Tommy Stupid (batterie/chant) : Tout a commencé dans les pages du magazine Punk Lives. Wolfie Retard, notre futur bassiste, avait passé une petite annonce dans laquelle il disait chercher des fans de punk américain genre Ramones et Dead Kennedys à Ipswich, ma ville. En la lisant, j’ai eu l’impression d'halluciner : je n’étais pas le seul mec de ma ville branché par le punk US ! En 1983, c’était assez rare. Je lui ai écrit et on a commencé une correspondance alors qu’on habitait dans la même ville. On a fini par monter un groupe avec un pote à lui qui faisait office de chanteur et un ami à moi à la batterie. Marty nous a rejoints assez vite.
Marty Tuff (guitare) : On jammait dans la cave des parents de Tommy. Au début, on ne jouait pas du punk, plutôt du heavy metal et des trucs d’Hendrix.
Tommy : Au début, j’étais le seul guitariste mais je voulais qu’on soit deux, j’ai toujours été impressionné par les groupes avec deux guitaristes. J’ai donc demandé à Marty de nous rejoindre. Puis on a viré le batteur et j’ai dû le remplacer. On était très jeunes, on n’avait pas encore quinze ans.
Marty : On était assez disciplinés, on répétait au moins une fois par semaine. Vous enregistrez très vite votre premier EP.
Tommy : On a enregistré une démo avec un des guitaristes des Adicts comme producteur. Comme nous, les Adicts viennent d’Ipswich. En une journée, on a fait douze morceaux. Le mec trouvait qu’on jouait trop vite, il nous critiquait tout le temps. Finalement, il s’est cassé et on a fini la démo tout seuls le lendemain. Ensuite, on a rencontré les gens du label Children Of The Revolution et on a sorti notre premier EP, The Violent Nun avec des titres de notre première démo. On avait rien à voir avec les autres groupes punks de l’époque qui avaient généralement des textes très politiques, pour l’anarchie, contre la vivisection, ce genre de choses… C’est pas très courant un batteur/chanteur dans un groupe hardcore…
Tommy : À l’origine, c’est Wolfie qui se chargeait du chant. Mais au moment d’entrer en studio, il était très mal. Donc j'ai dû m’en charger. On se disait que c’était temporaire et qu’il fallait qu’on recrute un chanteur. On se le dit toujours (rires). Contrairement à vous, les autres groupes punks de l’époque ne brillaient pas par leur joie de vivre.
Marty : Alors que, nous, on parlait des filles, du skate et des elephant men !
Tommy : Le fait qu’on ait été différents a joué en notre faveur : notre démo a été bien accueillie partout. Très vite, on a eu l’opportunité de jouer en dehors d’Ipswich. On a pas eu beaucoup à batailler pour faire ce qui nous plaisait, c’était cool !
Tommy : C'est plus tard que je me suis reconnu dans les messages anarcho-politiques des groupes punks de l'époque. Mais au début des Stupids, j’avais quatorze ans et je vivais la vie d’un gamin de banlieue de la classe moyenne, ce dont parlait le hardcore américain.
Marty : Tom est né en Amérique, il en est parti tout petit…
Tommy : L’Amérique m’obsédait ! Tu t’identifiais aux punks américains dépeints par Penelope Spheeris dans son film Suburbia ?
Tommy : Oui et non. Je ne me sentais pas concerné par leurs histoires de drogue. Mes problèmes, c’était plutôt l’école, faire mes devoirs, ce genre de choses, ha ! ha ! C’était ça, ma vie ! Et vous avez eu une période straight edge aussi non ?
Tommy : À quinze ans, on est assez impressionnable, on suit les modes. Je m'étais pris une sévère biture et je me suis ensuite mis un « X » sur la main. Au bout d’un an et demi, j’ai arrêté. Je pense qu’être straight edge est hors de propos. Libre à toi de ne pas vouloir boire, pas la peine de le claironner partout ! Votre passion pour le skate vient du punk où vous skatiez avant de vous intéresser au hardcore ?
Tommy : J’ai commence à skater en 1977. Mon père m’avait rapporté une planche des États-Unis. Je trouvais cet autre aspect du punk américain vraiment bizarre et intéressant. En plus, ils avaient ces très grosses planches…
Marty : Alors que les skates anglais étaient horribles et impossibles à skater, les planches américaines étaient larges et stables. Vous lisiez Thrasher ?
Tommy : C’était pas toujours évident de se le procurer en 1984, mais j’ai correspondu très tôt avec des Américains. J’avais mis mon adresse sur l’EP et des gens m’écrivaient de partout. Les Américains me demandaient des fanzines anglais, je leur échangeais contre des Thrasher.
Marty : Et des Twinkies, ha ! ha ! Quel type de public aviez-vous au milieu des 80's ?
Tommy : Un public punk classique, on a donné notre premier concert avec Chaos UK et Onslaught. C’était l’époque où tout le monde était influencé par le thrash et le hardcore et se mettait à jouer de plus en plus vite. C’était un phénomène international. En ’83, les gens étaient un peu snobs et méprisaient le punk qui n’était pas anglais. La communauté hardcore a vraiment transformé tout ça et le punk est devenu une scène internationale.
Marty : Le magazine Maximum Rock’n’Roll a eu un rôle essentiel en cimentant tout.
Tommy : C’était la Bible punk. Quand on repense au volume limité d’informations qu’on avait à l’époque et le boulot qu’il fallait faire pour être informé : les gens s’écrivaient des lettres, s’échangeaient des cassettes. Maintenant, tout est instantané !
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