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Music

De Paris à New York, les mecs de Sismographe font ce qu'ils ont à faire

Rap, beats, vidéos, ateliers, le collectif nous a parlé de son boulot avec Sadat X et Bankai Fam, du concept de « cypher » et de sa compile 100% rap français qui sort bientôt.

Originaire de Paris, le collectif Sismographe est une bande de potes de longue date réunis par l’amour de Mobb Deep et de la Boot Camp Click. Né il y a une dizaine d’années de la rencontre entre le rappeur solo L'Undercover et le groupe « 1 stylo pour 2 » réunissant Toner et Kuscra, le collectif a récupéré dans ses rangs Strato, ancien DJ tourné depuis vers le beatmaking, et Konspi, qui a lui aussi rejoint l’équipe après plusieurs expériences solo et en groupe. Depuis ses débuts, la bande bosse comme jamais et après avoir mis un pied aux USA pour travailler avec quelques grands noms du rap underground new-yorkais, les cinq compères sont sur le point de finaliser leur compilation 100% rap français SISMOGRAM, après 2 ans de taf. Ils nous ont parlé de leur passage à New-York, du concept de cypher et de leurs ateliers pour les jeunes.

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Noisey : Vous vous êtes rendus plusieurs fois à New-York et avez connecté avec des rappeurs de renom. Qu'est ce qu'ils vous ont appris ? Vous avez constaté des différences entre vos manières de travailler et les leurs ?
Sismographe : Nos connexions à New York nous ont surtout appris à rester humbles, et à l'affût. Des légendes comme Sadat X ou Shabaam Sahdeeq n’ont pas joué les « stars », ils ont pris le temps de poser un couplet et d’échanger avec nous. Dans leur manière de travailler, ce qui saute aux yeux et qui change par rapport à la France, c’est qu’ils travaillent très rapidement et qu’ils ont une dalle pas possible ! Les mecs sont ultra prolifiques, ils multiplient les apparitions et bossent sur plein de projets en même temps. Ça fait partie des grosses leçons qu’on a tirées en travaillant avec eux. Se faire « valider » par des artistes que tu as écoutés et que tu respectes, c’est aussi une grosse source de motivation.

Qu’ont pensé les Américains de votre démarche et de votre projet ?
Ils ont vu qu’on était sérieux et on a eu de très bons échanges artistiques. Voir des mecs venir de loin pour les rencontrer ça leur plaît beaucoup, et à partir du moment où le son leur plaît, tu peux être sûr qu’ils vont respecter ta démarche ! On a beaucoup travaillé avec les artistes du groupe de Brooklyn Bankai Fam, qui sont produits par le français Kyo Itachi et son label Shinigamie Records. On a été très bien accueillis, les gars nous ont vraiment donné la force et ils continuent de supporter Sismographe aujourd'hui. On vous prépare plein de choses très sales.

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Si j’ai bien compris, vous produisez les SFS (Sismographe Freestyle Sessions) avec des rappeurs français et les SCS (Sismographe Cypher Series) avec des rappeurs américains.
C’est ça. Les SFS, c’était notre série de freestyles français réalisés en 2013, en parallèle des séances d’écoute pour notre compilation de rap français SISMOGRAM dont la sortie est prévue pour fin 2015. Les SCS, c’est notre série américaine. La saison 1, sortie en 2014, était dédiée au quartier Brooklyn. On se laisse un peu de temps avant les prochaines saisons. Il nous reste beaucoup à faire du côté des USA, après, on verra peut-être pour faire d’autres pays.

Comme ?
Pas de destinations précises pour le moment, mais c'est un de nos projets.

Vous avez fait des cyphers et des freestyles votre marque de fabrique sur YouTube. Aux USA, le freestyle est souvent synonyme d’impro, ce qui n’est plus du tout le cas en France, vous pensez quoi de tout ça ?
C’est vrai qu'au cours des 2 dernières années, on a sorti 21 épisodes de freestyles, mais on ne se limite pas à ça : on fait aussi de la musique et de la vidéo. Ces cyphers c’était aussi une manière de balancer du contenu régulièrement, et d’avoir une actualité en parallèle du travail de fond de l’équipe. En fait, pour les américains le mot freestyle n’est pas forcément lié à l’impro, c’est plutôt un style libre où tu donnes ce que tu veux. John Robinson nous avait parlé de ça quand on l’avait reçu chez nous au Sismolab — il nous avait d’ailleurs gratifié d’un freestyle en improvisation mémorable — et d’autres MC's nous l'ont confirmé. On rejoint cet avis mais d’un autre coté, on trouve que l’impro est un art qui s’est un peu perdu avec le temps.

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Vous avez l’air super influencé par la culture américaine, mais surtout par la culture underground de la East Coast. Le reste du territoire américain ne vous intéresse pas ?
C’est vrai que nos influences sont très East Coast et tout particulièrement de New York, mais pas uniquement. On a été bercés par le Wu-Tang, Boot Camp Click, Mobb Deep, CNN, Nas, Biggie, MOP. Ils nous ont beaucoup inspirés. On apprécie aussi les sonorités West Coast de Snoop, Dogg Pound, 2 Pac, Dr Dre, Dilated Peoples, Tha Liks. On n’a rien contre la West Coast, d’ailleurs on a invité Reverie, une artiste de Los Angeles dans nos SFS.

Vous êtes aussi en relation avec des plus jeunes, vous mettez en place des ateliers d’écriture, des ateliers pour comprendre la musique assistée par ordinateur et vous produisez aussi des rappeurs indé. La transmission c’est important pour vous ? Ca fait aussi partie des valeurs du hip-hop ?
Oui, on propose des ateliers hebdomadaires d’écriture et d’intiation à la MAO. En prenant de l’âge, on se rend compte que c’est important de transmettre un savoir, une façon de voir le truc, de partager sa passion avec les plus jeunes. Ils nous apportent aussi un regard plus neuf sur le rap. On ne sait pas si ça fait particulièrement partie du hip hop, c’est quelque chose d’universel, même si il y a sans doute ce coté transmission de la culture aux plus jeunes dans les valeurs « originelles » du hip hop.

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J'ai remarqué que vous ne vous mettez pas trop de barrières non plus
Oui, on travaille sur plusieurs trucs aux couleurs très différentes en ce moment : jazzy, boom bap, trap… Mais on reste quand même très axé « rap », on ne fait pas dans la variété, hein.

Photo — Juliette Jules

Un avis sur le rap d'aujourd'hui ?
Même si le rap diffusé par les médias mainstream n’est pas le meilleur à nos yeux, on trouve que le rap se porte plutôt bien. Il y en a pour tous les goûts, pour tous les âges. Mais il y a tellement de choix que l’on finit facilement par se perdre et on passe à coté de pépites. Donc il faut prendre le temps de chercher et ne pas se contenter de ce qu’on essaye de nous vendre. Beaucoup d’indépendants font le taff, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou ailleurs. Le concept de nos freestyles, c’est justement de partir à la rencontre du rap dans le monde.

C'est quoi la suite ?
En tant qu’artistes, sortir des projets musicaux et vidéo de qualité reste notre priorité. Sur le long terme, on souhaite développer les différentes activités de Sismographe : production d’artistes, réalisation et production vidéo, production musicale… On vient de mettre en ligne notre site internet et on a aussi lancé une campagne de crowdfunding sur helloasso. C’est un appel aux dons pour nous soutenir dans la finalisation de notre compile de rap français, SISMOGRAM (pochette / mix / mastering) ainsi que dans la production des prochaines séries SCS. On travaille sur SISMOGRAM depuis plus de 2 ans, c’est vraiment un projet qui nous tient à coeur car on s’est beaucoup investi pour proposer un truc de qualité. L’Undercover et Strato ont produit l'intégralité des beats de cette compile, on pourra y retrouver une trentaines de MC's dont les rappeurs du label sur 4 titres. On a laissé carte blanche aux rappeurs pour les thèmes des morceaux afin qu’ils puissent s’approprier les titres. Comme souvent, le projet a pris du retard mais on en voit enfin le bout, on arrive dans la dernière ligne droite.

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