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Music

Priez pour ne pas croiser Schlaasss dans une ruelle sombre de Saint-Étienne

On a voulu vérifier lors de leur passage à Paris que le trio de « volvo-core » n'était pas simplement une version Deschiens de Die Antwoord.

Schlaasss au Badaboum - photos de l'auteur.

On pourrait définir Schlaasss en référençant l’absurdité lucide du dadaïsme, l’anti-bienséance musicale de Die Antwoord et l’énergie du Stade Geoffroy-Guichard un soir de derby à Saint-Etienne – la ville d’où ils viennent. Mais c’est plus que ça. Le trio formé en 2012 par Mika (alias Daddy Schwarz), le Dix et Charlie Dirty Duran a aussi et surtout une singularité de taille : c’est le seul groupe de « volvo-core » français, et même sûrement le seul à l’international. Ce qui est déjà grand en soit. Niveau esthétique aussi, leur délire est particulier, aussi bien dans leurs costumes que dans leurs clips.

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Schlaasss passait au Badaboum à Paris samedi dernier, l’occasion de voir ce que le groupe avait dans le bide en live et s’ils étaient fidèles à leur image virtuelle. Résultat : ils ont tout défoncé. Je les ai suivi backstage après le concert pour vérifier qu’ils n’étaient pas simplement une adaptation Deschiens de Sexy Sushi et Die Antwoord.

Noisey : Salut Schlaasss, déjà je voulais vous dire que votre anti-rappel à la fin du concert était mortel.
Mika : Ouais, les rappels on trouve ça faux-cul. Alors à la place, on a mis un fragment de son d’un artiste noise qui s’appelle Masonna. Ce mec-là démonte tout dans ses performances musicales, il est génial. Il a juste un micro et des pédales, et il saute partout. Il a une énergie complètement dingue, c’est mon dieu vivant. On lui rend donc hommage tout en chiant sur les rappels.

Vous avez pas grand-chose à envier à ce Masonna vu le mosh-pit qui n’a pas cessé de pendant tout le concert.
Mika : Je rêverais de faire comme Masonna mais je suis trop vieux maintenant (rires). Sur scène c’est là que tout se passe, j’aime bien quand les gens s’en prennent plein la gueule en nous regardant jouer. Et ouais j’ai vu que le public se bagarrait en cercle devant la scène, c’est cool.

Charlie, t’es montée sur scène en arborant un T-shirt « Je suis féministe mais j’avale », c’est une pulsion de vérité ou de la provoc ?
Charlie : C’est juste de la cohérence. Je suis hyper féministe et pourtant j’avale, ce n’est pas une antithèse. Et je suis sérieuse sur ce coup-là.

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Mika : Et c’est la mode en ce moment de dire que t’es féministe alors je le répète, on est féministes. On est même queer (rires).

Charlie : Queer est à la mode, féministe ça ne l’est pas. Pour les jeunes meufs, tu dis que t’es féministe et elles pensent que c’est une injure. Pour elles, ça veut dire que t’as des cheveux qui te tombent de la chatte, que t’as des lunettes et que tu t’appelles Margueritte Duras et que tu n’arrives pas à jouir – elles ont l’image de Duras à Trouville à soixante balais bien entendu. Je déconne avec le féminisme et c’est important de déconner parce que quand les mouvements deviennent sérieux et hyper dogmatiques ça devient de la merde.

D’acc. Et la chaise roulante sur laquelle t’étais assise pendant le concert, c’est pour le show ?
Charlie : Je me suis cassée une côte mon pote, lors d’un concert la semaine dernière. En fait, je fais souvent des roulades arrière, et là j’étais sur un sub, surélevée, et j’ai tenté la roulade. Et bam, je me suis défoncée. J’ai rien pu faire le soir-même.

Mika : Si, t’as fumé des centaines de clopes avec des métalleux dans un Ibis Budget à Nantes. La chambre était devenue un cendrier géant et l’hôtel nous a dit de ranger nos merdes. Chose que l’on n’a pas fait.

Et t’as réussi à twerker sur scène malgré tout…
Charlie : Pas beaucoup. En ce moment j’y vais mollo mollo alors que j’ai envie d’y aller yolo yolo.

Sinon, plus généralement, c’est quoi le projet de Schlaasss ?
Charlie : Schlass déjà ça veut dire « couteau » en argot. On a rajouté des lettres, c’est tout. En allemand ça veut dire « déglinguer ». Maintenant, niveau concept, c’est plutôt notre instinct qui l’a décidé. On n’y a pas vraiment réfléchis. Cette histoire tient à notre rencontre à tous les deux, à Saint-Etienne. On fait des choses irrévérencieuses par nature, ce n’est pas prémédité. On est des provocateurs. Pour l’album, on a chié trois morceaux par jour, on s’est marrés, on a acheté des bonbons et de la bière forte et ça a donné le résultat que t’as vu sur scène.

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Mika : Ouais, rien n’est prémédité chez nous. Tout s’est joué sur notre complémentarité. On n’a pas envie d’être polis, on n’a pas envie d’être dans les clous. En gros, on aime bien mettre des Volvos dans le cul de la bienséance en faisant des blagues qui tournent un peu tout en dérision. Notre premier morceau a a été « Salope ». Charlie m’a filé son papier, j’ai lu ça et je l’ai trouvé dément. Notre beatmaker a trouvé un beat et ça a été notre refrain. Crier « salope », ça fait du bien.

La chanson « Hippie » bute aussi, c’est hyper gratuit dans la vanne.
Mika : Je vois ce que tu veux dire sur le côté gratuit. Elle est gratuite et primaire, elle est vraiment bas-du-front et c’est bien pour ça que j’ai une affection particulière pour cette chanson. J’aime son côté stupide. J’ai une inclinaison hippie mais je m’en défends et avec cette chanson, je m’en défends plutôt bien.

Charlie : Elle a été créée dans un moment de fulgurance, en fin de journée. Je revenais à la maison avec des Meridas – l’équivalent cheap de la Desperados – et Daddy m’a fait lire le texte et j’ai posé en fonction. Ça l’a fait.

C’est quoi exactement le volvo-core ? J’avais entendu parler d’un gangbang dans un break Volvo – en somme le début de Schlaasss. Ca vient de là ?
Charlie : Exactement. La réponse est dans la question !

C’est plus clair maintenant. Vous avez sorti votre premier album en autoproduction cette année, c’est pour sortir du milieu de « SALOPE » que vous décrivez dans votre titre ?
Charlie : Ouais, ce milieu-là est un milieu de cons (et de pistonnés consanguins) qui ne font qu’attendre qu’il se passe quelque chose avant de bouger. Pour qu’il se passe quelque chose, il faut qu’on se bouge le cul à tout faire. On ne voulait pas de EP, ni de deux titres, nous on voulait un album, comme dans les années 90. C’est pour ça qu’on a autoproduit le nôtre, avec KissKissBankBank. 6000 balles ma gueule. Ça a été un gros boulot. Mais on n’est pas tout seuls, car on a un super label digital avec nous maintenant : Atypeek Music.

Mika : C’est aussi pour pouvoir faire des concerts. Avec ce CD, on a pu dire aux salles de concert officielles que nous avons une actualité. Sans actualité de ce type, tu ne tournes nulle part aujourd’hui. Par contre, là où on a merdé c’est qu’on a proposé des trucs vachement difficiles à faire sur KissKissBankBank en contrepartie de certains financements. Par exemple, maintenant on doit aller faire des graffitis chez des gens qui habitent hyper loin à la campagne. C’est la panique, on ne sait même pas comment y aller ! (rires)

Bravo ! À la prochaine sur Paris Satan. Felix est sur le web Schlaasss est en tournée, le week-end :
09/10 : Le pub ADK, Roissy-en-Brie
10/10 : Bizzart Festival, Saint-Quentin
15/10 : Le Fil, Saint-Étienne
23/10 : MJC Ô Totem, Rillieux-la-Pape
31/10 : Festival O les Choeurs, Tulle