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Music

Moyen est la réincarnation de lui-même

Le plus resplendissant des chanteurs de variété francophone vous parle.

Si vous n'avez jamais ouvert coupablement un volume de Drieu La Rochelle ou Brasillach à la B.U. entre deux amphis, déambulé seul et ivre dans les rues de la capitale européenne, couché sur papier libre des anathèmes à destination des graffeurs 3D qui sabotent des monuments gothiques à coup d'illettrisme subventionné, alors ça risque d'être compliqué. Vous ne comprendrez jamais Moyen, qui est à la chanson lo-fi ce que Numa Blès était à la Lune Rousse.

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Celui qui a déclaré avec panache « la révolution commence avec le walkman » ou « l'Art doit tuer la culture » accouche dans une relative discrétion chaque année d'un bon milliard de morceaux qui ont pour thèmes la religion, l'urbanisme, la dérive géographique, les perruches, la course à pied, la littérature hors-Goncourt et l'ébriété comme solution finale au problème de l'instruction. Il a répondu à nos questions depuis sa Bruxelles brutale.

Noisey : Depuis combien de temps écris-tu ?
Moyen : Depuis longtemps, et une limite a été atteinte. Je considère sérieusement devenir interprète. L'excellent Laurent James m'a d'ailleurs écrit deux textes il y a quelques mois, on va en faire un disque dont la couverture sera réalisée par le plus grand peintre français vivant : Laurent Pellecuer.

Peux-tu nous parler de cette ambitieuse tétralogie et des collaborateurs qui y prennent part ?

Ces quatre albums seront censés être le chant du cygne de Moyen, mais je me connais, à chaque fois que je décide d'arrêter ces conneries je suis encore plus productif dans la période qui suit. Je ne comprends pas pourquoi je fais ça. Les deux premiers volets sont déjà sortis et une demi-centaine de musiciens vont participer aux deux derniers

[Cobra et Costes sont déjà pressentis

]. Je n'y pense jamais pour dire la vérité, je sais que ça se fera comme rien, comme toujours. C'est la suite logique de la sortie physique de mon CD Pas mieux qui réunissait déjà pas mal de copains.

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Tu es passé d'une écriture très viscérale, spontanée, voire « saoule » à un style très fourni, littéraire. Y'a t-il eu un choc à un moment ?
Je n'ai pas abandonné la spontanéité ni les états d'ébriété (après 4 ans d'abstinence j'ai recommencé à boire et à fumer uniquement pour en faire un album, sorti le 7 février dernier, un 3-titres même, écourté, bâclé et j'ai presque vomi). Le travail sur l'improvisation me plaît autant qu'un travail plus strict. Il faut savoir que je suis quadripolaire (ce n’est pas un cas clinique, juste une analyse froide de ma personne) : 1) abnégation désintéressée 2) mépris et dégoût passionné 3) enthousiasme délirant 4) neurasthénie tragique.

Tu as des modèles en littérature ?
Je ne me base que sur les différents idiomes que je maîtrise et je n'ai pas de modèle, je suis un fanatique de vraie littérature mais me refuse à copier – comment qui que ce soit arriverait d’ailleurs à avoir 0,01 % de leur génie - les maîtres que sont à mes yeux Ellroy, Dostoïveski, Barbey d’Aurevilly, Nabe, Rebatet, Cervantes, Céline et Bloy. Je ne suis qu'un indigne bibliothécaire/parolier/faiseur. Faiseur mais j’y mets du cœur.

Comment tu choisis tes collaborateurs ?
C'est Dieu qui choisit.

Tu ne te revendiques surtout pas « musicien ». D'ailleurs, tu chantais sur des morceaux d'autres groupes à tes débuts. Qu'est-ce qui t'a décidé à écrire tes propres trucs ?
C'était de la pure fainéantise, j'improvisais sur de la musique existante, ça n'avait aucun intérêt mais comme j'aime rigoler les démos sont sorties sur cd-r malgré tout (et c'était aussi une excuse pour dessiner une pochette avec une liste de chansons dont les titres, eux, n'existaient nulle part). Ensuite il s'est avéré que mon ordinateur incluait un programme musical. À partir de là c'est devenu concrètement n'importe quoi, mais quelle joie. Quand j'ai découvert que je n'étais pas un branleur et que le travail était un moyen d'aimer la vie, de nouvelles possibilités sont apparues. Tout est sur le site. Toutefois, je trouve ce que je fais poussif, excessif et déprimant. Je n’écoute que lorsqu’il faut sortir le truc ou alors quand je suis un peu éméché et que je me mets à la place de l’auditeur, là, ça me fait quand même rire d’imaginer sa gueule à l’écoute de certains passages, mais c’est tout. Je vais bientôt pouvoir me suicider heureux.

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Qu'est-ce que la « Pissidance » ?
Au lieu de répondre, je préfère te montrer cette vidéo d'anarchiste de droite que je suis, réalisée avec un de mes Agapornis de Fischer

Y'aura-t'il une suite à De Grand Matin ?
Faudrait d'abord retrouver la clé du tiroir dans lequel se trouve l'enregistrement du premier EP. Heureusement qu'il y a Chiasse Raciale pour faire patienter tout le monde.

Tu considères la religion comme un socle culturel crucial dans ton œuvre ?
Le catholicisme a toujours fait partie de ma vie et est le dernier rempart traditionnel en Occident, c’est mon devoir de l'honorer. Quoi de mieux que de le faire par le biais de la musique.

Pourquoi rendre hommage à la France sur un album entier ?
Je rends surtout hommage à ma langue maternelle (avec le flamand). Chanter en anglais serait de la haute trahison. Lors de mon interview à la radio FM Brussel (pour l'émission Mental), j'ai établi une liste de chansons exclusivement francophones.

Que tolères-tu dans ton walkman ?
Trois fabuleuses découvertes récentes, artistes très jeunes de surcroît, je me dis que la musique a un avenir quand je les écoute : Mathilde Fernandez, Perturbator et Aya Nagatomi.

Pour finir, j'aimerais avoir tes réactions à ces 5 morceaux :

Danser les yeux humides.

Sa chanson ushuaïesque « Everyone leaves » m'a déjà tiré deux larmes.

La plus belle chanson du monde entier, je chiale presque chaque fois en l'écoutant.

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C'est vrai que c'est le foutoir en Irak.

J'aimerais dédier ce morceau à toutes les filles que j'ai rencontrées dans les nuits de Bruxelles et dont j'ai oublié le prénom.

Iris de Saint-Aubin d'Aubigny n'est que moyennement sur twitter.