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Music

Playlist imposée : Burst One's Side

Les Good Riddance du Val-d'Oise ont replongé dans leurs morceaux préférés, de Weezer à Pearl Jam en passant par Francky Vincent, pour célébrer la sortie de leur premier album, « Tight ».

Depuis 1999, Burst One's Side sévit dans la sphère parallèle du harcore/punk mélodique à gros choeurs et gros coeur. Pourtant, leur musique vous est certainement passée au-dessus de la tête durant toutes ces années. Et c'est normal. Le groupe du Val-d'Oise (ce fameux 95 disctrict qui a également donné naissance à M-Sixteen, Strike Back ou aux Marxmallows et fait les belles heures du forum Warmzine) n'a jamais été un dingue de com' et de réseaux sociaux. Leur but premier a toujours été de jouer avec leurs potes et de se marrer. C'est aussi pour ça qu'en 15 ans d'existence, Burst One's Side n'a sorti son premier album qu'en juin dernier, sur Knives Out Records.

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Le disque s'appelle Tight, vous pouvez l'écouter juste au-dessus et vous le procurez via le site du label pour lire les paroles qui l'accompagnent. On a profité du retour en force des Val-d'Oisiens pour revenir sur leur héritage musical, de Modern Life Is War à Weezer, en passant forcément par Francky Vincent, Pearl Jam et Natalie Imbruglia. C'est le guitariste du groupe et plus grand des 5 membres, Julien aka GROLOO, qui nous a répondu.

1. « Strike »

Noisey : Êtes vous d’accord pour dire que « Da Strike » est le meilleur morceau ska-punk jamais composé ? Si ce n’est pas le cas : votre piste favorite pour faire un bowling ?
Burst One’s Side : Perso, j’ai jamais été un grand fan de ska, et même si la chanson « Da Strike » m’a toujours fait marrer, je l’ai aussi toujours vue comme la moins intéressante de Same Old Tunes. En tout cas, vu ma faible culture en ce qui concerne le ska-punk, ma réponse ne sera pas originale puisque je mettrai les Mighty Mighty Bosstones comme meilleur groupe dans ce domaine-là. Par contre, je suis incapable de donner un titre en particulier, je peux juste te dire que l’album Let’s Face It m’a toujours retourné et que sur scène ils sont vraiment impressionnants. Sinon, c’est intéressant de voir comment une chanson sur l’appartenance sociale et les dérives du communautarisme peut amener à une question sur le bowling…

2. « Rising Tide of Public Impatience »

Le concept du « tout, tout de suite » n’a jamais été aussi à l’œuvre qu’aujourd’hui. Quel groupe a le mieux abordé ce problème selon vous ?
Oui, aujourd’hui la durée d’un groupe, d’un CD, d’une chanson, d’un clip est juste hallucinante. Il est nécessaire pour un groupe s’il veut rester un minimum en vie d’être dynamique sur les réseaux sociaux et de jouer le jeu de la communication. J’avoue ne pas être très fan de ça, comme touS les membres de BOS d’ailleurs et ça se ressent dans notre communication justement. Nous ne savons pas faire de buzz avec du vent, certains groupes le font plutôt bien mais je pense que nous n’avons pas les mêmes points de vue et objectifs en ce qui concerne la musique. Je ne suis pas là pour balancer tel ou tel groupe, chacun fait son truc, qui suis-je pour juger publiquement de l’attitude d’un groupe après tout ?

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Le plus compliqué là-dedans c’est que ça représente une dynamique globale ; là on parle de groupes mais au final, toute notre société agit comme ça, il suffit de regarder comment les médias travaillent. Aujourd’hui on a une population qui réagit en quelques minutes au moindre événement, se pensant plus maline que France 2 ou Le Parisien. Réagir à un événement en se positionnant contre ou pour le sujet abordé, c’est la même chose, ça ne sert à rien, et ça nourrit la différenciation et la division recherchée. C’est important que les gens apprennent (ou apprennent de nouveau) à réfléchir par eux-mêmes et à aller chercher l’information et la culture autrement que par les médias. Ce que Modern Life Is War nous pousse à faire sur ce morceau.

3. « Between Tears and Smiles »

Un titre qui vous fait extrêmement marrer, et un autre qui vous fait instantanément chialer.
J’avoue que je suis fasciné par « Stick Stickly » de Attack Attack !!, la créativité et l’ouverture d’esprit de ce groupe me feront toujours marrer. Sinon « Ma cousine » de Francky Vincent reste au top du top pour moi : musicalement ça tabasse et poétiquement parlant on ne peut pas faire mieux. Pour la chanson qui me fait chialer, je vais tricher car je différencie le live et l’écoute classique. « Black » de Pearl Jam est assez efficace pour m’émouvoir sur disque. Pour ce qui est du live, ce sera 3 de mes chansons préférées : « Generator » de Bad Religion, « Everlong » de Foo Fighters » et « Undercovers on » de Rival Schools. Tout ça touche à des souvenirs, des moments de ma vie plus ou moins agréables. Je me souviens avoir eu des frissons de dingue quand j’ai regardé la vidéo live de « Generator » sur la VHS (oui oui) du Warped Tour 98. J’ai toujours été attaché à la notion de mélodie et je pense que cela se sent dans Burst One’s Side justement.

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4. « And To The Few »

Est-ce un morceau pour vos potes du « 95 district » ? Un titre dédié à la scène punk/hardcore en général ? Quel est votre hymne de scène préféré ?
Non pas du tout, c’est plutôt une chanson contre les « happy few » qui prennent des décisions, influencent et contrôlent (ou tentent de contrôler) notre façon de vivre, de penser… Voilà pourquoi on essaye d’avoir des paroles et un discours sur scène qui vont à l’encontre de ça et qui incitent, pourquoi pas, les gens à réfléchir sur leur propre façon de vivre. Perso, c’est pour cette raison que j’écoute et que je joue du punk/rock, parce que c’est avant tout un mouvement politico-social, un vecteur d’unification et de communication contre des choses qu’on juge injustes. Je ne parle pas du cliché de la révolution contre le système comme beaucoup de personnes l’imaginent, la révolution doit évidemment passer par la tête des gens, dans leur comportement quotidien. Il est important que chacun puisse se poser la question de son propre pouvoir, de l’impact de ses actes et de ses choix, sur sa vie et celles des personnes qui l’entourent. Pour l’hymne punk/rock préféré, je vais dire « For The Record » de Stretch Arm Strong.

5. « Modelling »

Vous faites quoi dans la vie ? Est-ce que vous avez eu l’impression de suivre un moule préconçu ? Y’a t-il un album de punk rock qui vous a sauvé d’un destin merdique ?
Nos vies professionnelles sont assez variées, certains sont graphistes, d’autres dans des emplois de service, et moi je suis travailleur social. Je ne parlerai pas au nom des autres mais on ne doit pas être nombreux dans le groupe à pouvoir utiliser son job comme objet d’identification ou réel élément de notre personnalité, de nos principes et nos croyances. Je ne crois pas que ce soit nécessaire dans la vie, c’est même plutôt triste de classer les gens selon leur boulot. On est dans une société qui glorifie le travail et non l’individu, à partir du moment où la personne est heureuse dans sa vie, elle peut faire n’importe quel job à mon avis.

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Je ne sais pas si le punk/rock nous a sauvé, mais il a certainement influencé notre façon de voir le monde et nos propres vies. En même temps, je crois que les gens qui écoutent et s’investissent dans cette scène n’y tombent pas par hasard. Je suis par exemple issu d’une famille d’ouvriers dont une partie est d’origine polonaise, j’ai grandi dans un environnement de « gauche » et je ne pense pas que ce soit anodin aujourd’hui que je sois travailleur social et guitariste dans un groupe de punk/rock. Peut-être qu’au final, nous sortons tous d’un moule préconçu, mais l’important est de savoir de quel moule nous sortons et qui l’a construit.

Bad Religion est sûrement le groupe qui a eu le plus d’impact sur ma façon de penser et d’agir, maintenant, choisir un seul album de Bad Religion, c’est compliqué putain… Allez, va pour Against The Grain car c’est celui qui m’a vraiment fait basculer dans la case « fanboy ».

6. « Lose For Once »

Pensez-vous que le cycle d’un groupe punk voue fatalement ses membres à l’échec ?
La notion d’échec est très relative et très subjective. Je pense qu’un groupe de punk/rock devrait se poser les bonnes questions et être clair quant à ses objectifs et ambitions. Perso, je ne fais pas ça pour la gloire et/ou une quelconque reconnaissance… mais c’est sûrement parce que je vieillis et que j’ai conscience que tout ça n’a aucune importance, que ce n’est que de la musique, qu’une passion, un loisir que je partage avec mes meilleurs potes.

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7. « Emancipation Brings Wondering »

Qu’est ce qui vous turlupine le plus ces temps-ci ? Vous avez beaucoup cogité pendant le break du groupe ? Pourquoi l’avoir reformé ?
Ce qui me turlupine le plus ? L’évolution de la société et de la population française, qui ne semble pas comprendre à quel point elle a été manipulée et divisée. Nous assistons à un individualisme grimpant, une xénophobie dévastatrice… Je ne sais pas si c’est le meilleur exemple, mais il suffit de regarder Facebook et de voir les réactions de chacun à l’actualité. C’est incroyablement violent voire effrayant, et ça n’augure vraiment rien de bon.

Concernant la dynamique du groupe, ce qui nous turlupine aujourd’hui est de réussir à garder une démarche dans laquelle on peut à la fois s’amuser, garder un esprit créatif et proposer quelque chose de qualité. Mais comme je l’ai déjà dit, c’est important qu’un groupe de punk/rock puisse se détacher de questions selon moi inutiles, qui pourraient créer des tensions. Le but premier de cette reformation était de concrétiser un projet, une aventure entre potes pour la faire vivre aussi longtemps que possible, sans se prendre la tête.

De toute façon, nous n’avons jamais triché et nous ne tricherons jamais. Notre démarche est et restera authentique. Tant que l’on pourra s’amuser ensemble nous le ferons. Que la salle, le bar ou la cave soit remplie ou qu’on joue devant 5 personnes, on fera le même concert, c’est ce qu’on a toujours fait.

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8. « Bridge of Ashamed Past »

Les trucs les plus honteux que vous avez adoré écouter par le passé ?
Si j’ai le droit de remonter très loin, je dirais East 17 mais j’étais vraiment très jeune… Après perso, j’assume tout ce que j’ai écouté, même si pour certains c’est de la merde. On peut jouer dans un groupe punk et écouter Nathalie Imbruglia, Daniel Balavoine ou connaître toutes les chansons de Disney et de ces classiques du cinéma que sont Grease et Dirty Dancing par exemple. Ouais, j’assume !

9. « When Hope Means Status Quo »

Perso, le groupe d’Alan Lancaster et Francis Ross a toujours signifié pour moi l’opposé de l’espoir. Y’a t-il des groupes actuels qui vous redonnent foi en l’espèce humaine ?
Est ce réellement le but de musiciens ou d’artistes de redonner foi en l’espère humaine aujourd’hui ? J’avoue que j’ai du mal à faire le tri entre réel acte de générosité et marketing donc je ne peux que répondre négativement à ta question. Ca semblait ridicule à l’époque, quand on était jeunes, mais le positionnement politique de groupes comme Pearl Jam ou REM avaient bel et bien un impact sur les gens, ces groupes utilisaient leur notoriété afin de faire passer des messages. Aujourd’hui, c’est très rare, il faut juste être cool et penser à son image avant sa musique ou son plaisir… Je garde quand même en tête les dernières fois que j’ai vu Boysetsfire et Tim Barry d’Avail sur scène. L'attitude et le message de ces mecs m’ont rappelé pourquoi j’écoutais du punk/rock.

10. « Hope Transfusion »

Pour finir, vous faites quoi quotidiennement pour garder la pêche ? Votre morceau radio-réveil, en gros.
Pour garder la pêche, je maintiens tout simplement mon rythme de vie habituel en m’appuyant sur toutes les choses qui me permettent de m’épanouir : mes potes, ma famille, mon taf, la musique, le sport, la lecture… Rien de compliqué dans le fond. Après, l’important est déjà de repérer quels sont nos vrais besoins et aujourd’hui je ne sais pas si on nous apprend réellement à le faire. Selon l’humeur et l’état d’esprit, mon morceau radio-réveil peut très bien être Weezer pour lancer ma journée, « United Nations » le lendemain, et Neil Young le surlendemain…

Burst One's side sont sur Facebook et Bandcamp. Rod Glacial garde la pêche sur Twitter.