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Music

Lil Debbie veut changer l'image des fumeurs de weed

On a discuté appropriation culturelle et pâtisserie avec la rappeuse californienne.

Lil Debbie pourrait être considérée comme la fille spirituelle de Mac Dre. Digne représentante de la Bay Area, la région de la baie de San Francisco, elle incarne la Californie comme peu de rappeuses le font. Après s'être faîte connaître du grand public via le trio White Girl Mob, aux côtés de Kreyshawn et V-Nasty, Jordan Capozzi (son vrai nom) a continué sa route seule et n'en finit plus de grimper. Après 2 mixtapes, 4 EPs, des feats avec Wiz Khalifa, Paul Wall ou encore son grand pote Riff Raff, elle s'attaque à de nouveaux projets dans la musique mais aussi dans la pâtisserie et la marijuana. Eh oui, Debbie est entrepreneuse avant tout. On a posé quelques questions à la rappeuse filiforme qui (haute trahison) habite maintenant à L.A., au sujet de son orientation musicale future, des Blancs dans le rap, de sa marque de biscuits et de bien d'autres choses encore. Noisey : Tu as quitté San Francisco pour Los Angeles, quelles sont les grosses différences que tu peux noter entre les deux villes ?
Lil Debbie : Le mode de vie est totalement différent. À L.A., tout tourne autour de l'hygiène de vie. Il faut avoir un beau corps, une bonne santé, etc. Dans la baie, c'est différent, il y un coté aventure au quotidien. C'est aussi plus touristique. On est la Terre-Mère des Hippies. Dans la baie de San Francisco, on est entouré d'eau, il y a des ponts partout, le décor est incroyable, alors qu'à L.A, tout se ressemble. La Bay Area a un vrai charme, un vrai caractère. On est hyphy, on roule comme des malade en caisse, « We go dumb… Ghost-ride the whip » ! RIP MAC DRE. Oh, et la weed aussi est incroyable à San Francisco. La cookies [variété de marijuana] vient de la baie, même si j'ai l'impression que les gens de L.A essayent maintenant de se l'approprier.

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Ton dernier EP, Homegrown, était d'ailleurs une ode à la weed. Tu bosses sur un album là ?
Je suis en train, oui. Je mets toute mon âme dans ce projet et j'essaye d'avancer vite, donc je suis vraiment à fond. Je travaille différemment de d'habitude. Des prods aux textes, j'adopte une nouvelle posture. J'ai l'habitude de collaborer mais pour ce projet j'ai demandé moins d'aide. Je voulais que personne ne m'influence ou me dise « tiens, ça c'est tendance, ça va marcher. » J'essaye de me tenir à distance des gens trop « trendy » et des suiveurs. Je ne veux pas être affiliée à aucun producteur précis ou à un type de sonorités. Je veux créer ma propre niche. Comme tu peux t'en douter, je parlerai encore de weed dessus, j'en fume depuis 11 ans et depuis peu, j'ai même ma propre variété et ma marque de produits.

On t'a vu donner dans l'hyphy, la trap, l'EDM et tu es une grande fan de jazz. Quelle direction tu vas prendre pour cet album ?
J'ai tenté des trucs avec des groupes de rock. J'adore le jazz brésilien mais généralement, je demande juste à mes potes DJ de me faire des mixes dans ce style. J'ai essayé de trouver des beatmakers qui puissent me faire des instrus trap avec des touches de jazz brésilien, mais personne n'a vraiment réussi à capter le délire.

Sur Homegrown, il y a des invités comme Wiz Khalifa ou Paul Wall, ce qui est déjà pas mal, mais quel serait ton feat révé ?
Je rêve de collaborer avec Sean Paul, Plies ou Taylor Swift.

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Sérieusement ?
Oui. Coucou Taylor Swift ! [Rires]

J'ai lu un commentaire qui disait, en gros, qu'être Blanche t'avait aidé à gagner l'attention de médias. Perso, je pense au contraire que le fait d'être Blanc n'aide pas vraiment dans le rap. Quel est ton point de vue là-dessus ?
Je viens de la Bay Area, et j'ai grandi dans l'ouverture d'esprit… mais je peux t'assurer qu'être Blanche ne m'a pas du tout aidé. Au contraire, j'entends justement bien plus de commentaires négatifs à ce propos, mais ça ne me pose pas de problème, je m'y suis faite. À la limite, c'est le fait d'être une fille qui m'a peut-être un peu aidé, mais c'est tout.

Certains critiquent ton style ou celui d'autres rappeuses comme Kreyshawn, Iggy Azalea ou encore ta fan #1, Miley Cyrus, et parlent d'appropriation culturelle.
Mon style reflète simplement qui je suis. Je suis une descendante de Mac Dre, du style hyphy, du ghost riding [pratique qui consiste à sortir d'une voiture et à danser autour pendant que la voiture continue de rouler] et tout ce que ça englobe. J'invite les détracteurs à se renseigner. Ceux qui ne connaissent pas la culture dont je suis issue ne peuvent pas comprendre mon style, et ça me va très bien comme ça.

C'est vrai que j'ai un peu changé depuis que j'habite à L.A. , mais c'était inévitable. Quand tu vis à tel endroit, au bout d'un moment tu adoptes les codes de la culture locale. Je fais ça depuis longtemps mais ça fait 5 ans que les gens me voient évoluer. Je suis passé d'une petite ado à une jeune adulte. Beaucoup de choses changent chez une femme pendant cette période. Et je continuerai à changer encore.

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En tous cas, si on veut apprendre à te connaître et suivre to, évolution, on peut le faire via les réseaux sociaux sur lesquels tu es super active. Comment tu arrives à faire la part des choses entre le côté promo et la proximité avec ton public?
Je la ferme, c'est tout ! [Rires] Ça fait longtemps que j'ai décidé de ne pas me la jouer comme le font les filles connues. Je ne suis pas Kylie Jenner avec des millions de followers. Personne ne se renseigne sur chacun de mes faits et gestes donc finaleùent, c'est assez facile de ne pas m'étaler sur ma vie. Je pense que quand on devient un personnage public, on a tous le choix de s'exposer ou non. Moi, j'ai choisi de ne pas le faire. Je fais les choses en sous-marin. Je garde tout pour moi et ma weed.

Récemment, on a pu t'entendre sur le titre « Tinder Surprise » avec un rappeur parisien, Wacko. Comment s'est faite la connexion?
J'ai envie de m'intéresser à la musique issue de pleins de pays différents et d'explorer ce que font les gens dans le monde entier, c'est comme ça que cette collaboration est née.

Donc tu flânes aussi sur Tinder ?
Je n'ai jamais essayé, à part vite fait sur les téléphones de mes potes. C'est comme un jeu, super bizarre et superficiel. Je préfère chiner à l'épicerie du coin sans me prendre la tête.

Tu « chines » quel genre de mecs ?
Je ne sors pas avec des rappeurs ou, du moins, je n'en ai pas encore rencontré un avec qui j'aimerais sortir. Je crois que c'est dur de consolider quelque chose de clair entre deux personnes pourvues d'autant d'ego. J'aime les hommes qui travaillent en coulisse. Les beaux gosses grâce à qui tout est possible. Ce sont eux les vrais créateurs, les geeks derrière les caméras et les écrans.

Rien à voir, j'ai vu que tu étais à fond dans la pâtisserie. Tu peux nous en parler ?
J'ai effectivement une marque de biscuits qui s'appelle CAKES. On commercialise un gâteau de 150 mg qui s'appelle OG, cuisiné avec ma variété de weed, la CAKES. C'est de l'Indica, mais j'aime aussi la Sativa, pas de discrimination. Ça fait 11 ans que je fume et j'ai décidé de donner un sens à tout ça en développant quelque chose et en partageant mon amour ainsi que mes connaissances des plantes. Personnellement, je ne suis pas une stoner lambda et j'ai envie de casser l'image stéréotypée que certains peuvent avoir sur les gens qui fument.

À quelques jours de ton premier concert en France, tu attends quoi de cette date ?
J'espère qu'il y aura beaucoup d'amour et de la bonne weed. J'ai hâte de voir à quoi ressemble mon public français, voir les gens qui m'apprécient et ceux qui ne m'aiment pas. Je représente la Californie avec beaucoup de fierté et j'ai hâte de porter le drapeau de la West Coast en Europe. Salim flâne sur Twitter.