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Music

Banjos, péquenauds et chants des montagnes : la musique des Redneck Movies

Maxime Lachaud, l'auteur de « Redneck Movies », nous parle des bandes-son de « Délivrance », « Massacre A La Tronçonneuse », « 2000 Maniacs », « Gummo » et quelques autres.

En l'espace de quelques décennies, le redneck s'est imposé comme une des figures-clés du bestiaire horrifique. Pas tout à fait un monstre, pas franchement un tueur en série, pas même nécessairement un fou, il est devenu en quelques décennies une des menaces les plus récurrentes du grand écran grâce à des films tels que

Délivrance

,

Sans Retour

,

Motel Hell

,

2000 Maniacs

ou plus récemment

Calvaire

ou

Gummo

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.

Maxime Lachaud est l'auteur de

Redneck Movies

, ouvrage paru en 2014, consacré à la figure du redneck dans le cinéma occidental (et même au-delà). Un livre passionnant et particulièrement exhaustif dans lequel il passe en revue tous les éléments qui ont façonné le mythe, de la littérature qui a posé les fondations, à ses représentations les plus dégénérantes ou stéréotypées. Afin d'élargir encore le propos, nous sommes allés le rencontrer pour discuter plus en détails de la musique qui entoure ces films et ces personnages.

Noisey : Les rednecks sont crasseux, ont les dents pourries et aiment la country. C'est un bon résumé ?

Maxime Lachaud :

Oui, c'est pas mal ! On pourrait ajouter plein d'autres attributs. Le redneck vient plutôt des parties rurales du Sud des États-Unis. Il est pauvre, plutôt réactionnaire tout en répondant à sa propre morale. Son éducation est très sommaire. Il est plutôt illettré et se trompe perpétuellement dans la conjugaison des verbes. Le cinéma en a fait un personnage frustré sexuellement, parfois même zoophile ou cannibale. Bien entendu, le terme est injurieux, et le redneck relève autant d'une réalité que d'une projection mentale, d'un stéréotype social ou d'un Mal nécessaire. Tout au long du XXème siècle, cela dit, de nombreux sudistes blancs ont revendiqué le terme avec fierté, comme un signe d'appartenance et d'identification à un folklore et une culture.

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Avant de parler de country, ce courant musical se nommait le « hillbilly », qu'on pourrait traduire grossièrement par « musique de péquenaud ». Peux-tu nous en dire un peu plus sur l'origine et le sens de cette appellation ?

Le terme de musique « hillbilly » a été utilisé dans les années 1920 par les maisons de disques pour désigner un genre issu de la musique traditionnelle des Appalaches, essentiellement basé sur le violon et le banjo. Considéré comme le précurseur de ce que serait la country dans les années 1950, le style ne se limite pas au bluegrass mais peut inclure des éléments de gospel ou de folk à l'ancienne. Quelques uns des artistes associés à ce son :

Al Hopkins' Original Hillbillies

, The Briarhoppers, The Binkley Brothers' Dixie Clodhoppers, Uncle Daniell's Hillbillies, Uncle Dave Macon and his Hillbillies ou encore The Cumberland Ridge Runners. Tous sont vêtus avec les clichés du redneck (la salopette, les chemises à carreaux, les chapeaux de paille…), certains arborant même des foulards rouges autour du cou.

Si certains clichés se répètent inlassablement dans la représentation du redneck sur les écrans, la musique semble s'en détacher davantage. Par exemple, Lorna de Russ Meyer est accompagné par du jazz, The Intruder de Roger Corman par de vraies orchestrations dramatiques… Observe-t-on une véritable diversité, voir une évolution, dans la musique de ces films ?

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Disons que quand il est question des films associés à ce que l'on nomme

hicksploitation

, les musiques bluegrass et country reviennent inlassablement. Cela dit, dans les films précurseurs de la fin des années 1950 et début des années 1960 que tu cites, nous n'étions pas encore tombés dans cette utilisation frénétique et systématique des musiques au banjo. Pourtant, et c'est là que cela devient intéressant, pour ajouter à l'atmosphère étouffante et claustrophobe de ces campagnes sudistes ou de ces films tournés dans les bayous de Louisiane, le style

americana

va se mettre à flirter avec les sonorités synthétiques ou avant-gardistes pour créer un véritable climat d'angoisse. Bien sûr, on se souvient des thèmes au banjo dans

Délivrance

repris à plusieurs reprises dans le film avec des effets électroniques, ou la bande originale du

Crocodile de la mort

qui mêle de vieux airs country diffusés sur des postes radio avec des bruitages proto-industriels.

Jaime Mendoza-Nava était un compositeur prolifique qui a fait les musiques d'énormément de films sudistes se passant chez les rednecks (

Thunder Country

,

Legend of Boggy Creek

,

Bootleggers

,

The Evictors

,

The Town that Dreaded Sundown

,

Les marais de l'enfer

). Il mélangeait régulièrement

field recordings

, sons électroniques, arrangements symphoniques et des musiques plus liées aux standards de l'americana. Cela pouvait donner des mélanges passionnants. Dans les Bandes originales du réalisateur S.F. Brownrigg, des guitares folk mélancoliques se mêlent à des sonorités plus étranges. De la même manière, dans un film comme

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La nuit de l'épouvantail

, j'ai l'impression que les machines agricoles ou le son direct font partie intégrante des compositions.

Un groupe de Louisiane contemporain, Ashburn County, s'inspire beaucoup de ce cinéma, et fait le même genre de rencontres entre l'électronique analogique et le folklore américain. Sur le titre

« Let's Start The Auctions »

par exemple, ils utilisent notamment la tradition du « holler » et les techniques vocales des vendeurs de bétail des Appalaches pour créer un univers trouble et définitivement en lien avec le « gothique sudiste ». Donc non, il n'est pas nécessaire de faire du bluegrass pour produire un tube d'hicksploitation. Pour preuve,

« The Pig Keeper's Daughter »

est quand même plus sympa que

la chanson-titre de Sixpack Annie

.

2 000 Maniacs de Herschell Gordon Lewis est, avec Le Désir dans les Tripes de Russ Meyer, le premier représentant du film de redneck tel que nous le connaissons. Sa musique joue un rôle important puisqu'elle intègre un sous-texte qui exprime la rancœur et la haine qui perdurent chez ces populations, notamment depuis la guerre de sécession. Cette amertume du passé s'exprime-t-elle dans de nombreux films ?

Disons que

2 000 Maniacs

a fait du film de redneck un genre populaire pour les drive-in, mais il n'a pas été le seul. Des films antérieurs comme

Poor White Trash

, initialement nommé

Bayou

(1957), ou

La route de la fraude

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(1958), avaient été des succès retentissants dans les cinémas de plein-air spécialisés dans les doubles séances nocturnes. Ils ont influencé sans nul doute les productions qui verront le jour par la suite.

2 000 Maniacs

a néanmoins initié le courant le plus horrifique du film de redneck et a posé les bases scénaristiques qui seraient reprises encore et encore dans les films à venir. Sa chanson mythique (

« The South Is Gonna Rise Again »

) a vraiment valeur d'hymne dans ce cinéma : cette idée d'un Sud qui se venge des citadins arrogants et forcément nordistes venus empiéter sur leur territoire, comme si les rancœurs liées à la Guerre de Sécession ne s'étaient jamais assagies.

Lorsque je me suis entretenu avec Tobe Hooper à propos de ses premiers films, il a pointé du doigt un élément important : l'industrialisation du Sud de ces années-là. En effet, c'est à cette époque qu'on a voulu faire d'Atlanta, Houston ou Dallas des mégalopoles industrielles. Du coup, pour la première fois de l'Histoire américaine, on a assisté à une migration très importante vers le Sud, jusqu'à présent réputé invivable, en raison de la chaleur entre autres (la climatisation commençait à arriver). On peut donc prendre les paroles de la chanson de Herschell Gordon Lewis au sens littéral : en effet, le Sud s'est relevé économiquement à cette époque, du moins un certain Sud, créant ainsi une dichotomie plus grande encore entre les villes et les campagnes, thématique majeure du cinéma de redneck.

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Délivrance de John Boorman

Difficile de ne pas évoquer Délivrance de John Boorman et son fameux « Dueling Banjos ». Au-delà de ça, le film emploie la musique locale de manière subtile en conviant son aspect festif tout en instaurant une ambiance des plus pesantes. John Boorman n'est-il pas l'un des rares réalisateurs à être parvenu à donner une telle résonance à cette musique ?

On ne peut nier la force de la partition musicale dans ce film. Comme je le disais plus haut, ces films utilisent l'environnement naturel, les sons de la faune, le folklore local pour créer au final une sorte d' « art total » en rase-campagne. Les machines agricoles, les gâchettes des fusils, les vieux airs narquois sur des postes de radio pourris, tout cela fait partie intégrante de ces films qui en appelaient rarement à des stars, car au bout du compte le protagoniste c'est bien le paysage et la géographie si particulière du Sud des États-Unis. Si l'on écoute

« Dueling Banjos »

hors du contexte de

Délivrance

, on s'aperçoit bien vite que le sentiment d'angoisse très grinçant du morceau est créé par les images et par les déclinaisons au banjo qui vont hanter le film par la suite. C'est pourquoi j'aime tant toutes ces ponctuations au banjo pendant le film. C'est comme si elles reprenaient le thème en l'amenant de plus en plus vers des sentiments de tension et de malaise.

Le travail de Boorman est simplement brillant. Le décalage entre son et image et la contamination de l'un par l'autre, c'est ce qui est passionnant. On peut se souvenir aussi l'idée géniale qu'avait eue Harmony Korine sur

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Gummo

en utilisant

une chanson pour enfants des Appalaches chantée par Almedda Riddle

et en la re- contextualisant pour en faire quelque chose de terrifiant. Autre utilisation fascinante du folklore musical, c'est toute la longue séquence finale dans le film

Sans Retour

de Walter Hill. Là, c'est la musique cajun qui s'associe à une paranoïa et une angoisse qui atteignent leur apogée, transformant

un vieil air traditionnel en mélopée funèbre

.

Gummo de Harmony Korine

Moonshine Mountain, encore de Herschell Gordon Lewis, comporte une scène où un chanteur New-Yorkais fraîchement débarqué dans le Sud se met à jouer le titre « The Old Grey Goose is Dead » avec une famille de rednecks. Tu dis dans ton livre qu'il s'agit d'une scène « qui vaut à elle seule le détour. Humour paillard, gueules dégoulinantes, benêts géants et filles attardées, dégénérescence mentale, rires hystériques, bluegrass au mètre ». Y a t-il d'autres films, peut-être plus méconnus, qui comprennent des passages aussi singuliers ?

Pour obtenir une telle force, il faut forcément en appeler au cinéma documentaire. Cette scène est magique, elle dévoile pour moi tout le charme de ces productions.

Quand la caméra se déplace légèrement pour montrer le visage halluciné de Gretchen Eisner et sa voix grave et profonde

, il y a quelque chose de comique et de touchant à la fois. Puis ce texte est grotesque mais mélancolique aussi. On est proche du portrait de famille, voire de la peinture. De toutes façons, j'ai tendance à voir cette séquence comme un tableau sonore.

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Je vais un peu sauter les époques, mais je retrouve le même plaisir de spectateur quand je vois les scènes avec le groupe The Handsome Family dans le documentaire

Searching for the Wrong-Eyed Jesus

même si cela n'a rien à voir. Ce sont presque comme des vidéo-clips insérés à l'intérieur des films, des moments de purs plaisirs musicaux. C'est une pratique qui se faisait beaucoup. Ron Ormond le pratiquait par exemple dans ses films sudistes des années 1960. Puis on pourrait citer

Swamp Country

(1966) avec les chansons de Baker Knight ou W.W. And the Dixie Dancekings et la plupart des comédies musicales country de ces années-là. On remarquera d'ailleurs que de nombreux films de l'époque ont été inspirés par des chansons :

I walk the Line

,

The Night the Lights went out in Georgia

,

Convoy

,

Ode to Billie Joe

La musique reste l'un des étendards majeurs de cette population, à travers laquelle sont traitées leurs croyances, leurs mythes. Le cinéma en a parfois tenu compte mais Hollywood ne s'est-il pas surtout contenté d'assimiler et de retranscrire des stéréotypes ?

Là encore le cinéma de Herschell Gordon Lewis peut être pris en exemple. On sent bien chez lui un amour de cette culture et de cette musique. Bien sûr, il joue avec les caricatures du redneck mais pour les rendre au bout du compte assez sympathiques avec leur excentricité rebelle, leur bigoterie alcoolisée et leur esprit de clan. En revanche, Hollywood se complaît encore aujourd'hui dans les stéréotypes les plus excessifs. À force de faire des rednecks la figure de la dégénérescence absolue et du Mal suprême, il s'en dégage un vrai « racisme » que certains sociologues ont souligné depuis les années 90. Les séries télévisées sont assez coltinées dans le genre. J'ai d'ailleurs montré récemment lors d'une conférence un extrait de

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Deux Flics à Miami

et c'est du lourd ! Mais on pourrait aussi parler de

Mississippi Burning

ou des adaptations de John Grisham,

L'héritage de la haine

ou

Le droit de tuer

. On se demande même comment c'est possible d'accumuler autant de clichés quant à la représentation des Blancs pauvres dans un même film.

À l'inverse, dans les films de Beverly et Ferd Sebastian, notamment les deux

Gator Bait

(

Les marais de la haine

et

La vengeance de la femme au serpent

), considérés comme des grands classique de la

hicksploitation

, je ressens une vraie affection pour les ploucs débiles représentés à l'écran, et Ferd Sebastian, tout comme Lewis, était un grand amateur de musique country et cajun. C'est lui même qui a composé le fameux

« Desiree »

.

Certains films ont une approche bien plus directe et réaliste de ce milieu. Ainsi, un film comme Cockfighter de Monte Hellman se concentre sur un personnage participant à des combats de coqs, une pratique locale. Y a t-il des films pour lesquels le folklore musical représente ainsi le cadre principal du récit ?

Disons que le folklore musical est présent dans quasiment l'intégralité des films de rednecks, et cela se mêle parfois à cette approche documentaire que tu soulignes. On parlait plus haut de

W. W. and the Dixie Dancekings

,

The Night the Lights went out in Georgia

mais on pourrait aussi parler de

Six Pack

ou de

Songwriter

avec Willie Nelson et Kris Kristofferson. Il y en a des tas. Ce qui personnellement me fait délirer, c'est encore une fois quand ces chansons sont incluses de manière grossière et totalement gratuite, surtout quand les morceaux sont franchement médiocres. Là, je citerai le film

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Texas Lightning

avec cette scène où Maureen McCormick s'accompagne à la guitare devant un drapeau confédéré dans un bar de péquenauds. C'est tellement mauvais que c'est hilarant.

Les paroles symbolisent souvent l'enfermement de ces habitants et évoquent la pénibilité et la dureté du quotidien. Il en est d'ailleurs de même dans les livres de l'écrivain sudiste Harry Crews auquel tu as déjà consacré un ouvrage. Leur musique et leur littérature est unique, et n'est-elle pas aussi un moyen d'extérioriser de profonds tourments ?

Quand on écoute les musiques traditionnelles des Appalaches, il en ressort toujours ce sentiment d' adversité où, comme le dit Harry Crews, « survivre est un triomphe suffisant ». Ces chansons étaient écrites justement par ces travailleurs manuels qui avaient une vie dure dans un environnement qui l'était tout autant. Quand on écoute les paroles de ces murder ballads, chansons « southern gothic » ou juste des airs country et hillbilly, on est frappé par la noirceur absolue qui s'en dégage, en particulier dans les airs les plus anciens. Et toujours ce rapport à la foi. Ces chansons me font penser aux Psaumes, comme des incantations désespérées adressées à un Dieu.

Un des musiciens qui me touche le plus c'est Clarence Ashley. J'ai toujours des frissons quand j'écoute

« God's Gonna Ease my Troublin' Mind »

ou son « Dark Holler ». Il fait partie de ces artistes qui m'ont vraiment permis de ressentir les émotions de cette musique et de cette culture. C'était d'autant moins évident pour moi que mon background vient des musiques froides et industrielles nord-européennes ! Puis bien sûr Harry Crews m'a ouvert à cette musique à travers les mots. J'ai des souvenirs très vivaces du moment où il nous a chanté des airs traditionnels quand on était parti avec une petite équipe le filmer à Gainesville, en Floride. Il avait repris pour nous

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la chanson de John Henry qu'on l'entend hurler au début du film Indian Runner

. C'était magique. C'est un auteur qui a vraiment montré la complexité et la rudesse des vies des pauvres Blancs du Sud et il a tracé la voie pour des auteurs comme Larry Brown, Dorothy Allison, William Gay, Donald Ray Pollock et tant d'autres.

The Wild and Wonderful Whites of West Virginia de Julien Nitzberg Dans ton livre tu dis que « chacun est le redneck de l'autre » mais on remarque pourtant aujourd'hui une certaine mise en avant, voir revendication, de la culture redneck et notamment dans la musique à travers certains groupes, festivals ou simplement le look. Comment perçois-tu cette mouvance ?
Oui, c'est quelque chose que l'on ressent bien avec la profusion des festivals de rednecks que l'on trouve dans le Sud des États-Unis. C'est sûrement ce côté mal élevé, rebelle et pas propre du redneck qui doit attirer, en contraste complet avec l'esthétique du paraître, les corps bodybuildés des séries télévisées, les visages refaits au bistouri des stars et la tyrannie de la bonne santé. Ces festivals sont comme des orgies carnavalesques avec jets de papiers toilettes, concours culinaires peu orthodoxes et bien sûr plongeons dans la boue. On y retrouve les orgies scatologiques de nos fêtes médiévales. Puis il y a toutes les foires aux serpents (rattlesnake roundups), les concours de pêche à mains nues, en particulier les poissons-chats géants (noodling) ou encore les démonstrations de voitures customisées de façon particulièrement excentrique et les monster trucks. Bref, les rednecks ont leur façon bien à eux de s'amuser, avec des tonnes de canettes de bière sur la banquette arrière et quelques doses de meth pour les plus coriaces. Et clairement des artistes ont fait de la redneckitude une façon de se distinguer et de dire qu'on emmerde l'establishment. Le film The Wild and Wonderful Whites of West Virginia est assez éclairant à ce sujet, avec la présence notamment de Hank Williams III, une véritable star dans le milieu. Mais aujourd'hui on peut même voir des musiciens issus du metal et même du rap jouer avec les stéréotypes du redneck pour se les approprier.

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La figure du redneck est rapidement apparue en dehors du sol américain, prenant ainsi place sur les territoires canadiens ou australiens. Si les apparences physiques et les comportements sont souvent similaires, le redneck américain n'est-il pas finalement déterminé et donc différenciable en grande partie par sa culture musicale ?

Bien sûr, quoique là encore l'Australie et le Canada ont des traditions musicales rurales qui valent le détour !

Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper

As-tu une bande originale ou un artiste du sud des Etats-Unis à nous conseiller ?

Forcément, les bandes originales de

Massacre à la tronçonneuse

et

Le crocodile de la mort

sont magistrales et elles ont eu un impact considérable sur des musiciens texans comme les

Pain Teens

et bien sûr les

Butthole Surfers

qui, pour moi, sont des références absolues dans le domaine. Et puis on a tendance à l'oublier mais les Residents étaient originaires de Louisiane ! Ces deux groupes, en plus d'être des génies sur le plan musical, nous parlent vraiment de leur culture et de l'Amérique d'un point de vue sudiste. La liste serait longue mais j'adore la scène d'Austin avec notamment mes chouchous Attic Ted, How I Quit Crack ! ou encore Mother Fakir. Ils ont tous des univers délirants et ultra personnels. Je ne peux également que conseiller le travail de Henry Flynt qui a fait le pont entre les musiques d'avant-garde et le hillbilly.

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Une autre artiste que j'adore c'est Jarboe, originaire de Louisiane, qui est surtout connue pour son engagement dans les Swans pendant treize années. L'album

Children of God

est une parfaite combinaison entre les influences gospel, blues et musique sacrée de la musicienne et le son lourd et puissant du combo newyorkais. Prolifique, elle a sorti des tas de disques, avec toujours un intérêt pour

les ambiances sudistes marécageuses, expérimentales et légèrement inquiétantes

. Mais là on est carrément dans de la musique très sophistiquée. Pour en revenir aux rednecks et aux sonorités plus country, il y a des albums qui sont indispensables :

Texas Funeral (1985) de Jon Wayne

,

Ghost to a Ghost/Gutter Town (2011) de Hank Williams III

et pour finir des musiciens qui ne sont pas originaires du Sud,

Munly and the Lupercalians et leur album Petr & the Wulf (2010)

.

Redneck Movies - Ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain

, est disponible aux éditions Rouge Profond.

Nicolas Milin rôde régulièrement autour de la caravane Noisey mais a sa roulotte bien à lui, le fanzine

Emprise

. Il est sur Twitter.