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Music

Raekwon a une grosse dose d'amour pour ses fans

On a croisé le Chef à Londres, juste avant qu'il ne monte sur scène avec Kanye West.

Quand Raekwon est monté sur scène aux cotés de Kanye West lors de son concert surprise à Londres, jeudi dernier, tous les gens se sont écriés : « Oh putain, mon Dieu, MAIS C’EST RAEKWON ! ». Dès le lendemain matin, une autre question a dû traverser l’esprit des chanceux qui ont pu assister au spectacle : qu’est-ce que Raekwon foutait à Londres, en fait ?

Ce qui est sûr c’est que celui qu’on surnomme The Chef n’était pas là pour faire du shopping à Camden ou pour se mettre bien dans le tour bus de Kanye. En fait, il était déjà à la capitale depuis quelques jours avant de rejoindre Yeezus pour entonner « C.R.E.A.M ».

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2015 s’annonce comme un très bon cru pour Raekwon. Cette année, l'éminent membre du Wu-Tang Clan fêtera le vingtième anniversaire de son chef d’œuvre Only Built Cuban Linx, et pour l’occasion, il a présenté au festival Sundance le mois dernier, un trailer surprise de The Purple Tape Files, un documentaire réalisé avec Ghostface Killah qui revient sur ce mythique album. Ce n’est pas le seul cadeau que Raekwon a prévu de balancer à ses fans car il s’apprête aussi à sortir un nouvel album solo, Fly International Luxurious Art, dès le mois prochain.

Je l’ai rencontré dans sa chambre d’hôtel qui sentait tellement la haze que j’avais l’impression d’être à Kingston. On a parlé de son prochain album, de ses fans et de rap, qu’est ce que tu croyais ?

Noisey : Yo Raekwon ! Tu sors bientôt ton sixième album d’ici, il a été long à finaliser celui-là, non?
Raekwon : On a mis trois ou quatre ans pour le finir. Je ne me suis pas pressé car je voulais vraiment qu’il soit authentique. C’est un projet personnel qui me permet de faire le bilan, vingt ans après mes débuts. Je fais toujours les choses du mieux que je peux. Mais je suis super excité mec, il est temps pour les gens de réécouter ma musique, ce médicament bon pour le corps et l’esprit.

Le titre « Wall to Wall » avec French Montana et Busta Rhymes est une tuerie.
C’est vrai que ce morceau défonce. C’est un morceau street ! Ca me rappelle l’époque où j’étais dans les blocks, à écouter du hip-hop. C’est She Da God qui a fait la prod de ce morceau. Cette fille fait des beats de malade.

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Ah ouais ? Elle sort d’où ?
Elle connaissait un des mecs de la boite qui m’a fait écouter ce qu’elle faisait. Ensuite je l’ai rencontré, je lui ai dit que j’aimais ce qu’elle faisait, elle est venue au studio et elle nous a fait le beat incroyable de « Wall to Wall ». On était sûrs que French et Busta allaient faire un truc de dingue sur cette prod. On les a contactés et ils étaient chauds. Puis on a enregistré et voilà le résultat : une tuerie.

J’ai toujours pensé que les producteurs inconnus qui envoyaient des mails à des rappeurs comme toi ne recevaient jamais aucune réponse.
Je regarde toujours ce qui se fait à droite à gauche. J’ai toujours une oreille qui traine dans la rue pour savoir ce qui s’y trame. Parfois, je ne veux pas en savoir trop car je ne veux pas me laisser influencer par ce qui se fait. En ce moment, c’est la nouvelle génération qui fait les meilleurs trucs. On m’a toujours dit que tous les dix ans, la musique prenait un nouveau tournant, ou qu’une nouvelle tendance se dégageait. Donc en tant qu’artiste, je dois être au courant de ça. Je dois étudier cette nouvelle génération pour savoir ce qu’elle pourrait m’apporter.

Il y a des artistes que tu admires avec qui tu n’as pas encore travaillé ?
J’ai travaillé avec énormément de monde. Mais il y a toujours de nouvelles têtes. J’aimerais bien bosser avec Kendrick Lamar, et Snoop. Ca fait un bon moment que ça me trotte dans la tête.

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Quand tu vois la scène rap d’aujourd’hui, tu constates une grosse différence avec ce qui se faisait dans les 90’s ? Le business a vachement évolué, non ?
Les artistes plus malins aujourd’hui, mais à l’époque, les mecs étaient plus créatifs. Il y avait plus de jeunes qui faisaient de la musique avec leurs tripes et, peu importe où ça les menait, ils avaient un réel talent. Aujourd’hui, tu n’as pas besoin d’être un artiste pour être un businessman. Il faut juste savoir déterminer ce qui va marcher et ce qui ne va pas marcher.

Ouais. Raconte-nous comment s’est passée ta venue au festival Sundance le moins dernier.
Cette année ça va faire 20 ans que Only Built 4 Cuban Linx est sorti, donc on a eu l’idée de faire un documentaire dessus, The Purple Tape Files, pour en découvrir encore plus sur cet album. On prend notre temps pour le faire, mais grâce à nos relations, j’ai pu présenter un trailer de 7 minutes à temps pour le fest, et les gens ont apprécié.

Il y aura quoi dans le film ?
On revient longuement sur l’album, sur la manière dont on a travaillé dessus, on parle des trucs auxquels on ne s’attendait pas, les controverses, etc. On rend hommage à cet album qui a cartonné aux quatre coins du monde.

Vous avez lancé un crowdfunding c’est ça ?
Oui car on voulait que les fans fassent aussi partie du projet. Le crowdfunding, c’est un bon moyen pour leur donner ce qu’ils attendent et c’est super important. Grâce à fanbacked.com, j’ai donné l’opportunité aux fans d’être à mes cotés et communiquer ce qu’ils attendaient du projet. Ensuite, ils m’ont aidé à consolider certains points sur lesquels j’avais besoin d’aide. On n’a jamais dit que le projet serait facile et peu couteux à réaliser — je n’aurais jamais voulu faire un truc cheap de toute manière. C’est l’histoire d’un album et de tous les gens qui ont soutenu le projet et nous soutiennent encore. Je me fous de la somme que les gens mettent. Si un gamin fauché met 2 euros, alors il a sa place dans le projet, il sera tenu au courant de tout ce qui se passe et pourra peut-être me rencontrer.

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J’ai l’impression que les artistes veulent de plus en plus être en contact direct avec leur public.
Bien sûr. Les fans, c’est ta deuxième famille. En tant qu’artiste, c’est important de savoir qui sont ces gens qui t’aident à nourrir les tiens. C’est important de leur rendre ce qu’ils te donnent. Je crois qu’il n’y a rien de plus important en fait. Sans mes fans je ne serais rien, je leur dois tout, donc c’est normal qu’ils participent au projet du film.

Le documentaire est terminé ?
Si on fait une analogie avec un match de basket, je dirais qu’on en est au premier quart-temps. On répondra à toutes vos questions mais, croyez-moi, ce qui est sûr c’est que les fans vont adorer.

Ca doit faire bizarre de se pencher sur 20 ans de carrirère.
Tu sais, j’ai l’impression d’être dans le game depuis quelques années seulement ! Des fans me disent tout le temps « je t‘écoute depuis que j’ai dix ans ! » C’est dur à croire mais parfois ils me sortent aussi : « Ma mère n’écoute que toi » ou « Mon père est dingue de ce morceau là ». Chaque jour, en me levant, j’ai toujours ça en tête et je suis deux fois plus motivé à faire ce que j’aime. Peu importe l’âge que tu as, tu peux faire ce que tu veux tant que tu le fais par passion. Je m’arrêterais peut-être après 20 albums, mais pour le moment, ce n’est pas du tout dans mes plans.

Et tu ressens toujours la même chose sur scène ?
Absolument. D’ailleurs, on a prévu un tas de dates partout dans le monde cette année. Ca va nous prendre pas mal de temps et ce qui m’embête le plus, c’est que je saurais éloigné de mes enfants. Je suis un exemple de réussite pour eux mais, hélas, je ne suis pas souvent à la maison.

Ca doit être dur à gérer ça, la vie sur la route et la vie de famille.
Ou, pas évident, tu es super content sur l’instant puis une heure après tu te dis « Putain, mais comment je vais expliquer ça aux enfants ? » C’est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Mais globalement, ça reste positif car je sais que quoiqu’il en soit, je prendrai soin d’eux et je leur offrirai la meilleure éducation possible.

Joe Zadeh est sur Twitter : @cide_benengeli