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Il va falloir vous faire une raison : Sick Of It All est (presque) un groupe de droite

Les vétérans du hardcore New-Yorkais nous parlent de oi! et d'Obama.

En activité depuis près de 30 ans,

Sick Of It All

ont toujours été un cas à part dans l’histoire du hardcore new-yorkais, et du hardcore tout court. Toujours humbles, fidèles à leurs racines et au CBGB des années 80, les gars du Lower East Side ne se sont jamais séparés et roulent toujours, peu importe les tendances, la hausse des loyers et les changements climatiques.

Leur musique et leur attitude, qui doivent autant à la oi! qu'au hardcore, à leur environnement et leur origine modeste, ont toujours servi de modèle auquel des tas de kids à travers le monde ont pu s’identifier – si on écarte

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cette altercation avec Born Against

, un grand moment de radio du début des années 90. Depuis, Sick Of It All a presque adopté le rythme d'un groupe de rock classique, sort des albums régulièrement, tous consistants, parfois inventifs, toujours

catchy

et aux paroles plus ou moins engagées (à gauche comme à droite). J'ai pu écouter quelques extraits de leur prochain album

The Last Act Of Defiance,

qui sortira fin septembre et je peux vous assurer qu'il est dans la continuité de

Based On A True Story,

soit une réappropriation musclée des vieux Slade et Blitz. Le bassiste, Craig Setari, m'a même avoué un truc : « Tu sais qui écris les morceaux oi! les plus parfaits ? Bon Jovi. » Bam !

J'ai rencontré Setari et Lou Keller (chanteur) chez Benny's Burritos, l'un des derniers bastions de l'Avenue A à New-York. On a maté ce qui se passait par la fenêtre, en trashant les flics et les squatteurs mais on a surtout parlé du groupe, de son histoire et de son avenir. Et de politique. C’était vraiment bien.

Le clip de toute une génération.

Noisey : Vous avez un rapport très particulier à la nostalgie. Vous êtes bien dans votre époque, mais sur chaque album, on trouve un morceau en référence au bon vieux temps.

Craig :

Mais le bon vieux temps, c'est aujourd'hui ! Avant aussi, c'était bien, mais on ne le savait pas encore à l'époque. Tu as juste la vie que tu te fais

Lou :

On a passé de super moments. Parfois, ça nous rend nostalgiques, mais on ne se sent pas du tout enfermés dans notre nostalgie, comme d'autres pourraient l'être.

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Craig :

Ce qu'on fait est très particulier. On pense d’ailleurs qu'à l'époque on ne faisait rien de spécial, et que ça n'est pas beaucoup différent aujourd'hui, parce qu'on a juste continué ce qu'on faisait avant. Je veux dire que tout le monde peut participer, il faut juste faire des efforts. C'est tout. Donc oui, on garde de très bons souvenirs de tout ce qu'on a pu faire, mais ça continue encore maintenant. On se fabrique de nouveaux souvenirs tous les jours. Tout dépend de la perspective dans laquelle tu as envie de vivre ta vie.

Vous êtes romantiques, mais pas trop non plus ; c'est peut-être parce que vous n'êtes pas de gros buveurs ?

Craig

:

Ouais, sûrement.

Lou

:

Peut-être.

Craig

: On n’est pas trop abîmés quoi.

C'est dur de rester actif ? D’être toujours motivés après toutes ces années ?

Craig

:

Non, enfin certains jours ça arrive… On n'est plus des ados. Mais on a tellement de chance de pouvoir encore faire ça, et on en est très conscients. Ce monde dans lequel on vit, c'est un piège. On est esclave du travail et de l'argent. On écrit des chansons là-dessus, on n'est pas particulièrement riches, mais on arrive à vivre de ce qu'on produit, modestement. Et c'est cool.

1987/2011, rien n'a changé.

Dans Sick Of It All, vous assumez être assez progressistes en ce qui concerne l'économie. Beaucoup de mes amis dans le hardcore sont restés assez libéraux alors que des mecs plus vieux se sont radicalisés plus à droite. Vous ne creusez jamais trop dans ce sens pour ne pas attiser les tensions ?

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Craig

:

Pas vraiment. On est peut-être plus de gauche en ce qui concerne l'argent, parce qu'on déteste vraiment la cupidité. Mais sur plein d'autres point on est de droite. Je pense que tout crime mérite sanction. Quand quelqu'un est devenu une menace pour le reste de la société, alors il doit en payer le prix. Je suis très attaché au Deuxième Amendement de notre Constitution. Une partie de la société tente d'avilir les hommes, de les faire dépendre tellement du système qu'ils deviennent esclaves de l'argent. On est aussi très à droite sur tout ce qui touche aux libertés individuelles. À l'inverse, concernant le système et sa manière de façonner et de superviser des classes, on est à gauche.

Lou

:

Obama est de gauche et pourtant il a encore plus fait de mal au Moyen-Orient et aux libertés individuelles que Bush lui-même, qui était déjà un sacré connard.

Craig :

C'est une grosse arnaque, et il faut bien que quelqu'un se fasse berner. Je ne dis rien de particulièrement poussé et nouveau sur le sujet, simplement qu'on vit dans un vaste mensonge. Je n'ai sûrement pas la réponse à tout ça, mais je sais que pour changer il faudra rester unis et communiquer. L'unité, ce vieil idéal du hardcore. [

Rires

]

Vous évitez de vous positionner politiquement de manière trop précise pour favoriser l'unité ?

Lou :

Quand j'écris des paroles, je prends peut-être plus une position de gauche modérée, mais j'essaye d’être le plus universel possible pour que les gens puissent s'y retrouver. Et si la personne qui écoute le morceau a des opinions différentes, alors ça pourra sûrement déboucher sur une discussion.

Publicité

Craig

:

Par exemple, on pourrait dire que « DNC » est une chanson de droite parce qu'on exprime notre droit de posséder une arme à feu, mais ça n'incite en rien à la violence envers autrui. C'est juste que toutes ces règles qu'ils édictent sont mensongères, elles sont une fois de plus là pour te berner. On ne te laisse pas le choix. Et puis, tu as toute cette propagande dans la presse, OK il y a des allumés mais c’est une minorité. «

To protect and serve

». Regarde

Fast and Furious

. Tu crois que j'y crois moi au devoir du gouvernement de protéger sa population ? Ils ont filé des arsenaux entiers de mitraillettes à des types qui vont tuer des familles de chaque côté de la frontière. C'est le gouvernement qui est responsable de toutes ces pertes.

Lou

:

Sur

Based on a True Story

, c’est Armand (Majidi, le batteur) qui a écrit le morceau « Good Cop ». Tout le monde a cru que ça parlait des flics, mais c'est une chanson sur Obama. Armand avait cru à tous ses beaux discours et avait voté pour lui. Il pensait que les choses allaient réellement changer mais Obama l'a berné… Depuis c'est toujours la même chose, parfois c'est même pire.

La fameuse introduction de KRS-One sur le premier album du groupe. Vrais reconnaissent vrais.

Je ne veux pas défendre Obama, mais c'est facile de dire qu'il n'a fait qu'empirer les choses, et d'oublier ce qu'avait fait Bush avant lui. C’est comme Bloomberg, tout le monde disait qu'il était pire que tout, en oubliant toutes les merdes qu’avait fait Giuliani.

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Lou

:

C'est vrai, oui.

J'ai un pote qui dit souvent « aimer son président c'est comme adorer les flics ».

Lou :

J'ai pas mal d'amis flics aussi…

Enfin, c'est plus compliqué avec vous, vous venez vraiment de la classe ouvrière, et j'ai l'impression que plus les années passent, plus votre fanbase tend à devenir un cliché de cette classe ouvrière.

Craig :

Ouais, mais tu sais, on vit dans un putain de mensonge. Le système est tellement corrompu.

Lou :

Parfois quand tu traînes avec des amis qui sont de droite et que tu leur parles des différents degrés de corruption, ils te disent que ça n'existe pas, parce qu'eux sont tous syndiqués, que leur travail leur permet de vivre. Ils sont d'accord avec moi, ils savent que le pays va droit dans le mur, mais ils rejettent la faute sur autre chose, sur l'immigration par exemple.

Mais est-ce une vraie rébellion contre le système ou une manière d’apaiser les choses ? C'est le problème avec le « rock'n'roll », on ne sait jamais si tout ça n’existe pas juste pour se défouler contre le système, passer un bon moment pour éviter de trop y féléchir.

Lou :

C’est en partie ce que représentait le hardcore pour nous. Tous les dimanches, on lâchait la pression et on se défoulait.

Mais tu t'intéresses quand même toujours à la politique.

Craig :

Je ne m'intéresse pas à la politique. Le reste du groupe non plus. Nous, ce qui nous intéresse, c'est tous ces mensonges et ces conneries qu'on essaye de nous faire croire.

Publicité

Je respecte ton point de vue mais je ne suis pas d'accord. Tout le monde dit haïr la politique, mais personne ne peut y échapper. Le monde est comme ça.

Craig :

Ouais, tu as raison.

Donc vous ne détestez pas la politique. On a parlé politique. Tu es un type intéressant qui me parle de politique.

Craig :

Mais tu as compris ce que je voulais dire.

Lou :

Ça nous emmerde.

Craig :

J’ai une théorie là-dessus. Les narcissiques mégalos sont attirés par le pouvoir comme un joueur est attiré par les paris ou qu'un alcoolique est attiré par les bars. C'est ce genre de type qui finit avec une grosse responsabilité et qui prend toutes les décisions. Toi et moi, on se réveille le matin, on est content, on entend les oiseaux et on va se promener. Et ça, ça suffit à nous rendre heureux. Mais ces gens ? Ils sont juste attirés par l'envie de contrôler. Un junkie finira par faire une overdose, un joueur par claquer toute sa thune mais un politicien ? Il gravira les échelons jusqu'à ce que le monde explose.

Il y a ce truc impalpable qui peut rendre populaire un groupe ou un homme politique, qui est en partie lié au charisme.

Craig :

De la sociopathie, de la mégalomanie et du narcissisme. C'est un problème psy, une maladie mentale.



En activité depuis près de 30 ans,

Sick Of It All

ont toujours été un cas à part dans l’histoire du hardcore new-yorkais, et du hardcore tout court. Toujours humbles, fidèles à leurs racines et au CBGB des années 80, les gars du Lower East Side ne se sont jamais séparés et roulent toujours, peu importe les tendances, la hausse des loyers et les changements climatiques.



Leur musique et leur attitude, qui doivent autant à la oi! qu'au hardcore, à leur environnement et leur origine modeste, ont toujours servi de modèle auquel des tas de kids à travers le monde ont pu s’identifier – si on écarte

cette altercation avec Born Against

, un grand moment de radio du début des années 90. Depuis, Sick Of It All a presque adopté le rythme d'un groupe de rock classique, sort des albums régulièrement, tous consistants, parfois inventifs, toujours

catchy

et aux paroles plus ou moins engagées (à gauche comme à droite). J'ai pu écouter quelques extraits de leur prochain album

The Last Act Of Defiance,

qui sortira fin septembre et je peux vous assurer qu'il est dans la continuité de

Based On A True Story,

soit une réappropriation musclée des vieux Slade et Blitz. Le bassiste, Craig Setari, m'a même avoué un truc : « Tu sais qui écris les morceaux oi! les plus parfaits ? Bon Jovi. » Bam !



J'ai rencontré Setari et Lou Keller (chanteur) chez Benny's Burritos, l'un des derniers bastions de l'Avenue A à New-York. On a maté ce qui se passait par la fenêtre, en trashant les flics et les squatteurs mais on a surtout parlé du groupe, de son histoire et de son avenir. Et de politique. C’était vraiment bien.





Le clip de toute une génération.

Noisey : Vous avez un rapport très particulier à la nostalgie. Vous êtes bien dans votre époque, mais sur chaque album, on trouve un morceau en référence au bon vieux temps.
Craig :

Mais le bon vieux temps, c'est aujourd'hui ! Avant aussi, c'était bien, mais on ne le savait pas encore à l'époque. Tu as juste la vie que tu te fais


Lou :

On a passé de super moments. Parfois, ça nous rend nostalgiques, mais on ne se sent pas du tout enfermés dans notre nostalgie, comme d'autres pourraient l'être.


Craig :

Ce qu'on fait est très particulier. On pense d’ailleurs qu'à l'époque on ne faisait rien de spécial, et que ça n'est pas beaucoup différent aujourd'hui, parce qu'on a juste continué ce qu'on faisait avant. Je veux dire que tout le monde peut participer, il faut juste faire des efforts. C'est tout. Donc oui, on garde de très bons souvenirs de tout ce qu'on a pu faire, mais ça continue encore maintenant. On se fabrique de nouveaux souvenirs tous les jours. Tout dépend de la perspective dans laquelle tu as envie de vivre ta vie.



Vous êtes romantiques, mais pas trop non plus ; c'est peut-être parce que vous n'êtes pas de gros buveurs ?
Craig :

Ouais, sûrement.


Lou :

Peut-être.


Craig

: On n’est pas trop abîmés quoi.



C'est dur de rester actif ? D’être toujours motivés après toutes ces années ?
Craig :

Non, enfin certains jours ça arrive... On n'est plus des ados. Mais on a tellement de chance de pouvoir encore faire ça, et on en est très conscients. Ce monde dans lequel on vit, c'est un piège. On est esclave du travail et de l'argent. On écrit des chansons là-dessus, on n'est pas particulièrement riches, mais on arrive à vivre de ce qu'on produit, modestement. Et c'est cool.




1987/2011, rien n'a changé.

Dans Sick Of It All, vous assumez être assez progressistes en ce qui concerne l'économie. Beaucoup de mes amis dans le hardcore sont restés assez libéraux alors que des mecs plus vieux se sont radicalisés plus à droite. Vous ne creusez jamais trop dans ce sens pour ne pas attiser les tensions ?
Craig :

Pas vraiment. On est peut-être plus de gauche en ce qui concerne l'argent, parce qu'on déteste vraiment la cupidité. Mais sur plein d'autres point on est de droite. Je pense que tout crime mérite sanction. Quand quelqu'un est devenu une menace pour le reste de la société, alors il doit en payer le prix. Je suis très attaché au Deuxième Amendement de notre Constitution. Une partie de la société tente d'avilir les hommes, de les faire dépendre tellement du système qu'ils deviennent esclaves de l'argent. On est aussi très à droite sur tout ce qui touche aux libertés individuelles. À l'inverse, concernant le système et sa manière de façonner et de superviser des classes, on est à gauche.


Lou :

Obama est de gauche et pourtant il a encore plus fait de mal au Moyen-Orient et aux libertés individuelles que Bush lui-même, qui était déjà un sacré connard.


Craig :

C'est une grosse arnaque, et il faut bien que quelqu'un se fasse berner. Je ne dis rien de particulièrement poussé et nouveau sur le sujet, simplement qu'on vit dans un vaste mensonge. Je n'ai sûrement pas la réponse à tout ça, mais je sais que pour changer il faudra rester unis et communiquer. L'unité, ce vieil idéal du hardcore. [

Rires

]



Vous évitez de vous positionner politiquement de manière trop précise pour favoriser l'unité ?
Lou :

Quand j'écris des paroles, je prends peut-être plus une position de gauche modérée, mais j'essaye d’être le plus universel possible pour que les gens puissent s'y retrouver. Et si la personne qui écoute le morceau a des opinions différentes, alors ça pourra sûrement déboucher sur une discussion.


Craig :

Par exemple, on pourrait dire que « DNC » est une chanson de droite parce qu'on exprime notre droit de posséder une arme à feu, mais ça n'incite en rien à la violence envers autrui. C'est juste que toutes ces règles qu'ils édictent sont mensongères, elles sont une fois de plus là pour te berner. On ne te laisse pas le choix. Et puis, tu as toute cette propagande dans la presse, OK il y a des allumés mais c’est une minorité. «

To protect and serve

». Regarde

Fast and Furious

. Tu crois que j'y crois moi au devoir du gouvernement de protéger sa population ? Ils ont filé des arsenaux entiers de mitraillettes à des types qui vont tuer des familles de chaque côté de la frontière. C'est le gouvernement qui est responsable de toutes ces pertes.


Lou :

Sur

Based on a True Story

, c’est Armand (Majidi, le batteur) qui a écrit le morceau « Good Cop ». Tout le monde a cru que ça parlait des flics, mais c'est une chanson sur Obama. Armand avait cru à tous ses beaux discours et avait voté pour lui. Il pensait que les choses allaient réellement changer mais Obama l'a berné... Depuis c'est toujours la même chose, parfois c'est même pire.




La fameuse introduction de KRS-One sur le premier album du groupe. Vrais reconnaissent vrais.

Je ne veux pas défendre Obama, mais c'est facile de dire qu'il n'a fait qu'empirer les choses, et d'oublier ce qu'avait fait Bush avant lui. C’est comme Bloomberg, tout le monde disait qu'il était pire que tout, en oubliant toutes les merdes qu’avait fait Giuliani.
Lou :

C'est vrai, oui.



J'ai un pote qui dit souvent « aimer son président c'est comme adorer les flics ».
Lou :

J'ai pas mal d'amis flics aussi...



Enfin, c'est plus compliqué avec vous, vous venez vraiment de la classe ouvrière, et j'ai l'impression que plus les années passent, plus votre fanbase tend à devenir un cliché de cette classe ouvrière.
Craig :

Ouais, mais tu sais, on vit dans un putain de mensonge. Le système est tellement corrompu.


Lou :

Parfois quand tu traînes avec des amis qui sont de droite et que tu leur parles des différents degrés de corruption, ils te disent que ça n'existe pas, parce qu'eux sont tous syndiqués, que leur travail leur permet de vivre. Ils sont d'accord avec moi, ils savent que le pays va droit dans le mur, mais ils rejettent la faute sur autre chose, sur l'immigration par exemple.



Mais est-ce une vraie rébellion contre le système ou une manière d’apaiser les choses ? C'est le problème avec le « rock'n'roll », on ne sait jamais si tout ça n’existe pas juste pour se défouler contre le système, passer un bon moment pour éviter de trop y féléchir.
Lou :

C’est en partie ce que représentait le hardcore pour nous. Tous les dimanches, on lâchait la pression et on se défoulait.





Mais tu t'intéresses quand même toujours à la politique.
Craig :

Je ne m'intéresse pas à la politique. Le reste du groupe non plus. Nous, ce qui nous intéresse, c'est tous ces mensonges et ces conneries qu'on essaye de nous faire croire.



Je respecte ton point de vue mais je ne suis pas d'accord. Tout le monde dit haïr la politique, mais personne ne peut y échapper. Le monde est comme ça.
Craig :

Ouais, tu as raison.



Donc vous ne détestez pas la politique. On a parlé politique. Tu es un type intéressant qui me parle de politique.
Craig :

Mais tu as compris ce que je voulais dire.


Lou :

Ça nous emmerde.


Craig :

J’ai une théorie là-dessus. Les narcissiques mégalos sont attirés par le pouvoir comme un joueur est attiré par les paris ou qu'un alcoolique est attiré par les bars. C'est ce genre de type qui finit avec une grosse responsabilité et qui prend toutes les décisions. Toi et moi, on se réveille le matin, on est content, on entend les oiseaux et on va se promener. Et ça, ça suffit à nous rendre heureux. Mais ces gens ? Ils sont juste attirés par l'envie de contrôler. Un junkie finira par faire une overdose, un joueur par claquer toute sa thune mais un politicien ? Il gravira les échelons jusqu'à ce que le monde explose.



Il y a ce truc impalpable qui peut rendre populaire un groupe ou un homme politique, qui est en partie lié au charisme.
Craig :

De la sociopathie, de la mégalomanie et du narcissisme. C'est un problème psy, une maladie mentale.





Et qu'est-ce qui vous pousse à tourner 11 mois par an pour gueuler ce que vous pensez au reste du monde ?
Craig :

[

Rires

] Sûrement la même chose, mais nous on n'attend rien de personne. OK, je ne suis pas le meilleur exemple, mais tu vois le truc.

Non, mais je veux dire, il faut quand même un certain degré d'orgueil.
Craig :

Personnellement, je ne ne cherche pas à te déposséder ou à te commander, et là est la grande différence. Dans le premier cas, c'est de l'intérêt déguisé et dans l'autre, juste un truc relativement sain... Je dis « relativement » parce que les types qui jouent dans des groupes ne sont jamais super sains.



À votre âge, qu'est-ce qui fait encore de vous un groupe de hardcore aujourd'hui ? Ce n'est pas une insulte hein, c’est juste certains de vos nouveaux morceaux ressemblent à du Blitz, avec une grosse production derrière. Alors pourquoi on vous étiquette encore hardcore ?
Craig :

C’est lié à notre histoire...


Lou :

Pour moi certains groupes sont hardcore, alors que d'autres les qualifieront de metalcore. Je ne comprends pas, c'est uniquement parce qu'ils ont des riff metal et qu'ils chantent des trucs sur les strip-teaseuses ? Je pense que tout dépend des paroles et de l'image que ton groupe véhicule. On a commencé dans une période où le hardcore était sacré, si tu disais un truc faux sur le hardcore ou qu'on interprétait mal ce que tu disais,

Maximum Rock’N’Roll

te sautait à la gorge. Maintenant, on te parle de ce super groupe de hardcore que tous les kids adorent, alors que le type gère un site porno à côté. À notre époque, tu aurais pu te faire tuer pour ça, et pas seulement par la presse, en Europe t'aurais carrément pu te faire attaquer.





Ouais, mais vous avez pas mal d'attaches avec le street punk et la oi!, et moins ce côté « mosh ».
Craig :

Ouais, mais quand on fait des morceaux pour mosher, ils sont plus proches du hardcore old school pour faire des piles les uns sur les autres que du metal beatdown. Même si on a un peu de ça aussi.


Lou :

Depuis le début, on est influencé par Agnostic Front et Reagan Youth, et aussi par la oi!. Ça se ressent toujours. On veut contribuer à garder ce style en vie. Sur Spotify, il y a des centaines de super bons groupes de oi! dont je n'avais jamais entendu parler. Ça doit être bizarre pour eux, on est un groupe big en Europe et quand on demande aux promoteurs de faire jouer ce genre de groupes avec nous, ils nous répondent « mais vous comprenez, ils jouent dans des festivals oi et punk. » Et alors ? Moi je veux qu'ils jouent avec nous ! Tous les bookers pensent que notre public n'apprécierait pas... et je suis sûr que c’est faux. Moi j'adore !



Quand vous voyez tous ces groupes qui se reforment, vous ne regrettez pas de ne pas vous être accordé quelques années de pause ?
Lou :

[

Rires

] Je me rappelle, en 1999 sur la Côte Ouest, on jouait dans le club d'un type (le futur manager de Green Day) qui nous adorait. On était à la fin du set et il nous a dit : « Vous savez ce que vous devriez faire ? Prendre une année de repos ». On gagnait pas mal d'argent en Europe, on tournait au Japon et partout dans le monde, on s'est dit que le type était fou. Et il nous répétait « Moi je vous le dis, retirez-vous de la scène pendant un an, et revenez après ». C'est ce qu'on aurait du faire !


Craig :

Je sais pas... on aurait fait quoi sérieux ? Cherché un putain de boulot ?





Votre dernier album date de 2010, vous avez tourné non-stop depuis ?
Craig

: On a tourné les deux années suivantes, puis on a fait une pause, pendant un an. On avait prévu de composer notre nouvel album plus tôt mais bon...


Lou

: C'est toujours pareil. Tu écris chez toi, et on te propose un truc, genre une tournée en Asie du sud-est. T'es OK, tu y vas et à ton retour, on t'en propose une autre, en Europe cette fois, les concerts sont cool, tu te fais de l'argent... donc voilà.



Et c'est votre boulot...
Craig :

Ouais, donc on reporte toujours tout à plus tard. En général, on fait deux ans de tournée, puis une année de repos. Et parfois les choses prennent du retard. Mais c’est comme ça que ça se passe. Tu dois te bouger et prouver ce que tu vaux en live. C'est en concert qu'on est le plus efficace. On est vieux maintenant, mais on donne toujours plein de concerts. Il n’est plus question de faire des saltos sur scène hein, mais de comment tu balances la sauce.



Combien de saltos tu peux faire ?
Craig :

Aujourd'hui ? Plus beaucoup.




Zachary Lipez connaît tous les pas de « Step Down ». Il est sur Twitter. - @ZacharyLipez

Et qu'est-ce qui vous pousse à tourner 11 mois par an pour gueuler ce que vous pensez au reste du monde ?

Craig :

[

Rires

] Sûrement la même chose, mais nous on n'attend rien de personne. OK, je ne suis pas le meilleur exemple, mais tu vois le truc.

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Non, mais je veux dire, il faut quand même un certain degré d'orgueil.

Craig :

Personnellement, je ne ne cherche pas à te déposséder ou à te commander, et là est la grande différence. Dans le premier cas, c'est de l'intérêt déguisé et dans l'autre, juste un truc relativement sain… Je dis « relativement » parce que les types qui jouent dans des groupes ne sont jamais super sains.

À votre âge, qu'est-ce qui fait encore de vous un groupe de hardcore aujourd'hui ? Ce n'est pas une insulte hein, c’est juste certains de vos nouveaux morceaux ressemblent à du Blitz, avec une grosse production derrière. Alors pourquoi on vous étiquette encore hardcore ?

Craig :

C’est lié à notre histoire…

Lou :

Pour moi certains groupes sont hardcore, alors que d'autres les qualifieront de metalcore. Je ne comprends pas, c'est uniquement parce qu'ils ont des riff metal et qu'ils chantent des trucs sur les strip-teaseuses ? Je pense que tout dépend des paroles et de l'image que ton groupe véhicule. On a commencé dans une période où le hardcore était sacré, si tu disais un truc faux sur le hardcore ou qu'on interprétait mal ce que tu disais,

Maximum Rock’N’Roll

te sautait à la gorge. Maintenant, on te parle de ce super groupe de hardcore que tous les kids adorent, alors que le type gère un site porno à côté. À notre époque, tu aurais pu te faire tuer pour ça, et pas seulement par la presse, en Europe t'aurais carrément pu te faire attaquer.

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Ouais, mais vous avez pas mal d'attaches avec le street punk et la oi!, et moins ce côté « mosh ».

Craig :

Ouais, mais quand on fait des morceaux pour mosher, ils sont plus proches du hardcore old school pour faire des piles les uns sur les autres que du metal beatdown. Même si on a un peu de ça aussi.

Lou :

Depuis le début, on est influencé par Agnostic Front et Reagan Youth, et aussi par la oi!. Ça se ressent toujours. On veut contribuer à garder ce style en vie. Sur Spotify, il y a des centaines de super bons groupes de oi! dont je n'avais jamais entendu parler. Ça doit être bizarre pour eux, on est un groupe big en Europe et quand on demande aux promoteurs de faire jouer ce genre de groupes avec nous, ils nous répondent « mais vous comprenez, ils jouent dans des festivals oi et punk. » Et alors ? Moi je veux qu'ils jouent avec nous ! Tous les bookers pensent que notre public n'apprécierait pas… et je suis sûr que c’est faux. Moi j'adore !

Quand vous voyez tous ces groupes qui se reforment, vous ne regrettez pas de ne pas vous être accordé quelques années de pause ?

Lou :

[

Rires

] Je me rappelle, en 1999 sur la Côte Ouest, on jouait dans le club d'un type (le futur manager de Green Day) qui nous adorait. On était à la fin du set et il nous a dit : « Vous savez ce que vous devriez faire ? Prendre une année de repos ». On gagnait pas mal d'argent en Europe, on tournait au Japon et partout dans le monde, on s'est dit que le type était fou. Et il nous répétait « Moi je vous le dis, retirez-vous de la scène pendant un an, et revenez après ». C'est ce qu'on aurait du faire !

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Je sais pas… on aurait fait quoi sérieux ? Cherché un putain de boulot ?

Votre dernier album date de 2010, vous avez tourné non-stop depuis ?

Craig

: On a tourné les deux années suivantes, puis on a fait une pause, pendant un an. On avait prévu de composer notre nouvel album plus tôt mais bon…

Lou

: C'est toujours pareil. Tu écris chez toi, et on te propose un truc, genre une tournée en Asie du sud-est. T'es OK, tu y vas et à ton retour, on t'en propose une autre, en Europe cette fois, les concerts sont cool, tu te fais de l'argent… donc voilà.

Et c'est votre boulot…

Craig :

Ouais, donc on reporte toujours tout à plus tard. En général, on fait deux ans de tournée, puis une année de repos. Et parfois les choses prennent du retard. Mais c’est comme ça que ça se passe. Tu dois te bouger et prouver ce que tu vaux en live. C'est en concert qu'on est le plus efficace. On est vieux maintenant, mais on donne toujours plein de concerts. Il n’est plus question de faire des saltos sur scène hein, mais de comment tu balances la sauce.

Combien de saltos tu peux faire ?

Craig :

Aujourd'hui ? Plus beaucoup.

Zachary Lipez connaît tous les pas de « Step Down ». Il est sur Twitter. - @ZacharyLipez