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Music

Encore plus de mojitos pour Morricone !

Un guide express du Morricone alternatif, dans une ambiance « drinks et convivialité », avec un invité.

Jean-Paul Belmondo sur le tournage du

Marginal

On arrête tout, on lâche ce qu'on tient dans les mains, on se sert un

OK Soda

et on se détend. Voici la suite de notre guide express du Morricone alternatif,

amorcé ici-même hier

, au lendemain de la prestation du Maître à Bercy. Cette fois-ci, c'est moi qui m'y colle, et pour respecter l'ambiance 100 % convivialité instaurée par mes collègues, j'ai moi aussi fait appel à un invité, Julien Rohel du label

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Clapping Music

, qui rend régulièrement hommage au Maître en faisant le DJ dans le Nord-Est de Paris sous le pseudonyme Ennio Mojito, et qui présente sa sélection personnelle en deuxième partie de post.

LA SELEZIONE GLACIALE

NAVAJO JOE (1966)

«

Le bandit prend le train

».

Pas en tant que passager hein, il PREND le train, avec ses putains de fusils. Ce thème musical est l’un des premiers trucs

graves

que Morricone ait composé. Pas de chœur de jeunes filles, de sifflets, de cloches et de cavalcades ponctuées par un banjo ou un harmonica. Non, avec cette rythmique hautement martiale, Morricone apporte enfin du

drama

dans le Western. Ce thème sera d’ailleurs revisité et replacé dans une atmosphère plus urbaine et adéquate l’année suivante (et toutes les années d'après) dans

La Bataille d’Alger

, le film coup de poing de Gillo Pontecorvo.

ROME COME CHICAGO (1968)

Sortez les gros violons de patron. Alors que ses compatriotes allaient donner naissance à l’

Eurocrime

, Albert de Martino s’était déjà téléporté aux States pour réaliser SON film criminel. L’occasion pour Ennio Morricone de créer le

template

de toute une décennie de films policiers violents et mal élevés. Ah oui, ce passage s'intitule « Criminalita Urbana », tout simplement. Beau boulot.

LA CLASSE OPERAIA VA IN PARADISO (1970)

Et Ennio Morricone inventa la musica indoustriellé.

LE MARGINAL (1983)

« À la Gare de l'Est », à deux pas des bureaux de VICE, le commissaire Philippe Jordan est là, il rôde, il zone même, un magnum de la taille de ton avant bras glissé entre la taille de son 501 ultra tight et la doublure de son aviateur cuir. En planque, il attend cette enflure de macaroni qui a buté son partenaire. Meccaci doit payer ! La course-poursuite en Mustang blindée va bientôt pouvoir commencer. Voilà ce que ravivent les 1mn11 de cet extrait, un temps où Paris ne connaissait pas les fixies. (PS : Salutations les plus sincères à Rémy Julienne)

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LES VOLEURS DE LA NUIT (1984)


Jean-Paul Belmondo sur le tournage du

Marginal



On arrête tout, on lâche ce qu'on tient dans les mains, on se sert un

OK Soda

et on se détend. Voici la suite de notre guide express du Morricone alternatif,

amorcé ici-même hier

, au lendemain de la prestation du Maître à Bercy. Cette fois-ci, c'est moi qui m'y colle, et pour respecter l'ambiance 100 % convivialité instaurée par mes collègues, j'ai moi aussi fait appel à un invité, Julien Rohel du label

Clapping Music

, qui rend régulièrement hommage au Maître en faisant le DJ dans le Nord-Est de Paris sous le pseudonyme Ennio Mojito, et qui présente sa sélection personnelle en deuxième partie de post.





LA SELEZIONE GLACIALE


NAVAJO JOE (1966)



«

Le bandit prend le train

».

Pas en tant que passager hein, il PREND le train, avec ses putains de fusils. Ce thème musical est l’un des premiers trucs

graves

que Morricone ait composé. Pas de chœur de jeunes filles, de sifflets, de cloches et de cavalcades ponctuées par un banjo ou un harmonica. Non, avec cette rythmique hautement martiale, Morricone apporte enfin du

drama

dans le Western. Ce thème sera d’ailleurs revisité et replacé dans une atmosphère plus urbaine et adéquate l’année suivante (et toutes les années d'après) dans

La Bataille d’Alger

, le film coup de poing de Gillo Pontecorvo.




ROME COME CHICAGO (1968)



Sortez les gros violons de patron. Alors que ses compatriotes allaient donner naissance à l’

Eurocrime

, Albert de Martino s’était déjà téléporté aux States pour réaliser SON film criminel. L’occasion pour Ennio Morricone de créer le

template

de toute une décennie de films policiers violents et mal élevés. Ah oui, ce passage s'intitule « Criminalita Urbana », tout simplement. Beau boulot.




LA CLASSE OPERAIA VA IN PARADISO (1970)



Et Ennio Morricone inventa la musica indoustriellé.




LE MARGINAL (1983)



« À la Gare de l'Est », à deux pas des bureaux de VICE, le commissaire Philippe Jordan est là, il rôde, il zone même, un magnum de la taille de ton avant bras glissé entre la taille de son 501 ultra tight et la doublure de son aviateur cuir. En planque, il attend cette enflure de macaroni qui a buté son partenaire. Meccaci doit payer ! La course-poursuite en Mustang blindée va bientôt pouvoir commencer. Voilà ce que ravivent les 1mn11 de cet extrait, un temps où Paris ne connaissait pas les fixies. (PS : Salutations les plus sincères à Rémy Julienne)




LES VOLEURS DE LA NUIT (1984)



Bam, avec une intro qui rappelle le style de Jay Chattaway (

Maniac

), trois ans après son travail de réappropriation de l’œuvre sonore de John Carpenter sur

The Thing

, Morricone nous rebalance un boulet électronique de 2mn30. Envoyez c’est pesé. Oui, tout ça dans un polar français de province (Victor Lanoux inclus) signé Samuel Fuller, qui commence de la façon suivante : « François et Isabelle, deux chômeurs, se rencontrent à l'ANPE ». Plus on avance, plus on s'aperçoit que les années 80 n’avaient vraiment aucun sens.





LA SÉLECTION DE JULIEN ROHEL

CITTA VIOLENTA (1970)

« Fin 60-début 70, Morricone se faisait encore la main en enquillant les B.O. pour des gialli plus ou moins foireux et des petits polars de troisième zone comme ce Città Violenta avec Charles Bronson, Telly Savalas et Michel Constantin, vénéré malgré tout par une poignée de cinéphages partiuclièrement pervers. Pas très regardant sur le destinataire de la commande, Morricone livrait là l’un de ses chef-d’oeuvres, avec son thème magistral décliné à toutes les sauces harmoniques et timbrales. Cauchemar d’orgue liturgique, abstraction atonale pour guitare fuzz, cavalcades trépidantes de congas et bongos pour les poursuites en caisse, accords de pianos martelés dans les graves à la Peur sur la ville, petite bulle de savon bacharachienne pour les scènes romantiques, tout y est, tout est bon, et ce « Rito Finale » trône en très bonne place dans mon top 10 Morricone de tous les temps. »

MON NOM EST PERSONNE (1973)



« Le film est un émouvant pastiche de western spaghetti, scénarisé par Leone et réalisé par l’un de ses sbires. Morricone en profite pour concocter avec amour une compile de ses meilleurs plans western, blindée d’auto-références et de citations de ses précédentes partitions pour le Grand Sergio entre deux clins d’oeil à Wagner et à Claude François. Il démontre au passage que, malgré la cohorte, il n’est jamais mieux plagié que par lui-même. Tout le monde connaît le

merveilleux morceau-titre

avec sa petite flûte guillerette (le morceau le plus feelgood de l’histoire de la musique enregistrée et accessoirement ma sonnerie de téléphone portable) alors je vous mets le Grand Thème Sentimental Morriconien du film, chargé du pathos le plus digne, grave et poignant comme la fin d’un mythe flamboyant, beau et empli d’espoir, quand le cow-boy solitaire laisse tout derrière et s’en va seul vers de nouveaux horizons. Et maintenant, pleurez. »




L'EXORCISTE 2 : L'HÉRÉTIQUE (1973)

Honnête B.O., mais pas un chef d’oeuvre. Morricone assure le job en pilotage automatique et balance ses meilleurs gimmicks horrifiques (castafiore plongée dans un bain de percussions voodoo, petits gémissements flippants de possédés sur fond de stridences orchestrales…) avec le savoir-faire et l’impassibilité du vieux pro à qui ne la fait pas. Puis soudain, dans un incroyable accès de démence, il dégoupille cette grenade à fragmentation dont la folie baroque m’explose en pleine gueule à chaque écoute. Hystérie sur le dancefloor garantie, si vous la placez au bon moment. »




VERGOGNA SCHIFOSI (1969)



« La dernière très bonne pioche en date dans ma réserve personnelle de 10 Go d’Ennio collectée ces dix dernières années -et dont je n’ai pas encore écouté ne serait-ce que la moitié, je me distille ça au compte-goutte, c’est mon bien dématérialisé le plus précieux, mon capital retraite. Moins révérée par les morriconophiles que les chefs-d’oeuvres officiels de la même année (

Meti Una Sera A Cena

,

L'Assoluto Naturale

,

La Donna Invisibile

), le score de cet obscur polar gauchiste vient se poser comme l’une des plus éclatantes réussites de Morricone dans sa veine easy/lounge/pop/luxe/calme/volupté. Pour preuve, cette soyeuse et féérique « berceuse pour adultes. » (PS : je n’ai en ma possession qu'un rip mp3 128kbps avec des clicks numériques dans tous les sens, donc si vous avez une version de meilleure qualité je suis preneur. Ecrire à la rédaction qui transmettra, merci). »




IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION (1971)


« Le meilleur pour la fin. C’est en découvrant pour la première fois les neuf minutes en apesanteur de « Invenzione per John » que suis tombé dans la marmite. 15 ans plus tard je n’en suis toujours pas ressorti. Outre cette merveille merveilleusement merveilleuse, on y trouve aussi les fameux « chom chom chom » (« sean sean sean » en fait, du nom du personnage incarné par James Coburn), la splendeur absolue du thème lacrymal chanté par Edda Dell’Orso, des morceaux rigolos qui font dzoing-dzoing-wah-wah, tout plein de jolis petits trucs laidback à siffloter, un orchestre symphonique qui peut passer de Debussy à Penderecki en trois mesures et partout, tout le temps, l’ahurissante science des timbres du Maître, qui signe ici ses plus belles

Klangfarbenmelodies.

Pour moi, le chef d’oeuvre indépassable de Morricone. »



Rod Glacial est OK pour la convivialité, mais pas pour les mojitos. Il est sur Twitter - @FluoGlacial

Julien Rohel dirige tranquillement le label Clapping Music, qui a notamment sort l'an dernier le sublime album d'Orval Carlos Sibelius. Il est sur Twitter - @clappingmusic

Bam, avec une intro qui rappelle le style de Jay Chattaway (

Maniac

), trois ans après son travail de réappropriation de l’œuvre sonore de John Carpenter sur

The Thing

, Morricone nous rebalance un boulet électronique de 2mn30. Envoyez c’est pesé. Oui, tout ça dans un polar français de province (Victor Lanoux inclus) signé Samuel Fuller, qui commence de la façon suivante : « François et Isabelle, deux chômeurs, se rencontrent à l'ANPE ». Plus on avance, plus on s'aperçoit que les années 80 n’avaient vraiment aucun sens.

LA SÉLECTION DE JULIEN ROHEL

CITTA VIOLENTA (1970)

« Fin 60-début 70, Morricone se faisait encore la main en enquillant les B.O. pour des gialli plus ou moins foireux et des petits polars de troisième zone comme ce Città Violenta avec Charles Bronson, Telly Savalas et Michel Constantin, vénéré malgré tout par une poignée de cinéphages partiuclièrement pervers. Pas très regardant sur le destinataire de la commande, Morricone livrait là l’un de ses chef-d’oeuvres, avec son thème magistral décliné à toutes les sauces harmoniques et timbrales. Cauchemar d’orgue liturgique, abstraction atonale pour guitare fuzz, cavalcades trépidantes de congas et bongos pour les poursuites en caisse, accords de pianos martelés dans les graves à la Peur sur la ville, petite bulle de savon bacharachienne pour les scènes romantiques, tout y est, tout est bon, et ce « Rito Finale » trône en très bonne place dans mon top 10 Morricone de tous les temps. »

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MON NOM EST PERSONNE (1973)

« Le film est un émouvant pastiche de western spaghetti, scénarisé par Leone et réalisé par l’un de ses sbires. Morricone en profite pour concocter avec amour une compile de ses meilleurs plans western, blindée d’auto-références et de citations de ses précédentes partitions pour le Grand Sergio entre deux clins d’oeil à Wagner et à Claude François. Il démontre au passage que, malgré la cohorte, il n’est jamais mieux plagié que par lui-même. Tout le monde connaît le

merveilleux morceau-titre

avec sa petite flûte guillerette (le morceau le plus feelgood de l’histoire de la musique enregistrée et accessoirement ma sonnerie de téléphone portable) alors je vous mets le Grand Thème Sentimental Morriconien du film, chargé du pathos le plus digne, grave et poignant comme la fin d’un mythe flamboyant, beau et empli d’espoir, quand le cow-boy solitaire laisse tout derrière et s’en va seul vers de nouveaux horizons. Et maintenant, pleurez. »

L'EXORCISTE 2 : L'HÉRÉTIQUE (1973)

Honnête B.O., mais pas un chef d’oeuvre. Morricone assure le job en pilotage automatique et balance ses meilleurs gimmicks horrifiques (castafiore plongée dans un bain de percussions voodoo, petits gémissements flippants de possédés sur fond de stridences orchestrales…) avec le savoir-faire et l’impassibilité du vieux pro à qui ne la fait pas. Puis soudain, dans un incroyable accès de démence, il dégoupille cette grenade à fragmentation dont la folie baroque m’explose en pleine gueule à chaque écoute. Hystérie sur le dancefloor garantie, si vous la placez au bon moment. »

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VERGOGNA SCHIFOSI (1969)

« La dernière très bonne pioche en date dans ma réserve personnelle de 10 Go d’Ennio collectée ces dix dernières années -et dont je n’ai pas encore écouté ne serait-ce que la moitié, je me distille ça au compte-goutte, c’est mon bien dématérialisé le plus précieux, mon capital retraite. Moins révérée par les morriconophiles que les chefs-d’oeuvres officiels de la même année (

Meti Una Sera A Cena

,

L'Assoluto Naturale

,

La Donna Invisibile

), le score de cet obscur polar gauchiste vient se poser comme l’une des plus éclatantes réussites de Morricone dans sa veine easy/lounge/pop/luxe/calme/volupté. Pour preuve, cette soyeuse et féérique « berceuse pour adultes. » (PS : je n’ai en ma possession qu'un rip mp3 128kbps avec des clicks numériques dans tous les sens, donc si vous avez une version de meilleure qualité je suis preneur. Ecrire à la rédaction qui transmettra, merci). »

IL ÉTAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION (1971)

« Le meilleur pour la fin. C’est en découvrant pour la première fois les neuf minutes en apesanteur de « Invenzione per John » que suis tombé dans la marmite. 15 ans plus tard je n’en suis toujours pas ressorti. Outre cette merveille merveilleusement merveilleuse, on y trouve aussi les fameux « chom chom chom » (« sean sean sean » en fait, du nom du personnage incarné par James Coburn), la splendeur absolue du thème lacrymal chanté par Edda Dell’Orso, des morceaux rigolos qui font dzoing-dzoing-wah-wah, tout plein de jolis petits trucs laidback à siffloter, un orchestre symphonique qui peut passer de Debussy à Penderecki en trois mesures et partout, tout le temps, l’ahurissante science des timbres du Maître, qui signe ici ses plus belles

Klangfarbenmelodies.

Pour moi, le chef d’oeuvre indépassable de Morricone. »

Rod Glacial est OK pour la convivialité, mais pas pour les mojitos. Il est sur Twitter - @FluoGlacial Julien Rohel dirige tranquillement le label Clapping Music, qui a notamment sort l'an dernier le sublime album d'Orval Carlos Sibelius. Il est sur Twitter - @clappingmusic