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Tour de France : Bordeaux

D'Alain Juppé à Noir Désir en passant par Partenaire Particulier, Camera Silens, TV Killers, Kap Bambino et ces satanés Gasmask Terrör.

Parce qu'à l'époque où les supermarchés vendent des bananes en sachet individuel, il est important de renouer avec ses valeurs et ses racines, nous avons proposé à des contributeurs Noisey et des invités de nous présenter une playlist exclusivement constituée d'artistes de leur ville d'origine, dans le cadre d'une rubrique intelligemment baptisée « Tour de France ». Après Bayonne, La Rochelle, Reims, Brest, Lyon, Tours, Poitiers et Rouen, voici Bordeaux présenté par notre collaborateur Guillaume Gwardeath. ALAIN JUPPÉ
Avant Alain Juppé, Bordeaux c'était la crasse, la nuit, Pierre Molinier, la soupe pas chère, des canons dans les rades des quartiers populaires, et des jeunes qui marchent à pied. Maintenant c'est le tramway le plus facile à frauder de France, des clusters d'économie digitale, des biennales et festivals culturels au concept plus ou moins imbitable, ainsi que la fête du vin, la fête du fleuve, et autres animations qui font un peu penser au site Party Excuses. Je n'ai trouvé qu'une seule chanson consacrée à Alain Juppé (maire de Bordeaux de 1995 à 2004, puis depuis 2006, et Président de la République de 2017 à 2022 - il va bien falloir vous y faire) : Le meilleur d'entre nous , extrait d'un 45 tours de Face Up To It! paru en 2011 sur le label Stonehenge. À 1:03, sur cet extrait YouTube, on distingue en effet très clairement le chanteur déclamer: « technocrate arrogant et cynique, le meilleur d'entre nous, c'est Chirac en province ». Des paroles, qui, aujourd'hui encore, font débat.

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PARTENAIRE PARTICULIER - « Partenaire Particulier »

Si vous démarrez une conversation sur l'histoire du rock bordelais, des vieux darons imbus d'eux-mêmes vont surgir de derrière les barriques pour vous faire la leçon sur les groupes en ST (il y en eut de très bons comme

Strychnine

, et d'autres qui, même avec le recul, mettent mal à l'aise, comme les

Stilettos

). Règle d'or : si un historien vous prend la tête, filez à l'anglaise et laissez lui payer les consos, car de toute façon le morceau des années 80 que la nation entière a retenu, c'est

«

Partenaire Particulier

» de

Partenaire Particulier (comme il y a

« Motörhead

» de

Motörhead,

« Minor Threat

» de

Minor Threat ou

« Talk Talk

» de

Talk Talk). Un groupe dont, selon la bio officielle, « les premiers concerts eurent lieu entre 1983 et 1984 au cœur des nuits étudiantes bordelaises ».

CAMERA SILENS - « Réalité »

Chercher et trouver une vraie gloire valable et street-crédible du rock bordelais ne devrait pas te prendre trop longtemps, camarade. Camera Silens, dès 1983, ont eu les honneurs du premier volume de la compilation

Chaos En France

. Vibrant hommage, sur la photo ci-dessous, un jeune punk bordelais s'est emmerdé 30 ans après à retrouver la rue où a été prise la photo de la pochette de l'album

Réalité

, sorti en 83. Respect.

ELECTROCHOC - « Chaise Electrique »

De nombreux groupes « bordelais » sont ou ont été en fait originaires de

Pau

, Bayonne, Rochefort,

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Jonzac

et et autres communes sous l'influence attractive de la métropole régionale. Electrochoc se produisaient à Bordeaux mais venaient de Marmande dans le Lot-et-Garonne (là où a lieu tous les ans le festival Garorock). Je suppose que tous les mecs qui jouaient dans des groupes de rock à Bordeaux en attendant de lancer leur carrière dans le commerce ou le journalisme les prenaient pour des bouseux mais le fait est qu'ils leur ont mis la branlée. Écoutez ce « Chaise Electrique » de 1979, bordel. J'ai entendu un soir une discussion de vétérans selon laquelle le groupe aurait été approché par une maison de disque pour devenir le backing band de Bernie Bonvoisin, mais qu'ils auraient refusé de se séparer de leur pote chanteur. Electrochoc, si j'ai bien suivi, aurait donc pu devenir Trust à la place de Trust. Si un retraité d'EMI ou CBS pouvait nous affranchir, ça serait sympa. Sinon, les gaziers jouent maintenant du blues, toujours à la campagne, dans les environs d'Astaffort, où ils tapent de temps en temps le boeuf avec Cabrel. Une vie réussie.

GLU - « Du Savoir Vivre »

« L'alcool n'est plus assez fort / Je pense encore à elle / Je ne peux plus dormir » : c'est torturé, hein ? À Bordeaux, comme dirait l'autre, nous les écorchés vifs, on en a des sévices.

DÈCHE DANS FACE - « Zouzou »

Dans les années 90, Bordeaux a été en première ligne de tout le délire grunge/noise/indie rock. Une mine d'or pour les fanzines. On a même eu un groupe signé sur Sub Pop : Dèche Dans Face (bon, pour un single, hein, mais c'est déjà pas mal). Je suppose que tous les ans ils reçoivent depuis Seattle un chèque de royalties d'un montant de 0,001 $. Leur premier single, « Zouzou », qui raconte les fixettes sexuelles d'un clébard, avait été enregistré au Québec où « dèche dans face » est un gros mot particulièrement vilain.

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TV KILLERS - « Comme C'est Permis »

Quand je parlais de groupes originaires de Rochefort, c'est aux TV Killers que je pensais. Je crois même qu'ils étaient d'un autre bled très agréable à visiter, Tonnay-Charente, à 1h30 de route de la place de la Victoire. En tout cas ça, vous les auriez vexés en les disant originaires de

La Rochelle

: c'étaient des prolos, pas des bourgeois. Total Heaven, leur label, est devenu une boutique de disques bordelaise qui fait figure d'institution. On peut toujours y voir le batteur Babouche tenir la playlist et la caisse enregistreuse.

GASMASK TERRÖR

Bordeaux est une bonne ville pour se faire tailler la barbe et rouler en fixie dix ans après tout le monde, c'est sûr. Mais c'est surtout une bonne ville pour s'habiller en noir, se coudre un patch dans le dos et riveter des clous sur sa veste en jean. Voici Gasmask Terrör en concert au Japon faisant une reprise de Bastard en compagnie du chanteur original du groupe. Combien de carrières de surfers be-bop ont atteint un tel sommet ?

VII - « Rigor Mortis »

Le rappeur VII indique comme adresse « Bordeaux / Tromaville / France ». Sorte de Necro au pays des cannelés, il anime le label

Rap And Revenge

et enchaîne les albums noirs et torturés sur lesquels il ne chante que des histoires de serial killers, rituels macabres et autres déviances de l'esprit humain. Epuré, malsain, incisif et discret. Personne ne sait trop qui est ce gars. Il ne se produit jamais live et mon hypothèse c'est qu'il est à l'HP et n'a pas trop le droit de sortir passé 17h30. À ne pas confondre avec le groupe homophone

Publicité

Seth

, pionniers bordelais du black metal misanthrope et anti-chrétien, dans lequel officiait le vicomte Vampyr Arkames (il devait sans doute s'agir d'un pseudonyme).



Parce qu'à l'époque où les supermarchés vendent des bananes en sachet individuel, il est important de renouer avec ses valeurs et ses racines, nous avons proposé à des contributeurs Noisey et des invités de nous présenter une playlist exclusivement constituée d'artistes de leur ville d'origine, dans le cadre d'une rubrique intelligemment baptisée « Tour de France ». Après Bayonne, La Rochelle, Reims, Brest, Lyon, Tours, Poitiers et Rouen, voici Bordeaux présenté par notre collaborateur Guillaume Gwardeath.




ALAIN JUPPÉ
Avant Alain Juppé, Bordeaux c'était la crasse, la nuit, Pierre Molinier, la soupe pas chère, des canons dans les rades des quartiers populaires, et des jeunes qui marchent à pied. Maintenant c'est le tramway le plus facile à frauder de France, des clusters d'économie digitale, des biennales et festivals culturels au concept plus ou moins imbitable, ainsi que la fête du vin, la fête du fleuve, et autres animations qui font un peu penser au site Party Excuses. Je n'ai trouvé qu'une seule chanson consacrée à Alain Juppé (maire de Bordeaux de 1995 à 2004, puis depuis 2006, et Président de la République de 2017 à 2022 - il va bien falloir vous y faire) : Le meilleur d'entre nous , extrait d'un 45 tours de Face Up To It! paru en 2011 sur le label Stonehenge. À 1:03, sur cet extrait YouTube, on distingue en effet très clairement le chanteur déclamer: « technocrate arrogant et cynique, le meilleur d'entre nous, c'est Chirac en province ». Des paroles, qui, aujourd'hui encore, font débat.



PARTENAIRE PARTICULIER - « Partenaire Particulier »

Si vous démarrez une conversation sur l'histoire du rock bordelais, des vieux darons imbus d'eux-mêmes vont surgir de derrière les barriques pour vous faire la leçon sur les groupes en ST (il y en eut de très bons comme

Strychnine

, et d'autres qui, même avec le recul, mettent mal à l'aise, comme les

Stilettos

). Règle d'or : si un historien vous prend la tête, filez à l'anglaise et laissez lui payer les consos, car de toute façon le morceau des années 80 que la nation entière a retenu, c'est

«

Partenaire Particulier

» de

Partenaire Particulier (comme il y a

« Motörhead » de

Motörhead,

« Minor Threat » de

Minor Threat ou

« Talk Talk » de

Talk Talk). Un groupe dont, selon la bio officielle, « les premiers concerts eurent lieu entre 1983 et 1984 au cœur des nuits étudiantes bordelaises ».





CAMERA SILENS - « Réalité »

Chercher et trouver une vraie gloire valable et street-crédible du rock bordelais ne devrait pas te prendre trop longtemps, camarade. Camera Silens, dès 1983, ont eu les honneurs du premier volume de la compilation

Chaos En France

. Vibrant hommage, sur la photo ci-dessous, un jeune punk bordelais s'est emmerdé 30 ans après à retrouver la rue où a été prise la photo de la pochette de l'album

Réalité

, sorti en 83. Respect.






ELECTROCHOC - « Chaise Electrique »

De nombreux groupes « bordelais » sont ou ont été en fait originaires de

Pau

, Bayonne, Rochefort,

Jonzac

et et autres communes sous l'influence attractive de la métropole régionale. Electrochoc se produisaient à Bordeaux mais venaient de Marmande dans le Lot-et-Garonne (là où a lieu tous les ans le festival Garorock). Je suppose que tous les mecs qui jouaient dans des groupes de rock à Bordeaux en attendant de lancer leur carrière dans le commerce ou le journalisme les prenaient pour des bouseux mais le fait est qu'ils leur ont mis la branlée. Écoutez ce « Chaise Electrique » de 1979, bordel. J'ai entendu un soir une discussion de vétérans selon laquelle le groupe aurait été approché par une maison de disque pour devenir le backing band de Bernie Bonvoisin, mais qu'ils auraient refusé de se séparer de leur pote chanteur. Electrochoc, si j'ai bien suivi, aurait donc pu devenir Trust à la place de Trust. Si un retraité d'EMI ou CBS pouvait nous affranchir, ça serait sympa. Sinon, les gaziers jouent maintenant du blues, toujours à la campagne, dans les environs d'Astaffort, où ils tapent de temps en temps le boeuf avec Cabrel. Une vie réussie.






GLU - « Du Savoir Vivre »

« L'alcool n'est plus assez fort / Je pense encore à elle / Je ne peux plus dormir » : c'est torturé, hein ? À Bordeaux, comme dirait l'autre, nous les écorchés vifs, on en a des sévices.





DÈCHE DANS FACE - « Zouzou »

Dans les années 90, Bordeaux a été en première ligne de tout le délire grunge/noise/indie rock. Une mine d'or pour les fanzines. On a même eu un groupe signé sur Sub Pop : Dèche Dans Face (bon, pour un single, hein, mais c'est déjà pas mal). Je suppose que tous les ans ils reçoivent depuis Seattle un chèque de royalties d'un montant de 0,001 $. Leur premier single, « Zouzou », qui raconte les fixettes sexuelles d'un clébard, avait été enregistré au Québec où « dèche dans face » est un gros mot particulièrement vilain.






TV KILLERS - « Comme C'est Permis »

Quand je parlais de groupes originaires de Rochefort, c'est aux TV Killers que je pensais. Je crois même qu'ils étaient d'un autre bled très agréable à visiter, Tonnay-Charente, à 1h30 de route de la place de la Victoire. En tout cas ça, vous les auriez vexés en les disant originaires de

La Rochelle

: c'étaient des prolos, pas des bourgeois. Total Heaven, leur label, est devenu une boutique de disques bordelaise qui fait figure d'institution. On peut toujours y voir le batteur Babouche tenir la playlist et la caisse enregistreuse.







GASMASK TERRÖR

Bordeaux est une bonne ville pour se faire tailler la barbe et rouler en fixie dix ans après tout le monde, c'est sûr. Mais c'est surtout une bonne ville pour s'habiller en noir, se coudre un patch dans le dos et riveter des clous sur sa veste en jean. Voici Gasmask Terrör en concert au Japon faisant une reprise de Bastard en compagnie du chanteur original du groupe. Combien de carrières de surfers be-bop ont atteint un tel sommet ?





VII - « Rigor Mortis »

Le rappeur VII indique comme adresse « Bordeaux / Tromaville / France ». Sorte de Necro au pays des cannelés, il anime le label

Rap And Revenge

et enchaîne les albums noirs et torturés sur lesquels il ne chante que des histoires de serial killers, rituels macabres et autres déviances de l'esprit humain. Epuré, malsain, incisif et discret. Personne ne sait trop qui est ce gars. Il ne se produit jamais live et mon hypothèse c'est qu'il est à l'HP et n'a pas trop le droit de sortir passé 17h30. À ne pas confondre avec le groupe homophone

Seth

, pionniers bordelais du black metal misanthrope et anti-chrétien, dans lequel officiait le vicomte Vampyr Arkames (il devait sans doute s'agir d'un pseudonyme).







DISABLED - « Tormented Soul »

Un énorme bouquin de 462 pages intitulé « Bordeaux Rock(s) », avec un « s » entre parenthèses pour faire encore plus craignos, a paru chez l'éditeur Le Castor Astral (ouais ouais, le castor). Il s'en est vendu des palettes pour noël 2007. L'index déborde de noms de groupes mais il n'y a pas

Disabled

. Conséquence immédiate : je n'ai pas lu le bouquin. Comment espérer un boulot sérieux de la part de gens qui font l'impasse sur Disabled ? Le frangin du guitariste, et sans doute numero uno du fan club, n'est autre que le célèbre et adulé

Chris « Thorncross » Moyen.



KAP BAMBINO

Si la ville de Bordeaux regorge de groupes à la mode que l'on retrouve à l'affiche des festivals où vous allez l'été promener vos bottes créatives Regina Regis et votre tote bag, c'est que Kap Bambino a quand même bien ouvert la voie. Difficile de faire plus bordelais qu'eux sur cette vidéo : Kap Bambino live + sous-sol de l'Heretic Club (ex-Plug, ex-Zoobizarre) + soirée labellisée Total Heaven + élèves des Beaux-Arts sous MDMA.






NOIR DÉSIR - « Le Fleuve »

Dans une ville où tels de redoutables Shebab règnent les clans puissants des spécialistes de la grande aventure du rock, quelle que soit ta short list de groupes décisifs, tu vas te faire défoncer. Heureusement, Noir Désir est là pour réconcilier tout le monde. Comme dans cette version démo a priori inédite de ma chanson préférée du groupe, « Le Fleuve », avec sac poubelle et bonnet de père noël dans le décor.




La photo d'Alain Juppé est signée Christian Vioujard (1985).

Guillaume Gwardeath aime se perdre de l'autre côté du fleuve jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer. Il est aussi sur Twitter - @gwardeath

DISABLED - « Tormented Soul »

Un énorme bouquin de 462 pages intitulé « Bordeaux Rock(s) », avec un « s » entre parenthèses pour faire encore plus craignos, a paru chez l'éditeur Le Castor Astral (ouais ouais, le castor). Il s'en est vendu des palettes pour noël 2007. L'index déborde de noms de groupes mais il n'y a pas

Disabled

. Conséquence immédiate : je n'ai pas lu le bouquin. Comment espérer un boulot sérieux de la part de gens qui font l'impasse sur Disabled ? Le frangin du guitariste, et sans doute numero uno du fan club, n'est autre que le célèbre et adulé

Chris

« Thorncross » Moyen.

KAP BAMBINO

Si la ville de Bordeaux regorge de groupes à la mode que l'on retrouve à l'affiche des festivals où vous allez l'été promener vos bottes créatives Regina Regis et votre tote bag, c'est que Kap Bambino a quand même bien ouvert la voie. Difficile de faire plus bordelais qu'eux sur cette vidéo : Kap Bambino live + sous-sol de l'Heretic Club (ex-Plug, ex-Zoobizarre) + soirée labellisée Total Heaven + élèves des Beaux-Arts sous MDMA.



Parce qu'à l'époque où les supermarchés vendent des bananes en sachet individuel, il est important de renouer avec ses valeurs et ses racines, nous avons proposé à des contributeurs Noisey et des invités de nous présenter une playlist exclusivement constituée d'artistes de leur ville d'origine, dans le cadre d'une rubrique intelligemment baptisée « Tour de France ». Après Bayonne, La Rochelle, Reims, Brest, Lyon, Tours, Poitiers et Rouen, voici Bordeaux présenté par notre collaborateur Guillaume Gwardeath.




ALAIN JUPPÉ
Avant Alain Juppé, Bordeaux c'était la crasse, la nuit, Pierre Molinier, la soupe pas chère, des canons dans les rades des quartiers populaires, et des jeunes qui marchent à pied. Maintenant c'est le tramway le plus facile à frauder de France, des clusters d'économie digitale, des biennales et festivals culturels au concept plus ou moins imbitable, ainsi que la fête du vin, la fête du fleuve, et autres animations qui font un peu penser au site Party Excuses. Je n'ai trouvé qu'une seule chanson consacrée à Alain Juppé (maire de Bordeaux de 1995 à 2004, puis depuis 2006, et Président de la République de 2017 à 2022 - il va bien falloir vous y faire) : Le meilleur d'entre nous , extrait d'un 45 tours de Face Up To It! paru en 2011 sur le label Stonehenge. À 1:03, sur cet extrait YouTube, on distingue en effet très clairement le chanteur déclamer: « technocrate arrogant et cynique, le meilleur d'entre nous, c'est Chirac en province ». Des paroles, qui, aujourd'hui encore, font débat.



PARTENAIRE PARTICULIER - « Partenaire Particulier »

Si vous démarrez une conversation sur l'histoire du rock bordelais, des vieux darons imbus d'eux-mêmes vont surgir de derrière les barriques pour vous faire la leçon sur les groupes en ST (il y en eut de très bons comme

Strychnine

, et d'autres qui, même avec le recul, mettent mal à l'aise, comme les

Stilettos

). Règle d'or : si un historien vous prend la tête, filez à l'anglaise et laissez lui payer les consos, car de toute façon le morceau des années 80 que la nation entière a retenu, c'est

«

Partenaire Particulier

» de

Partenaire Particulier (comme il y a

« Motörhead » de

Motörhead,

« Minor Threat » de

Minor Threat ou

« Talk Talk » de

Talk Talk). Un groupe dont, selon la bio officielle, « les premiers concerts eurent lieu entre 1983 et 1984 au cœur des nuits étudiantes bordelaises ».





CAMERA SILENS - « Réalité »

Chercher et trouver une vraie gloire valable et street-crédible du rock bordelais ne devrait pas te prendre trop longtemps, camarade. Camera Silens, dès 1983, ont eu les honneurs du premier volume de la compilation

Chaos En France

. Vibrant hommage, sur la photo ci-dessous, un jeune punk bordelais s'est emmerdé 30 ans après à retrouver la rue où a été prise la photo de la pochette de l'album

Réalité

, sorti en 83. Respect.






ELECTROCHOC - « Chaise Electrique »

De nombreux groupes « bordelais » sont ou ont été en fait originaires de

Pau

, Bayonne, Rochefort,

Jonzac

et et autres communes sous l'influence attractive de la métropole régionale. Electrochoc se produisaient à Bordeaux mais venaient de Marmande dans le Lot-et-Garonne (là où a lieu tous les ans le festival Garorock). Je suppose que tous les mecs qui jouaient dans des groupes de rock à Bordeaux en attendant de lancer leur carrière dans le commerce ou le journalisme les prenaient pour des bouseux mais le fait est qu'ils leur ont mis la branlée. Écoutez ce « Chaise Electrique » de 1979, bordel. J'ai entendu un soir une discussion de vétérans selon laquelle le groupe aurait été approché par une maison de disque pour devenir le backing band de Bernie Bonvoisin, mais qu'ils auraient refusé de se séparer de leur pote chanteur. Electrochoc, si j'ai bien suivi, aurait donc pu devenir Trust à la place de Trust. Si un retraité d'EMI ou CBS pouvait nous affranchir, ça serait sympa. Sinon, les gaziers jouent maintenant du blues, toujours à la campagne, dans les environs d'Astaffort, où ils tapent de temps en temps le boeuf avec Cabrel. Une vie réussie.






GLU - « Du Savoir Vivre »

« L'alcool n'est plus assez fort / Je pense encore à elle / Je ne peux plus dormir » : c'est torturé, hein ? À Bordeaux, comme dirait l'autre, nous les écorchés vifs, on en a des sévices.





DÈCHE DANS FACE - « Zouzou »

Dans les années 90, Bordeaux a été en première ligne de tout le délire grunge/noise/indie rock. Une mine d'or pour les fanzines. On a même eu un groupe signé sur Sub Pop : Dèche Dans Face (bon, pour un single, hein, mais c'est déjà pas mal). Je suppose que tous les ans ils reçoivent depuis Seattle un chèque de royalties d'un montant de 0,001 $. Leur premier single, « Zouzou », qui raconte les fixettes sexuelles d'un clébard, avait été enregistré au Québec où « dèche dans face » est un gros mot particulièrement vilain.






TV KILLERS - « Comme C'est Permis »

Quand je parlais de groupes originaires de Rochefort, c'est aux TV Killers que je pensais. Je crois même qu'ils étaient d'un autre bled très agréable à visiter, Tonnay-Charente, à 1h30 de route de la place de la Victoire. En tout cas ça, vous les auriez vexés en les disant originaires de

La Rochelle

: c'étaient des prolos, pas des bourgeois. Total Heaven, leur label, est devenu une boutique de disques bordelaise qui fait figure d'institution. On peut toujours y voir le batteur Babouche tenir la playlist et la caisse enregistreuse.







GASMASK TERRÖR

Bordeaux est une bonne ville pour se faire tailler la barbe et rouler en fixie dix ans après tout le monde, c'est sûr. Mais c'est surtout une bonne ville pour s'habiller en noir, se coudre un patch dans le dos et riveter des clous sur sa veste en jean. Voici Gasmask Terrör en concert au Japon faisant une reprise de Bastard en compagnie du chanteur original du groupe. Combien de carrières de surfers be-bop ont atteint un tel sommet ?





VII - « Rigor Mortis »

Le rappeur VII indique comme adresse « Bordeaux / Tromaville / France ». Sorte de Necro au pays des cannelés, il anime le label

Rap And Revenge

et enchaîne les albums noirs et torturés sur lesquels il ne chante que des histoires de serial killers, rituels macabres et autres déviances de l'esprit humain. Epuré, malsain, incisif et discret. Personne ne sait trop qui est ce gars. Il ne se produit jamais live et mon hypothèse c'est qu'il est à l'HP et n'a pas trop le droit de sortir passé 17h30. À ne pas confondre avec le groupe homophone

Seth

, pionniers bordelais du black metal misanthrope et anti-chrétien, dans lequel officiait le vicomte Vampyr Arkames (il devait sans doute s'agir d'un pseudonyme).







DISABLED - « Tormented Soul »

Un énorme bouquin de 462 pages intitulé « Bordeaux Rock(s) », avec un « s » entre parenthèses pour faire encore plus craignos, a paru chez l'éditeur Le Castor Astral (ouais ouais, le castor). Il s'en est vendu des palettes pour noël 2007. L'index déborde de noms de groupes mais il n'y a pas

Disabled

. Conséquence immédiate : je n'ai pas lu le bouquin. Comment espérer un boulot sérieux de la part de gens qui font l'impasse sur Disabled ? Le frangin du guitariste, et sans doute numero uno du fan club, n'est autre que le célèbre et adulé

Chris « Thorncross » Moyen.



KAP BAMBINO

Si la ville de Bordeaux regorge de groupes à la mode que l'on retrouve à l'affiche des festivals où vous allez l'été promener vos bottes créatives Regina Regis et votre tote bag, c'est que Kap Bambino a quand même bien ouvert la voie. Difficile de faire plus bordelais qu'eux sur cette vidéo : Kap Bambino live + sous-sol de l'Heretic Club (ex-Plug, ex-Zoobizarre) + soirée labellisée Total Heaven + élèves des Beaux-Arts sous MDMA.






NOIR DÉSIR - « Le Fleuve »

Dans une ville où tels de redoutables Shebab règnent les clans puissants des spécialistes de la grande aventure du rock, quelle que soit ta short list de groupes décisifs, tu vas te faire défoncer. Heureusement, Noir Désir est là pour réconcilier tout le monde. Comme dans cette version démo a priori inédite de ma chanson préférée du groupe, « Le Fleuve », avec sac poubelle et bonnet de père noël dans le décor.




La photo d'Alain Juppé est signée Christian Vioujard (1985).

Guillaume Gwardeath aime se perdre de l'autre côté du fleuve jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer. Il est aussi sur Twitter - @gwardeath

NOIR DÉSIR - « Le Fleuve »

Dans une ville où tels de redoutables Shebab règnent les clans puissants des spécialistes de la grande aventure du rock, quelle que soit ta short list de groupes décisifs, tu vas te faire défoncer. Heureusement, Noir Désir est là pour réconcilier tout le monde. Comme dans cette version démo a priori inédite de ma chanson préférée du groupe, « Le Fleuve », avec sac poubelle et bonnet de père noël dans le décor.

La photo d'Alain Juppé est signée

Christian Vioujard (1985).

Guillaume Gwardeath aime se perdre de l'autre côté du fleuve jusqu'à ce qu'il ne puisse plus respirer. Il est aussi sur Twitter - @gwardeath