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Vous entendez ça, bande de gros lards ? Les Meatmen sont de retour !

Le leader du pire meilleur groupe de tous les temps nous raconte comment il a fondé Touch And Go, eu envie de tuer Glenn Danzig et chié dans son pieu au premier rendez-vous avec sa femme.

Photo - Keith Marlowe

Avant Internet, il était vital pour chaque ville d'avoir son fanzine. C'est comme ça que des trucs comme Creem, Slash, Punk ou Search and Destroy sont nés. À la fin des années 70, Robert Vermeulen, alias Tesco Vee, alias Le Hercule Hollandais, leader et grande gueule des Meatmen, s'est acoquiné avec Dave Stimson. Ensemble, ils ont fondé Touch & Go un fanzine / label qui a fait connaître la scène du Midwest à une échelle nationale. Ils ont très vite commencé à sortir des disques de groupes comme The Fix, Negative Approach, The Necros, et fatalement, The Meatmen. En 83, Tesco a refilé le contrôle de Touch & Go à Corey Rusk, après avoir posé les fondations d'un label qui allait sortir certains des meilleurs groupes des années 80 et 90, comme les Butthole Surfers, Jesus Lizard, Big Black ou les Didjits, et quelques artistes qu'on allait retrouver dans les charts US, parmi lesquels TV On The Radio, !!!, ou les Yeah Yeah Yeahs.

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Les Meatmen sont devenus célèbres grâce à leurs chansons dégueulasses aux titres tels que « Tooling For Anus » , « Orgy Of One » ou « Mr. Tapeworm » . Leurs performances scéniques étaient un mélange de costumes débiles, de blagues pourries, d'accessoires d'un goût douteux et d'une forte propension à faire chier le public. Ils ont aussi toujours refusé de s'en tenir à un seul style de musique : leurs albums vont du punk au hardcore en passant par le rock et le metal - ce qui leur a permis de jouer aussi bien avec les Misfits et les Dead Kennedys qu'avec Redd Kross ou Gwar. Croyez-le ou non, même Ian MacKaye et Brian Baker de Minor Threat ont joué dans les Meatmen. Apparemment, Baker s'est barré du groupe parce qu'il en avait marre de porter des tutus et des robes de soirée sur scène. Tesco, lui, a débranché le groupe en 1996.

Mais aujourd'hui, il est bien décidé à revenir avec Savage Sagas, premier album du groupe en 20 ans. J'ai pris mon courage à deux mains pour lui poser des questions sur la reformation des Meatmen, sur l'histoire du magazine Touch & Go, et sur les débuts du hardcore.

Noisey : D'où viennent les Meatmen et Touch & Go ?
Tesco Vee : Les gens démarrent des groupe ou des labels pour des tas de raisons différentes. Moi, c'était pour l'amour de la musique. Tout ce délire DIY, ça m'a fait réaliser que moi aussi je pouvais sauter sur scène pour chanter des slows sur le caca et casser les couilles aux gens. J'ai l'impression qu'avec l'industrie du disque qui s'écroule, ce genre d'attitude revient. Je vois beaucoup de groupes qui jouent des trucs qui viennent du coeur. J'ai fondé un label pour aider mes potes des Necros et de The Fix à se faire connaître auprès du public. Enfin, auprès des rares péquenots qui voulaient bien écouter ça, je veux dire - on ne pressait que 100 ou 200 copies de chaque disque.

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Parle-moi un peu de l'histoire de Touch & Go.
Ça a commencé en 1979 et ça s'est fini en 1983. Il était temps que ça se termine. J'ai fait les cinq derniers numéros en solo après avoir bougé à D.C . Je suis fier du boulot que Dave et moi avons fait. On voulait déplacer des montagnes, hurler notre amour de la musique sur tous les toits, invoquer la muse littéraire ! Ou bien on se faisait juste méga-chier, comme dirait Dave.

Tu regrettes d'avoir refilé Touch & Go à Corey Rusk ? Il a sorti beaucoup de groupes que tu aimes?
Non, je ne regrette pas vraiment. Par contre, ça m'a fait mal au cul de voir que pour le vingt-cinquième anniversaire du zine à Chicago, il n'était mentionné nulle part que c'était moi qui avait créé le label. Enfin bon. Il y avait quand même des groupes terribles sur ce label : les Didjits, Jesus Lizard, Man Or Astroman, tous les vieux trucs.

Qu'est-ce qui t'a motivé à ressortir la collec' entière après toutes ces années?
C'est à cause de Steve Miller, le chanteur de The Fix - et le mec qui a écrit Detroit Rock City. Ça nous a pris 5 ans avant de trouver la maison d'édition Bazillion Points. C'était l'enfer. Tout le monde voulait qu'on en vire une bonne partie, qu'on le tronque. Ian Christie nous a dit « Qu'ils tronquent mon cul, ces connards ! » et nous a laissé mettre autant de choses qu'on voulait dans le livre. Ian est un putain de saint, si j'ose dire. Et un scribe du metal - il écrit super bien. En tout cas, ça se vend bien, et la réaction du public est méga-bonne. On a reçu des lettres d'amour destinées à Ian MacKaye, des flyers, des dessins, tout un tas de conneries. C'est cool de voir 4 ans de ma vie compilés dans un livre aussi massif qu'un missile sol-air.

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Tu étais prof quand tu as commencé Touch & Go, c'est ça ?
Ouaip. J'ai enseigné en primaire et au collège pendant quelques années. Je me levais à 3 heures du mat' pour faire des photocopies pour le zine. J'avais zéro budget, mais il fallait que le mag sorte. C'était le bon vieux temps. J'étais à la rue mais je me suis démerdé pour acheter des disques et commencer Touch & Go.

Tes étudiants venaient te voir jouer avec les Meatmen ?
Ouais, parfois. Plutôt sympa de leur part.

Tes parents savent que tu es Tesco Vee ? Ils ont déjà entendu parler des Meatmen?
À l'heure qu'il est, ma chère maman est allongée, les nichons vers le haut, dans une boîte six pieds sous terre, et elle est trop occupée à bouffer les pissenlits par la racine pour en avoir quoi que ce soit à foutre de ce que je fais. Elle savait que j'étais dans un groupe. Mais elle avait aucune idée du niveau de dépravation du groupe en question. Elle savait pas non plus à quel point je m'étais rebellé contre l'éducation religieuse qu'elle m'avait fait subir. Papa, lui, a 92 ans. Je crois que c'est un chouïa trop tard pour essayer de lui expliquer quoi que ce soit.

La première fois que les Meatmen ont joué ensemble, ça ressemblait à quoi ?
Vers 1979, moi et des potes de lycée, on s'est réunis pour se pinter la tronche et composer nos premiers tubes. Et tout ça dans un grenier miteux du East Lansing.

Les premiers concerts étaient comment?
Rudes. Mais marrants. On étaient bons ! Le tout premier show, c'était à la Coronation Tavern à Windsor, Ontario. La serveuse a foutu des coups de poêle à frire au patron ! J'ai failli me faire poignarder, aussi. J'aurais peut-être dû voir ça comme le signe qu'il fallait que j'arrête tout direct, mais bon. Tant pis.

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Ça se passe comment, cette reformation ?
Super bien. Savage Sagas est notre premier album depuis 20 ans, et les gens ont l'air de bien l'aimer. Je savais que j'avais les couilles nécessaires pour écrire des nouveaux morceaux - histoire de pas endormir le public avec toujours les mêmes vieux trucs pendant les concerts. Je suis pas peu fier de cet album. On a joué avec Gwar pour leur Gwar-B-Que. On a joué avec Antiseen au Texas. On a fait le tour de la Côte Ouest et ça butait sérieusement. J'essaye de me satisfaire de ce que m'offre le marché. Je suis content que ça me permette d'agresser tout le monde à 100 décibels tous les soirs. En plus, j'ai le meilleur back-up band que j'ai jamais eu. Je déconne pas ! Vous entendez, bande de gros lards ? Le MEILLEUR !

Pourquoi as-tu décidé de te remettre à jouer après toutes ces années ?
Mon fils m'a poussé à le faire. J'avais fait un concert de 30 minutes avec Negative Approach, et je me suis dit : « Mec, je suis toujours en forme. Et je me marre plus que jamais ! » . Et mon fils a pu tourner avec nous et me manager pendant un an ou deux. Après ça, comme tout le monde, il a fini par trouver un vrai travail.

Tu sais combien de mecs sont passés dans les Meatmen en tout ?
J'ai arrêté de compter depuis un moment. Une tonne.

T'as demandé aux mecs de Chapstik de jouer avec toi, c'est ça ?
Je les ai vus sur le net et je les ai trouvés déments. Je voulais leur demander de jouer avec moi en 2008 mais ça s'est pas fait. Si je devais choisir entre eux et n'importe quel autre line-up des Meatmen, je choisirais eux. Tu peux me croire.

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Tu le vois comment, le futur des Meatmen?
En ce moment, je profite. Le futur, c'est ça : on va collaborer avec des groupes énormes l'an prochain pour un genre d'assaut en équipe, un truc punk et metal en même temps. Je veux durer autant que possible. En tout cas, tant que je tiens debout. Pas comme Greg Ginn, quoi. Je sais pas ce qu'il a branlé, il a voulu rester une légende du punk mais il s'est carrément chié dessus. Le secret, c'est qu'il faut vraiment se donner à fond tous les soirs. Je suis toujours méga vénère et j'ai toujours autant les dents qui rayent le parquet. C'est pour ça qu'on s'est bien entendus avec Self Destructo Records : un label qui part de zéro avec un groupe qui repart à zéro. L'union parfaite.

Photo de Keith Marlowe

Tu étais présent à la prestation légendaire de FEAR au Saturday Night Live. C'était comment?
Putain, c'était mortel - et super embarrassant à la fois. Tout le monde s'est jeté sur le groupe dès la première note, pour faire tomber leurs micros et péter leurs cordes de guitare. Je suis pas resté dans le pit très longtemps. Je suis monté à l'étage pour regarder tout ce merdier depuis la Green Room. Le public, c'est la crème du punk de l'époque. Le dernier morceau avait à peine commencé que les producteurs ont coupé le seul micro restant pour enchaîner sur les pubs, tellement c'était le foutoir. Heureusement, John Brannon avait eu le temps de le choper pour hurler « Negative Approach va tous vous niquer ! » Et tout ça sur une chaîne nationale. Putain de cool.

T'étais pote avec Glenn Danzig avant qu'il démarre Samhain. Ça t'a fait plaisir de voir la vidéo où il est mis K.O après une seule mandale ?
OUI. On était potes, mais en 85 il a snobbé tous ses amis de longue date pour s'engager sur le chemin de la gloire. Un jour, j'ai enterré la hache de guerre avec tous ceux avec qui je m'étais brouillé. Sauf avec ce gros tas de merde, bien entendu. Je pige pas pourquoi les gens continuent à le laisser faire ses conneries. Je suis content qu'il ait paumé le procès, cela dit. Hé Glenn ! Va mourir !

Tu es marié depuis plus de 30 ans. T'as vraiment chié dans le lit lors du premier rendez-vous avec ta femme ?
Oui monsieur. Mon slip Kangourou a subi une coulée de boue sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Et elle m'a quand même épousé ! Ça c'est une vraie femme ! Ce week-end au chalet, j'ai largué une caisse de tous les diables, un truc qui sentait comme un mélange de sauce barbecue et de fruits fermentés. Elle s'est jetée hors du lit à la vitesse du son. J'ai crié « Reviens, mécréante ! C'est le parfum du Saint-Esprit ! »