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Music

2015 sera le tombeau de Robin Thicke

La famille de Marvin Gaye lui réclame 7,3 millions de dollars pour plagiat, sa femme le quitte et il ne pourra bientôt plus jouer « Blurred Lines » en concert.
Emma Garland
London, GB

2015 sera le tombeau de Robin Thicke. Après avoir connu un succès éphémère en 2013, Rob croule en effet sous les tuiles. En titane, les tuiles. Format grand patron. Pour commencer, la famille de Marvin Gaye lui réclame la coquette somme de 7,3 millions de dollars pour son plagiat du hit disco de 1977 « Got to Give It Up » sur « Blurred Lines ». Sa femme — qui est avec lui depuis neuf ans et avec qui il a un enfant de 4 ans— en a profité pour demander le divorce, réalisant sans doute qu'elle ne trouverait pas meilleur timing, d'autant plus que Robin n'a désormais plus la moindre branche à laquelle se raccrocher, son dernier album ayant enregistré des chiffres historiques par leur médiocrité : 530 copies vendues au Royaume-Uni la première semaine. Robin est fini, kaputt.

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D’un coté, être témoin de la dérive de ce type, qui s’est fait cramer par un photographe en train de mettre une main à une fan, a quelque chose d'assez jouissif. Mais ce serait vite oublier qu'il y en existe des dizaines bien pires que lui et qui continueront à s'en sortir encore un bon moment. Musicalement, il faut bien reconnaître qu'il n’a rien fait de dramatique, et, son on y réfléchit bien, on ne peut même pas lui en vouloir pour la misogynie et l'esthétique de merde de « Blurred Lines » vu que la misogynie et l'esthétique de merde sont, à cet instant très précis, les deux piliers de la pop. La plupart des morceaux présents dans les charts samplent des classiques hyper connus ou y ressemblent de très près — le « Stay With Me » de Sam Smith ressemble étrangement au « Don’t Back Down » de Tom Petty, le « Heartbeat Song » de Kelly Clarkson est un copié-collé de « The Middle » de Jimmy Eat World. Pareil pour Chris Brown, Fetty Wap ou encore Meghan Trainor qui squattent le top des charts avec des morceaux plutôt explicites. Mais la justice semble avoir choisi Robin Thicke comme bouc-émissaire pour condamner symboliquement le sexisme et le plagiat.

Robin Thicke n’a produit qu’un seul tube dans sa carrière et pas de bol, c’est ce morceau qui est visé par une affaire de plagiat (et pour ne rien arranger, il s'agit aussi de la somme la plus importante jamais été réclamée dans une affaire de droits d’auteur). Robin s’apprête à perdre 50 % de sa fortune, estimée à 15 millions de dollars selon Celebrity Net Worth. Il lui restera toujours 7,7 millions (enfin, avant le divorce), mais la famille Gaye lui a déjà pris la moitié de ce qu’il avait réussi à amasser grâce, notamment, à ce morceau. Et Robin Thicke n’est pas au bout de ses peines car il pourrait lui être, en plus, interdit de jouer « Blurred Lines » en live, et le titre pourrait également être retiré des ventes. En gros, c’est clairement la fin pour lui. Aucune major ne voudra plus du « perv de service » et aucun tourneur ne prendra le risque de travailler avec le pestiféré des charts. Si les Gayes obtiennent tout ce qu’ils veulent, on peut jeter Robbin Thicke dans la poubelle de l'industrie. Rappelons que cette famille a tellement de pouvoir qu’ils pourraient rayer le R&B de la carte de la musique en deux coups de fil.

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Le plus drôle dans cette affaire, c’est que Pharell Williams a dit « avoir écrit tout le morceau ». C’est peut-être vrai. D'ailleurs, l’ancien N.E.R.D apparait autant que Robin si ce n’est plus dans le morceau et le clip qui l’accompagne. La seule différence entre les deux hommes c’est que Pharell est une star depuis déjà 20 ans. Et dans la vidéo, ses expressions faciales sont moins embarrassantes que celles de Thicke. Lors des MTV Awards de 2013, on a également noté l’absence de Pharell lorsque Thicke a joué « Blurred Lines » avec Miley Cyrus. Cette triste soirée est d'ailleurs devenue le truc le plus tweeté dans l’histoire du réseau social.

Pharrell a ensuite sorti « Happy » en 2014, qui s'est écoulé à 12 millions d'exemplaires et qui a rejoint « Blurred Lines » au panthéon des meilleurs ventes de l'histoire. L'année 2014 a également vu éclore le deuxième album de Thicke, Paula, qui comme on l'a dit plus haut, a fait un flop. Tout ça en dit long sur l'état d'esprit de l'industrie musicale. Peu importe ce qu'il fait, les gens font confiance à Pharrell. Il est là depuis toujours, il a déjà prouvé ce qu'il valait, et son image a été méticuleusement étudiée pour qu'il ne réprésente JAMAIS une menace, quoiqu'il fasse. Malgré le fait qu'il soit en grande partie responsable de « Blurred Lines », personne ne va s'alarmer lorqu'il entreprend d'écrire une série de livres pour enfants où quand il co-signe la bande-son de Bob l'Eponge avec N.E.R.D. On s'en tape ! Le mec est tellement joyeux ! Vous imaginez les réactions si Robin Thicke avait fait la même chose ?

Peut-être que si « Blurred Lines » avait été enregistrée à une époque différente, elle n'aurait pas déclenchée un tel tollé. En 2009, « I Know You Want Me (Calle Ocho) » de Pitbull était la vidéo la plus regardée sur Youtube et 3,2 millions de personnes ont acheté le single aux Etats-Unis, sans se poser aucune question. Toujours en 2009, l'hymne-pour-saouler-les-meufs-et-les-pécho de Jamie Foxx, « Blame It » avec T-Pain, est resté au top des charts R&B/Hip-Hop pendant 14 semaines consécutives, battant ainsi le record de longévité dans les charts d'un morceau chanté par un interprète masculin. En 2013, « Blurred Lines » a bénéficié du même succès commercial mais a coûté sa carrière à un homme. T.I. et Pharrell écartés de l'affaire, Robin Thicke est devenu l'unique punching ball de l'anti-sexisme. Impossible de regarder la vidéo de « Blurred Lines » aujourd'hui sans tiquer sur les gestes, les démarches, les eye contacts outranciers. Ce qui est arrivé à la carrière et à la vie privée de Robin Thicke a un arrière goût d'ironie. C'est comme si des ballons de baudruche avec l'inscription « Robin Thicke Has A Big Dick » volaient à faible hauteur et se dégonflaient un à un au son d'un bruit de pet. Le seul truc qui pourrait le mettre encore plus bas serait une diffusion de photos de lui nu, révélant son hypothétique micropénis.

Ok, « Blurred Lines » est une daube, mais il y a des kilos d'autres daubes sur le marché et personne ne bronche. Peut-être que cette débacle est la preuve de l'intervention divine, mais ce qui est sûr, c'est que Robin Thicke a été victime d'une poisse sans nom. S'il n'avait pas servi de visage à cet « hymne au viol », la famille de Marvin Gaye ne serait peut-être pas montée sur ses grands chevaux. Si ça avait été quelqu'un d'autre que Thicke, il s'en serait sûrement sorti. Regardez Tom Petty qui a balayé l'affaire Sam Smith d'une phrase sur son site : « Ce sont des trucs qui arrivent ». Rien à voir avec cette vidéo de Nona Gaye après le verdict de « Blurred Lines » - toute de noir vêtue, à la respiration délirante, en train d'expliquer qu'elle se sent « libérée des chaînes de Pharrell Williams et Robin Thicke » comme si « Blurred Lines » avait été son Cayenne. Rien n'est pris à la légère du côté des Gaye. Thicke porte désormais tout le poids du monde sur ses frêles épaules parce qu'un jour, Pharrell a décidé de lui filer un tube « marrant » et d'en faire un clip « couillu». Pendant ce temps-là, Emily Ratajkowski court toujours. Suivez Emma sur Twitter.