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Music

Range Tes Disques : Hot Chip

On a demandé à Joe Goddard de classer les disques de son groupe, du moins bon au meilleur.

Range Tes Disques est une rubrique dans laquelle nous demandons à un groupe ou un artiste de classer ses disques par ordre de préférence. Après Korn, Slipknot et Lagwagon, on change de registre avec Hot Chip, dont le chanteur et tête pensante Joe Goddard nous présente aujourd'hui les 5 albums du groupe, de celui qu'il trouve le moins bon à celui qu'il considère comme le meilleur.

5. Made In The Dark (2008)

Pourquoi as-tu choisi de mettre cet album en dernier ?
L'album est trop long et part dans tous les sens. Il a un côté tentaculaire. A l'époque on pensait que c'était une bonne idée de se lancer dans tout un tas de directions différentes. Il y a des morceaux assez bizarres comme « Don't Dance » , et … merde, je ne me rappelle plus du nom des autres titres auxquels je pensais. Après, il y a quand même de super morceaux, comme « Ready For The Floor », que j'adore et qui a rencontré d'ailleurs pas mal de succès. Mais je pense que l'album aurait pu être bien meilleur avec deux ou trois morceaux en moins et quelques collaborations avec d'autres artistes. Notre nouvel album est plus court, 10 titres seulement. Pour moi, c'est quelque chose qu'il faut constamment garder en tête. Quand tu fais un album, ton but c'est de raconter quelque chose de cohérent. Si tu préfères raconter plein de choses différentes, c'est cool, mais il faut être vigilant, parce que ça peut très vite devenir confus et pas très agréable à l'écoute.

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De vos disques, celui-ci est pourtant un de ceux qui a le mieux marché.
C'est celui qui s'est le mieux vendu ?

Je ne sais pas, mais c'est celui qui a été le plus haut dans les charts anglais en tout cas.
Ok, je n'étais pas au courant. Je pense que c'est dû au succès de The Warning . Tu sais, quand un album cartonne, celui qui sort juste après bénéficie du succès du précédent et marche encore mieux. Si on l'avait mieux bossé à l'époque, on aurait peut-être encore plus de succès aujourd'hui !

4. One Life Stand (2010)

On enchaîne avec One Life Stand.
C'est un album sur lequel il y a des titres dont je suis assez fier, comme « One Life Stand » ou « Brothers ». Ça a vraiment fait plaisir à mon frère qu'on écrive « Brothers ». Il n'arrêtait pas de me le chanter quand il était saoul. En concert c'était pire, il se retournait carrément vers les gens autour de lui et gueulait « Ce morceau parle de moi ! » [Rires] « One Life Stand » est un morceau qu'on continue de jouer et que les gens semblent toujours apprécier. On a travaillé avec Charles Hayward, le batteur de This Heat, dessus. Il est à la batterie sur plusieurs titres de l'album, en fait. C'était un honneur pour nous de l'avoir à nos côtés.

Ce qui me déplait sur cet album, c'est qu'il ne parait pas cohérent. On a énormément travaillé dessus… Enfin, on a énormément travaillé sur tous nos albums mais pour celui-ci, je me rappelle avoir encore plus bossé que d'habitude. Al Doyle [guitare/claviers] et Felix Martin [batterie, clavier et programmation] ont un studio sur Rhoda Street, juste à la fin de Brick Lane, et je me souviens avoir passé des semaines et des semaines enfermé là-bas à essayer de sortir quelque chose de propre. On a vraiment passé beaucoup de temps sur ce disque. Enfin, avant que Mark Ralph ne vienne bosser avec nous — ce qui a d'ailleurs été une bonne chose. Bref, au niveau du son, je trouve que cet album ne casse pas des briques.

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C'est un peu ironique du coup que ce soit celui qui vous ait pris le plus de temps.
Ouais, mais tu sais, parfois, faire un album rapidement c'est la meilleure solution. Quand tu prends vraiment ton temps pour faire un album, tu vas trop le travailler et tu peux aussi le surcharger. Sur nos deux derniers albums, on a essayé de travailler plus vite que d'habitude. J'aime la sensation que créé une musique produite rapidement. J'aime la spontanéïté, la fraicheur, le fait que certains trucs ne soient pas très bien programmés, ou moins travaillés, moins réfléchis. Généralement, les trucs faits assez vite sonnent mieux à l'oreille.

Tu regrettes d'avoir pris autant de temps, du coup ?
Quand j'écoute certains des nos anciens albums, comme The Warning ou celui-ci, ça me rappelle à quel point on était jeunes et on manquait d'expérience à l'époque. Si on avait travaillé avec des mecs comme Alan Moulder ou Flood, peut-être que le rendu final aurait été meilleur. Avec le recul, j'y repense parfois, mais ça ne m'empêche pas de dormir. Quand on se lance dans un projet, notre objectif c'est faire du mieux qu'on peut avant de passer à autre chose. C'est quelque chose que Kieran Hebdan [Four Tet] m'a appris quand j'étais ado. Je lui envoyais des démos quand nous étions en cours ensemble et à chaque fois il me disait de ne pas perdre de temps sur des trucs trop longs. Pour lui il fallait faire son truc et passer à autre chose. C'est quelque chose que j'ai retenu.

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3. The Warning (2006)

Je suis surpris que tu n'accordes pas une meilleur place à cet album.
C'est sûrement l'album préféré de nos fans. Et même si je ne l'aime pas autant qu'eux, ça reste un bon disque. C'est sur celui-ci qu'il y notre plus gros hit « Over And Over ». Je suis vraiment heureux qu'on ai fait ce morceau, on continue à le jouer en live et à chaque fois c'est vraiment jouissif — je suis vraiment heureux qu'on ait réussi a produire quelque chose que les gens apprécient autant. Quand on a sorti The Warning, les mecs de DFA ont commencé à s'intéresser à nous. Ils ont entendus les démos de « Over And Over » et « And I Was A Boy From School » et sont rentrés en contact avec nous. Par la suite, on a tourné avec LCD Soundsystem et ils nous ont énormément aidés sur différents plans. C'était une chouette époque, et c'était super motivant d'être sur EMI. Ils avaient signé tous les artistes de DFA Records, et au début, on avait vraiment l'impression d'être un gang. On a fait des tournées au Portugal et en Espagne avec Black Dice, The Juan Maclean et Tim Sweeney. C'était vraiment super, mais toutes les bonnes choses ont une fin et ça s'est arreté assez rapidement, au moment où EMI n'a pas su quoi faire de l'album de Black Dice.

Vous aviez conscience à l'époque que vous étiez à un tournant de votre carrière ou c'est seulement après « Over And Over » que vous avez réalisé ce qu'il se passait ?
On avait essayé de mixer quelques morceaux avec Kieran, qui est un vieil ami. On est allés en studio, et peu de temps après, on a été amenés à travailler avec Tom Elmhirst, un grand ingénieur du son qui a notamment bossé sur les albums d'Adele. C'est lui qui s'est occupé du mix de « Over and Over ». Je me rappelle qu'un soir à Koko, un club de Camden, Kieran et moi avions décidé de passer plusieurs de ces mixes pour voir la réaction des gens. On a joué « Over And Over » — bien avant qu'il ne sorte, donc — et on immédiatement compris que ce morceau avait un gros potentiel. Mais on ne savait pas ce qui nous attendait. On ne se doutait pas qu'on finirait dans le Top Ten.

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Rentrer dans l'univers mainstream n'a jamais été votre objectif de toute façon ?
On était ambitieux, on n'avait pas d'objectifs spécifiques mais on voulait devenir un groupe important. Parce que les gens qui nous inspiraient étaient tous des gens importants dans leur domaine, que ce soit Prince, Timbaland ou les Destiny's Child. On voulait être un groupe pop qui touche un maximum de monde. On n'a jamais vu où était le mal là-dedans.

Tant que tu gardes ton intégrité, ça ne pose aucun souci.
Voilà. Avant que la musique du groupe devienne electro, poppy et R&B, on était à fond dans l'indie-rock. On était fans de Will Oldham, de Pavement et de tout ces trucs super indés. Mais on a commencé à se sentir à l'étroit là-dedans. Du coup on a commencé à se sentir attirés par les gros noms de la musique américaine, du hip-hop ou du R&B. Tout cet univers nous paraissait attrayant, en plus c'est un terrain sur lequel on ne nous attendait pas. Il y avait quelque chose d'excitant dans le fait d'essayer de s'inspirer de ces mouvements. Dans cet univers, le but est justement d'essayer de percer dans le mainstream en gardant sa singularité et son inventivité.

Qu'est-ce que le succès de « Over and Over » vous a apporté ?
Beaucoup de concerts. On jouait chaque soir devant un public de plus en plus important et il est très vite devenu clair que les gens voulaient danser à nos shows. Je pense que la connexion avec DFA a joué un rôle, car à l'époque, DFA était vraiment très à la mode. Les gens venaient nous voir pour s'amuser et danser. On a vu notre notoriété faire un énorme bond en avant avec ce titre.

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2. Coming On Strong (2004)

Votre premier album. Qu'est-ce qui le rend si particulier pour toi ?
La raison pour laquelle j'apprécie aujourd'hui ce disque, c'est parce ce qu'on a un peu essayé de le revisiter, sur notre dernier album. C'est un album moins marqué par la house music, il a davantage à voir avec… il y avait des trucs qui faisaient référence aux Neptunes, Slum Village, JD et Minnie Riperton, ce genre de musique très douce, un peu soul. Et Stevie Wonder, ce genre de choses - ça s'entend sur un morceau comme « Keep Fallin' ». On voulait se diriger vers ça mais, au final, on s'est retrouvés avec un truc plus saccadé, chaotique et bizarre que prévu. Sur le nouvel album, notre objectif c'était d'amplifier cette sensation. On ressent moins l'influence de l'electro et plus celle de la black music américaine traditionnelle, du R&B, de la Soul, etc. Ces derniers temps, j'ai plus pensé à cet album qu'aux autres.

Ça doit te paraître loin tout ça. Ça fait quand même onze ans qu'il est sorti.
Carrément ! Surtout que certains des morceaux de ce premier album ont été écrits bien avant que l'album ne sorte. Le truc date vraiment. A l'époque on n'était pas les mecs qu'on est aujourd'hui. On a fait cet album dans ma chambre, j'habitais toujours chez mes parents, à Fulham. Je n'avais pas encore rencontré ma femme et je n'avais pas encore de gosses. J'avais une vie totalement différente. Cet album, c'est un instantané de nos goûts à Alexis et moi, et de la manière dont on travaillait ensemble. D'ailleurs, nos méthodes de travail sont restées assez similiares.

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Tu te souviens de vos objectifs de l'époque ?
On était comme tous les groupes de gamins qui débutent : on voulait juste avoir un CD avec notre nom dessus. Alexis et moi étions vraiment branchés sur les tous petits labels indés. Avant d'arriver sur Moshi Moshi, on avait sorti des trucs sur un label encore plus petit. On évoluait pas à pas. On voulait juste être un groupe qui assure sur scène, faire de notre mieux. Mais je ne suis pas sûr qu'on savait très bien ce qu'on faisait.

1. In Our Heads (2012)

Pourquoi celui-ci en premier ?
Déjà, il y a « Look At Where We Are » et « Flutes » dessus. Je suis vraiment fier de ces deux titres. Quand je réécoute « Flutes », je me dis que c'est vraiment un tube, avec une construction hyper intéressante. Le morceau va crescendo, ça commence tout petit et puis ça monte, ça monte, ça monte. J'aime beaucoup ça.

C'était votre premier album pour Domino— ça a changé quelque chose pour vous ou pas du tout ?
Honnêtement, chez EMI les gens étaient très respectueux et nous laissaient une liberté totale. Ils ne cherchaient pas à nous imposer leurs idées, ne nous demandaient pas d'enregistrer des morceaux plus pop, ne nous imposaient pas de travailler avec tel ou tel producteur. Ils nous laissaient vraiment faire ce qu'on voulait. Et c'est pareil chez Domino. Il n'y a pas vraiment de différence, mais chez Domino, il y avait un esprit de camaraderie car les mecs du label étaient des amis de longue date. C'était des gens avec qui on avait sympathisé depuis longtemps et avec qui on pouvait vraiment parler de musique. Mais en terme de production musicale, rien ne change.

Hot Chip est, selon moi, un groupe qui a toujours essayé de se frayer son propre chemin. Tu penses que ça a joué en votre faveur ?
Oui. C'est important pour nous de suivre notre propre voie et de continuer de faire ce qui nous intéresse. C'est d'ailleurs en partie pour ça qu'on continue, je pense.