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Le nouvel album de Lonely Walk est arrivé à temps pour ruiner vos fêtes de fin d'année

Les Bordelais reviennent avec « Teen », deuxième LP ultra-nerveux sur Born Bad. Interview et écoute intégrale.

Lonely Walk est un groupe mouvant. Son line-up est à l'image d'un apéro mouvementé au Wunderbar, rade bordelais qui tient lieu de QG à une grande partie des groupes de la ville. Une société secrète au sein de laquelle se distingue un

lider maximo maximaliste

: Mickael Apollinaire dit « Monsieur Crâne ». Croisé dans Crane Angels ou les excellents Strasbourg, c'est avec Lonely Walk qu'il met en scène ses compositions les plus personnelles, dans une ambiance de monde radioactif régulé par la guerre des clans, épaulé par des membres de Mabrouk, Black Bug et Magneto. Après

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V.I.H.S.,

paru en 2013 sur Satanic Royalty, Born Bad sort aujourd'hui

Teen

, le deuxième album du groupe. Un disque idéal pour les fêtes, pour peu que vous aimiez entonner sous le houx des mantras hypnotiques ou comptiez faire disparaître le sapin familial dans les flammes avant de vous désintégrer vous-même dans les volutes d'une épaisse fumée noire. Il est en écoute ci-dessous en intégralité absolue pour la première fois dans l'Histoire des

lider maximo maximalistes

et on en a profité pour poser quelques questions aux groupe.

Noisey : Sur la bio que l'on peut lire sur le site de Born Bad, Lonely Walk est présenté comme une « digression » de Monsieur Crane.

Mickael :

Monsieur Crane, c'est moi, mais « digression » je ne sais pas ce que ça veut dire.

Tu me dis ce que signifie Monsieur Crane, et je te dis ce qu'est une digression…

Mickael :

Monsieur Crane c'est vraiment moi. C'est mon blase depuis que je fais du tag. J'ai d'abord fait du tag, avant de faire de la musique.

Guillaume :

Tu as fait du tag, toi ?

Mickael :

Ouais, dans les années 2000.

Une digression, c'est quand on sort de son propos principal. En qui concerne ta vie artistique, ce serait une sorte d'incartade par rapport à tes projets principaux ?

Mickael :

Ah oui, on pourrait dire « incartade » plutôt que « digression ». On devrait peut-être changer la bio.

Et sur le fond ?

Mickael :

Je dirais que je n'ai pas de ligne de conduite. Je saute de projet en projet, comme dans un jeu de plateforme, tu vois. Quand j'en ai foiré un, j'en fais un autre. Quand j'aurai foiré Lonely Walk, je ferai un autre truc.

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Pour le coup, c'est moi qui vais faire une digression, mais peux-tu me dire si les Crane Angels s'appelaient comme ça à cause de toi ?

Mickael :

C'est ça. À la base, c'était conçu pour bosser sur des projets à moi. Ça vient des Hell's Angels. Et comme on n'est pas du tout méchants, c'était marrant comme nom. C'est resté comme ça, même si à la fin, j'avais perdu le leadership.

Il risque de t'arriver la même chose avec Lonely Walk ?

Mickael :

Exactement. Je me fais bouffer. Ensuite je quitte le navire. Je fais les choses comme un papa indigne. Je te laisse imaginer le nombre de pensions alimentaires à régler chez les Crane Angels.

Pour le moment, Lonely Walk est un projet clairement assumé autour de ta personne ?

Mickael :

Oui. Lonely Walk est à moi. Lonely Walk m'appartient. C'est comme ça. À la base, et pendant environ deux ans, Lonely Walk ce n'était qu'un projet solo : je composais, j'enregistrais, et voilà. Ce n'était pas un projet conçu pour le live, mais ça a intéressé des gens. Quand je me suis dit « OK, on va jouer » il a fallu que j'aille chercher des musiciens, comme Guillaume, ici présent, venu sur le tard ou Baptiste, qui est venu dès le début à la guitare, mais il s'est cassé la main, et du coup il a fait du synthé…

Alors les sbires de Monsieur Crane, vous sentez-vous comme des mercenaires ou des membres du groupe à part entière ?

Baptiste :

C'est toujours Mickael qui apporte le squelette du morceau.

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Mickael :

Je leur laisse le droit de faire ce qu'ils veulent, en fait !

Guillaume :

Il nous arrive de complètement changer des morceaux, voire de les refuser.

Mickael :

Le fait que j'amène les compos, c'est la réponse à un souci pratique. On n'a pas pu faire autrement. Peut-être que pour le prochain album, on va composer tous ensemble…

De quelle façon composes-tu ?

Mickael :

C'est très instinctif et très naïf. Je ne me pose pas beaucoup de questions. Je suis beaucoup sur la quantité, pas forcément la qualité. Je suis plutôt dans l'idée d'en faire un maximum. Et après on écrème.

D'où le droit de veto de tes musiciens.

Mickael :

Les gens avec qui je travaille, je les juge autant aptes que moi à juger un morceau, si ce n'est plus !

Cela explique sans doute le large univers de l'album ?

Guillaume :

Plus large peut-être que ce qu'aurait fait Micka seul.

Baptiste :

On a tenté d'apporter plus de diversité.

Ça me semble en tout cas un peu moins sombre et plus nerveux que par le passé ?

Mickael :

Les compos sont dans le même style que celles du premier album, mais la différence tient sans doute au fait qu'on a enregistré live, c'est-à-dire tous les instruments en même temps. Sinon, je dirais qu'il y a des trucs pop, des trucs rock, des trucs un peu groovy, il y a des trucs très lents… C'est juste qu'on s'est éloigné de la texture sonore très sombre, si ce n'est un peu malsaine, du disque précédent, qui était due aux petits moyens d'enregistrement et aux conditions un peu cheap. Comme je n'avais pas de gros moyens, j'étais parti sur l'idée de faire un truc brumeux. Fumeux. Avec beaucoup d'artifices, en fait. Je trouve que notre aspect pop se dégage plus, maintenant qu'on s'est dégagé de cet aspect sombre.

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Tout cela paraît en fait très peu réfléchi.

Mickael :

La démarche intellectuelle est très réduite. Hélas.

Comment se retrouve-t-on sur Born Bad, le label que tout le monde paraît viser dans le milieu ?

Mickael :

Ça fait depuis le début de Lonely Walk que JB, le boss du label, suit ce projet. Je pense que sa manière de bosser, c'est de te contacter trois ou quatre ans en amont. Il suit ton projet depuis le début, et il commence à te dire « ce morceau est super » ou « par contre, ce morceau est à chier ». Il t'encourage un peu, dans le sens où il est susceptible de te signer. Il a tardé un peu à dire oui. Il a fallu beaucoup d'écoutes. Mais ça s'est fait.

Du coup, vous vous retrouvez en compagnie d'un bel échantillon de groupes de votre ville.

Mickael :

Les groupes de Bordeaux avec qui on se retrouve sur Born Bad, Violence Conjugale, JC Satan, les Magnetix…, ce sont des musiciens que l'on aime, et aussi des potes. Tout va bien. J'aime aussi tous les groupes un peu dark de la ville, comme Hørd ou Volcan. Il y a un truc un peu ludique à Bordeaux : tout le monde veut faire de la musique avec tout le monde. Je trouve qu'on est un peu bâtards de tout ça. On est entre les mecs de la dark wave et les rockers.

C'est d'ailleurs Greg Vezon de Volcan qui a fait votre pochette.

Mickael :

Greg, on bosse avec lui depuis longtemps, ne serait-ce que pour faire des flyers pour des soirées. Volcan a aussi joué avec Lonely Walk. J'adore son travail en tant que graphiste. J'ai imposé mon choix. Il y a des décisions comme ça où je suis plus autoritaire.. C'est pour parfaire mon univers quelque peu goth et romantique.

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Tu as voulu un crâne parce que t'appelles Monsieur Crane, par simple mégalomanie ?

Mickael :

C'est plus obsessionnel que mégalomane. Je dessine des crânes depuis que je suis vraiment tout petit. Comme des vanités. Au début, ça faisait peur à mes parents. Aujourd'hui, c'est un symbole un peu cliché qui ne fait plus peur à personne. Mais bon. Sur le premier album, il y avait déjà un crâne sur la pochette. Et si j'arrive à maintenir le cap, ce sera encore le cas sur le prochain.

Tu sous-entend que ce choix de pochette n'a pas fait l'unanimité entre vous…

Mickael :

On a tellement pinaillé que la énième fois où on a appelé Born Bad pour en reparler, il nous a répondu : « ça fait déjà quatre jours que c'est envoyé à l'imprimeur ». OK. Problème réglé.

En tout cas c'est raccord avec tes thèmes fétiches et ton trip de jugement dernier.

Mickael :

Ouais. L'apocalypse. J'adore cet univers. Je suis fan de Mad Max. J'aime bien les têtes de mort et les blousons en cuir. Je ne sais pas vraiment pourquoi. Cette idée de vivre dans un monde tout crasseux, après la guerre. Essayer de reconstruire un truc chouette. Un recommencement post-apoclayptique, c'est ça l'idée.

Du coup, pourquoi l'album s'appelle-t-il Teen ? C'est plutôt frais, « Teen ».

Mickael :

C'est romantique. La révolte naïve et un peu vaine, c'est très adolescent. Quelqu'un qui gueule mais que personne n'écoute. C'est la merde mais ça passera. L'amour, la mort. C'est mon petit côté goth, celui que j'ai pécho vers mes quatorze-quinze ans. Quand ça va mal. Quand tu es mal physiquement et mentalement. C'est ancré pour ta vie.

Teen est disponible sur Born Bad. Guillaume Gwardeath marche seul, sans témoin, sans personne. Il est sur Twitter.