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Music

Que va faire Kaaris pour conserver le trône du rap français en 2015 ?

Monter un groupe ? Se lancer en politique ? Porter un chapeau ? S'allier avec Jacques Attali ?
Genono
par Genono

Après avoir accaparé les ondes radios, les plateaux de télévision et la sphère internet suite à l'éclatant succès d'Or Noir, le phénomène Kaaris semble s’estomper. Kaaris n'est pas moins bon, il a simplement perdu de l'effet de surprise qui a créé tout cet intérêt autour de son personnage et de ses punchlines. Pour preuve, une vidéo amateur de deux minutes où il menace Booba de venir boire son sang - aussi inventive soit cette pratique -, a créé bien plus d'engouement que ses quatre derniers titres.

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Voici donc quelques propositions pour aider Kaaris à reprendre la place du Roi.

Se lancer dans le rap conscient

Kaaris l'a bien compris : la trap, c'est très bien, mais ça tourne vite en rond. Dans les bureaux de Def Jam France, Akhenaton profite d'une pause entre collègues devant la machine à café pour faire partager son expérience. En moins de quinze minutes, Talsadoum est convaincu : non seulement Akh est meilleur connaisseur de Star Wars que Booba, mais surtout, l'avenir est au rap conscient. Désireux de révolutionner le genre, Kaaris se lance donc dans le projet de concilier vocabulaire obscène et réflexions sociales. Son premier titre « Esclave 3000 », hommage non dissimulé à Assassin, est un succès. Dans les cours de récréation, les collégiens reprennent tous le refrain « Historique : 1769, abolition de l'esclavage en Pennsylvanie / C'est dit, c'est écrit / Pourtant Iqbal Massih ne l'a pas vécu ainsi / On a assez travaillé pendant l'esclavage, salope / Et tu twerk, et tu twerk, et tu twerk, salope ».

Devenir poète urbain à chapeau et remporter une Victoire de la musique

Fatigué de cette image de gangsta-rappeur de 35 ans, Kaaris veut devenir un citoyen-modèle, ne plus faire peur aux maquilleuses de Thierry Ardisson, et surtout, prendre l'oseille des bobos parisiens qui voient Sevran comme un zoo à ciel ouvert. Un chapeau, une collaboration avec un groupe jazzy, et le tour est joué : Kaaris, devenu le Black Brassens, joue désormais ses titres en version acoustique et mime ses difficultés à contenir l'émotion provoquée par les applaudissements nourris d'une foule engagée contre le gluten. Le succès de sa trilogie « Qui suis-je », « Je suis Charlie », « Suis-je le gardien de Charlie » lui vaut une invitation sur le canapé rouge de Michel Drucker, aux cotés de Bernadette Chirac et Céline Dion. La consécration.

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Se pacser avec Booba

Les photos publiées par Closer ne laissent aucun doute : Kaaris, casque vissé sur la tête, sort de chez Booba par la porte de derrière et file en scooter. Devant le fait accompli, les deux colosses n'ont d'autre choix que de publier un communiqué sobre et laconique sur Instagram. La bombe est lancée : Booba et Kaaris sont en couple depuis 2011, et cette sombre histoire de clashs n'était qu'une brouille d'amants. Jouissant d'un buzz inoui, et du soutien de nombreux politiciens, acteurs et chanteurs, les deux rappeurs battent tous les records avec leur album « Amour + Haine ». L'histoire prendra fin quand Kaaris découvrira la suite des fameuses vidéos de surveillance du parking à Miami, et cette ce triste passage où Elie panse ses plaies sur les genoux de Laouni.

Se lancer en politique

Guidé par son proxénète Jacques Attali, Kaaris comprend que la musique ne sera jamais suffisante pour amener ses auditeurs musulmans à adorer le diable. Il se lance donc dans la course aux 500 signatures, épaulé par son directeur de campagne, Alkpote, qui lance le slogan à succès « sucez-moi avant la présidentielle« ». Entre les guerres internes de l'UMP et le PS plombé par le mandat de François Hollande, Kaaris se retrouve sans trop de difficultés au second tour face à Marine Le Pen. Dans un débat-clash devenu mythique, il reprend et adapte à sa sauce le « Marine » de Diams : « Marine, tu sais ce soir ça va mal / J'ai trop de choses dans les couilles, donc il faudrait que ça parte. » On ne préfère pas imaginer le résultat du scrutin (que plus perosnne n'aura droit de faire rimer avec scortum).

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Monter un groupe pluridisciplinaire

La Fouine a ouvert la voie : un rappeur peut parler d'armes à feu et de sa bite la moitié du temps, et chantonner dans un groupe de variété urbaine avec une mineure et deux assistés l'autre moitié. Pour la cohérence, on repassera, mais le concept donne des idées à Def Jam France, qui décide de l'appliquer à Kaaris. Benjamin Chulvanij récupère Zaz pour la touche féminine, ainsi que Maska et L'Algerino dans le rôle des boulets. L'album de la Team ZKMA, tant attendu par les annonceurs, devient pourtant une véritable arlésienne : Kaaris n'arrivant pas à soigner son syndrome Gilles de la Tourette, il est incapable d'enregistrer un seul couplet sans y glisser une insanité. Les plus grands spécialistes mondiaux sont convoqués à Paris pour traiter le mal dont souffre K2A. En quelques semaines, le problème est réglé. Peut-être même un peu trop bien : Kaaris, libéré du poids de sa trivialité, part en roue libre et se lâche complètement : jury de Popstars, puis chroniqueur chez Hanouna, il finit même par enregistrer un duo avec Patrick Bruel. Vieillir, ce naufrage.

Devenir religieux

Fatigué de faire du son tellement sale qu'après l'avoir écouté, il faut refaire ses ablutions, Kaaris tente de ramener la jeunesse sur le chemin des mosquées. Terminé le Ciroc et les invocations satanistes, Kaaris rappe désormais sous le pseudonyme de Black Médine. Comme un affront ultime à Booba, il invite Ali en featuring, et finit même par monter un groupe avec lui, sobrement intitulé WOPSML pour « Wesh, oh putain sa mère, Lunatic ». Mauvais Oeil du Mur devient rapidement un véritable classique de l'indépendance. Le titre « J'peux pas vous en dire plus mais inch'allah le coeur y est », avec la voix autotunée de l'imam Chalghoumi au refrain, devient instantanément tube de l'été. Perdu par le succès, Black Médine, devenu slammeur, se sectarise, tente d'attirer Hatem Ben Arfa dans ses filets, épouse une chanteuse de RnB, et finit par réaliser son propre biopic. Vieillir, ce naufrage en très haute mer.

Jouer à fond le jeu de Mathias Cardet

Mathias l'a dit : Kaaris tapine pour Jacques Attali, dans son objectif inavoué de créer en France une bourgeoisie musulmane, plus docile et manipulable car guidée par le matérialisme et non la spiritualité. Bon, ok. Kaaris, qui prend plutôt mal ces accusations dans un premier temps, finit par s'en amuser, et par entrer dans le jeu. Cornes sur la tête, fourche dans les mains, il apparait déguisé en Satan dans le clip de « Rap Game Lucifer », premier extrait de son album Muslim Bourgeoisie en featuring avec Orties. Dans la foulée, Jacques Attali, porté par un électorat musulman entièrement acquis à sa cause, accède à l’Élysée. Lors de sa première allocution télévisée, il retire son masque humain, dévoile son visage de reptilien, et annonce son véritable programme : préparer l'arrivée sur terre de l'Antéchrist. Matias vous avait prévenu …

Genono a encore plus d'imagination sur Twitter - @genono