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Music

Range Tes Disques : Ride

On a demandé à Mark Gardener de classer les disques de son groupe, du moins bon au meilleur.

Range Tes Disques est une rubrique dans laquelle nous demandons à un groupe ou un artiste de classer ses disques par ordre de préférence. Après Korn, Slipknot, Lagwagon, Hot Chip, Manic Street Preachers, Primus, Burning Heads, le label Fat Wreck Chords et New Order, nous nous sommes intéressés à Ride. Mark Gardener, chanteur et guitariste du groupe, est revenu pour nous sur les 4 albums de leur discographie.

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4. TARANTULA (1996)

Mark Gardener : Tarantula est l'album que j'aime le moins. C'est un album de ruptureÇa me rappelle une mauvaise période - un moment où Ride partait en lambeaux. Donc ouais, c'est l'album que j'apprécie le moins. Cela dit, on a quand même composé quelques très bons morceaux à cette époque, et il y a certains bons trucs sur l'album. Mais je serais incapable de te citer les morceaux qui figurent sur cet album, dans l'ordre.

Noisey : J'ai du mal à imaginer ce que ça a pu être de devoir enregistrer un album et de garder la face devant les médias alors que vous saviez que vous alliez vous séparer.
On voulait que le groupe survive, on ne s'est pas dit : « Tiens, puisqu'on se sépare, on n'a qu'à faire un album. » On s'est dit qu'on allait faire cet album et continuer à avancer avec le groupe, mais on était à bout, on n'en pouvait plus. Mais c'est cool, c'est ce qui arrive aux bons groupes. On avait cette flamme en nous, mais on n'a jamais eu envie de devenir un vrai groupe professionnel et de vivre comme ça. On avait l'impression d'être pris dans un voyage infernal. En y repensant, c'était franchement intenable, on aurait pas pu continuer comme ça. Pareil pour Creation Records, sur lequel on avait signé - c'est ce qui a rendu le label génial mais aussi ce qui en causé la perte. Je pense que c'était dans l'ordre des choses, on y a tous survécu et on a avancé. On a décidé qu'il était préférable de ne pas se voir pendant un moment mais, aux bout de quelques jours, on était déjà super contents de se retrouver. Depuis, on est toujours potes. On était à l'école ensemble avec Andy et, on après on a passé 6 ou 7 ans ensemble, dans un groupe à succès qui tournait à travers le monde. Il arrive un moment où tu as besoin de prendre de la distance, de vivre pour toi et de voir la vie sous un angle différent.

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Qu'est-ce que tu entends par intenable ?
Le rythme qu'on s'imposait était intenable, on n'a jamais fait de pause. C'était difficile de conserver notre énergie et de rester toujours aussi avant-gardiste et intéressant. À un moment, ça devient très dur de continuer. On n'était pas vraiment une bande de drogués, mais on fumait de l'herbe et on tentait des expériences avec quelques substances, et ça a nettement compliqué la situation. C'est normal, c'est ton droit en tant qu'artiste. On n'avait pas le temps de perdre pied et de se laisser aller, parce qu'on était en permanence occupés avec le groupe. C'était surtout ça, on ne savait pas dire non aux gens, et ça nous poussait à toujours continuer. On aurait certainement dû prendre une longue pause, après quoi on serait revenu et on aurait continué avec le groupe. On n'a jamais fait de break, on a continué jusqu'à ce qu'on fonce droit dans le mur.

3. CARNIVAL OF LIGHT (1994)

Carnival marque une rupture avec vos deux premiers disques. Vous n'étiez plus dans le son du moment mais dans quelque chose qui se réferait au passé - en l'occurrence la pop 60's et 70's. On était alors en pleine période Britpop et quelque part, vous avez pris part au truc, d'une certaine façon, avec cet album.
D'une certaine manière, oui, mais je pense qu'on était surtout influencé par la musique autour de nous. Avec nos premiers albums, on a eu l'impression de faire une musique très psychédélique et hyper audacieuse. On voyait ça comme une progression naturelle. On ne voulait pas faire un truc particulier, juste quelque chose qui nous paraisse bien à nous. Il y a quelque chose de très psychédélique dans cet album, notamment avec un morceau comme « Medicine », qui parle d'acide [Rires] On ne se répétait pas, c'est pour ça que le groupe restait intéressant pour nous et pour le public. On ne se disait pas, au préalable, qu'il fallait faire des disques différents les uns des autres, mais c'était naturel pour nous de rester aussi créatifs et expérimentaux que possible. Quand tu refuses de te répéter, de t'endormir sur tes lauriers, de rester en permanence sur le fil, tu prends le risque de chuter à tout moment. Mais c'est avec cet état d'esprit là que tu fais de la bonne musique.

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Oui, Nowhere est un album génial et vous auriez pu garder ce son pour le restant de vos jours, mais ça doit être chiant pour un musicien de toujours reprendre les mêmes choses et on n'aurait jamais eu un album comme Going Blank Again.
Tout à fait. Je pense que Going Blank Again a le plus gros son. « Seagulls » sur Nowhere était déjà dans un esprit similaire, mais là, il y avait autre chose. On essayait sans cesse de s'améliorer et de développer notre son, sans se demander jusqu'où on pourrait aller. Des morceaux comme « Time Machine » sont très intéressants. Il y a une vibe similaire sur Nowhere, mais c'est avec Going Blank Again qu'on a atteint notre apogée.

J'ai l'impression que Carnival of Light est un album que les gens apprécient davantage avec le temps. À sa sortie, la presse n'était pas très enthousiaste, mais c'est un album qui a malgré tout marqué son époque.
Je pense que les gens ont critiqué cet album parce qu'ils avaient vraiment adoré Nowhere et Going Blank Again. Je ne sais pas si c'était l'album en lui-même ou l'environnement dans lequel on l'a sorti qui nous ont valu ces critiques. Je joue toujours « From Time to Time » lors de mes concerts solo. Je trouve ce morceau incroyable. Je connais plein de gens qui préfèrent Carnival of Light à beaucoup d'autres de nos productions.

2. NOWHERE (1990)

Nowhere est le premier album que vous avez sorti, après une série de EPs. Vous étiez excités à l'idée de travailler sur un format plus long ?
Oui, c'est la première fois qu'on est allés en studio en sachant qu'on allait enregistrer un album entier, c'était une période de naïveté et de fraîcheur. On passait notre temps à jammer et jouer, toute la nuit. À la fin, on ne vivait plus que de nuit. On était à Londres et on allait se coucher quand les gens allaient au travail, puis on retournait au studio quand ils rentraient chez eux. On se sentait complètement déphasés et d'une certaine manière, ça nous a aidés. On avait l'impression d'être une bande de types bizarres qui travaillaient sur un album de fous. On a tous passé un très bon moment. Parfois, Alan McGee de Creation se pointait et ils nous disait : « C'est mortel, continuez comme ça les garçons. » C'était une chouette époque. On a enregistré dans une vieille chapelle du sud de Londres, il y avait une ambiance étrange. Toutes ces choses ont influencé l'album, cette chapelle étrange, les sessions d'enregistrement de nuit et notre naïveté. On a poussé notre ingénieur à bout aussi, il a fini l'enregistrement sur les rotules, parce qu'on ne s'arrêtait jamais ! [Rires] On a dû faire appel à un autre gars à la fin pour mixer l'album, on était tous éreintés.

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Vous étiez tous hyper jeunes quand vous avez enregistré cet album ?
Ouais, on avait entre 18 et 20 ans.

Quand avez-vous pris conscience que vous vous aventuriez dans un truc inconnu ?
Peut-être avec « Dreams Burn Down ». C'est un des premiers morceaux après lesquels on est littéralement restés bouché bée. « Seagull » et « Polar Bear », aussi. On trouvait ça génial. Je n'ai plus le souvenir exact de l'ordre dans lequel on a enregistré l'album, mais « Vapour Trail » est venu bien plus tard.

Quel est le morceau qui ressort le plus de cet album pour toi ?
Tout le monde dirait « Vapour Trail », et en concert je pense que « Seagull » défonce et « Polar Bear » est vraiment un truc à part. « In a Different Place » est aussi un très bon morceau. Les morceaux sont assez différents les uns des autres, donc c'est assez difficile de n'en choisir qu'un. Je pense que les morceaux qu'on choisit de jouer en concert sont ceux qui ressortent le plus de l'album. Cela dit, on va essayer de répéter certains des morceaux de Nowhere qu'on n'a encore jamais joués en concert, on aimerait bien voir ce qu'ils donnent aujourd'hui et pourquoi pas en faire un nouveau mixage. On n'est pas sûrs que ça fonctionne mais on va voir - peut être que ça marchera pour certains.

1. GOING BLANK AGAIN (1992)

Tu as mis Going Blank Again en première position. Combien de temps s'est écoulé entre la sortie de Nowhere et l'enregistrement de cet album ?
Après la sortie de Nowhere, on a tourné pendant à peu près un an. On a eu l'idée de certains morceaux de Going Blank Again alors qu'on était dans notre tour bus aux États-Unis. Des morceaux comme « Chrome Waves » et « Leave Them All Behind » parlent de la vie sur la route, de laisser derrière soi des gens et des endroits. On vivait la même vie que celles des personnages des livres de la Beat Generation qu'on avait lus. On a loué un studio dans l'Oxfordshire, dans une ville qui s'appelait Chipping Norton et on s'est pointés avec quelques morceaux à moitié écrits. On avait presque « Leave Them All Behind ». Des morceaux comme « Mouse Trap » et « Time Machine » nous sont venus après avoir répété dans le studio. On se sentait enfin comme un vrai groupe, c'était très agréable, on fonctionnait comme une équipe. On a donné le meilleur de nous-mêmes sur Going Blank Again, j'ai vraiment adoré enregistrer cet album dans ce studio qui n'existe malheureusement plus aujourd'hui. C'était un bon moment, on était de retour chez nous mais en même temps pas vraiment. On pouvait voir nos potes mais on était isolés dans la campagne à Chipping Norton. On était dans notre bulle, mais on pouvait en sortir quand on le souhaitait.

Qu'est-ce que vous avez essayé d'apporter sur Going Blank Again qu'on ne trouve pas sur Nowhere ?
On voulait expérimenter des trucs, c'est tout. Alan Moulder était dans une bonne période aussi, Massive Attack avait sorti son premier album et on écoutait beaucoup ce qu'ils faisaient. La musique électronique a toujours été une influence mais pas de manière aussi évidente que sur « Chrome Waves » où on sent bien l'influence de « Unfinished Sympathy » avec les arrangements de cordes. On a fait quelques expérimentations, notamment au niveau du mixage.

Ce disque a aussi très bien marché, ça devait être dingue pour un groupe comme Ride de connaître un succès de cette ampleur.
Ouais. « Leave Them All Behind » s'est hissé à la 9ème place des charts. On est passés à Top of The Pops, c'était bizarre. Cela dit, les radios mainstream anglaises évitaient de diffuser nos morceaux parce que les guitares étaient trop noise et que ça ne collait pas avec leur format, mais ça a vraiment permis de consolider notre fanbase. C'était cool, on caracolait en haut des charts, on apparaissait dans des endroits où on n'avait rien à faire et personne ne nous imposait quoi que ce soit.