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Yuko Yuko n'est pas juste un branleur de plus

Le Hollandais lo-fi nous parle de son nouvel album « More Than A Facebook Friend », qu'on vous fait écouter en intégralité.

Elias Elgersma n’est pas ce que les journalistes appellent un « bon client » : pas très à l’aise en interview, le Hollandais ne sait parfois pas quoi répondre ou torche sa réponse en une seule phrase. Normal : le mec a à peine 20 ans et a surtout envie de s’amuser. Du coup, il ne va plus en cours, a lancé son propre label (Purple Noise Records), tiré le nom de son projet d’un titre de Fort Minor (

« Where ‘s You Go »

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), accumulé d’autres aventures musicales (The Homesick ou

encore les deux mixtapes Heavy publiés sous son nom

) et attiré l’attention de jeunes bloggeurs mexicains en quête de pop branleuse et bricoleuse.

Plus débordé que jamais avec la sortie de

More Than A Facebook Friend

, que l'on vous présente ci-dessous pour la première fois dans l'Histoire des bloggeurs mexicains, Elias a tout de même accepté de se raconter et de nous en dire un peu plus sur sa vision de la pop music.

Noisey : Tu faisais quoi avant Yuko Yuko ?

Elias Elgersma :

Le projet Yuko Yuko a été créé lorsque j'avais 16 ans et est peu à peu devenu une priorité. Avant ça, je ne faisais que jouer au foot : non pas parce que j'étais assez bon pour devenir professionnel, mais parce que c'était mon unique obsession. J'ai joué au sein du club de ma ville, Dokkum, jusqu'à mes 18 ans et j'ai arrêté : avec les concerts de Yuko Yuko et de The Homesick, un de mes autres projets, je ne pouvais plus jouer les matchs le week-end.

Tu avais des influences particulières en commençant ?

Pas vraiment : à 16 ans, ça faisait deux ans que je jouais de la basse et de la guitare, mais j'étais juste un ado qui aimait enregistrer de la musique. Je ne pensais même pas à me produire sur une scène. J'ai commencé à enregistrer quelques compositions lors de mes premières années d'adolescence alors que j'écoutais à peine d'autres musiques. En fait, je me contentais surtout des quelques albums que mes parents écoutaient, comme ceux de New Order ou des Stone Roses, des groupes de leur génération. À force de pratiquer, je me suis amélioré, j'ai commencé à trifouiller de vieux instruments et à m’enregistrer sur des magnétophones ou des séquenceurs MIDI.

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Tu as été repéré par des blogs mexicains. C’est un peu improbable pour un artiste hollandais… Tu as envie de dire merci à Internet ?

Non, juste à ces quelques bloggeurs mexicains de 19 ans.

On ne peut pas le nier : tu es un enfant de la génération web. Pourtant, le titre de ton album semble être une critique adressée aux réseaux sociaux…

Non, je pense que tu conceptualises trop. Je n’ai rien contre Facebook, Instagram ou autre. D’ailleurs, je les utilise tous les jours. Pourquoi ? Tout simplement parce que j’adore Internet et que je fais partie de ces personnes qui cliquent sur les

clickbait

pour avoir accès à des contenus sexuels.

Maintenant que tu commences à faire des interviews, tu penses réussir à te faire « plus que des amis Facebook » dans la vie de tous les jours ?

Désolé mec, je ne comprends pas ta question…

Tu dis aimer Internet. Tu penses que c’est grâce à ce média que tu en es là aujourd’hui ?

Honnêtement, je ne sais pas. Ce qui est sûr, c'est que ça m'a permis de faire entendre ma musique, d'avancer et d'enregistrer mon premier véritable album l’été dernier. J'ai la chance d'avoir mon propre petit studio et de pouvoir y enregistrer toutes mes compositions, ainsi que celles des autres parfois. C'est pratique et ça permet d'être plus créatif : pour

More Than A Facebook Friend

, beaucoup de chansons n'ont d'ailleurs pas été retenues lors du mixage.

Il n'y a pas trop de pression lorsqu'on enregistre son premier album en totale liberté, de son côté ?

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Pas vraiment, non. Une grande partie du processus d'enregistrement a d'ailleurs été fait avec mon guitariste Jaap Van der Velde, que l’on retrouve au sein de The Homesick et qui a également écrit quelques parties de synthés et de basse. Le fait de vivre dans une petite ville du Nord de la Hollande, où les possibilités de sorties sont rares, a aussi aidé. Lorsqu'on se réveillait, on allait d’ailleurs directement à la piscine où il y avait toujours des tonnes de gamins. Au début, on ne se sentait pas à notre place, mais ça a fini par nous faire beaucoup de bien.

Que ce soit Bombay, Mozes & The Firsborn, Dollkraut ou Jacco Gardner, beaucoup de groupes émergent des Pays-Bas ces dernières années. En quoi ce pays est si important dans l’atmosphère de tes morceaux ?

Je ne sais pas pour les autres, mais Dokkum est vraiment une petite ville isolée. Aucuns groupes d’ici n’a jamais eu de succès à l’international et presque aucuns groupes néerlandais ne vient jouer ici. Pourtant, tout ce que je peux dire dans mes textes est vrai, tous sont inspirés par des situations vécues à Dokkum.

Il y a des disques que tu as entendu ces dernières qui t’ont incité à produire ce genre de pop lo-fi ?

Je me suis beaucoup inspiré de la démarche d'Ariel Pink et de R Stevie Moore. Cette façon de produire des chansons géniales avec un petit équipement m'impressionne. Depuis quatre ans, je fais un peu comme eux : j'enregistre sur cassette et je pense que je vais continuer à faire ça. Pour

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More Than A Facebook Friend

, je voulais également que l'on y trouve des sonorités bizarres, des références à la trap, à la pop bubblegum, des synthés, etc. Du coup, je me suis remis à utiliser des ordis pour composer. Je sais que beaucoup de groupes prétendent que l'enregistrement sur bande est mieux, à croire que c'est même devenu hype de le faire, mais ça ne veut pas dire pour autant qu'un ordinateur est une mauvaise chose.

Ta musique a été comparée à celle de Mac DeMarco, d'Animal Collective et d’Only Real. Ça te convient ?

J'aime beaucoup les deux premiers que tu as cité. En revanche, je ne connais pas le troisième.

Malgré les bizarreries de ton disque, celui-ci sonne quand même très pop. Quelle est la définition d'une bonne pop-song selon toi ?

Il faut qu'elle soit dansante et qu'elle sonne un peu comme les derniers enregistrements de Madonna. Je déteste le fait que certains slows deviennent de grands succès. Personne ne devrait avoir envie de se noyer dans la tristesse en écoutant la radio. Une bonne pop-song, c'est donc quand vous pouvez levez votre poing en l'air et vous défouler quand le refrain arrive.

Les titres de tes chansons sont très évocateurs : « XXX », « Wait For Apocalyspe », « Heterosexual ». C'est voulu ?

En fait, je n'ai fait que prendre un mot ou une phrase de mes textes pour en faire des titres. Je ne me vois pas nommer l'une de mes chansons

«

High

»

, puis la suivante

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«

Skylight

»

et enfin

«

Birds

»

, je trouve ça encore plus confus. Quand une chanson s'appelle « Heterosexual », au moins, vous savez d'emblée que ça va parler d'hétérosexualité.

Dans l'un de tes titres, tu chantes

«

tout est si spécial à propos de moi

»

. Tu peux nous en dire plus ?

En fait, ce titre parle de deux de mes meilleurs amis qui avaient des vues sur des filles. Ils pensaient que ça allait leur tomber dessus sans avoir à se battre pour avoir la fille qu'ils voulaient. Ils étaient assez égocentriques et croyaient qu'ils étaient tellement spéciaux que les filles allaient venir directement à eux. Mais on sait tous que ça ne se passe pas comme ça.

More Than A Facebook Friend sortira le 28 février sur Field Mates Records. Vous pouvez le pré-commander ici.