. Il a d'ailleurs changé de T-shirt à pas moins de 3 reprises, parce que l'hygiène c'est important, et parce que les gens doivent savoir qu'il existe des tees BTTF de toutes les couleurs. Entre temps il s'est mis torse nu, pour le plaisir des filles mais aussi de certains mecs chelous (« putain le bonhomme ! » extrêmement gênant). Même si le gros des morceaux est issu d'Or Noir (pas d'inédits de la réédition), Talsa Doom joue « Houdini » et « L'Hôte Funeste », ainsi que deux freestyles (lui et lui) qui avaient marqué les esprits : « Ils connaissent leurs classiques ! » constate Musclor, satisfait. La version complète de « Je remplis le sac » fait également très plaisir.

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Le final se fera torse nu sur «

S.E.V.R.A.N

», puis l'incontournable «

Zoo

», avec tous ses potes au devant de la scène, ainsi que les invités (mais pas la twerkeuse, au grand dam des amateurs).

Grand moment. Seule déception : ne pas avoir eu droit au feat avec Nubi en live. Ok, tout le monde s'en fout, mais je tenais à le dire. À la sortie, on croise Nakk, qui résume le show à sa façon : « C'est violent, j'avais oublié ces ambiances, je suis vieux moi ». J'aurais pas su dire mieux. Pour plus d'amour, de violence, et de fesses bondissantes, l'intégralité du concert est ici. Yérim Sar ira au paradis avec tous les pirates. Il est sur Twitter - @spleenter