Weather Report : le compte-rendu de festival dont vous êtes le héros

Encore chancelant, vous arrivez devant la scène Hiver au moment où Blawann et Pariah -les deux hommes derrière Karenn- envoient un beat caverneux, primitif, inhumain, qui enveloppe toute la foule dans une gigantesque bulle de haine. Vous sentez monter en vous une inexpugnable sensation de mal-être. Les longues boucles saturées meurtrissent vos tympans, le venin qui sourd des basses cyclopéennes envoyées sans ménagement par les deux producteurs britanniques vous ronge les entrailles et vous ne voyez plus autour de vous que des tâches blafardes qui dansent dans la nuit. Vous devenez peu à peu aveugle et la terreur qui vous saisit lorsque vous en prenez soudainement conscience est totale, entière, absolue. Vous repensez à ces longues soirées d'été passées à jouer avec les gamins du quartier, d'un bâton, de quelques mottes de terre, de tout, de rien, sans méfiance, sans jugement, sans idées préconçues. Vous vous souvenez du temps où l'on pouvait encore livrer des parties de football endiablées dans la rue, houspillant avec véhémence les automobilistes qui osaient vous interrompre. Vous revoyez les images d'une enfance parfaite, dont les journées se terminaient souvent avec une rouste, une douche forcée pour enlever toute la merde que vous aviez sur la figure, un plat chaud et le sourire d'un mère qui sentait bon le chocolat chaud. Tout ça désormais, c'est fini. Vous n'auriez jamais du venir au Weather Festival. Ce rassemblement techno, unanimement reconnu par ses pairs et porté au pinacle par la scène électronique, sera votre tombeau. Vous transpirez. Vous tremblez. Vous avez froid. Que faites-vous ? « R-I-E-N À BATTRE !! » Vous tenez bon et continuez. - Allez en 1 « J'ai froid. Si froid. » Vous appellez à l'aide. - Allez en 2 « Désolé les gars, mais on va garer la charrette. » Vous filez au bar, à droite de la scène. - Allez en 3