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Music

Range Tes Disques : Lagwagon

On a demandé à Joey Cape de classer les disques de son groupe, du moins bon au meilleur.

Range Tes Disques est une rubrique dans laquelle nous demandons à un groupe ou un artiste de classer ses disques par ordre de préférence. Après Korn et Slipknot, on passe aujourd'hui à Lagwagon, avec le chanteur Joey Cape qui revient pour nous sur 7 albums du groupe (il a volontairement mis de côté Hang, le dernier en date), du moins bon au meilleur.

7. Duh (1992)

Forcément, on commence par Duh.
L'album s'appelle Duh, comme le « duh » qu'on dit quand on fait une errreur. Je ne sais vraiment pas quoi te raconter à propos de cet album. Je me rappelle qu'on l'a fait en trois jours. Trois putain de jours ! Comment on peut faire un album pareil en trois jours ? Je ne sais pas. On a tout joué en live. Tout ce qu'on voulait, c'était partir en tournée. C'était formidable. Mais aujourd'hui, quand j'écoute cet album, j'ai l'impression que les guitares sonnent faux. Ça me rend malade de l'écouter. Et que dire des lyrics ? Certains textes sont complètement débiles. Mais bon, je suis mon plus virulent critique.

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Dans cette rubrique, les artistes nous disent souvent : « Qu'est-ce qu'on aimerait pouvoir re-enregistrer cet album. »
Eh oui. Mais il faut se faire à l'idée que chaque disque représente une période différente de ta vie. Chaque album correspond à ce que tu étais à l'époque où tu l'as fait. Tu peux à chaque fois trouver un tas de trucs à changer, mais tu ne peux plus revenir en arrière, le disque est gravé. Il y a plusieurs morceaux que j'ai essayés de remixer quand on a ressortit nos cinq premiers albums. J'ai pas mal galéré pour remixer Duh et à chaque fois que j'essayais un truc, j'arrivais au même résultat : ce que je faisais était totalement débile. L'album représente ce que j'étais à l'époque, je dois l'accepter. Ça ne veut pas dire que je ne peux pas l'améliorer, mais si je le modifies, alors je le dénature.

6. Blaze (2003)

Ok, donc Blaze à la sixième place.
Oui, parce que c'était le plus dur à réaliser. On a passé cinq ans sur cet album, dont on a réalisé plusieurs versions — certaines sont d'ailleurs disponibles sur le net. Chaque version était totalement différente. Je ne sais pas ce qui se passait. À l'époque, je n'avais pas la tête à écrire. Je pense que je succombais à la pression du « Il faut qu'on sorte quelque chose. Les gens veulent de la nouveauté. » Je ne réalisais pas encore qu'en fait, les gens se foutent de la nouveauté. Ce qu'ils veulent, c'est que tu repondes la mêmes vieux trucs encore et encore. Parce qu'ils ne passent pas leur vie avec toi, ils t'acoutent juste de temps en temps.

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5. Double Plaidinum (1997)

Le cinquième ?
Je dirais Double Plaidinum, car là encore, la base, c'est l'écriture. Musicalement, je ne suis pas fan de la manière dont il sonne. Le truc c'est qu'à l'époque on avait pas mal de problèmes avec Shawn Dewey, notre guitariste. Il ne venait presque jamais en répète et il nous a lâchés la vieille de l'enregistrement de l'album. J'ai donc du jouer à sa place sur presque tout l'album. Je ne jouais pas aussi bien que lui et ça s'est ressenti sur l'album. Ken Stringfellow [chanteur et guitariste de Posies] est venu nous donner un coup de main pendant l'enregistrement et suite à ça, il nous a suivi sur la tournée. Ce mec est un songwriter de génie, on était tous fan de lui, donc c'était assez fou de l'avoir parmi nous. C'était vraiment une mauvaise période pour moi car, en plus de tout ça, j'étais en pleine rupture — tout le monde a sa « grosse » rupture, et là, c'était mon tour. J'étais dévasté. Je n'étais vraiment pas au top, mais bon, c'est aussi comme ça qu'on apprend.

4. Trashed (1994)

Ensuite ?
Je dirais Trashed. Pour moi Trashed, c'est une version améliorée de Duh. Déjà au niveau de l'écriture, cet album est vraiment meilleur. Il m'arrive régulièrement de jouer certains titres en acoustique, ils marchent toujours aussi bien. Quand tu écris un morceau, c'est un peu le test ultime, l'acoustique. Je me rappelle aussi que, sur cet album, Derrick avait tout déchiré à la batterie. Cela dit, il y a pas mal de morceaux sur ce disque qu'on ne jouait pas en live. Mais je jouais souvent « Whipping Boy » en acoustique. Je trouve qu'il sonne comme un bon morceau country, ce qui est assez étonnant vu que j'avais à peine 20 ans quand je l'ai écrit.

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Ce disque est sorti en plein pendant l'explosion du pop-punk. Aujourd'hui, avec le recul, tu penses quoi de cette période ?
Je me rappelle avoir écouté un titre de Green Day et avoir dit : « Ces mecs vont devenir énormes. Regardez bien ce qui est sur le point de se passer. » C'était en effet une période faste pour le punk rock, mais ça n'a pas vraiment eu d'effet sur nous. On n'était pas sollicités par les majors, contrairement à pas mal d'autres groupes. On n'avait pas la visibilité nécessaire pour ce genre de chose. En plus, on jouait vraiment trop vite et puis on avait ce côté métal qui ne collait pas. On n'était pas assez pop. J'ai toujours considéré ça comme une bonne chose, parce que ça nous a permis de continuer à faire notre truc et de tenir sur le long terme, contrairement à d'autres groupes qui ont explosé en plein décollage. Green Day s'en sont bien sortis, cela dit.

3. Hoss (1995)

Tu mettrais quoi après Trashed ?
Hoss. Je pense que c'est l'album le plus éclectique qu'on ait fait et c'était courageux de notre part. À l'époque, il se passait beaucoup de chose en musique, et j'ai dis aux gars « On s'en branle ! On n'a pas besoin de rester bloqués sur le punk rock. On fait ce qu'on veut, on peut faire un album composé de différents styles. » Les membres du groupe n'étaient pas forcément enthousiastes, sauf Derrick qui, lui, était vraiment emballé.

Dans Hoss, il y a plusieurs gros classiques de Lagwagon, comme « Violins » par exemple. Tu penses que c'est un disque qui marche mieux que les autres auprès des fans ?
C'est une bonne question car c'est l'album qu'on a le plus joué en live. Il y a plus de classiques sur cet album que sur tous nos disques précédents, c'est sûr. Quand je prépare notre set, je dois justement faire attention à ne pas mettre trop de morceaux de Hoss, car on tient vraiment à taper dans tout notre catalogue. On a fait pas mal de concerts où la moitié de notre set était composée de morceaux de Hoss. Je ne sais pas vraiment pourquoi, même si je pense que c'est parce que c'est un disque plus éclectique que les précédents. Il faut ausi dire que c'est à l'époque de Hoss et Double Plaidinum qu'on vendait le plus de disques.

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2. Resolve (2005)

Tu mettrais quel disque en deuxième position ?
Je dirais Resolve. A mes yeux c'est un album important, plus important que Let's Talk About Feelings d'une certaine manière. C'est un hommage à Derrick Plourde [batteur de Lagwagon décédé en 2005]. On a écrit l'album en une semaine, à chaud. On était réunis pour une triste raison, et on a fait du bon boulot, tous ensemble. Mais j'ai du mal à l'écouter, et tu peux te douter pourquoi. Malgré tout, j'aime le côté très agressif du disque, c'est comme si on avait mis tout ce qu'on avait dedans, à l'unison. C'était le moins qu'on puisse faire pour Derrick.

Dans tous vos albums précédents, il y avait des touches d'humour mais celui-ci est vraiment intense et sérieux.
On en avait marre de cette étiquette de groupe pop stupide qu'on nous avait collé. Si tu prends l'ensemble de nos morceaux, il doit y en avoir douze qui sont un peu débiles. [Rires] Mais ce sont aussi les titres que les gens préfèrent entendre en live… Alors qu'en général, nos lyrics et nos morceaux sont assez sombres. Quand elle a écouté Double Plaidinum , par exemple, ma mère s'est montrée assez inquiète et a commencé à me demander si j'allais bien. Là, on voulait rendre hommage à Derrick donc, c'est normal que le disque sonne un peu plus sérieux, et au final, ça nous a fait du bien.

1. Let's Talk About Feelings (1998)

Et donc le premier, c'est Let's Talk About Feelings.
Je ne me rappelle plus très bien de l'histoire de l'album mais c'est mon favori. Je trouve que c'est un album très pop, et j'aime la pop. Certains de mes meilleurs textes sont sur cet album. Certains de nos meilleurs morceaux aussi.

C'est intéressant que tu dises ça, parce que vous avez fait une longue pause après cet album, non ?
Non, justement. Les gens ont toujours pensé ça, mais en réalité ce n'est pas ce qu'il s'est passé. Si tu ne fais pas de tournée pendant cinq ans — on en faisait tous les deux ou trois ans, parfois même tous les quatre ou cinq ans seulement— ça ne veut pas dire que tu ne fais plus rien. J'ai sûrement dit plusieurs fois qu'on avait pris une pause à cette période, mais c'était faux. Je vais rétablir la vérité à partir de maintenant.

Jonah Bayer parle de ses sentiments sur Twitter.