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Music

Justin Pearson, le chanteur de Retox, joue dans le nouveau film d'Asia Argento

Il nous parle de sa scène de baise ratée avec Charlotte Gainsbourg, de la difficulté de jouer un ado de 18 ans quand on en a 38 et de la semi-reformation de The Locust.

Photo postée sur le compte Instagram d'Asia Argento

Si l'épilepsie, les insectes, le grindcore, les t-shirts taille 12 ans et les ceintures à clous ont un jour fait partie de quotidien, tu sais forcément qui est Justin Pearson. Ce mec a joué dans un gazillon de groupes aux morceaux ultra-courts et aux structures éminement cahotiques, comme The Locust, Swing Kids, The Crimson Curse, Holy Molar, et Retox. Il est également le fondateur du cultissime label Three One G, basé à San Diego et responsable depuis 1994 d'une cinquantaine de sorties, parmi lesquelles une poignée de disques géniaux des Blood Brothers, Das Oath, Some Girls, et Arab on Radar.

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Pearson revient d'Italie où il vient de tourner dans un film réalisé par Asia Argento, une fille qui gère apparemment sans trop de problèmes le fait de jouer des scènes de baise sous la direction de son père. On a parlé du film et de la semi-reformation de The Locust.

Comment s'appelle le film ?
Justin : Incompresa. Je ne sais pas si je le prononce bien. Ça veut dire « incomprise ». Ça parle de quoi ?
Eh bien… [Rires] Ça parle d'une petite fille qui s'appelle Aria, et c'est, en gros, sur l'enfance d'Asia Argento. Le scénario qu'on m'a donné était écrit en italien et je crois que je suis le seul acteur dans le film avec des dialogues anglais. Enfin, Charlotte Gainsourg en a aussi, vu qu'elle a plusieurs scènes avec moi. Et il y a des dialogues hyper bizarres entre moi et Aria, qui est une gamine de 12 ans. Elle ne parle que quelques mots d'Anglais et moi je ne parle pas du tout Italien, alors on a ces échanges complètement surréalistes et absurdes.

Tu joues quel type de personnage ?
Un garçon qui s'appelle Ricky et il… dans le scénario, il a 18 ans—je ne pense pas faire 18 ans—j'imagine que c'est flatteur, parce que j'en ai 38, mais—

Tu as l'air plus jeune.
[Rires] Oui, il faut croire. C'est marrant parce que, tu vois, je joue un des petits copains d'une bande de filles, et il y avait ce type qui jouait un des autres petits copains, et qui, lui, avait vraiment 18 ans. Un super acteur. Vraiment talentueux. Mais un vrai trouduc, tu vois ? Et, moi et ce gamin, on a… Je crois qu'on a réussi à se comprendre, d'une certaine façon. Le personnage que j'interprête est un genre de musicien, plus ou moins punk. C'est marrant, parce que ça se passe dans les années 80, alors il y avait pas mal de costumes et d'accessoires, mais moi je portais juste mes fringues de tous les jours et ma coupe de cheveux habituelle. [Rires] Je jouais à peu de choses près mon propre rôle. J'ai même joué sur ma propre basse. Parce que j'ai composé quelques morceaux pour le film. Que je joue dedans, d'ailleurs.

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J'imagine que ce ne sont pas des morceaux de The Locust ?
Non. Enfin, je les joue avec le batteur de The Locust, mais ce ne sont pas des morceaux de The Locust. C'est juste basse, batterie et chant. Et ce ne sont pas des morceaux qui passent juste dans la B.O. Je les joue dans la film. À un moment je joue devant cette gamine, c'est genre une répétition, on improvise… Je ne sais pas, c'est bizarre. Je suis juste un punk chelou qui fait une fixette sur la mère de cette fille. Comment t'es-tu préparé pour ce rôle ?
Eh bien, je fais de la musique, j'ai grandi en écoutant du punk rock et tous ces trucs, mais je ne suis jamais sorti avec des femmes plus âgées. Donc, le personnage n'a rien à voir avec moi, mais j'ai un style et un caractère assez similaires, je crois. Si tu veux, c'est un genre de mélange entre ce que j'étais à 12 ans et ce que je suis aujourd'hui. Il y a une scène où on détruit un appartement, moi et deux autres gamins—Aria et sa soeur, en fait. Il y a ce cadre horrible au mur et je le jette par terre et les deux filles font genre « Yeah ! » et on se met à le piétiner tous les trois. Ensuite, Asia m'a demandé d'écrire un truc sur le mur, et j'étais là « Ok, tu veux que j'écrives quoi ? » Et Asia me fait « je ne sais pas, ce que tu veux. » Le seul truc c'est qu'il fallait que ça soit raccord avec l'époque, le milieu des années 80. Dis-moi que tu as taggé le logo de The Locust.
Non. [Rires] J'ai pas fait ça, non. Je ne sais pas très bien dessiner, déjà. Et puis il fallait que ce soit simple, rapide. Dans le film, Aria est obsédée par ce skater, alors je me suis dit « Ok, skateboard ». Et, comme j'ai grandi avec les compilations Thrasher, je savais que Septic Death avaient commencé en 1981, alors j'ai écrit « Septic Death » sur le mur et je trouve que c'est plutôt cool, parce que ça sonne super négatif et glauque. Les gens qui ne connaissent pas le groupe trouveront ça vraiment chelou. Et ceux qui connaissent feront « Ouais mec, Septic Death. » Oui, c'est presque une private joke.
Oui, c'est un peu plus élaboré que si j'avais juste écrit « fuck off » ou un truc du genre.

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Le personnage principal s'appelle donc Aria. Tu sais qu'il s'agit du vrai prénom d'Asia Argento ?
Oui, je viens juste de l'apprendre, en fait. Du coup je me demande à quel point le film est autobiographique. Tu sais ?
Je n'ai pas vraiment le droit d'en parler. Tu peux quand même me dire qu'il y a des scènes de cul un peu bizarres ?
Pas avec moi, en tout cas. Dans le scénario, je devais rouler une pelle à Charlotte Gainsbourg, mais c'était vraiment trop weird, alors on ne l'a pas fait. Le truc c'est que dans le film, Aria à l'habitude de voir sa mère sortir avec des mecs craignos, et à un moment, elle devait nous regarder nous embrasser et tout ça. C'était trop tordu. Du coup, on a laissé tomber. Ça m'a rassuré parce que je ne savais vraiment pas comment réagir, tu vois ? En parler ouvertement ou bien la jouer pro, genre « c'est ok, je suis cool avec ça. » Je veux dire, tout ce que j'ai fait jusqu'à présent, ce sont quelques clips et ce truc chez Jerry Springer. Je n'avais aucune idée de l'attitude à adopter. On devait s'embrasser et, à un moment, elle devait se mettre à soupirer, et c'est ce qui attirait l'attention d'Aria, tu vois ? Et c'était tellement bizarre. Mais ce n'est pas non plus le truc le plus bizarre auquel j'ai eu droit durant le tournage. Tu sais, je ne fume pas et je suis vraiment allergique à la clope et il y avait cette scène où je devais fumer, et je me disais « mec, c'est pas possible, tu ne peux pas faire ça. » En plus c'était un joint, mais sans herbe dedans—forcément—donc en gros, c'était juste un genre de cigarette géante. Ça c'était vraiment le pire, pour moi.

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Tu parlais de ton apparition chez Jerry Springer. Je crois savoir que ce truc t'a pas mal aidé au final.

Oui. Asia et moi avons une amie commune, qui fait de la supervision musicale, et c'est elle qui lui a parlé de moi pour ce film. Mon apparition chez

Jerry Springer

l'a convaincu, je crois.

Ok, c'est donc plutôt positif. Je sais que ça te saoûle d'en parler.

Putain, t'imagines pas.

Pourquoi ça ?

Eh bien, outre le fait que ça me gave d'un point de vue personnel, ça ennuie aussi beaucoup les gens avec qui je joue. Parce qu'à chaque fois qu'on fait une interview avec The Locust ou Retox, on y a droit. « Peux-tu nous parler de ton apparition chez Jerry Springer ? » Et les autres me font des reproches ensuite. « Hey, mec, on est un groupe, on ne va pas passer notre temps à parler de cette putain d'émission, est-ce qu'on peut essayer d'éviter ça ? ». C'est pénible.

Ok, parle-moi plutôt du retour de The Locust.

Eh bien, c'était au point mort depuis 5 anq et puis on a fait l'ATP avec les Yeah Yeah Yeahs, je ne me souviens plus quand exactement. Je ne sais plus, il y a quelques mois je crois. Enfin, on a fait ce truc et puis on nous a proposé d'autres concerts et là, on vient de booker une tournée en Australie. Mais je ne pense pas qu'on va vraiment s'y remettre parce que Gabe, notre batteur, va avoir un bébé. Et puis il y a Bobby qui est prof, et les autres ont leur vie aussi.

Comment se sont passé les concerts que vous avez fait jusqu'à présent ?

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On n'en a fait que deux pour le moment et c'était

celui à l'ATP avec les Yeah Yeah Yeahs était tout simpelment génial. C'était vraiment super de rejouer avec mes potes. Qui plus est dans le contexte de l'ATP, avec les Yeah Yeah Yeahs et pas mal d'artistes que j'admire. Cela dit, on était un peu en décalage total avec le reste de l'affiche. Le deuxième concert, c'était en Angleterre, en première partie des Yeah Yeah Yeahs, et c'était hyper violent, hyper négatif. J'ai eu l'impression que les gens voulaient nous lyncher. C'était génial quand même, mais super flippant. Le public n'arrêtait pas de nous jeter des verres et j'ai eu la clavicule brisée. On a du être escortés par la police à la sortie. C'était dingue.

Même si ça n'a jamais atteint de telles proportions, ce genre de réaction était courante avec The Locust. Vous étiez un peu LE groupe qu'il fallait détester.
Oui, je crois. On ne peut pas dire qu'on faisait l'unanimité. On avait une attitude un peu extrême. Mais en même temps, on montait des tournées avec des groupes, juste parce que c'était nos potes, comme Rocket From The Crypt ou Bratmobile. Leur musique était complètement différente, mais c'était nos potes et ça nous faisait plaisir de partir en tournée avec eux. Mais le côté négatif ressortait toujours sur scène, d'une manière ou d'une autre. À tel point, qu'on a fini par jouer tous nos morceaux d'une traite, pour ne pas avoir à entendre les réactions du public entre les morceaux. Parce que ça devenait hyper fatiguant.

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Oui, « jouez le morceau court ! », ce genre de blagues.
Ouais. « Jouez Freebird ! » «Jouez le morceau rapide ! » « Tarlouzes ! » « Pédales ! ». De temps en temps il y avait de bonnes vannes. C'était rare, mais ça arrivait. Du genre ?
Je ne me souviens plus. Parfois c'était juste un truc incompréhensible, qui n'avait aucun sens. Mais une fois qu'on s'est mis à enchaîner tous les morceaux, on a supprimé tout dialogue, toute communication entre le public et nous et c'était beaucoup mieux.

Cela dit, vous aviez aussi pas mal de fans. Et si j'en crois ton compte Instagram, les gens continuent à se faire tatouer le logo du groupe.
Ouais, c'est un trip. C'est bizarre. Pourquoi est-ce que les gens font ça, d'après toi ?
Je ne sais pas. Peut-être par nostalgie. Ce n'est pas trop mon truc, mais je peux comprendre la démarche. Et puis le dessin est plutôt cool. Ce n'est pas comme si tu te faisait tatouer « Ramones », c'est juste un dessin, ça peut vouloir dire tout un tas de trucs. C'est sans doute pour ça que les gens continuent à le faire.

Un peu comme si c'était la marque d'une société secrète.
Voilà. Tu parlais de nostalgie. The Locust évoluait dans une scène où il y avait énormément de fétichisme autour du vinyle, avec tout un tas d'éditions limitées, de formats complètement dingues…
Je ne sais pas à quel point tout ça s'inscrivait dans une scène en particulier, mais c'était quelque chose d'important pour moi, que ce soit dans GSL avec Sonny Kay, ou quand j'ai démarré 31G. L'idée, ce n'était pas de produire des disques rares pour les collectionneurs, mais de sortir des disques qui soient aussi intéressants à regarder qu'à écouter. D'aller au delà du truc pochette/photos/paroles.

J'ai le 5" que vous avez sorti.
Ah ouais ? Tu sais, je n'ai jamais réussi à le passer sur ma platine. Moi non plus !
Je pense que ça marcherait aujourd'hui, mais à l'époque le bras de la platine revenait en arrière avant d'avoir touché le disque. Oui, le disque était tellement petit que le retour automatique empêchait le bras de l'atteindre.
C'était frustrant parce qu'il était vraiment dingue, ce disque. Petit, super épais, avec toutes ces couleurs… Je le trouvais génial. Vachement plus beau qu'un simple 7".

Dan Ozzi possède tous les 45 tours de The Locust en 8 couleurs différentes. Il possède également une savonette The Locust. Véridique. Suivez le sur Twitter - @danozzi