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Music

Contrairement aux apparences, Wolvhammer ont la belle vie

Des potes, de l'amour, des pitbulls, un boulot génial et un nouvel album prêt à tout bousiller.

« On est des mecs abordables. C'est comme ça que je veux qu'on nous considère. Genre 't'es en ville ? Viens je te paye un verre'. Le plus important pour nous c'est la proximité, le contact humain » Et effectivement, Heath Rave le batteur et fondateur de Wolvhammer, est un type avec qui on a instantanément envie de devenir pote. Ça peut sembler surprenant quand on sait à quel point sa musique peut être dure et menaçante, mais c'est quasiment une règle dans le metal : plus la musique est sombre et brutale, plus les types qui la font sont sympas et détendus. Le troisième album de Wolvhammer, Crawling Into Black Sun, sort aujourd'hui 8 juillet sur Profound Lore. Enregistré par Dan Jensen au Hideaway Studio de Minneapolis, il s'éloigne de l'ouragan black/sludge/punk qu'était leur album précédent (The Obsidian Plains, sorti en 2011), notamment grâce à l'influence du guitariste Jeff Wilson, qui a rejoint le groupe il y a deux ans et qui s'impose désormais clairement comme un des réacteurs principaux du bombardier Wolvhammer.

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Tatoueur dans le vie de tous les jours, Rave a pris sa journée pour passer du temps avec sa copine et boire quelques verres avec moi dans un bar de Chicago où on a parlé du nouvel album de Wolvhammer et de la difficulté à trouver un équilibre entre son groupe et sa vie professionnelle quand ils sont plutôt cool tous les deux.

Noisey : À l'origine, tu voulais que Wolvhammer soit un mélange de tout ce qu'il y avait de plus heavy dans le punk rock.
Heath Rave : Oui, juste avant de former Wolvhammer, je jouais dans un groupe doom hyper lourd, et on avait sorti ce disque très complaisant, très m'as-tu-vu, avec trois morceaux en 45 minutes, tu vois le genre ? Je me faisais hyper chier dans ce groupe. Moi, je voulais faire du Motörhead mais façon black-metal, des trucs ultra-rapides que je pourrais jouer complètement bourré à la batterie. Ça faisait deux ans que j'avais un nom, le meilleur nom de tous les temps. J'avais même fait une page MySpace pour que personne ne me le pique, je dessinais des logos et tout, mais pendant deux ans, le groupe a juste existé dans ma tête. Quand tu as finalement monté le groupe, ça sonnait comme tu l'avais imaginé ?
Ça dépend toujours des personnes avec lesquelles tu joues, et j'ai mis du temps à trouver les bonnes personnes. Le line-up a évolué avec les années, mais ça a toujours plus ou moins marché. Mais à aucun moment je n'aurais pensé me retrouver à faire une interview avec toi, ici, quelques années plus tard. À la base, le plan, c'était juste d'avoir un groupe pour déconner le week-end et faire les premières parties de mes potes de temps en temps. C'est tout.

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Comment vous en êtes arrivés là dans ce cas ?
Quatre mois après qu'on ait commencé à jouer, Fred Pessaro [rédacteur en chef de Noisey USA] nous a mis sur une playlist du site Brooklyn Vegan. On avait enregistré ce morceau, « Dawn of the Fourth » et on l'a mis en téléchargement gratuit sur Internet. Fred l'a écouté, il nous a mis sur Brooklyn Vegan et là, on a été submergé de mails et de demandes.

Tu connaissais Fred avant ?
Non. On a rencontré Kim Kelly [qui écrit sur le metal dans Pitchfork] il y a 6 ans, à une soirée chez les mecs d'Atlas Moth. On a fait écouter le morceau à Kim, qui l'a fait écouter à Fred, et tout s'est enchaîné super vite. Fred est un bon ami aujourd'hui, il a été très cool avec nous, peut-être parce qu'il nous suit et nous apprécie depuis le début. C'est un peu grâce à lui que le groupe est connu aujourd'hui !

Tu as déménagé à Chicago pour la musique ou pour le tatouage?
Le line-up avait changé, on savait qu'Andy allait bouger à San Fransisco. Jeff venait de rejoindre le groupe, mes meilleurs potes habitaient à Chicago et je m'ennuyais à Minneapolis, donc le choix a été vite vu. Adam est resté ici, mais maintenant avec Internet, ce n'est plus nécessaire d'habiter dans la même ville.

Comment procodez-vous pour l'écriture de vos morceaux ?
C'est Jeff qui a écrit le nouvel album, en intégralité. J'ai dû attendre d'être en studio pour découvrir certains morceaux. Pour l'album précédent, Andy et moi avions bossé sur la structure de tous les morceaux, Jeff y ajoutait ensuite les mélodies et les parties lead, excepté pour le morceau « The Sentinels », qu'il a écrit intégralement. OK, du coup ce morceau fait un peu le lien avec le nouvel album.
Complètement. « The Sentinels » aurait tout à fait sa place sur le nouvel album. Jeff a un style très particulier qui était déjà notable dans Nachtmystium. Sur notre nouvel album, tu sens l'importance de son écriture. On reconnaît tout de suite quand c'est Jeff qui écrit. Il joue aussi dans Chrome Waves, qui est très différent de Wolvhammer. Dans Wolvhammer on a un Jeff beaucoup plus énergique que dans Chrome Waves, qui est plus mélancolique et triste, mais il y a des similitudes.

Sur votre précédent album, vous viviez à Minneapolis et vous êtes allé à Chicago pour enregistrer. Cette fois-ci, vous avez fait l'exact opposé. Pourquoi avez-vous souhaité travailler avec Dan Jensen pour cet album ?
Dan Jensen est un très bon ami, et c'est mon ancien colocataire. Il a joué et enregistré avec Off With Their Heads, c'était hyper propre. Pour moi, c'est le meilleur groupe punk rock actuel de Minneapolis. Il joue aussi dans Battlefields, il a enregistré leur dernier album sorti chez Init. Et puis, c'était juste avant la sortie de Obsidian, je venais d'emménager à Chicago, et Jeff nous avait rejoint, c'était plus simple d'enregistrer sur place. On a écrit un meilleur album cette fois, on ne voulait pas céder aux distractions de Chicago. Dan est un très bon ingénieur son, on veut aussi le faire connaître, il le mérite. Avant, on travaillait tous avec Sanford [Parker]. Mais il est trop occupé maintenant. Je l'adore, c'est un de mes meilleurs potes, mais on avait besoin d'essayer quelque chose de différent.

Tu as dis de Wolvhammer que c'était un groupe dans lequel « on ne prend rien trop au sérieux, et où on ne se prend pas trop au sérieux non plus . » C'est toujours le cas ?
Oui, on est juste des fans de heavy metal, on fait le genre de musique qu'on voudrait entendre. Dès que tu écoutes un de nos albums, tu repères immédiatement les influences qu'on avait sur le moment. Cet album, c'est ce qu'on a toujours voulu faire et c'est probablement notre album le plus sérieux jusque là. Mais on ne prend pas la grosse tête, on ne se sent pas particulièrement originaux. On fait ce qu'on veut, et on s'éclate. On n'est pas ce genre de groupes obscures ultra limités à la con. On aborde toujours les mêmes thèmes dans nos albums, des choses assez noires. Le dernier album ne parle que d'auto-destruction, il est très tourné vers l'occulte, c'est le sens qu'Adam a voulu lui donner. C'est Adam qui a choisi le titre de l'album, et il a écrit toutes les paroles. J'écrivais les paroles sur les anciens albums aussi, mais là c'est Adam qui a tout fait, ça se ressent aussi sur la pochette de l'album. Cet album est plus sérieux, mais il y a toujours une ambiance « pieds sur les retours », avec des riffs gigantesques, tu vois ? On ne veut pas passer notre temps à compter les mesures, on veut juste pouvoir jouer nous morceaux en headbangant. On est toujours les mêmes mecs.

Tu peux me parler de la pochette de l'album ? Tu y as participé directement ?
J'ai fait l'esquisse et puis Stavros s'est chargé du reste. Pour Black Marketeers of World War III [premier album du groupe], j'avais dessiné la pochette, et Stavros l'avait complétée. On a collaboré tout du long. Pour le dernier album, on a utilisé une photo de Jimmy Hubard que Starvos a ensuite agencée. J'ai trop tatoué ces derniers temps, je n'avais pas trop envie de dessiner, je me suis contenté de dessiner très grossièrement un rond transpercé par des flèches avec un serpent à l'intérieur. Ça m'a pris cinq minutes, j'ai envoyé le dessin à Starvos, je lui ai demandé de s'en charger et il me l'a renvoyé le jour suivant. Tu t'intéresses à la symbolique ?
Je connais quelques trucs mais je ne suis pas en expert en symboles. Si j'ai bien compris, le soleil noir est un symbole occulte ou satanique, sur la confiance en soi. Je voulais des flèches pointées vers l'extérieur, elles expriment les représailles, l'idée de vengeance envers les personnes qui ne comprennent pas ce qu'on fait. La vengeance a été un fil conducteur pour toi ?
Ouais, mais je ne veux pas rentrer dans des réflexions trop profondes, j'avais monté ce groupe pour déconner à l'époque… Je ne vais pas citer des groupes dans le black métal américain, et je ne fais pas non plus référence à mes amis. Leviathan et Kreig sont des groupes intouchables, je ne m'en prends pas à eux, ils ont toujours su que le black metal était une affaire de sang et de cran, pas un truc politiquement correct environnemental à la con. C'était une façon de montrer l'hostilité que j'ai envers ces groupes de trous du cul politiquement corrects, qui ne savent que cracher sur Varg dans leurs morceaux. C'est tout ce que m'inspire cette merde, un truc chiant. Je veux juste écouter des groupes comme Venom, Bathory et Motörhead. L'album est peut-être plus ésotérique, plus triste et plus sérieux, but il y a une vibe hostile, c'est certain.

Tu as eu d'autres projets visuels ou musicaux ces temps-ci ?
Eh bien, j'ai dessiné le logo de Corrections House. C'était un honneur de travailler avec ces mecs, j'ai été à mon premier concert de Neurosis quand j'avais 13 ans, et ça va faire 20 ans que je suis fan de ce groupe. Je suis un gros fan de Eyehategod aussi. Quand j'étais au lycée, en 1996, j'ai vu Neurosis, Eyehategod et Dead and Gone. Alors quand je me suis retrouvé à travailler avec Mike [Williams] et Scott [Kelly], et deux de mes meilleurs potes, Bruce [Lamont] et Sanford… Sanford avait vu le symbole que j'avais dessiné pour Wolvhammer et il m'a dit qu'il voulait un logo dans le même esprit. J'étais super fier de le dessiner, la dernière fois que j'avais fait ça c'était pour Battlefields, je leur avais fait un vieil homme avec des cornes. Ça me plaît, j'aimerai faire plus de symboles pour les groupes. Corrections House est allé encore plus loin, ils ont carrément lancé une propagande. J'aime tout ce qu'ils font, c'est hyper direct, soviétique, très inspiré par la guerre. Je suis content d'avoir pu participer à leur histoire. Il y a des liens entre ta musique et ton boulot dans le tatouage ?
Non, je préfère que ça reste séparé. Je bosse beaucoup, et jouer de la batterie me permet de prendre une pause dans mon travail. J'adore ce que je fais, je travaille dans l'un des meilleurs salons de la ville, pour un tatoueur cool, et je suis toujours occupé. Je ne pourrai pas être plus heureux. Ma vie c'est les tatouages, le skate, le heavy metal et mes pitbulls. J'ai une vie plutôt cool, je ne vais pas me plaindre.