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White Lung explose une bassiste par tournée

Le faux quatuor de Vancouver nous a parlé de son dernier album « Paradise », de ses petites combines de studio et de sa récente tournée avec Refused.

Photo - Rick Rodney Dans les loges du Point Ephémère, les membres de White Lung ont l'air rincés, mais heureux. La raison : une tournée anglaise qui s'est déroulée à merveille et un quatrième album qui stabilise enfin la formule du trio de Vancouver, après deux LP ultra-punk chez Deranged Records, et un Deep Fantasy un poil criard et surjoué sur Domino. Porté par la guitare incompréhensible mais jouissive de Kenneth William et la voix incandescente de Mish Way, Paradise ne fait pas dans le superflu : 10 titres power-pop, courts, directs et complètement tubesques, dans lesquels se télescopent Girlschool, les Smiths, cendars renversés et tueurs en série.

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Quelques minutes avant son concert parisien, Mish et Kenneth nous ont parlé de Paradise, de leurs petites combines de studio, de leur tournée avec Refused, et de la raison pour laquelle ils explosent une bassiste par tournée.

Noisey : Comment se passe la tournée ? Vous revenez tout juste du Royaume-Uni, ça s'est bien passé ?
Mish Barber-Way (chant) : Super bien en fait ! On est toujours surpris du monde présent aux concerts, mais oui, de Brighton à Manchester, cette semaine a été vraiment cool. Kenneth William (guitare) : J’ai l’impression que les gens aiment vraiment les nouveaux morceaux. Noisey : Parce qu'ils sont plus pop ?
Mish Barber-Way : Oui je pense, carrément !

Perso, ce qui m'a sauté aux oreilles à l'écoute de Paradise, c'est ce sentiment d’un dialogue à la fois puissant et complexe entre le chant et la guitare…
Kenneth William : C’est bizarre en fait. Je sais que beaucoup de groupes écrivent d’abord les paroles, qui guident ensuite le reste des morceaux. Chez White Lung, j'écris les parties guitares en premier, puis on rentre en studio avec cette matière de base. Le reste des instruments est alors enregistré, et Mish arrive avec ses lyrics à la fin du processus de composition. Pour Paradise par exemple, on a bossé de façon complètement séparée. C’est pas très punk rock tout ça.
Mish Barber-Way : Ça ne l’est plus vraiment non [Rires] ! Mais ouais, c’est toujours Kenny en premier. Le kickstarter, c’est lui. J’ai évidement quelques bouts de textes ici et là mais l’inspiration vient essentiellement de ce qu’il compose au préalable. Du coup il y a une battle entre vous deux, pour définir qui laissera le plus d’espace créatif à l’autre ?
Mish Barber-Way : Franchement ça l’a été de par le passé. Notamment sur l’enregistrement de Deep Fantasy, notre précédent album, où je me suis parfois sentie frustrée.

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Kenneth William : D’où le côté super abrasif du disque. C'est un album assez agressif, où les voix et les guitares sont effectivement plus en conflit qu’en harmonie.

Mish Barber-Way : Mais avec l’expérience, on a réussi à établir un vrai dialogue créatif. J’écoute ce qu’il joue et je sais exactement où aller. Avoir des jalons, bénéficier des bases de Kenny avant d’écrire, ça te donne vachement de liberté en fait. C’est une histoire de confiance et aussi d’espace personnel. Moi ça me gonflerait d’avoir Anne-Marie et Kenny sur le dos quand je fais mes parties voix.

Kenneth William : Je pense qu’avoir un groupe, c’est respecter les identités musicales de chacun des membres, et non pas essayer de les diluer à tout prix. Pour White Lung, cette écriture, avec vachement d’indépendance et de confiance, fonctionne plutôt bien puisqu’on arrive à boucler un album tous les deux ans. Et on a encore plein d'idées pour la suite.

Que ce passe-t-il avec vos bassistes ? Elles explosent en plein vol à chaque tournée ?
Mish Barber-Way : [Rires] Ouais ! En fait, White Lung est un faux quatuor. On n’a pas de bassiste attitré. C’est un peu comme un poste vacant chez nous. T’es dispo, t’es motivé, tu viens passer du temps avec nous sur la route. Mish tu vis à L.A. depuis trois ans mais le reste du groupe est toujours à Vancouver. Parlez-nous un peu de la scène là-bas.
Mish Barber-Way : Vancouver est genre, super à l’Ouest du Canada. De fait, ça nous déconnecte des groupes de Toronto, Ottawa ou Montréal, des villes qui sont, à l'inverse, toutes assez proches entre elles. Le premier patelin à côté de chez nous c’est Calgary est c’est à douzes heures de route ! Du coup, on se sent beaucoup plus proches de Portland. Les deux villes se ressemblent, même si je préfère les groupes de Vancouver. Elles entretiennent un esprit très progressiste où tous le monde fait du vélo et bosse dans une librairie au moins un jour par semaine. Kenneth William : Et puis les lieux ouvrent et ferment tous les six mois à Vancouver. Tu te retrouves sans cesse à défricher de nouveaux endroits. Ça maintient la scène dans une dynamique super intense, avec toujours pleins de jeunes groupes à découvrir.

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Vous avez commencé chez Deranged, maintenant vous êtes chez Domino et vous venez de tourner avec Refused. Vous avez un pied dans le mainstream et un autre dans l'underground. Ce n'est pas un peu risqué ?
Mish Barber-Way : Non, au contraire, c’est ça qui est cool justement ! No rules. Et puis signer chez Domino représentait une vraie opportunité, on l’a saisie, tant mieux. Deranged avaient peu de moyens et ne pouvaient pas sortir énormément de disques, Domino c’est l’inverse avec une grosse distribution et une tournée par-dessus. J’ai pas croisé un seul trouduc’ là-bas, que des gens mortels, qui nous soutiennent à fond. En même temps, regarde, je viens de recevoir à l’instant un mail du mec de Deranged qui me parle des dernières sorties du label.

Kenneth William : Et puis Domino a un catalogue avec pas mal d’électro, du coup on a une place un peu atypique chez eux, c’est excitant. Mish Barber-Way : Tu penses quoi de Refused ?

C'est un groupe que j'adore. J’ai passé un peu de temps à Umeå, la ville de Dennis Lyxzén…
Mish Barber-Way : Tu vois ça c’est vraiment un truc dont j’aurais dû plus parler avec eux, la scène suèdoise, les milliers de groupes qu’ils ont là-bas… Au lieu de ça j’ai passé mon temps à chambrer Dennis ! Refused, ils sont mortels, humainement super cools et sur scène c’est juste monstrueux. J’ai jamais été une grande fan de leur musique, mais en live, il se passe vraiment un truc, c’est très, très fort. Il est toujours straight Dennis ?
Mish Barber-Way : Dennis ? Ah non pas du tout ! Mais il boit des trucs de meufs genre du vin blanc, du champagne. Comme nous, je trouve qu’ils sont sur une ligne musicale et une carrière étrange. Un endroit hybride à la croisée de plein de mondes. C’est l’endroit où il faut être selon moi. Un pied dedans, un pied dehors.

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