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Music

Le meilleur du disco canadien selon les meilleurs DJ's canadiens

Junior Boys, Azari & III, Invisible City, Robert Ouimet et leurs compatriotes nous ont dit pourquoi les morceaux de Cheri, Ramm, Gino Soccio ou Nancy Martinez sont aujourd'hui des classiques.

Quand on pense « Mecque du disco », on aurait plutôt tendance à citer New York, Los Angeles, peut-être Miami, mais rarement Toronto ou Montréal. Bien que le Canada n'ait jamais connu le même raz-de-marée qui a ravagé les Etats-Unis au cours des années 70 et inscrit de méga-clubs locaux au panthéon des discothèques, la culture disco n'a pas traîné à faire son chemin jusqu'au nord du continent américain et à se diffuser dans plusieurs villes de là-haut.

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Même si peu de morceaux disco canadiens se sont hissés au top des charts, les diggers sérieux ont découvert de nombreuses pépites conçues là-bas. On a demandé à 10 de nos diggers préférés de rendre ses lettres de noblesse au disco canadien et de nous livrer leur titre préféré du genre, avec ou sans rollers. Voilà ce qu'ils ont choisi.

RAMM - « Spark The Universe »

« J'écoutais cette compile de bootlegs 'dark disco' il y a quelques années, quand j'ai entendu cette voix, qui m'a aussitôt ramené à ma jeunesse. On aurait dit Lorraine Segato du groupe pop Parachute Club, mais dans un contexte qui ne m'était pas du tout familier. Puis je me suis rendu compte que c'était effectivement elle, et qu'elle avait fait équipe avec le producteur Ken Ramm et la légende des studios Daniel Lanois pour produire ce tube disco. Grosse percu, mélange de punk, de new wave, de disco et de funk pour un titre qui continue encore à m'exciter aujourd'hui et qui me pousse à me dire que ce trio hors du commun a sûrement encore d'autres trésors enfouis quelque part. » Linus Booth est la moitié des Jokers of the Scene, il anime l'émission « Lego Blocks » sur la radio TRP.

MARTHA AND THE MUFFINS - « Black Stations/White Stations »

« Avec le recul, ça ressmelb equand même pas mal à un cri de détresse en direction des majors et des radios, et le groove des Talking Heads période "Tongues" n'est sûrement pas étranger à ça. Ceci étant dit, cette production est tellement massive (salutations à Daniel Lanois) et ces rythmes tellement puissants, que cette chanson de Martha a réussi à passer l'épreuve du temps, du moins pour mes oreilles. Elle s'est hissée à la deuxième place des charts dance US dans les années 80, donc au final, on peut dire que ce léger travestissement de leur style a porté ses fruits. » Jex Opolis est un DJ et producteur canadien qui vit désormais à NYC. Il est le boss du label Good Timin'.

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GINO SOCCIO - « Dancer »

« Sans surprise, je mettrais "Dancer" de Gino Soccio sur la première marche du podium disco canadien. La scène de Montréal menée à l'époque par Gino Soccio et Pierre Perpall (et même Gino Vanelli à ses débuts) devait être hyper excitante. Quoiqu'il en soit, "Dancer" reste le meilleur de tous leurs titres. Quand ce break spatial intervient en plein milieu du morceau, bordel, je pourrais écouter ça à longueur de journée ! » Jeremy Greenspan est la moitié du duo electro-pop d'Hamilton Junior Boys.

SMASH - « Chicken Stomp »

« J'ai acheté ce disque quand je vivais à Toronto, à l'époque où la ville donnait naissance à une nouvelle scène rare groove, vers 1998. La face A du disque ["Wipe Out"] est à la base un tube de 1963 signé The Surfaris. Smash en livre une version italo plus qu'honnête. Mais pour moi, la magie est à trouver sur l'autre face, avec cet authetique "Chicken Stomp." Une guitare funky qui imite le son d'un poulet qui glousse, sérieux, comment trouver plus disco que ça ? Selon Discogs - et je ne le savais pas - cet alias est un projet parallèlle de Gerry Bribosia, le cerveau de G.B. & The Tracks. En bref, il représente tout ce que j'aimais dans un morceau à cette période : une ligne de synthé agressive, un beat progressif, et beaucoup de sens de l'humour. »

Brennan Green est musicien, producteur et DJ. Il est basé à New York et a fondé Chinatown Records.

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FRANCINE MCGEE - « Feelin' Good »

« En 1977, ce titre s'est classé dans le top 20 des meilleures chansons dance au Royaume-Uni. Il fait partie de ces tubes qui bénéficient chaque année de leur lot de remixes et edits, et tout le monde marche à chaque fois, surtout en Europe. "Feelin' Good" a eu un énorme impact sur le marché européen quand il est sorti, et est toujours joué aujourd'hui. J'ai un peu honte de faire ma promo ici, mais je l'ai moi-même remixé. » Robert Ouimet est un DJ vétéran de Montréal, souvent considéré comme « le parrain du disco canadien ».

KEBEKELEKTRIK - « War Dance »

« Un de mes disques favoris de tous les temps, produit et arrangé par la légende elle-même, Gino Soccio. Celui-ci est sorti en 77 sur Directions Label, une boîte de Montréal, avant qu'il ne soit repris par le non moins légendaire label Salsoul en 1978. Encore aujourd'hui, de nombreux DJ's le jouent au pic de la nuit. Je le fais aussi, quand la vibe s'y prête, et souvent, les plus jeunes pensent que c'est un disque de house. » Gene King est devenu DJ à Montréal en 1982, il produit de la house depuis les années 90 et est à la tête de Shines Records.

GINO SOCCIO - « Remember »

« J'ai trouvé ce disque sous une pile de daubes dans la cave d'un disquaire de Montréal, alors en pleine chasse aux vinyles à l'été 2003. Cette petite merveille était reléguée dans une caisse à 2 dollars. L'album entier est également génial. Un vrai joyau du disco québécois. » Dinamo Azari vient de sortir son premier album solo, Estranged, et faisait aupravant partie du groupe deep-house Azari & III.

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CHERI - « Murphy's Law »

« J'ai déménagé à Montréal en 2005, et j'étais surtout branché hip-hop à l'époque, mais je pouvais voir les restes du patrimoine disco dès que je fouillais les bacs de disques en ville. J'y ai vu plus de maxi 45 tours que n'importe où ailleurs. L'un d'eux qui m'avait particulièrement marqué était "Murphy's Law" de Cheri parce que a) c'était mon nom de famille b) le label 6AM avait un super logo et c) chaque disquaire de la ville avait obligatoirement un exemplaire de ce disque dans ses bacs. J'ai découvert ensuite que ce titre était méga populaire et que Cheri était une fierté locale - moitié canadienne, moitié américaine. Ce morceau est catchy comme c'est pas permis, on dirait un mélange de "Searching" de Change et de "The Whole World" d'Outkast, avec ces voix déformées en fond, c'est fou. Ca ressemble au premier morceau d'une soirée, ou au dernier de la nuit - mais qui, peu importe le moment où je l'entends, me remonte toujours le moral. » (Et si vous cherchiez son adaptation française, ça se passe par ici) Skratch Bastid est un DJ et producteur basé à Toronto et originaire de Nova Scotia.

NANCY MARTINEZ - « Hold Your Horses Baby »

« Nancy Martinez est une chanteuse pop qui vient de La Prairie, au Québec, elle a parfois anglicisé son nom pour se faire appeler Nancy Martin. Même si "Hold Your Horses Baby" n'a pas exactement été un tube à sa sortie en 1983, cette ligne de basse méga lourde mérite carrément plus de vues sur YouTube. C'est à nouveau une bonne surprise provenant des sous-sols de Montréal. En plus de ça, Neige Records est un nom parfait pour un label. » Cadence Weapon est un rappeur et journaliste orginaire de Edmonton, Alberta.

PHIL & FRIENDS BAND - « This Man »

« J'ai choisi celui qui reste encore aujourd'hui un mystère pour moi. Je soutiendrai corps et âme ce titre comique comme un des meilleurs maxis canadiens jamais sortis. Pour moi, tout est là : des vocaux complètement weird, un beat mortel et des pads épiques. Le titre réussit en même temps à être hyper sexe. Même s'il est volontairmeent lent, il est parfait pour le dancefloor. Je ne peux pas cesser d'imaginer l'effet qu'il devait produire dans un club de Montréal en 1980. Aaaah. » Brandon Edward Hocura est la moitié de Invisible City, un duo de DJ et label de Toronto. Benjamin Boles est sur Twitter.