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Music

No Futuroscope ! Trois jours au festival Less Playboy Is More Cowboy à Poitiers

Suicides ! Violence ! LSD ! Pansements ! Tonton du Bled !

Toutes les photos sont de Yvain Michaud, sauf indiqué. Le jeu de mots « No Futursocope ! » a été emprunté au Tampographe Sardon qui l'a lui même emprunté à quelqu'un d'autre et ainsi de suite, mais les occasions de linker le Tampographe Sardon sont toujours bonnes. La semaine dernière, on avait en gros le choix entre aller à We Love Green et aller aux Nuits Sonores. Vu qu'on arrivait pas vraiment à se décider, on a décidé de jouer ça à pile ou face. Par chance, la pièce a atteri sur la tranche, et on est donc partis à Less Playboy Is More Cowboy, un festival qui offre la triple particularité de se dérouler non pas sur un week-end mais en semaine, non pas à Paris ou à Lyon mais à Poitiers, et dont l'affiche est constituée non pas de « piquante et fûtée electro-pop sucrée » mais de « rythmiques déshumanisées qui n’évoquent rien d’autre qu’un spectre oublié au fond d’un local à poubelle. » En d'autres termes : un sale plan, juste comme nous. Histoire de partir avec un bon handicap d'entrée de jeu, on a fait l'impasse sur la plus grosse journée du festival, la première, consacrée aux inoxydables Shellac, qui ont logiquement fait salle comble et gratifié le public de nouveaux morceaux extraits de leur très attendu cinquième album, Dude, Incredible, qui sortira sur Touch And Go dans le courant de l'année. Shellac C'est donc pour la deuxième journée de Less Playboy Is More Cowboy que nous prendrons le train direction Poitiers, notre réalisateur Arthur, notre assistant de production Sylla et moi. Un train dans lequel on croisera successivement le sosie chauve d'Eric Cantona, le sosie maigre de DSK et le sosie noir de Manuel Valls, avec qui nous aurons d'ailleurs tout le loisir de discuter, notre wagon ayant été immobilisé en rase campagne pendant 2h30, à cause d'une dame qui, pour des raisons j'imagine très personnelles, a décidé de se suicider au Futuroscope. On réussira donc à rater IAPOLOGIZE, le projet du plasticien Jean-Luc Verna, déjà aperçu à Villette Sonique il y a quelques années. Ce loupé nous permettra toutefois de faire connaissance avec Thibault Blondiau et Jérôme André, les deux belges de DSCTHK, qui proposaient tout au long du festival une « cocktail performance » consistant en gros en un bar éphémère à la programmation exclusivement New Beat, Acid et EBM, composé de meubles récupérés dans plusieurs clubs belges mythiques, et où étaient servis des cocktails ahurissants à base de bières (je suis tout à fait conscient que ça a l'air parfaitement dégueulasse dit comme ça mais, vraiment, faites-moi confiance sur ce coup). Vu qu'ils travaillent sur un bouquin et qu'on a promis de les inviter à Paris à la première occasion, on devrait en reparler très rapidement. IAPOLOGIZE Pas de IAPOLOGIZE, donc, mais double dose de 10LEC6 N FOUFOULAN, les punks blédards du label I'm A Cliché, qui sonnent ce soir comme à peu près tous les autres soirs, c'est à dire à mi-chemin entre Lucrate Milk, Kassav et Liquid Liquid, et qui ont mis une pile à pas mal de monde dans l'assemblée, à commencer par Jean-Luc Verna de IAPOLOGIZE, qui, mû par une transe subite, a spontanément rejoint le groupe sur scène, sous le regard intrigué d'un malien longiligne en imperméable en polyester qui a passé toute la soirée à faire des selfies avec un gros téléphone rose. Grosse performance aussi de la part d'un rasta roux qui finira torse-nu à chanter des morceaux de la Rue Kétanou et à proposer bénévolement son corps à la foule, comme le font à peu près tous les rastas roux dans tous les concerts du monde partout, tout le temps. On finira la soirée à discuter dehors avec quelques locaux, parmi lesquels un autre rasta roux, déguisé en père de famille des années 90, et qui viendra nous taxer un opinel à deux reprises pour aller couper du LSD dans les toilettes. Au retour à l'hôtel, il y avait une documentaire sur des nains chanteurs sur NT1. Honnête. 10LEC6 & FOUFOULAN - Photo : Fabien Monnet. Rasta roux sur votre droite. Le deuxième jour -qui était en réalité le troisième, si vous avez suivi- a débuté avec une furieuse démonstration de style : l'arrivée de Jean-Luc Verna de IAPOLOGIZE, tout en muscles, tatouages et breloques, dans la salle du petit-déjeuner de l'hôtel, au milieu d'une dizaine d'attachés commerciaux hébétés. Il est toujours rassurant de voir qu'à l'heure de la dernière ligne droite vers le chaos global, certaines choses ne changent pas. Après une journée de travail harrassante (vous vous doutez bien qu'on n'a pas fait le déplacement juste pour voir une dizaine de groupes qu'on connaît déjà pour la plupart), on a rejoint ACID ARAB qui nous ont proposé de célébrer la première véritable journée d'été de 2014 en descendant une bouteille de Pastis devant des enfants qui traînaient par là, pour une raison que je ne suis pas tout à fait sûr de comprendre. La discussion qui s'en suivra durera plusieurs heures et portera, en vrac, sur le polar français des années 80, Farid Chopel, et la rage avec laquelle Daniel Auteuil a drivé sa vie. Un mur de couverture de fanzines, face au bar de DSCTHK À un moment, on réalise que la nuit est tombée, qu'on a encore raté la première partie (DISCOLOWCOST) et qu'Acid Arab n'ont plus que cinq minutes pour se préparer. Je ne sais plus si c'est le moine fou ou Ward Bond qui, dans La Prisonnière du Désert de John Ford, s'écrie, juste avant la charge des indiens : « Seigneur, nous te remercions pour ce que nous allons recevoir », en tout cas je n'aurais pas imaginé avoir une pensée pour lui précisément ce soir. Le fait est qu'on a reçu et bien reçu, puisque Acid Arab nous l'ont collée méchant pendant près de deux heures, sur un set qui est -et de très loin- le meilleur que j'ai pu voir du duo à ce jour. Ils termineront sur « Tonton Du Bled » du 113, qu'ils balanceront comme une concierge balance un seau d'eau dans les pattes d'un passant : pour nettoyer le trottoir et écarter les fâcheux, et puis parce que c'est comme ça et puis c'est tout. Je ne sais pas au juste ce que je garderai comme images de 2014 mais les 5 dernières minutes de ce set en feront partie. Le trajet du retour vers l'hôtel a été l'occasion d'une brève altercation avec un type de Radio Nova qu'Arthur était déjà prêt à trainer dans la forêt pour lui briser la nuque avec une grande planche en bois. On a toutefois décidé de calmer le jeu après avoir remarqué qu'il portait des Crocs et un pantacourt, ce qui représente déjà, il me semble, un châtiment suffisant. À l'hôtel, je me suis endormi en zappant entre une émission de poker et un truc avec un mec en ciré jaune qui parlait avec les bras croisés, l'air préoccupé. Violence Conjugale / Jessica 93 Le troisième et dernier jour, Arthur s'est réveillé avec une haine totale. Haine d'avoir passé une nuit atroce. Haine de devoir partir ce soir après les tournages. Haine de n'avoir pas traîné le type de Radio Nova dans la forêt pour lui briser la nuque avec une grande planche en bois. On a décidé de fêter ça en s'écoutant douze fois de suite « Ionabazoo » de Milsup (Arthur est originaire de Bayonne) et en s'enfilant les trois pizzas les plus abjectes de toute la Vienne, avant d'aller passer l'après-midi avec Cheveu (qui sont arrivés avec 4 heures d'avance et errent sur le site comme des judéens libérés des cachots), Jessica 93 (qui portait une casquette rose sur laquelle était écrit « Lourdes » en Comic Sans MS) et Violence Conjugale (dont le train a, lui, heurté un chevreuil, et qui ont, comme d'habitude, plein d'histoires de bastons et de plans cul sordides à raconter). Arthur devant filer pour être sur un tournage à Paris le ledemain à 5h du matin, on ratera l'essentiel du concert de JESSICA 93, occupés à ranger le matériel et faire les allers-retours entre l'hôtel, la gare et le Confort Moderne. On aura juste le temps de le voir démarrer son set sur sa sublime reprise de « St James Infirmary Blues » et de le finir sur 10 minutes de boucles saturées et de pilonnage rythmique. Il nous rejoindra 5 minutes plus tard pour aller boire des « Frankie » (en gros, de la Duvel avec du gin, du miel et du citron vert - sérieux, ne partez pas, c'est MÉGA-BON) chez DSCTHK, où on a essentiellement parlé de Guns N'Roses. His Electro Blue Voice Les italiens de HIS ELECTRO BLUE VOICE enchaîneront très vite derrière. Déjà les mecs ont un sérieux look (vêtements trop larges + pansement géant sur le crâne pour le guitariste/chanteur, voleur de mobs au grand coeur pour le bassiste, et anonymat relatif pour le batteur, qui joue comme un genre de John Stanier -Helmet, Battles- passé en accéléré), mais ils ont surtout clairement envie de mordre, et tant pis s'ils jouent 20 fois trop fort et qu'on ne reconnaît pas un seul morceau de l'album : le truc est brutal, hypnotique, nucléaire, et c'est bien plus qu'il n'en faut pour atomiser le bâtiment. VIOLENCE CONJUGALE, comme Cobra, Kickback ou Skrewdriver, c'est toujours l'assurance d'un instant 100 % fraîcheur-citron. Les deux faux-belges-vrais-bordelais mettent le zbeul dès les premières secondes en insultant la moitié du public, en dédicaçant la moitié des morceaux à nos confrères de Gonzaï et en finissant par nous inviter sur scène pour performer « Mirador » avec eux. Seul regret : ils n'ont pas joué « Cobalt 56 ». Bande de chèvres. Cheveu CHEVEU prendront le relais un peu plus tard dans la soirée pour une prestation que l'on qualifiera pudiquement de déconcertante : j'ai dû voir Cheveu environ 20 fois dans tout un tas de villes, d'endroits, et même de continents différents, et j'ai l'impression qu'ils ont rarement étés aussi directs, massifs et solides que ce soir là. Ce qui rend le truc déconcertant, c'est qu'ils jouent dans une salle comble mais où le public s'est massé en retrait, laissant vides les 3-4 premiers mètres devant la scène. Conscience professionnelle oblige, on ira combler cet espace insensé avec Sylla, qui ira jusqu'à servir d'assitant-stage diving à l'intenable Philippe Freicha (figure locale gratifiant tous les concerts de sa présence et de ses danses d'arbre mystique). Même topo quelques heures plus tard pour le concert de DUCHESS SAYS : malgré les harangues de la chanteuse Annie-Claude, le public reste désespérement éteint, Sylla se dévouant une fois de plus pour revêtir une djellabah offerte par le groupe et aller danser sur scène. Logiquement, ce type devrait être augmenté. Malgré le set impeccable (mais trop court) de JONATHAN TOUBIN, je finirai par perdre foi et conscience dans les loges, juste avant la troisième période du match Montreal Canadiens/New York Rangers que l'on regardait avec l'ingé-son de Cheveu. Duchess Says et Sylla Sylla me réveillera quelques heures plus tard, toujours en djellabah : le jour s'est levé, tout est fermé, il reste juste une cinquantaine de personnes (les gens du Confort Moderne, deux Cheveu hilares, Jessica 93 euphorique qui remplit les verres de tout le monde) en train de faire une bringue total chaos dans la grande salle du Confort Moderne, où Ambre (du 106 à Rouen) passe des morceaux de House Of Pain sur un laptop. Pour la première fois de la journée, les gens ont l'air complètement partis, on les sent enfin prêts à creuser des trous. Et si c'était ça finalement le secret pour l'année prochaine ? Les stores baissés, des mp3 joués trop fort et les groupes qui s'improvisent barmen. Qu'ils suivent le conseil ou pas, on y retournera. Un grand merci à Emma, Yann, Charly et tous les gens du Confort Moderne pour leur accueil de haut luxe. Un report vidéo réalisé par l'équipe du festival est disponible ici. Lelo Jimmy Batista est le rédacteur en chef de Noisey France. Il était pour les Montreal Canadiens, mais ils ont perdu. Il est sur Twitter - @lelojbatista Sylla Saint-Guily est assistant de production chez VICE France. Il était pour les New York Rangers, qui ont gagné. Il est sur Twitter - @syllasaintguily Arthur Limiñana est réalisateur volant chez VICE France. Il roule pour Bayonne, connard. Il est sur Twitter - @arthurlimi Plus de festivals sur Noisey
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