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Music

On a reçu « Out In The Night », le nouveau morceau de Useless Eaters

Toujours sans domicile fixe, toujours au taquet, toujours aussi bon.

Photo - Dillon Donovan

Seth Sutton n’a toujours pas d’adresse fixe mais au moins, il ne vit plus dans son van. Jeune musicien autodidacte et hyper productif, Seth a vécu en Allemagne, à Nashville, à Toronto et à Memphis, ville dans laquelle il a crée Useless Eaters en 2008, seul dans sa chambre. C’est aussi à Memphis qu’il a rencontré Jay Reatard, qui a emmené Useless Eaters en tournée avec lui et a sorti l’un de leurs nombreux singles. On retrouve d’ailleurs l’influence de Reatard dans la frénésie que Seth met dans son travail et aussi dans le style, joyeux bordel de rock garage sous haute influence Wire et Devo. Aujourd’hui installé à San Fransisco, Sutton a trouvé un nouvel entrepôt à squatter, un local pour répéter, des mecs avec lesquels jouer et il a même enregistré un nouvel album qui sortira chez Castle Face. Lancé à vive allure et avec la puissance qu’on leur connaît depuis Bleeding Moon, Seth et Useless Eaters fouillent aussi dans le punk pour trouver de nouvelles sonorités, toujours plus rapides.

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Noisey : tu as déménagé à San Francisco parce que c'est la ville de Crime ? La vie doit être bien plus chère que dans le Tennessee.

Seth Sutton :

Crime

est un groupe cool mais je suis venu ici sur un coup de tête. Je me suis fait virer de ma maison à Nashville, et j’avais déjà prévu de quitter l’État. J’avais deux potes de Melbourne qui voyageaient à travers les États-Unis, j’ai accepté de les accompagner pour leur faire visiter le pays. Deux mois plus tard, on a atterri en Californie à Los Angeles, où ils devaient prendre leur avion pour rentrer en Australie. Je connaissais des gens dans le coin de la Bay Area et j’avais déjà toutes mes affaires sur moi, donc j’y suis allé. J’ai vécu chez des amis jusqu’à ce que je trouve une sous-location à Oakland pendant quelques mois. Les mois suivants, j’ai dormi dans mon van en cherchant un endroit dans lequel je pourrai crécher. J’ai finalement trouvé un entrepôt à louer dans San Francisco. Je paye bien plus cher que pour une chambre à Memphis mais le loyer est beaucoup moins élevé que pour un appartement en ville. Et puis, je suis à deux pas du local dans lequel on répète et on enregistre avec le groupe, donc j’estime que j’ai de la chance.

Vivre dans des lieux aussi différents a dû influencer ta façon d’écrire. Ça rend la composition plus simple ou plus difficile ?
Ça dépend. D’une certaine manière c’est plus simple et d’une autre, c’est plus compliqué. Quand j’habitais Memphis, j’avais 17-18 ans et c'était une période très créative pour moi. Peu de gens jouaient dans des groupes, mais toutes ces personnes avaient de bons goûts musicaux. Avec mon meilleur pote Chris Shaw (de Ex-Cult), on allait à Goner, un disquaire de Memphis, et ils nous recommandaient toujours les meilleurs albums qu’ils avaient. Quand on a commencé à traîner avec Jay Reatard, il nous a fait découvrir plein de putain de groupes. En 2010, j’ai déménagé à Toronto, j’y ai vécu pendant un an. J’étais aussi très créatif à cette époque, parce que je vivais pour la première fois hors des États-Unis, dans une « vraie » ville, c’était hyper stimulant pour moi. C’est à Nashville que j’ai finalement ressenti des difficultés, j’y ai passé de super bons moments mais je n’étais pas heureux, ça a eu beaucoup d’impact sur ma composition. Vivre à San Francisco a considérablement amélioré ma façon d’écrire, j’habite avec le bassiste de mon groupe, Brendan, on écrit ensemble. Miles, le batteur, jouait pour The Mallard avant et c’est le meilleur batteur avec lequel j’ai eu l’occasion de jouer. J’ai vraiment un groupe en tant que tel aujourd’hui, ce n’est plus seulement moi tout seul, comme c’était le cas avant.

« Out In The Night » est mon morceau préféré de l'album, il défonce tout.
Ce morceau parle des gens qui ont des boulots à plein temps et qui un jour décident de quitter leur banlieue chiante pour vivre en ville. Il y a quelques mois, j’étais chez moi un vendredi soir en train de mixer l’album et il fallait encore que je trouve les paroles pour le dernier morceau. J’ai décidé d’aller faire un tour dans le quartier et j’étais vraiment très étonné de voir tout ces gens dépenser leur thune à se mettre des cuites et à chercher vainement quelqu’un pour baiser, sans même se rendre compte qu’ils étaient prisonnier d’un cercle vicieux bourré de faux espoirs. J’ai donc trouvé ces paroles : « The devil's in the alleyway pissing in the gutter, pissing on the lives of the everyday people. Process the text, you see it on your screen, the killer's the high rise building driving the death machine. »

C’est cool que ton label Castle Face, comme Ascetic House, envoie des albums gratuitement aux prisonniers.

On fout tellement de monde en prison, souvent pour des délits de merde. Les États-Unis devraient prendre exemple sur certains pays européens, qui cherchent à réinsérer leurs criminels dans la société et ne veulent pas mettre derrière les barreaux une personne qui aurait commis un délit mineur. C’est une bonne idée de faire ça, surtout si ça peut aider des personnes qui sont systématiquement écrasées sous le poids du système carcéral de ce pays.

Bleeding Moon sortira le 7 octobre sur Castle Face.