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Music

Range Tes Disques : Descendents

On a demandé à Milo Aukerman de classer les disques de son groupe, de celui qu'il trouve le moins bon, à celui qu'il considère comme le meilleur.

Range Tes Disques est une rubrique dans laquelle nous demandons à un groupe ou un artiste de classer ses disques par ordre de préférence. Après Korn, Slipknot, Lagwagon, Hot Chip, Manic Street Preachers, Primus, Burning Heads, le label Fat Wreck Chords, New Order, Ride, Jean Michel Jarre, Blur, Mogwai, Ugly Kid Joe, Anthrax, Onyx, Christophe, Terror, Katerine, Redman, Les Thugs, Moby et Les $heriff, c'est au tour de la légende Milo Aukerman, chanteur des Descendents, de classer les disques de son groupe, de celui qu'il trouve le moins bon, à celui qu'il considère comme le meilleur.

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À noter que les albums live Liveage! et Hallraker, la compilation Somery et le nouvel album du groupe, Hypercaffium Spazzinate (qui sort aujourd'hui même sur Epitaph), ont été écartés de la sélection.

6. Cool To Be You (2004)

Noisey : Il faut bien choisir un dernier.
Milo Aukerman : Oui, et c'est celui-là, principalement parce que les chansons de Bill [Stevenson, batteur ] étaient bonnes mais que je n'ai pas du tout assuré dessus. Je m'en suis bien sorti sur les morceaux écrits par Karl [Alvarez, bassiste], mais ça n'a pas fonctionné avec ceux de Bill. Et puis Stephen [Egerton, guitariste] n'a composé aucun titre sur ce disque et je trouve que son absence se sent vraiment. C'est un album plus détendu, beaucoup moins agressif que les précédents. Les circonstances dans lesquelles il a été enregistré n'étaient pas idéales non plus. On ne tournait plus et ma voix avait changé, elle était plus erailée. Ce truc de voix, je crois que ça a pas mal joué dans mon rapport avec ce disque.

5. I Don't Wanna Grow Up (1985)

J'ai toujours eu l'impression qu'il avait été écrit et enregistré très rapidement.
En fait non, mais on a très mal géré les répétitions. Bill tournait avec Black Flag et on répétait dans le garage de Tony [Lombardo, bassiste à l'époque]. Bill jouait sur un set de batterie pour enfants et on devait jouer à un volume beaucoup plus faible que d'habitude parce qu'on jouait dans un garage et qu'il y avait des voisins et tout ça. Du coup, quand on s'est pointé en studio, nos repères étaient complètement faussés et ça a donné ce son un peu toc, un peu jouet, qui ne tient pas du tout la comparaison avec le premier album.

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J'ai aussi lu quelque part que le producteur était bourré la plupart du temps, c'est vrai ?
Oui, la production a clairement été saccagée par ce type, qui avait pas mal de problèmes. Du coup, Bill a dû mettre son nez dedans. C'était le premier disque sur lequel il passait de l'autre côté de la console. Du coup, il se sentait un peu coupable, genre « Désolé les mecs, j'ai niqué le disque », parce qu'il ne savait absolument pas ce qu'il faisait. Il n'avait jamais utilisé du matériel de studio.

Ça reste quand même un classique, on y trouve notamment « Silly Girl », qui est un de vos plus beaux morceaux pop.
Oui, on continue d'ailleurs à le jouer live, mais avec un côté plus agressif. Il y a quelques-une des meilleures chansons de Bill sur ce disque, même si lui les trouve plutôt embarrassantes parce qu'il les a composées quand il avait 19 ans. Les paroles sont très naïves, très romantiques. Mais les gens les adorent et les chantent en concert. C'est juste que Bill est un peu, genre « Merde, c'est moi qui ait écrit ça ? »

Il y a également « Pervert ».
[Rires] Ouais, on la joue toujours aussi celle-là. Sur ce disque, on a fait un mélange de romance et de trucs plus dégueulasses.

4. Enjoy! (1986)

Votre album pipi-caca. Vous tourniez énormément à l'époque et on a vraiment l'impression d'écouter une suite de blagues scato dignes de celles que les groupes se racontent dans leur van.
Quand tu tournes vraiment beaucoup, comme c'était le cas pour nous à l'époque, tu en viens à oublier qu'il existe un monde à l'extérieur de ton van. Tu te crées ton petit monde à toi, où tu rigoles de trucs qui ne feraient rire personne d'autre que toi et ton groupe. Et nous, tout ce qui nous intéressait, c'était les pets et les blagues sur les pets.

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Bizarrement, c'est aussi sur ce disque qu'on trouve certains de vos morceaux les plus expérimentaux.
Ça, c'est un truc qui marchait très bien la moitié du temps, et un beaucoup moins bien l'autre moitié. Quand ça marchait, c'était cool. Quand ça ne marchait pas, tu te disais « mouais », mais tu le mettais sur le disque quand même. On a quand même réussi de bons trucs sur ce disque cela dit. « Green » est un bon exemple de titre expérimental des Descendents réussi. Et « Sour Grapes » est un parfait exemple de titre expérimental des Descendents réussi.

3. All (1987)

Bill considère que c'est le disque qui se rapproche le plus de Milo Goes to College dans le sens où il capture parfaitement l'essence du groupe.
Bill avait l'impression qu'on était arrivés à un truc en termes de production sur ce disque. Et les deux nouveaux qu'on venait d'intégrer dans le groupe [Karl Alvarez et Stephen Egerton, qui font toujours partie du line-up aujourd'hui] avaient composé des titres hallucinants. Karl a par exemple écrit « Coolidge », qui est la meilleure chanson du disque. Après, il y a aussi des titres qui fonctionnent moins bien. « Schizophrenia » me fait vraiment grincer des dents. À ce stade, ce n'est plus de l'expérimental, c'est du remplissage.

Votre côté expérimental, ça vient de quoi ? De groupes comme les Minutemen ?
Ouais, les Minutement et même Black Flag, qui, à cette époque, venaient de sortir The Process Of Weeding Out. C'est un disque qui a beaucoup influencé Stephen, qui lui a inspiré la plupart des mélodies très bizarres que tu entends sur All et sur lesquelles Bill et moi avons tenté tant bien que mal de coller des paroles.

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2. Everything Sucks (1996)

Le disque qui a marqué votre retour, il y a pile 20 ans, et a réuni deux générations de fans.
Oui, les gens qui nous écoutaient dans les années 80 ont fait des cassettes pour leurs petits frères ou même, dans certains cas, pour leurs enfants. Et on s'est retrouvées avec plusieurs génération de fans à nos concerts. C'était une surprise totale pour nous, on ne s'y attendait pas du tout. Pendant ce long break de 9 ans entre All et Everything Sucks, le reste du groupe a continué à jouer sous le nom de All et ils sont tous devenus d'incroyables songwriters. On a dû faire le tri parmi 35 morceaux pour faire ce disque. C'est un de mes albums préférés parce qu'on était tous dans une vibe très positive au moment de l'enregistrement.

Tu penses que tout ce temps passé en dehors du groupe t'a fait du bien ?
Oui, j'étais devenu scientifique et c'est ce que je voulais depuis le début, mais j'en étais arrivé à un point où je faisais un peu du sur-place, où ma carrière n'évoluait pas vraiment. Et j'étais en plein surmenage. Du coup, je me suis dit que ce ne serait peut-être pas mal de faire un nouvel album avec le groupe, que ça valait le coup d'essayer. Les autres étaient super-excités par l'idée. C'était le bon moment, je crois, tout simplement. Des titres comme « I'm The One » ou « Everything Sucks » collaient parfaitement avec notre état d'esprit.

1. Milo Goes to College (1982)

C'était inévitable.
Oui, parce que c'est le disque qui capture vraiment l'essence du groupe, tel qu'il était à l'époque. J'aimerais dissocier l'image que les gens ont de ce disque et l'image que j'en ai moi, mais je pense que les deux sont liées désormais. C'était notre premier disque, c'était un moment tout simplement magique et on le placera toujours au-dessus des autres, quoi qu'il arrive. Il a une énergie incroyable et il continue à toucher des tas de gens.

C'est un disque qui a eu une influence considérable. Et puis, c'est celui sur lequel on a découvert ta caricature, qui est devenu l'emblème du groupe et un véritable symbole dans la scène punk.
Oui, c'est vrai qu'il y a ça aussi. C'est là où tout a commencé. On a sorti des trucs avant cet album mais il représente le moment où les Descendents ont vraiment démarré. Cela dit, le disque n'a pas du tout marché à sa sortie, ça s'est fait sur la longueur. Vu que, comme son titre l'indique, je quittais le groupe après l'enregistrement pour aller à la fac suivre mes études scientifiques, on n'a pas joué ce disque sur scène avant 1985-1986, soit deux ans après sa sortie. Et même là, ça commençait tout juste à prendre. Ça a été très long.

Hypercaffium Spazzinate, le septième album des Descendents, sort aujourd'hui 29 juillet sur Epitaph.