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Music

Le guide Noisey des gens qui veulent parler avec les musiciens après un concert

Ils sont là, tapis dans l'ombre, prêts à fondre sur vous au moindre moment d'inattention.

Vous ne vous êtes jamais demandés pourquoi les réseaux d'amitié se formait par corps de métiers ? Pourquoi les médecins traînaient avec des médecins et pourquoi les barmaid sexy ne sortaient jamais avec vous ? C'est assez simple (et pas lié au physique, rassurez-vous les Michael Cera des Deux-Sèvres). C'est tout simplement parce que votre conversation les ennuie profondément et que passé les 4 minutes de politesse urbaine ils ont envie de fuir, de retrouver les leurs et de rire de vous. C'est exactement la même chose pour les musiciens qui, depuis la nuit des temps, subissent le fléau de devoir converser avec leur public, en sortant de scène, juste avant de récupérer leur cachet de 27 euros. Cela ne s'applique bien sûr pas aux musiciens de jazz, et ce pour une seule et bonne raison : les membres de leur public ont 50 ans et ne se prennent pas pour le putain de nombril du monde comme 97 % de la population actuelle des 17-32 ans. Depuis le temps qu'on vous dit que votre père est plus cool que vous.

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Voici le guide Noisey des gens qui veulent parler avec les musiciens après le concert.

LE MEC DU BUSINESS QUI A UNE PROPOSITION JUTEUSE POUR VOUS

La première fois on y croit dur comme fer. Après tout, il a une carte, un site internet, il doit être sérieux non ? Ben voyons. En général, il vous dit qu'il a lancé Justice mais qu'il a préféré monter un label indé, une boîte de prods de clips ou une agence de booking. Il ne bosse qu'avec des gens dont vous n'avez jamais entendu parler mais qui sont « fat ». En général, cette demie heure de conversation complètement inutile n'est là que pour nourrir son délire désillusionnel. Ensuite, il rentre chez lui et va pleurer sous la douche.

LE FAUX JOURNALISTE QUI VEUT VOUS PRENDRE LA BOUCHE

Il ou elle est toujours correspondant(e) d'un média qui n'existe pas, dans la ville ou le pays où vous jouez. Il vous raconte son parcours professionnel (alors que vous n'avez toujours pas ouvert la bouche) et aimerait bien « caler une interview » plus tard chez lui. Et puis au moment où vous essayez de partir, il vous attrape par la nuque et vous agrippe le visage. Attention : s'il dit qu'il bosse chez VICE, c'est probablement un vrai journaliste (stagiaire).

LE GEAR-SLUT

Il est la raison qui fait que vous achetez désormais vos instruments en ligne et plus dans les boutiques de Pigalle. Il a souvent des boutons et pas beaucoup d'amis. Et il se rattrape en connaissant toutes les références des synthés analogiques de la préhistoire à nos jours. En général si vous n'êtes pas Arnaud Rebotini, il y a de grandes chances qu'il vienne juste vous parler pour vous dire que votre clavier sonne comme de la merde et que votre carte son date un peu.

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LE MEC QUI AIMERAIT BIEN COMMENCER LA MUSIQUE ET SE DEMANDE COMMENT FONCTIONNE UN SYNTHÉ

Non, Sébastien qui s'approche de la scène n'est pas venu vous acheter votre vinyl limité à 50 exemplaires. Il regarde avec l'oeil abruti des visiteurs du salon de l'automobile votre pédalier de guitare et les câbles qui relient le delay à ce qui semble être un gros machin avec plein de touches. Il ne comprend pas mais il a envie. « Ha ouais et du coup c'est que du play back et vous faites semblant ? » finit-il par dire quand il a compris qu'il n'était pas aux portes ouvertes de la MJC de Ris Orangis.

LE PERVERS QUI VEUT VOUS MONTRER SA SEXTAPE SUR SON SMARTPHONE

Heureusement ça ne m'est arrivé qu'une fois mais c'est très très très gênant.

CELUI QUI A DÉTESTÉ ET EST BIEN DÉCIDÉ À SE PLAINDRE

Depuis quelques années, nous vivons dans la culture du service après vente. L'avis de tout le monde sur tout est intéressant. Ça vaut pour les articles de Noisey mais aussi pour les concerts. « C'était vraiment de la merde ce groupe, il va me le payer cet enfoiré ». Attention : ce mec est forcément déjà passé par une ou plusieurs catégories évoquées plus haut avant d'en arriver là et il y a de grandes chances qu'il ait un « blog ». Bien sûr, les commentaires négatifs sont bons à prendre, mais essayez d'aborder ça comme quand un pote se fait une couleur de cheveux horribles : commencez par les côtés positifs avant de lui dire qu'il ressemble à un mix de Smaïn et Thom Yorke et que son groupe est la pire abomination jamais commise.

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CELUI QUI TIENT ABSOLUMENT À VOUS DIRE QUE VOTRE MUSIQUE RESSEMBLE À CELLE D'UN AUTRE GROUPE

Je ne sais pas pour vous mais mon expérience m'a appris que quand un rencart avec un(e) inconnu(e) commence par « tu me fais beaucoup penser à mon ex (ou pire : « à mon père »), c'est assez mal barré. C'est à peu près la même chose quand quelqu'un s'approche d'un musicien pour lui dire que son groupe ressemble à Mars Volta (ou un autre groupe que personne n'aime vraiment). Ce n'est pas une façon de vous complimenter mais juste de vous dire que vous n'avez rien à apporter. Attention : les représentants les plus téméraires de cette catégorie n'hésitent pas non plus à vous attaquer sur votre physique : « et puis tu me fais penser à un mélange entre Ben Stiller et Xavier Bertrand en fait ».

L'INGÉ-SON

Il bosse dans le lieu où vous jouez, 5 ou 6 soirs par semaine, et il n'en peut plus. Son truc c'est Dillinger Escape Plan, Vangelis ou Fela Kuti, donc s'il vient vous parler pour vous dire que votre projet synth-wave chanté en québécois était cool, vous pouvez être certains qu'il est sincère. C'est le seul qu'il faut suivre en after (d'autant plus qu'en général il a de quoi fumer et du bourbon à la régie). Logiquement, après ça, Adrien Durand devrait être tranquille pendant un moment. Il est sur Twitter - @adrieninbloom